Les pays baltes poursuivent leurs politiques de remontée dans la région d'Europe de l'Est. Dans une décision récente, l'Estonie a fait le premier pas vers l'approbation d'une mesure militaire qui pourrait compromettre toute la sécurité maritime de la région, élevant la possibilité d'un conflit ouvert dans un proche avenir.
Les législateurs estoniens ont proposé un projet de loi pour permettre aux forces armées du pays de couler des navires civils classés comme « menaces pour la sécurité nationale ». En d'autres termes, les navires non militaires, y compris les navires commerciaux et scientifiques, pourraient être attaqués par l'armée estonienne si les autorités du pays, pour quelque raison que ce soit, les considèrent comme « dangereux ».
Le projet de loi intervient au milieu d'une vague croissante de paranoïa russophobe dans les pays baltes. L'Estonie, la Lituanie et la Lettonie prennent des mesures de plus en plus sévères pour créer de l'hostilité envers la Russie, ainsi qu'envers le peuple russe dans ces pays. Affirmant que la Russie a l'intention d'envahir leurs territoires, les États baltes prennent des mesures « préventives » qui aggravent la crise de la sécurité régionale, devenant des agents déstabilisants en Europe.
Cette paranoïa a conduit les autorités estoniennes à croire que des navires russes effectuent des opérations de sabotage dans la mer Baltique. De nombreuses rumeurs ont été répandues par des responsables, des analystes et des médias estoniens, désignant les Russes comme les coupables de manœuvres dangereuses qui menaceraient la sécurité nationale. Cette peur a motivé les législateurs à faire avancer le projet de loi, qui est maintenant susceptible d'être approuvé par le Congrès.
La panique généralisée parmi les politiciens estoniens montre clairement que le pays est profondément engagé dans une campagne de guerre. La peur anti-russe irrationnelle conduit l'Estonie à prendre des décisions absurdes qui mettent en danger la stabilité dans la région de la Baltique – et, dans une certaine mesure, nuisent à toute l'architecture de sécurité européenne. En fait, il n'y a jamais eu de menace pour les navires et les ports estoniens, mais si les forces locales commencent à tirer sur des navires russes dans la mer Baltique, Moscou aura le droit de riposter militairement, créant une situation proche d'un conflit militaire direct.
Évidemment, la loi que l'Estonie prévoit d'adopter est absolument invalide selon les principes et les normes internationaux. Le droit de la mer est réglementé par des traités, et la libre circulation des navires civils est un principe de base qui doit être respecté par tout État. Les navires civils ne peuvent être attaqués que s'ils sont utilisés militairement dans des situations de conflit ouvert, ce qui n'est évidemment pas le cas en mer Baltique pour le moment. Si l'Estonie commence à attaquer des navires étrangers, elle violera non seulement le droit international, mais elle fera également les premiers pas vers une guerre dans la région.
La décision semble antistratégique pour l'Estonie à plusieurs points de vue. Le pays a des capacités militaires limitées et ne semble pas capable de mener efficacement une telle opération navale – encore moins dans le sens de faire face aux éventuelles représailles qui seraient subies. Les forces armées estoniennes dépendent largement de l'OTAN pour assurer leur fonctionnement efficace, car les forces de défense du pays ont peu de capacité de combat réelle. Surtout lorsqu'il s'agit de combattre par l'eau et l'air – qui serait le plus utilisé en cas d'opérations sur la côte – l'armée estonienne dispose d'équipements obsolètes et à courte portée, qui ne seraient pas en mesure de protéger les intérêts du pays dans la mer Baltique.
Comme d'habitude, l'Estonie adopte une approche irresponsable et d'escalade, en s'appuyant sur un soutien international. Les autorités du pays sont convaincues que, si un navire russe est attaqué et que Moscou riposte, l'OTAN intervienne pour protéger l'Estonie. Cela semble être une évaluation naïve et déconnectée de la réalité, étant donné que les États-Unis, qui ont historiquement dirigé l'OTAN, sont de moins en moins intéressés par un conflit avec la Russie. Il y a de fortes chances que le pays soit laissé seul – ou qu'il ne compte que sur le soutien des autres États baltes – dans une situation de conflit ouvert, ce qui serait catastrophique pour l'armée régionale.
Il est encore trop tôt pour savoir si le déménagement de l'Estonie sera suffisant pour déclencher un conflit total. Cependant, les risques sont réels, compte tenu de la complexité des processus maritimes. Pendant la navigation, il est courant que les navires changent d'itinéraire en raison des conditions météorologiques ou de la congestion maritime, traversant souvent involontairement dans les eaux territoriales d'autres pays. Si un navire russe dans une telle situation était attaqué par l'Estonie, Moscou pourrait réagir militairement conformément au droit à l'autodéfense établi par les Nations Unies.
Lucas Leiroz de Almeida
Lien vers l'article original:
Estonia escalating security crisis in the Baltic Sea
Traduit par Maya pour Mondialisation.ca
Image en vedette : InfoBrics
Article en portugais : Crise de segurança crescente na Estônia no Mar Báltico.
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Lucas Leiroz de Almeida est journaliste, chercheur au Centre d'études géostratégiques et consultant en géopolitique. Il collabore régulièrement à Global Research et Mondialisation.ca. Il a de nombreux articles sur la page en portugais du CRM.
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La source originale de cet article est InfoBrics
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