02/02/2025 ssofidelis.substack.com  8min #267755

Les euro-laquais de Trump poussent au conflit Otan - Russie

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Par  Finian Cunningham, le 31 janvier 2025

Les laquais européens qui se plient aux exigences du mégalomane Trump risquent d'aggraver le conflit avec la Russie.

Quelle mauvaise association ! Un président américain agressif qui ne pense qu'à l'expansion territoriale et des politiciens européens sans épine dorsale, tous trop désireux de se plier aux exigences de l'agresseur américain.

À ce mélange délétère s'ajoutent des élites européennes si obsessionnellement russophobes qu'elles sont prêtes à se poignarder dans le dos juste pour maintenir à plein régime la guerre par procuration contre la Russie.

Donald Trump, dont les décisions politiques relèvent davantage de pratiques immobilières mafieuses, veut s'emparer du Groenland ainsi que du Canada, du canal de Panama et de tout autre endroit qui le séduit. Il veut "faire le ménage" à Gaza, sans doute pour faire la promo de propriétés en bord de mer à des millionnaires.

Donald Trump a réaffirmé son  intention d'annexer le Groenland, par la force s'il le faut. Ses commentaires ont semé la panique chez les Danois, qui craignent que le président n'ordonne une invasion militaire du territoire insulaire arctique, possession coloniale séculaire de Copenhague.

Réitérant des menaces antérieures, M. Trump a déclaré le week-end dernier :

"Je ne sais pas vraiment quelles sont les revendications du Danemark, mais ce serait un acte plutôt hostile de rejeter ce projet, car il en va de la protection du monde libre".

(Rien à voir avec le droit divin de l'Amérique sur Hawaï, Guam et Porto Rico, par exemple).

Vous avez remarqué que M. Trump fait passer ses intérêts immobiliers impérialistes sous couvert de la vertu de "protection du monde libre".

Les charmants Danois  seraient en "état de crise" face à la montée en puissance musclée de Trump. Le Premier ministre danois, Mette Frederiksen, a effectué mardi une tournée des capitales européennes afin de mobiliser la solidarité de l'UE. Elle a tenu des réunions de crise avec le chancelier allemand Olaf Scholz à Berlin, le président français Emmanuel Macron à Paris et le chef de l'OTAN Mark Rutte à Bruxelles, le tout dans la journée.

C'est à mourir de rire que d'entendre des politiciens européens  parler courageusement de "défendre le Danemark" contre la menace américaine pesant sur sa souveraineté et ses frontières extraterritoriales. Ils ne feront strictement rien de tel.

Le commissaire européen à la Défense, Andrius Kubilius, a pris son courage à deux mains en déclarant : "Nous sommes prêts à défendre notre État membre, le Danemark", citant les traités de défense de l'Union européenne - qui ne valent pas le papier sur lequel ils sont imprimés. Qui en a jamais entendu parler ?

Le ministre finlandais des Affaires étrangères a même ajouté que toute attaque contre le Groenland serait couverte par l'article V du pacte de sécurité collective de l'OTAN.

C'est une situation totalement délirante. Trump met apparemment les États-Unis et ses vassaux européens sur le pied de guerre. Et ce, après trois années de mise en garde hystérique des politiciens européens contre un prétendu expansionnisme russe qui menacerait leurs frontières. Aujourd'hui, leur menace la plus immédiate vient du principal membre de l'OTAN, les États-Unis.

L'appétit de Trump pour le Groenland repose évidemment sur des motifs impérieux. Le territoire représente environ un cinquième de la masse terrestre actuelle des États-Unis et regorge de pétrole, de métaux précieux et de minerais inexploités. Et la fonte de la calotte polaire ouvre de fabuleuses perspectives en matière de forage et de routes maritimes. Les États-Unis disposent déjà d'une petite base militaire au Groenland depuis la Seconde Guerre mondiale - avec la "permission" du Danemark - et si le Groenland se faisait absorber par les États-Unis, la position stratégique du Groenland accentuerait la menace que représenteraient alors les missiles pour la Russie et la Chine.

Malgré toutes ces fanfaronnades, il y a très peu de chances que les Européens serviles fassent quoi que ce soit impliquant un face-à-face militaire avec les États-Unis.

Trump, grande gueule par excellence, sait qu'il peut s'essuyer les pieds sur les laquais européens, les traiter de tous les noms, les bousculer un peu - et qu'ils accepteront tous de doubler la mise sur les armes américaines - sous prétexte d'augmenter leurs dépenses pour l'OTAN à 5 % du PIB, comme l'exige Trump.

Ce qui est nettement plus probable, c'est que les laquais européens concluront un accord douteux avec Trump. Cet accord consistera à céder le Groenland aux États-Unis tout en obtenant de Trump qu'il joue les durs avec la Russie sur l'Ukraine.

Les Groenlandais - 57 000 personnes, principalement des Inuits - vont être floués, et l'UE va trahir la souveraineté et le droit à l'autodéfense du Danemark. Et alors ? Les Groenlandais ont été traités comme des sous-fifres racialement inférieurs pendant des décennies par le Danemark, et la classe dirigeante danoise est si obséquieuse à l'égard de Washington qu'elle n'émettra pas une protestation sérieuse au-delà des quelques grincements de dents.

Ce que veulent les russophobes de l'UE (c'est-à-dire la majeure partie de la classe politique européenne), c'est que la guerre par procuration de l'OTAN contre la Russie se poursuive. Bruxelles et d'autres capitales européennes se sont alarmées de voir Trump préparer un accord de paix avec la Russie sur l'Ukraine pour mettre fin à la guerre qui dure depuis trois ans.

Fait notable, la commissaire européenne aux Affaires étrangères, Kaja Kallas, a fait preuve de beaucoup plus de modération dans ses commentaires sur les ambitions de M. Trump au Groenland. Elle ne s'est pas engagée à défendre la souveraineté du Danemark et de l'UE. Mme Kallas a plutôt  encouragé l'UE à être "plus transactionnelle" dans ses négociations avec le nouveau président américain.

En d'autres termes, à passer un accord. Mais quel genre d'accord ?

Le jour même où la Première ministre danoise sillonnait les capitales européennes à la recherche de gages de solidarité, Mme Kallas, la plus importante diplomate de l'UE, a passé son premier coup de fil avec son homologue américain, le secrétaire d'État Marco Rubio.

Étonnamment, la question de la souveraineté du Groenland et du Danemark n'était pas à l'ordre du jour de l'entretien entre Mme Kallas et M. Rubio,  selon certaines sources. Les hauts diplomates se sont plutôt penchés sur la nécessité de maintenir une "pression maximale" sur la Russie en imposant des sanctions économiques plus sévères. Ils se sont également demandé comment les États-Unis et l'Union européenne pourraient faire face à une supposée agression de la Chine dans l'Asie-Pacifique.

C'est stupéfiant. L'administration Trump se comporte en agresseur à l'égard du Danemark et de l'UE, et pourtant la plus haute diplomate de l'UE n'a pas abordé la question avec son homologue.

Mme Kallas, qui, à l'instar de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, est obsessionnellement russophobe, a rampé devant Rubio. Elle a qualifié leur conversation d'"appel fructueux", ajoutant :

"Nous avons abordé des thèmes internationaux présentant un intérêt commun à l'UE et aux États-Unis, notamment la guerre entre la Russie et l'Ukraine, l'influence néfaste de l'Iran, et les défis posés par la Chine. L'UE et les États-Unis sont toujours plus forts ensemble. Je me réjouis de les rencontrer bientôt".

En d'autres termes, pour paraphraser l'ancienne spécialiste du coup d'État ukrainien du département d'État américain, Victoria Nuland : "J'emmerde le Groenland et le Danemark !"

Pour sa part, Rubio s'est félicité de

"la reconduction des sanctions de l'UE contre la Russie en raison de la guerre en Ukraine". Il a également appelé à "une plus grande cohésion transatlantique, et à ce que les nations européennes augmentent leur budget de Défense",

sous-entendu en achetant davantage d'armes américaines à des prix exorbitants et surévalués.

L'éditorial d'Euro News considère que l'appel téléphonique entre M. Kallas et M. Rubio "apaisera les suspicions européennes" quant à la volonté de l'administration Trump de mettre rapidement fin à la guerre en Ukraine par la voie diplomatique.

Maintenant qu'il est président, M. Trump semble moins désireux de résoudre le conflit ukrainien que lorsqu'il était en campagne. Ses collaborateurs font des propositions discrètes de cessez-le-feu avec les forces européennes de maintien de la paix de l'OTAN côté ukrainien - des propositions qui inquiètent Moscou car elles suggèrent une incompréhension ou une réticence à conclure un règlement plus concret sous forme de Grand Traité de sécurité entre la Russie et l'OTAN.

Pour cause de rapacité impérialiste, d'ultra-narcissisme et d'une propension à cueillir le fruit facile, Trump semble plus enclin à s'emparer du Groenland qu'à entamer une négociation sérieuse avec la Russie. Et les lavettes européennes lâcheront le Groenland et les "grands principes" danois, si cela peut leur permettre de braquer l'agressivité de l'OTAN sur la Russie. En bref, un très mauvais scénario.

En se pliant aux exigences de Trump le mégalo, les laquais européens risquent d'aggraver le conflit avec la Russie. Cette guerre par procuration met la patience stratégique de la Russie à l'épreuve, risquant de déclencher une guerre totale, et les russophobes de l'Europe continuent de titiller les belligérants.

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