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La troisième guerre mondiale est toujours d'actualité : l'Europe veut des troupes sur le terrain en Ukraine

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Par Brandon Smith − Le 27 février 2025 − Source  Alt-Market

À l'approche des élections présidentielles de 2024 aux États-Unis, l'administration Biden, en collusion avec ses partenaires britanniques, européens et ukrainiens, a élaboré un plan visant à «  protéger Trump » de la guerre en Ukraine. En d'autres termes, ils ont ouvertement admis qu'ils voulaient empêcher Trump de prendre des mesures susceptibles de mettre fin à la guerre et de rendre possible un accord de paix sérieux.

Une partie de ce plan comprenait l'utilisation accrue de missiles guidés à longue portée fournis par les gouvernements occidentaux. Ces missiles nécessitent des données de vol provenant des moyens de l'OTAN ainsi que du personnel de l'OTAN pour être lancés - ce qui signifie que toute frappe impliquant ces armes nécessite l'implication directe des troupes de l'OTAN. Le feu vert donné par Biden aux frappes à longue portée contre la Russie à l'aide de missiles fabriqués et contrôlés par les États-Unis était une tentative évidente de déclencher une escalade.

Tout au long de la guerre, j'ai écrit de nombreux articles sur mes craintes que le but ultime du conflit soit de déclencher une conflagration internationale plus large. Depuis au moins dix ans, des intérêts globalistes (The Atlantic Council en particulier) sont impliqués en Ukraine, attisant le feu et provoquant la Russie à envahir la région du Donbass. J'ai écrit sur l'influence de ce think tank The Atlantic Council en Ukraine et au Moyen-Orient dans mon article  The Atlantic Council a de grands projets pour une guerre entre les États-Unis et l'Iran.

Les globalistes voulaient créer une catastrophe, imputée à la prépondérance des États-nations, qu'ils pourraient utiliser pour effacer toutes les frontières et remodeler complètement le monde. Jusqu'à présent, ils n'ont pas atteint cet objectif, mais ce n'est pas faute d'avoir essayé.

L'attaque ukrainienne contre la ville russe de Koursk, ainsi que l'autorisation d'attaques à l'aide de missiles à longue portée, ont été ouvertement présentées dans les médias occidentaux comme la « preuve » que les « lignes rouges » de Vladimir Poutine n'avaient aucun sens et que la Russie n'utiliserait jamais l'arme nucléaire en réponse aux opérations de l'OTAN. Ils savent que l'une des principales préoccupations des populations occidentales est le déclenchement d'un échange nucléaire mondial. Les élites pensent que si elles peuvent dissiper cette crainte, tout le monde soutiendra avec joie l'OTAN sur le terrain.

Ils se trompent.

Ni les Américains ni les Européens n'ont intérêt à se battre et à mourir pour une parcelle de terre insignifiante comme l'Ukraine. Le président ukrainien Vladimir Zelensky n'a cessé d'appeler l'OTAN à fournir des troupes sur les lignes de front. En fait, Zelensky agit comme si quelqu'un lui avait promis une éventuelle intervention de troupes (Boris Johnson ?).

Les tactiques d'usure de la Russie ont été très efficaces pour épuiser les lignes de front ukrainiennes. Il est important de comprendre que les tactiques d'usure impliquent la capture de terrains stratégiques clés, mais que l'objectif principal est de détruire les troupes ennemies. Bien que les gains russes puissent sembler insignifiants pour un profane qui n'a pas étudié la stratégie militaire, la vérité est que l'Ukraine manque cruellement de main-d'œuvre et qu'elle n'a aucun moyen de remplacer les troupes perdues. La guerre est finie, mais ils ne l'ont pas encore admis.

Les illusions de Zelensky sur la capacité de l'Ukraine à gagner la guerre et à regagner le territoire massif qu'elle a perdu doivent être motivées par quelque chose ; je ne peux que supposer qu'il croit toujours que l'intervention de l'OTAN est imminente. L'UE et le Royaume-Uni ont joué un rôle important en donnant de faux espoirs à Zelensky et en empêchant des négociations de paix concrètes. L'Ukraine ne récupérera JAMAIS la région du Donbass ; elle doit l'accepter et passer à autre chose.

Du côté de l'establishment occidental, les responsables gouvernementaux et les médias ont bombardé le public d'histoires sur une blitzkrieg russe imminente en Europe si l'Ukraine était autorisée à échouer. Bien sûr, ils affirment également que la Russie perd des millions de soldats dans des « assaut de viande » et que son armée est paralysée.

La machine de propagande ne peut pas jouer sur les deux tableaux : soit la Russie est impuissante et son armée est paralysée, soit elle est un monstre imparable qui conquerra toute l'Europe si la petite Ukraine venait à imploser. Chaque élément de la propagande de guerre a été soigneusement élaboré pour convaincre la population de soutenir une incursion militaire directe dans la région.

Avec le retour de Donald Trump, tout a changé en Ukraine. Trump n'a visiblement pas été impressionné par Zelensky et tient à mettre rapidement fin à l'effusion de sang. À tel point qu'il pourrait négocier les conditions de paix sans l'implication de Zelensky. Trump a exigé que Zelensky organise des élections légitimes en Ukraine avant que les États-Unis ne poursuivent leur soutien, et a même qualifié Zelensky de dictateur.

Sans les États-Unis, il n'y a pas d'OTAN et si les États-Unis coupent les livraisons d'armes, alors l'Ukraine ne pourra plus se battre. À moins que l'Europe ne se lance tête baissée dans la guerre...

Comme je l'ai noté en août dernier :

Le moment choisi pour l'offensive de Koursk et l'appel à des frappes de missiles sur la Russie n'est pas une coïncidence. Trump affirme que son intention est de mettre fin à la guerre en Ukraine le plus rapidement possible une fois qu'il sera entré en fonction.
Ils ont besoin d'intensifier la guerre pour en faire quelque chose de plus grand, quelque chose qui ne peut pas être annulé. Pour l'instant, la guerre peut être terminée. Il suffit d'un peu de diplomatie et de forcer l'Ukraine à comprendre qu'elle ne récupérera pas le Donbass ou la Crimée, peu importe le nombre de vies qu'elle sacrifiera.

La voie de la paix semble de plus en plus accessible et je me trompe peut-être (je l'espère sincèrement) en pensant qu'une guerre plus importante est inévitable. Cependant, les globalistes tentent toujours de créer un scénario désespéré ; ils n'abandonnent pas. S'ils ne peuvent pas faire entrer directement les Américains dans la guerre, ils pourraient alors mettre les Européens en première ligne en pariant que cela forcera la main des États-Unis.

Ce mois-ci, Zelensky a appelé à la création d'une «  armée européenne » en réponse à la pression de Trump en faveur d'un accord de paix rapide. Il a également appelé à l'armement de l'Ukraine avec des armes nucléaires.

Les élites européennes et britanniques ont  applaudi le concept d'une armée européenne, ce qui est ironique car cela revient à admettre que l'Europe et la plupart des pays occidentaux utilisent paresseusement les États-Unis comme bouclier depuis des décennies. Ils n'ont plus aucune idée de comment se défendre.

Le rôle revendiqué de cette armée européenne serait de « maintenir la paix » en Ukraine. Le problème est que Poutine a déclaré à plusieurs reprises que toute présence de troupes occidentales serait considérée comme un acte d'agression. Keir Starmer, Premier ministre britannique et autoritaire enragé, a déjà offert  au moins 30 000 soldats à la cause. Les responsables français, canadiens et allemands ont également exprimé leur intérêt pour une armée européenne et un  déploiement en Ukraine, bien qu'ils admettent ne pas vouloir dépenser ne serait-ce que 2 % de leur PIB pour l'OTAN.

Pour être clair, les marchands d'hystérie ont raison de dire que la Russie pourrait écraser les défenses de l'Europe si elle le voulait (en supposant que personne ne lance d'armes nucléaires). L'UE et le Royaume-Uni ont déjà fait l'essentiel du travail : détruire leurs propres nations avec l'ouverture des frontières et l'immigration de masse au cours des dix dernières années. Les migrants du tiers monde n'ont aucune loyauté envers l'Occident et la génération Z est complètement désabusée par l'idée d'une nouvelle guerre. Les dirigeants européens vont certainement essayer d'imposer la conscription forcée.

Cela ne signifie pas que Poutine a l'intention d'entrer en guerre avec l'Europe, mais seulement qu'il pourrait facilement les vaincre par attrition s'il le voulait. Les étranges associations passées de Poutine avec des éléments de la mafia de Davos devraient être prises en considération. Il est toujours possible que la Russie soit simplement une opposition contrôlée et que la guerre soit prédéterminée. Cela dit, jusqu'à présent, Poutine ne s'est pas comporté comme un homme qui se précipite follement dans le néant nucléaire. Il a pris soin de limiter la guerre à l'Ukraine.

Starmer et ses semblables globalistes sont bien conscients que la présence de troupes britanniques ou européennes saboterait toute négociation de paix mise en branle par l'administration Trump. C'est là le problème. Je crois que les globalistes pensent pouvoir forcer la main de l'Amérique, en créant une catastrophe si flagrante que les États-Unis devront s'impliquer.

Lorsque les responsables britanniques parlent d'obtenir une « garantie de sécurité » de Donald Trump, c'est ce qu'ils veulent dire : en débarquant des troupes en Ukraine pour « maintenir la paix », ils essaient d'obliger les États-Unis à réagir lorsque la Russie ripostera.

Les Américains ne vont pas faire la guerre pour les globalistes. Je dirais que nous sommes bien plus intéressés par l'élimination des globalistes que par la lutte contre le peuple russe. Pourquoi ne pas s'attaquer au problème à la racine ?

Cependant, les globalistes n'ont pas nécessairement besoin des États-Unis pour étendre la guerre en Ukraine. Pour l'instant, Trump n'a qu'une influence économique limitée sur le Royaume-Uni et l'UE, et cela ne suffit pas pour empêcher la mobilisation des troupes ou l'escalade. C'est peut-être la dernière manœuvre des élites pour déclencher la Troisième Guerre mondiale.

Brandon Smith

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone

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