Par Sonja van den Ende, le 25 mars 2025
Les atrocités qui se déroulent sur les côtes syriennes et ailleurs constituent l'un des crimes sectaires les plus monstrueux de l'histoire moderne.
Depuis que des témoignages poignants ont commencé à émerger de la Syrie, nous sommes confrontés au massacre en cours de la communauté alaouite dans les provinces de Hama et de Homs, et dans la région côtière allant de Lattaquié à Tartous, en passant par Baniyas et Jableh. Les nations occidentales, en particulier l'Europe, continuent de taire le massacre de masse en cours en Syrie, en détournant délibérément le regard. Le coût moral de la complicité de l'Europe dans ces atrocités s'alourdit de jour en jour.
L'Europe a activement soutenu l'intervention militaire déstabilisatrice de la Turquie en Syrie. Selon un récent rapport de l'ONU, des dizaines de milliers de personnes ont été massacrées - les estimations les plus prudentes font état de 20 000 morts, mais le bilan réel est probablement plus élevé. Des milliers de survivants ont fui vers le Liban, tandis que des milliers d'autres sont hébergés dans des conditions précaires sur la base aérienne russe de Khmeimim (également connue sous le nom de base aérienne de Hmeimim), une installation militaire contrôlée par la Russie et située au sud-est de la ville de Lattaquié, dans le gouvernorat de Lattaquié.
La catastrophe humanitaire défie l'entendement : le déplacement forcé a dépassé les 100 000 civils terrifiés fuyant les zones ciblées, avec 200 000 à 250 000 personnes directement touchées. La dévastation psychologique est plus profonde encore : les survivants souffrent d'un stress post-traumatique invalidant dû aux brutalités indicibles dont ils ont été témoins, ou qu'ils ont subies.
Ces atrocités constituent des violations flagrantes du droit international :
- Génocide : annihilation systématique d'une communauté
- Crimes de guerre : massacres civils avec préméditation
- Crimes contre l'humanité : campagnes coordonnées de déplacements forcés, de torture et d'exécutions sommaires
Les alaouites contraints d'obtenir de nouveaux documents d'identité reçoivent des "titres valables trois mois", qui sont en réalité des mandats d'exécution indiquant qu'ils seront "éliminés" s'ils ne disparaissent pas ou ne fuient pas dans ce délai. Leurs maisons et leurs moyens de subsistance seront immédiatement confisqués ou détruits.
L'Union européenne a récemment promis 5,8 milliards d'euros au soit-disant gouvernement syrien, le régime qui orchestre cette campagne d'extermination des alaouites depuis le 7 mars 2025. La machine à tuer ne s'arrête pas aux Alaouites : les chrétiens, les ismaéliens et d'autres minorités sont persécutés de la même manière. Même les anciens fonctionnaires de l'administration Assad d'avant le coup d'État - quelle que soit leur appartenance religieuse, y compris les sunnites - ont été sommairement licenciés sans indemnité, et laissés pour compte à la rue.
On notera que les soi-disant "factions armées" ont été officiellement réintégrées le 29 janvier 2025. De nombreux articles et rapports, What is Really Happening in Syria; Testimonies from Survivors. 40 thousand Killed in HTS Genocide , révèlent que l'appareil de sécurité du régime d'Al-Jolani (déclaré gouvernement par l'Europe) est composé de plus de 20 000 étrangers. Marat Imankulov, le secrétaire du Conseil de sécurité kirghize, a récemment signalé que la plupart d'entre eux sont originaires du Caucase, notamment du Tadjikistan, d'Ouzbékistan, du Kirghizistan et du Daghestan.
"Selon certaines estimations, jusqu'à 20 000 militants étrangers ont rejoint les forces de sécurité syriennes. Certains d'entre eux sont affiliés au Mouvement islamique du Turkestan oriental. Les experts estiment qu'ils comptent jusqu'à 6 000 militants visant à déstabiliser la Chine, ainsi que des individus originaires d'Asie centrale et du Caucase du Nord. Environ 5 000 militants, sans compter les membres de leur famille, sont d'origine centrasiatique", a-t-il déclaré.
Les pseudo-autorités de l'ancienne Syrie - désormais un nouveau califat - sont donc responsables de toutes les violations des droits de l'homme et des massacres qui ont débuté le 7 mars et se poursuivent encore aujourd'hui. L'appareil dit de sécurité est composé de djihadistes, dont certains sont à Idlib depuis des années, tout comme les Chinois ouïghours, groupe estimé "discriminé" en Chine par l'Europe. Mais la Chine connaît la menace que représentent ces terroristes, qui manient à la fois le Coran et les armes pour massacrer les Syriens et commettre des meurtres de masse.
Ces Ouïghours sont regroupés au sein du Parti islamique du Turkestan (TIP), avec le soutien de la Turquie. Le djihadisme ouïghour a évolué et s'est métamorphosé, s'appuyant sur l'idéologie de l'ethnonationalisme, en prenant exemple sur les talibans et HTS. En 2022, on a pu constater que ces Ouïghours s'étaient ralliés aux djihadistes du Caucase, également présents à Idlib. Une déclaration de 2022 précise :
"Nous ne venons pas de Chine, nous sommes vos frères musulmans du Turkestan oriental, en Asie centrale".
Ils affirment en outre qu'on peut recenser environ 40 millions de musulmans hanafites opprimés, décimés, expulsés de force de leur pays par des "usurpateurs chinois", et ils appellent donc au djihad contre la Chine tout en commettant des massacres en Syrie. Tout comme beaucoup d'autres, j'ai mis en garde contre ces Ouïghours il y a bien longtemps.
Ceux qui pensent que la Turquie est un État laïc simplement parce qu'elle est membre de l'OTAN se trompent. La Turquie est gouvernée par un parti islamiste, l'AKP, qui craint désormais les membres de l'opposition. Les manifestations se poursuivent depuis des jours, et le parti condamne également le soutien à HTS, un groupe composé de laïcs, de Kurdes et d'Alévis, unis sous la bannière du parti politique CHP. La Turquie entretient des liens culturels et ethniques avec les Ouïghours, et de nombreux membres de leur communauté y ont demandé l'asile.
Les médias occidentaux, en particulier néerlandais et allemands, n'ont pas tardé à brosser un tableau idyllique de la vie à Idlib, mettant en avant un centre commercial récemment construit, des femmes voilées et des djihadistes mangeant des glaces, tout en occultant délibérément les camps de réfugiés environnants. Ils ne mentionnent pas qu'Idlib est désormais un territoire turc, avec la livre turque pour monnaie, et que ces djihadistes font partie de l'enclave terroriste de la Turquie. Cette représentation correspond à la volonté des gouvernements européens de se débarrasser des "djihadistes radicalisés" parmi les demandeurs d'asile.
Aujourd'hui, l'Europe doit se préparer à une nouvelle vague de demandeurs d'asile, cette fois-ci de "vrais" Syriens, qui attendent actuellement à la frontière syro-libanaise, dans les villes frontalières et aux checkpoints libanais. Un affrontement est inévitable entre ces vrais réfugiés et les djihadistes que l'Europe a admis en masse en 2015. Ce sera la conséquence des politiques à courte vue de l'Europe. Après avoir longtemps ignoré les dangers, l'Europe apprend maintenant à ses dépens ce que signifie vraiment le djihadisme, en particulier en Allemagne, où les attentats et les meurtres se produisent presque chaque semaine.
Après que le président turc Erdogan a averti Assad de la nécessité de coopérer avec les djihadistes, ce qu'Assad a bien sûr refusé, sachant que cela signifierait la fin de la Syrie, Erdogan a envoyé ses militants à Damas dès le premier jour du cessez-le-feu au Liban. La suite appartient à l'histoire. Avec le soutien aérien israélien (préalablement arrangé avec la Turquie) frappant des infrastructures militaires clés, des aéroports et des installations dans le sud, l'armée syrienne s'est trouvée impuissante - non par peur, mais parce qu'elle n'avait plus les moyens de riposter. C'était une guerre éclair et un coup d'État méticuleusement planifiés. Les djihadistes, armés de drones occidentaux (néerlandais), ont réalisé leur assaut avec précision. C'est la réalité - une réalité que je réaffirmerai sans relâche.
La Russie, prise au dépourvu par l'offensive à grande échelle de la Turquie, s'est retrouvée prise entre deux feux. Selon le Service russe du renseignement extérieur (SVR) en décembre 2024, les États-Unis et le Royaume-Uni - toujours sous l'administration Biden - ont orchestré des attaques terroristes contre des bases russes en Syrie pour faire obstacle à toute tentative de stabilisation.
Le soi-disant gouvernement d'Al-Jolani, imposé illégitimement par la Turquie, l'administration Biden et l'Europe - et non élu par les Syriens - est majoritairement composé de djihadistes étrangers, ou plus exactement de terroristes. Soutenus par la Turquie et à présent en grande partie par l'Europe, ces militants ont transformé la Syrie en un enfer pour sa population, poussant même les modérés à se radicaliser contre l'Occident - une conséquence directe des interventions illégales de l'Occident. Depuis 2011, les États-Unis pillent les réserves de pétrole de la Syrie (et de l'Irak), tandis que ces combattants étrangers, armés par l'Occident, attisent la haine inter communautaire.
Le conflit, qui s'est déjà étendu au Liban ces derniers jours, risque d'englober également l'Irak. Bien que les Kurdes se soient temporairement alignés sur le régime terroriste de Jolani, cette alliance restera sans effet. Fracturés entre factions pro- et anti-Assad, la plupart des Kurdes - tant laïcs que partisans d'un islam modéré - ne peuvent coexister sous un califat qui les qualifie d'hérétiques. La fragile trêve avec les Druzes ne résistera pas non plus, comme le montre leur soulèvement à Sweida. La propagande israélienne (hasbara) ne fait qu'attiser ces tensions.
Un exode massif est en cours. La Syrie, amputée de ses minorités, cessera bientôt d'exister, remplacée par un califat dont les ambitions s'étendent au Liban, à l'Irak et au-delà, soit précisément l'objectif d'HTS (ou plutôt de l'État islamique).
Les atrocités qui se déroulent sur les côtes syriennes et ailleurs constituent l'un des crimes sectaires les plus effroyables de l'histoire moderne. Les preuves confirment une campagne de génocide délibérée, exigeant une intervention internationale immédiate pour mettre fin au massacre et poursuivre les responsables. L'inaction entraînera de nouveaux bains de sang et la propagation incontrôlée de la violence sectaire dans la région.