20/02/2025 reseauinternational.net  3min #269360

 Quand le terme « occident » devient finalement un stigmate, plus personne ne souhaite s'y identifier

Du coq a l'autruche

par Jean-Pierre Uria

L'animal emblématique de l'Union Européenne est l'autruche.

C'est bien normal. En retenant les critères de force et de grandeur, le consensus s'est imposé naturellement. L'autruche est bien le plus gros et le plus rapide à la course, de tous les oiseaux. C'est incontestable.

En 1996, douze statues d'autruches en béton ont été installées dans le Parc Léopold juste devant le Parlement européen. Pour la petite histoire, la présence de l'autruche viendrait simplement rappeler que par le passé, en ce même endroit se trouvait, un zoo avec un vrai troupeau d'autruches. Au départ, douze statues ont été installées, mais quatre ont été, vandalisées. On leur a coupé la tête. Il n'en reste plus que huit dont la grande majorité ont la tête dans le sable.

On pourrait voir dans cette œuvre une critique de la lâcheté ou une allégorie de la vérité, mais on ne peut éviter de voir aussi, que ces autruches la tête dans le sable, devant le parlement européen, représentent les parlementaires eux-mêmes. C'est tout simplement insultant. Tous ces parlementaires qui passent devant cet espace public en faisant semblant de ne rien voir, comment peuvent-ils relever la tête par la suite ? Accepter une insulte aussi directe, cela signifie que la tête n'est plus dans du sable mais bien dans du béton. Ne nous trompons pas. Le message n'est pas simplement que la peur conduit à la vulnérabilité mais surtout que l'humiliation conduit à soumission. Il n'y a même plus besoin d'avoir recourt à la corruption.

L'autruche en tant qu'animal emblématique, telle qu'elle est présentée, est donc inacceptable. Il faut en changer. Le mieux, si cela est possible, serait que l'UE adopte enfin le sien. Dans le cas contraire, ce serait véritablement reconnaître que c'est bien l'autruche qui représente au mieux l'UE, tant dans son identité que dans sa politique.

Mais quel animal peut-on alors choisir ? Il existe tout une ménagerie. Chaque pays a le sien avec le castor pour le Canada, le kangourou pour l'Australie, l'aigle pour les États-Unis et l'Allemagne, le taureau pour l'Espagne, le panda pour la Chine, la vache pour l'Inde, etc. En France, nous avons bien sûr, le coq qui vient du latin Gallus qui signifie à la fois Gaulois et coq. Se ressembleraient-ils ?

A priori, le coq semble n'avoir aucune chance, puisqu'on se moque volontiers de lui en disant qu'il chante, les pieds posés sur un tas de fumier. Personnellement, j'aurais tendance à trouver plutôt bien que ça ne le gêne pas de marcher dans la boue. Le contraire serait même plutôt inquiétant.

Le coq reste un bon choix. Il incarne la Gaule et la France, dans une tradition vieille de 2000 ans et plus. C'est un bel animal, peut-être un peu orgueilleux, pas le plus malin, mais il croit en lui. C'est un guerrier, toujours en alerte et prêt à se battre, dès qu'il le faut. C'est tout le contraire de l'autruche.

En réalité, la finalité de cet article s'adresse particulièrement aux lanceurs d'alertes qui nous ont promis, une multitude de fois, des révélations fracassantes, des bombes médiatiques, des scandales énormes, des révolutions imminentes. Et en fin de compte, il ne se passe rien ou presque rien, tout continue comme avant. Au bout d'un certain temps, quasiment tous finissent par glisser discrètement un message dans lequel ils laissent transparaître leur lassitude, leur épuisement, leur déprime et leur incompréhension. C'est ce dernier point qui est primordial. Comment une telle masse d'informations, réellement importantes, durant autant de temps, peut-elle avoir aussi peu d'effets ?

La réponse est que nous sommes passés du coq à l'autruche et qu'il est maintenant possible de tromper tout le monde, tout le temps.

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