04/03/2025 dedefensa.org  4min #270592

 Devenir le leader de la soumission

L'homme-fluide de l'Europe

• Description malicieuse et impitoyable du sort de l'Europe en pleine décomposition et du 'leader' qu'il lui faut. • Macron est cet homme pour faire sa soumission à Washington : « le candidat idéal pour la capitulation »

Voilà un portrait plaisant et si juste, - et de l'Europe et de Macron comme "leader de l'Europe", - c'est-à-dire cet "homme-fluide" dont l'Europe a besoin lorsqu'il s'agira d'ailler baisser la culotte à Washington pour demander humblement que les choses redeviennent comme avant. (Approximativement, c'est "avant" le coup de force symbolique de l'accrochage de la Maison-Blanche qui valut à Zelenski d'être bel et bien expulsé sans avoir manger, - il avait faim, pourtant.)

On l'avoue, Timofei Bordachev, directeur des programmes au Club Valdaï a de l'humour et sait fort bien parler lestement de cette valse des pantins qu'est aujourd'hui l'évolution (?) de la situation européenne et des allers et venues des uns et des autres comme l'on dirait d'une basse-cour peuplée de poulets sans tête courant, affolés, à la recherche d'une idée claire. Bordachev a le sens de la formule qui sied à l'Europe, et encore plus à Macron. Par exemple, lorsqu'il écrit, - et vous y reconnaîtrez les vôtres, comme Dieu...

« Lorsque les commentateurs d'Europe occidentale affirment que "l'Europe" a besoin d'un leader pour tenir tête aux États-Unis ou à la Russie, ils plaisantent bien sûr. »

« En huit ans, Macron n'a guère fait que faire des déclarations grandiloquentes et se lancer dans des spectacles politiques. Or, c'est précisément ce qui fait de lui le parfait représentant de l'adaptation de l'UE aux directives de Washington. Il est flexible, dénué de convictions idéologiques et prêt à changer de position à tout moment. »

« Macron est également le candidat idéal pour présider à la capitulation silencieuse de l'Europe occidentale dans la crise géopolitique en cours autour de l'Ukraine. »

... En effet, on l'a déjà deviné avec ces extraits, Bordachev ne doute pas une seconde que les Européens, après quelques coups de menton comme on tire la chasse et des roulements d'épaule comme roulent les tambours, commencera ses manœuvres pour commencer à digérer la couleuvre et commencer à s'aligner sur Washington. A cet égard, et dans ce contexte il a tout à fait raison, Macron est l'homme idéal, - une sorte de Pétain postmoderne, sans étoiles, sans gloire passée ni passé d'ailleurs, sans rien du tout, - bref, l'homme-fluide, le dur liquide, le petit bras qui joue au gros bras.

Le problème qui n'est pas vraiment résolu, c'est de savoir si le Russe a raison en posant comme condition absolue le fait que l'Europe baissera sa culotte, via son Macron-utile, pour redevenir le serviteur empressé de Washington. Il y a au moins deux sortes de réserve.

• On ne sait pas si l'affaire intéressera vraiment Washington, car l'on voit plus Trump occupé à s'arranger avec Poutine, et les États-Unis envisager en toute discrétion de négocier un rapprochement avec les BRICS comme le suggérait avant-hier Mercouris. Washington cherchant à contrôler l'affaiblissement dramatique de son statut global, ne trouvera guère le temps de s'intéresser ni de s'embarrasser de ces "débris d'empire" que constitue l'Europe-UE.

• L'Europe-UE, justement. Il n'est pas sûr qu'une évolution de la prise en compte de la position catastrophique de l'Europe ne provoquera pas en priorité une sorte d'implosion de l'UE avec des destins divers laissés au pays européens, avant même de songer à capituler "dans l'ordre" si l'on veut devant les États-Unis.

C'est alors qu'on verrait que Macron est même capable de rater son remake-postmoderne de Pétain. Il ne faut écarter aucune possibilité, il est vraiment capable de tout rater et de rater n'importe quoi, même une capitulation sans conditions.

Bien, mise à part cette réserve, on lira avec intérêt sinon amusement  cette description qui va si bien à l'Europe et à notre président. Quoi qu'il en soit du destin politique de l'Europe et des relations avec les États-Unis (et avec la Russie) cette conclusion reste parfaite et mesure la popularité que notre homme a conquis de haute lutte grâce à la guerre :

« En fin de compte, Macron incarne tout ce qui définit le leadership moderne de l'Europe occidentale : une figure dont l'ascension aurait été impensable lorsque la région comptait encore dans les affaires mondiales. Aujourd'hui, alors que le Vieux Monde s'efface dans l'insignifiance géopolitique, il est exactement le genre d'homme politique qu'il mérite. »

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