par Mikhail Gamandiy-Egorov
Les événements de ces dernières années approchent du moment de faire le bilan dans le cadre de l'affrontement entre l'ordre mondial multipolaire contemporain et les forces nostalgiques de l'ère unipolaire. Les régimes vassaux issus de la minorité planétaire occidentale devront non seulement accepter leur défaite, mais aussi apprendre à connaître leur place dans le monde.
L'état de choc de la minorité planétaire occidentale est parfaitement compréhensible et prévisible. En premier lieu en ce qui concerne le pseudo-jardin florissant bruxellois. L'arrogance des régimes européistes se transformera progressivement dans la constatation de la réalité dans laquelle les vassaux purs et simples incapables de défendre leurs propres intérêts nationaux n'ont pas leur place parmi les forces clés du monde multipolaire. Ces vassaux de Bruxelles et de Kiev, ayant cherché à être le centre de l'univers, se sont retrouvés à l'écart de la politique internationale et dans un isolement complet.
La large partie des pays et peuples du Sud global, en d'autres termes la majorité mondiale, qui se sont appuyés sur le monde multipolaire en refusant de suivre les ordres des régimes occidentaux - obtiendront sans le moindre doute un rôle encore plus important dans les affaires mondiales. Bien entendu, cela s'applique principalement aux États ayant pleinement compris le rôle de premier plan de la Russie et de la Chine dans la défense et la promotion de l'ordre mondial multipolaire. Mais aussi, dans une certaine mesure, ceux ayant au moins refusé de suivre aveuglement la voie des radicaux nostalgiques d'une époque unipolaire.
L'opération militaire spéciale, dans le cadre de la confrontation entre la Russie et le camp otano-occidental, a représenté un catalyseur puissant et, à bien des égards, décisif pour les processus actuellement observés et à venir. Et comme bilan - un monde dans lequel les décisions clés seront prises par la majorité mondiale non occidentale de l'humanité, et non pas l'inverse. A ce propos, il convient de noter que même les derniers régimes ouvertement pro-occidentaux de certains pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine commencent à comprendre cette réalité. En commençant dès à présent à se distancier progressivement de leurs patrons occidentaux, surtout vis-à-vis des régimes européistes.
En ce qui concerne justement les grands perdants, à savoir les régimes de Bruxelles et de Kiev, dans le cas du dernier l'espoir à devenir «le centre du monde» s'est transformé en un résultat plus que déplorable: étant de la chair à canon, rien de plus. Quant à la large partie de l'Europe bruxelloise, étant dans une position de vassale, elle n'a fait que «renforcer» encore plus fermement ce statut de vassal pur et simple. Dont la voix sur la scène mondiale n'intéresse fondamentalement personne - ni les principaux partisans du monde multipolaire, ni les nations du Sud global dans leur ensemble, ni même le maître étasunien des européistes. Il fallait faire fonctionner les cerveaux plus tôt, désormais il est trop tard.
Les perspectives d'avenir iront incontestablement dans le sens du renforcement de l'ordre mondial multipolaire, où la Russie et la Chine joueront un rôle très important et, encore une fois à bien des égards, clé. L'influence sur les affaires internationales augmentera également de la part de leurs alliés et partenaires stratégiques appartenant à nombre de pays du Sud global et de la majorité mondiale. En premier lieu, ceux qui en Asie, en Afrique et en Amérique latine, ont fait un choix clair en faveur du monde multipolaire. Les États-Unis quant à eux, qui restent, pour le moment, l'une des trois principales puissances mondiales avec la Chine et la Russie, vont évidemment mener une lutte d'influence et poursuivre la rivalité avec leurs adversaires. A la seule différence, peut-être, d'avoir une compréhension quant à la nécessité de le faire dans le cadre d'une coexistence relative avec ses adversaires. A l'instar, dans une certaine mesure, de l'ère Brejnev-Nixon durant l'une des périodes de la guerre froide. Moscou et Beijing semblent prêts à accepter une telle approche.
Dans le cas de l'Europe bruxelloise et du régime britannique, des temps encore plus difficiles les attendent. Le tout après avoir perdu le minimum de bon sens et de pragmatisme. Les principales forces européistes d'antan continueront de perdre leurs positions sur la scène mondiale. De plus - à la fois économiques que politiques. Et en ce qui concerne ceux ayant choisi la voie d'être de la chair à canon pour les intérêts otano-occidentaux, ils seront fort probablement confrontés au déchirement interne entre toutes sortes d'extrémistes et de marionnettes.
La construction du monde post-occidental se poursuivra. La majorité mondiale prendra des décisions clés, le petit monde occidental devra observer dans son isolement. Un isolement qu'il souhaitait si ardemment instaurer contre les principales forces de l'ordre mondial multipolaire contemporain.
source : Observateur Continental