Par Sputnik International, le 6 mars 2025
Moscou considère les propos du président français Emmanuel Macron sur le recours possible au nucléaire comme une menace, a déclaré jeudi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
"Évidemment que c'est une menace pour la Russie. S'il [Macron] nous perçoit comme une menace, convoque une réunion des chefs d'état-major des pays européens et de la Grande-Bretagne, déclare qu'il est nécessaire de recourir au nucléaire, se prépare à l'utiliser contre la Russie, oui, bien sûr, cela constitue une menace", a déclaré Lavrov lors d'une conférence de presse.
Mercredi, Macron a déclaré que la Russie représente désormais une "menace" pour la France et l'Europe, et qu'il est donc nécessaire de lancer un débat sur le recours aux armes nucléaires françaises pour défendre l'ensemble de l'Union européenne.
" Emmanuel Macron est libre d'appeler le président russe Vladimir Poutine quand il le souhaite, et les accusations selon lesquelles la Russie préparerait une guerre contre l'Europe sont infondées", a déclaré Lavrov."Macron déclare régulièrement haut et fort qu'il va appeler Poutine pour s'entretenir avec lui. Qu'il le fasse. Personne ne le lui interdit. Il ne cesse d'ailleurs de souligner son esprit d'ouverture à l'échange avec tous ses homologues. Et en ce qui concerne ces accusations franchement peu judicieuses selon lesquelles la Russie préparerait une guerre contre l'Europe et la France, Poutine a déclaré à plusieurs reprises que de telles réflexions sont illusoires et totalement absurdes. Il est probablement évident pour toute personne sensée que la Russie n'a pas besoin de cela",
a déclaré Lavrov lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre zimbabwéen des Affaires étrangères, Amon Murwira.
"La Russie ne voit aucune possibilité de parvenir à un compromis sur le déploiement éventuel de soldats de la paix européens en Ukraine", a déclaré M. Lavrov."Cette suggestion est faite dans un but ouvertement hostile. Ils ne s'en cachent même pas", a-t-il ajouté
La récente suspension des transmissions de renseignements américains à l'Ukraine confirme le bien-fondé des déclarations de la Russie selon lesquelles une telle assistance a été fournie à Kiev et a contribué à mener des frappes en profondeur en Russie, a déclaré Sergueï Lavrov.
"La situation actuelle concernant l'assistance militaire et la suspension annoncée par les États-Unis, ainsi que l'interruption annoncée de la fourniture de renseignements, confirme ce que nous avons toujours dit. Notre président a souligné à plusieurs reprises que sans la participation directe de l'Occident, des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne et d'autres pays qui fournissent des données de renseignement et aident à exploiter les technologies permettant d'utiliser ces données pour lancer des missiles à longue portée sur notre territoire, les Ukrainiens en seraient incapables", a déclaré M. Lavrov.
La suspension de l'aide militaire des États-Unis à l'Ukraine pourrait contribuer à mettre rapidement fin au conflit ukrainien, a déclaré Sergueï Lavrov.
"D'aucuns ont affirmé à maintes reprises que l'ancien chef de la politique étrangère de l'UE, Josep Borrell, avait raison en déclarant à plusieurs reprises que le conflit en Ukraine pourrait être stoppé très rapidement, en l'espace de deux semaines, si l'aide militaire au gouvernement ukrainien était suspendue. Nous sommes d'accord avec cette évaluation. Josep Borrell a en outre ajouté que cela ne serait bien entendu jamais envisageable, l'objectif premier étant d'infliger une défaite stratégique à la Russie, puis de lui dicter les conditions de la paix", a déclaré M. Lavrov aux journalistes.
Le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré que la Russie est prête à un dialogue franc sur le règlement du conflit ukrainien.
"Nous sommes prêts à un échange honnête, prenant en compte toutes les causes profondes de ce conflit, y compris, bien sûr, la principale : la sécurité de la Russie et les garanties contre le maintien de la présence de l'OTAN en Ukraine, qui pourrait être exploitée pour créer des menaces constantes contre la Russie", a déclaré Lavrov.
En outre, le responsable russe a déclaré que la déclaration du président français Emmanuel Macron sur la Russie et l'Ukraine manquait de sang-froid et semblait très verbeuse.
"Si j'ai bien compris, M. Macron a déclaré hier [5 mars] dans sa longue déclaration plutôt crispée que la guerre ne doit pas se terminer par la capitulation de l'Ukraine", a déclaré M. Lavrov.