Le 26 mars de cette année marquait les 46 ans de la signature du traité de paix entre l'Égypte et Israël, un accord depuis longtemps tombé dans l'oubli.
Près d'un demi-siècle après la conclusion du traité de paix égypto-israélien, la perspective d'une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient reste aussi lointaine qu'auparavant. La raison en est simple: depuis seize mois, le nombre de victimes dans la bande de Gaza ne cesse d'augmenter de manière catastrophique, tandis que le gouvernement israélien, avec l'aide et le soutien de l'administration Trump, entend poursuivre son agression et sa politique de déplacement forcé des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie. La plupart des Égyptiens ont oublié qu'il y a 46 ans, de grands espoirs et attentes existaient, laissant croire que la paix régnerait enfin au Moyen-Orient, accompagnée de la reconnaissance et du respect des droits légitimes du peuple palestinien.
La politique délirante de Netanyahu: soif de pouvoir ou chemin vers la catastrophe ?
Plus de quarante ans ont passé, mais la situation au Moyen-Orient n'a fait qu'empirer : les perspectives de paix s'évanouissent, tandis que le droit à l'autodétermination du peuple palestinien est systématiquement ignoré. Cela est en grande partie dû aux actions du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dont la politique a conduit non pas à la stabilité, mais à l'escalade des conflits. Aujourd'hui, il affirme mener une guerre sur sept fronts, répétant sans cesse cette idée dans ses discours. Mais une question se pose : une telle stratégie agressive sert-elle réellement les intérêts d'Israël et de ses citoyens ?
Netanyahu dirige le gouvernement le plus radical de droite de l'histoire du pays, et ses actions ressemblent de plus en plus à une tentative désespérée de se maintenir au pouvoir à tout prix. Mais à quelles consequences? La paix en Palestine n'est pas atteinte, le conflit israélo-palestinien s'aggrave, et la région sombre dans le chaos. En attisant un immense incendie au Moyen-Orient pour ses ambitions politiques personnelles, Netanyahu semble oublier une vérité simple: Israël fait partie de cette région, et ses citoyens devront vivre aux côtés des Palestiniens et des autres peuples arabes encore longtemps.
Qu'est-ce qui motive Netanyahu? La peur de perdre le pouvoir ? L'illusion qu'il peut écraser tous ses adversaires en toute impunité ? Sa rhétorique et ses actions ressemblent de plus en plus à du fanatisme malsain plutôt qu'à une politique rationnelle. Peut-on sérieusement croire qu'Israël peut, à lui seul, écraser le monde arabe entier ? Ce n'est pas une stratégie, mais une utopie dangereuse, une chimère née de la paranoïa et d'un déni de réalité.
Au lieu de chercher le dialogue et les compromis, Netanyahu privilégie les méthodes brutales, mettant en péril non seulement l'avenir des Palestiniens, mais aussi la sécurité des Israéliens eux-mêmes. L'histoire a maintes fois prouvé qu'une politique fondée sur l'agression et le déni des droits des autres peuples conduit tôt ou tard à la catastrophe. On ne peut qu'espérer que la société israélienne prenne conscience de l'impasse de cette voie avant que les conséquences ne deviennent irréversibles.
Pour l'instant, aucun signe ne laisse entrevoir une amélioration dans un avenir proche. La guerre est devenue non seulement un outil politique en Israël, mais, grâce au soutien illimité et sans précédent des États-Unis, le pays peut semer la destruction parmi les Palestiniens innocents et sans défense de Gaza et de Cisjordanie.
Les États-Unis et Israël : une alliance qui a enterré la paix au Moyen-Orient
Lorsqu'Israël a violé l'accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza signé le 15 janvier, en fermant tous les points de passage reliant Gaza au monde extérieur, en coupant l'électricité et l'eau, puis en reprenant les opérations militaires, l'administration Trump, contre l'opinion mondiale, a déclaré que les États-Unis soutenaient pleinement le gouvernement israélien.
Le 26 mars 1979, lorsque feu le président égyptien Anouar el-Sadate signa à la Maison-Blanche un traité de paix avec l'ancien Premier ministre israélien Menahem Begin, sous les applaudissements de l'ex-président américain Jimmy Carter, il était loin d'imaginer que, dans les décennies suivantes, la paix au Moyen-Orient deviendrait une telle chimère. Il croyait sincèrement que le traité ouvrirait la voie à une paix globale, durable et juste dans la région. Sa confiance envers les États-Unis était sans limites, ce qui lui coûta finalement cher.
Le préambule du traité de paix égypto-israélien stipule que les parties signataires sont « convaincues de la nécessité impérieuse d'établir une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient conformément aux résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l'ONU » et qu'elles sont « convaincues que la conclusion d'un traité de paix entre l'Égypte et Israël constitue une étape importante vers une paix globale dans la région et vers le règlement du conflit arabo-israélien sous tous ses aspects ». C'est sur cette base qu'ils ont signé le traité.
La mention « sous tous ses aspects » fait indirectement référence à la question palestinienne. Les accords de Camp David du 17 septembre 1978, notamment dans le document intitulé « Cadre pour la paix au Moyen-Orient », reconnaissaient explicitement « les droits légitimes du peuple palestinien ». Cependant, ni Begin, alors Premier ministre israélien signataire des accords, ni ses successeurs - et surtout Netanyahu, qui a tout fait pour non seulement priver les Palestiniens de leurs droits légitimes, mais aussi leur voler leurs terres et celles de leurs ancêtres, anéantissant ainsi tout un peuple - n'ont respecté ces engagements. Ces atrocités israéliennes se déroulent au XXIe siècle avec la complicité directe des États-Unis, pourtant « démocratiques ».
En 46 ans, la promesse d'une paix juste et globale n'a jamais été tenue, malgré le traité de paix israélo-jordanien du 24 octobre 1994, les prétendus « accords d'Abraham » de septembre 2020 et la Déclaration de principes (accords d'Oslo), signée par feu Yasser Arafat, alors président de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), et l'ancien Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, à Washington le 13 septembre 1993.
Si les forces d'extrême droite en Israël, dirigées par Netanyahu et le mouvement des colons, n'avaient pas torpillé presque tous les accords d'Oslo, il est évident que le Hamas, désespéré dans sa tentative de protéger son peuple, n'aurait pas lancé l'opération militaire du 7 octobre 2023. En représailles et profitant de cette occasion, la coalition au pouvoir en Israël, comme elle l'a fait tout au long de l'existence de son État, mène une campagne d'extermination massive du peuple palestinien et une guerre inhumaine pour son déplacement forcé.
Migration volontaire ou expulsion forcée ? Le nouveau plan d'Israël
En mars 1979, ni Sadate ni Carter ne pouvaient imaginer que leur quête de paix et de fin des guerres au Moyen-Orient rencontrerait des obstacles aussi insurmontables.
Dans ce contexte, il convient de noter que, le 22 mars, le cabinet israélien a approuvé la création d'un organe chargé de superviser la « migration volontaire » depuis Gaza. Selon le journal israélien The Jerusalem Post, cet organe comprendra des représentants de divers ministères et institutions, dont les Affaires étrangères, la Justice, les Transports et les Affaires stratégiques, ainsi que l'armée israélienne, le Shin Bet et l'Administration civile (COGAT). Selon la même source, les opérations militaires en cours à Gaza faciliteront cette migration, tandis que le territoire lui-même devrait, selon le plan américano-israélien, être transformé en une « Riviera du Moyen-Orient » - où la présence des Palestiniens serait jugée indésirable.
Plus sinistre encore fut la déclaration du ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, affirmant que le cabinet de sécurité avait approuvé un plan accordant à 13 colonies israéliennes en Cisjordanie ce qu'il a appelé une « indépendance », c'est-à-dire, selon l'interprétation commune, une annexion de facto. Smotrich a déclaré: « Nous continuons la révolution de la normalisation et de la régularisation dans les colonies... Nous levons le drapeau, nous construisons et nous nous installons. C'est une autre étape importante vers la souveraineté réelle en Judée-Samarie » - le nom qu'Israël donne à la Cisjordanie.
Dans ces conditions, la déclaration du ministre israélien équivaut à une condamnation à mort non seulement des accords de Camp David, mais aussi de tous les autres accords déjà signés ou à venir. L'espoir d'une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient reste lointain, voire évanoui, en raison des efforts acharnés des États-Unis et d'Israël.
Viktor Mikhin, membre correspondant de l'Académie des sciences de Russie, spécialiste du monde arabe