30/03/2025 reseauinternational.net  5min #273322

 Israël reprend son agression contre Gaza et rompt le cessez-le-feu

Pour les Israéliens, Gaza n'a qu'une alternative : la déportation ou l'extermination

Soucieux de défendre Israël par tous les moyens, les médias mettent souvent en avant le fait que de nombreux Israéliens sont opposés à Netanyahou et à la guerre. Mais ils oublient de mentionner qu'ils se soucient seulement de la vie des soldats et prisonniers Israéliens. Cet article de Haaretz rappelle que la vie des Palestiniens vaut moins que rien aux yeux de l'ensemble de la société israélienne.

Même les Israéliens opposés à la guerre ont peur de dire que les Gazaouis sont des êtres humains

par Hanin Majadli

Israël a récemment commis le plus grand massacre d'enfants de son histoire. Deux cents enfants et cent femmes ont été tués en une seule journée [en fait, en une seule nuit]. Au total, environ 400 civils ont péri, et le bilan n'est pas encore définitif. Ces chiffres ne sont pas relayés par les médias israéliens, et lorsqu'ils le sont, c'est toujours de manière scandaleusement minimisée [nos médias relativisent ignoblement ces chiffres en parlant de «données du Hamas», en mettant en avant le fait que des membres du «gouvernement du Hamas» (qui sont des civils) ont été tués, en veillant soigneusement à déshumaniser les victimes, réduistes à l'état de statistiques -seuls les Israéliens ont un nom, une voix, une vie-, etc. ; pour mettre un nom sur les tragédies individuelles, voir  Massacres à 2 heures du matin ].

Par exemple, Channel 12 News, la principale chaîne de télévision israélienne, a affirmé que ces 400 morts étaient des «militants». Comment peut-on prétendre qu'ils étaient tous des «militants», alors qu'il est évident que le monde entier voit les images effroyables de dizaines de bébés et d'enfants tués par les bombardements [seulement sur les réseaux sociaux, les médias évitant soigneusement de les montrer et même d'en parler trop explicitement ; seuls les victimes israéliennes ont droit à un état civil et aux trémolos] ? Comment est-il possible de mentir avec un tel aplomb alors que la vérité est sous les yeux de tous ? Jusqu'à quand les médias israéliens resteront-ils complices des crimes du gouvernement ?

Même les médias des pays qui ont commis des génocides auraient honte de mentir à ce point [c'est une illusion : la presse israélienne est bien plus franche que l'occidentale, qui semble considérer que la meilleure manière d'expier Auschwitz est de faciliter autant que possible le génocide à Gaza]. Mais en Israël, la chutzpah [mensonge effronté] est une pierre angulaire de l'approche dominante.

La majorité des Israéliens opposés à la guerre estiment qu'elle met en péril la vie des otages et que les combats ont repris pour des raisons politiques [le vrai débat en Israël est «Faut-il en finir une bonne fois pour toutes avec la cause palestinienne, quitte à tomber totalement le masque», ou «Faut-il accorder un sursis aux Palestiniens et continuer à le faire de manière progressive pour essayer de sauver les apparences »].

J'ai pu comprendre la réaction israélienne au début du conflit, après le 7 octobre 2023, même si elle ne faisait pas directement référence aux victimes palestiniennes [200 morts Palestiniens ont compté : ceux qui ont été identifiés à tort comme des Israéliens, leurs corps ayant été carbonisés au-delà de toute identification possible -sauf tests ADN- par les missiles Hellfire qui ont tué à la fois les ravisseurs et leurs prisonniers, en application de la doctrine Hannibal ; voir 𝕏 cet aveu de Mark Regev, ancien porte-parole de Netanyahou, expliquant pourquoi le bilan des victimes israéliennes du 7 octobre est passé de 1400 à 1200, un fait particulièrement important qui a été complètement ignoré par nos médias...]. À l'époque, cette réaction visait avant tout à éviter d'être taxé de «traître». Mais après 18 mois de massacres - qui entreront dans l'histoire comme une honte éternelle - ce mécanisme ne tient plus.

La reprise des hostilités condamnera les otages, mais elle tuera surtout en masse des hommes, des femmes, des enfants et des vieillards palestiniens. À quel moment les Israéliens opposés à la guerre oseront-ils enfin dire ce qui doit être dit et cesseront-ils de recourir à des euphémismes [le titre même de cet article, démenti par son contenu, est trompeur et participe d'un effort de propagande : il n'y a pas de «peur» des Israéliens, simplement un énorme mépris, voire une haine viscérale pour les «animaux humains» Palestiniens] ? J'ai cru comprendre qu'une prise de conscience avait commencé après qu'ils ont été qualifiés de «meurtriers d'enfants». Est-il possible de tomber plus bas sur le plan moral ? Ne sont-ils pas terrifiés par cette étiquette ?

Il est déjà impossible de distinguer quoi que ce soit en Israël. Impossible de différencier les médias de l'opinion publique. Car même ceux qui s'opposent à la guerre ont peur d'admettre que les Gazaouis sont aussi des êtres humains. Impossible de séparer le pilote de la bombe. On lui dit d'appuyer sur le bouton, et il le fait. La majorité de la population ne se contente pas de tolérer les massacres de masse : elle les réclame, explicitement ou tacitement.

Ce n'est pas simplement une question de dissimulation ou de manipulation par les médias. C'est le résultat d'un endoctrinement militariste et raciste qui commence dès la maternelle et se poursuit jusqu'à la mort. Un endoctrinement qui a besoin de destruction pour justifier l'existence du sionisme.

Il y a quelque chose de profondément faussé dans le récit actuellement véhiculé par le public juif libéral en Israël, qui présente cette situation comme une lutte pour sauver la démocratie israélienne. Cette lutte s'inscrit dans une absence presque totale de référence aux conséquences meurtrières de la guerre sur Gaza et ses habitants.

Comment peut-on défendre les valeurs démocratiques tout en acceptant que, de l'autre côté, des dizaines de milliers de vies soient fauchées en un instant ? Cela semble irréel.

Comment peut-on exiger liberté et justice sans évoquer le prix humain inconcevable de cette guerre ? Comment peut-on mépriser à ce point la vie à Gaza, devenue si insignifiante aux yeux des Juifs israéliens, tout en réclamant la préservation de la démocratie israélienne ? De quelle démocratie parle-t-on exactement ? Une démocratie qui porte chaque jour sur son dos une destruction aussi colossale et atroce ?

source :  Le Blog d'Alain Marchal

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