03/03/2025 reseauinternational.net  4min #270457

 Crise franco-algérienne : «l'heure n'est plus aux doutes, l'heure est à la certitude» estime un diplomate

L'épouse d'un ambassadeur algérien en fonction refoulée à son arrivée en France

par Agence Anadolu

«Cette provocation ne restera pas sans réponse de la part de l'Algérie», selon l'agence algérienne de presse.

L'épouse d'un ambassadeur algérien en fonction a été refoulée à son arrivée en France, samedi, a indiqué ce dimanche l'agence Algérie Presse Service (APS / Officielle), accusant le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau d'«alimenter l'escalade» entre les deux pays.

«Quand le président Macron veut apaiser, M. Retailleau alimente l'escalade. Cela était le cas hier (samedi, NDLR) lorsque l'épouse d'un ambassadeur d'Algérie en fonction a fait l'objet d'un empêchement d'accès au territoire français, alors même qu'elle satisfaisait à toutes les conditions d'assurance, d'hébergement et de ressources financières», a rapporté l'APS.

Tout en affirmant que «cette provocation ne restera pas sans réponse de la part de l'Algérie», l'agence officielle estime que cet incident «renseigne surtout sur les extrémités de la hargne, de la haine et du rejet que son auteur peut encore atteindre».

Dans une interview accordée au Figaro et parue ce dimanche, Bruno Retailleau a, lui, assuré que certains ressortissants algériens ont déjà été expulsés à leur arrivée à l'aéroport de Roissy, parlant d'une «riposte graduée» à l'encontre de l'Algérie.

«Nous avons déjà mis en œuvre une riposte à nos frontières, à Roissy notamment, où l'on exige désormais un ordre de mission pour les Algériens présentant un passeport diplomatique à nos postes-frontières. Des ressortissants algériens ont ainsi dû être renvoyés dans leur pays», a-t-il déclaré.

«Cette riposte graduée est la plus efficace (...) Elle permet d'abord d'aller sur des mesures individuelles, notamment vis-à-vis de membres de la nomenklatura algérienne», a-t-il ajouté.

Vendredi, le président français Emmanuel Macron avait a appelé les deux capitales à «réengager un travail de fond» sur leurs accords d'immigration, souhaitant que les «millions de Français nés de parents algériens» ne soient pas «pris dans ces débats».

Mardi dernier, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait annoncé que «des mesures de restrictions de circulation et d'accès au territoire national pour certains dignitaires algériens ont été prises».

Dans un communiqué de presse publié mercredi en réaction à cette annonce, la diplomatie algérienne avait estimé que cette mesure «s'inscrit dans une longue liste des provocations, des intimidations et des menaces dirigées contre l'Algérie».

«Celles-ci sont de nul effet sur notre pays qui n'y cèdera pas. Toute mesure attentatoire à ses intérêts fera l'objet de mesures réciproques, strictes et immédiates», poursuivait Alger.

Pour rappel, le contentieux historique entre l'Algérie et la France est très profond.

En plus de la question des archives et de la restitution des biens confisqués, l'Algérie réclame des réparations sur les essais nucléaires français en Algérie et l'indemnisation des victimes.

L'Algérie souhaite également la reconnaissance des crimes coloniaux par la France officielle.

Mais les relations entre les deux pays se sont davantage dégradées à l'été 2024, sur fond de reconnaissance, par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

En réaction, l'Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris et le président Tebboune a annulé un déplacement en France, initialement prévu en septembre 2024.

Plus récemment, l'emprisonnement de Boualem Sansal et le refus d'admettre sur son sol ses ressortissants en situation irrégulière, dont l'influenceur algérien Doualemn, ont suscité la colère des autorités françaises qui menacent désormais de recourir au «rapport de force», selon les déclarations du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

Côté algérien, le président Abdelmadjid Tebboune a pointé «des déclarations hostiles tous les jours de politiques français», qualifiant le dialogue avec le président Macron de «perte de temps» et mettant en garde contre «une séparation qui deviendrait irréparable».

«Nous avions beaucoup d'espoirs de dépasser le contentieux mémoriel (...). Mais, plus rien nʼavance si ce nʼest les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu», a-t-il déploré.

source :  Agence Anadolu

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