Photo : © Palestine Captives
Communiqué de l'AFPS
Depuis plus de 18 mois, la population de Gaza subit un génocide. Avec la rupture par Israël de la trêve, la situation est encore pire, la volonté de l'État israélien de se débarrasser de la population palestinienne de Gaza est flagrante.
En Cisjordanie occupée, le nettoyage ethnique s'accélère : attaques de l'armée israélienne et destruction de camps de réfugié·es, déplacement forcés de plus de 40 000 personnes, démolitions de maisons, violence des colons...
La politique israélienne d'arrestations massives, d'emprisonnement de la population palestinienne, hommes, femmes et enfants, est beaucoup moins médiatisée et pourtant utilisée de manière systémique par Israël.
Plus de 16 400 arrestations depuis le 7 octobre 2023, dont plus de 1 300 enfants et 510 femmes. Au 10 avril, 9 900 Palestinien·nes sont détenu·es dans les prisons israéliennes, dont 400 enfants ; 3 498 (dont 100 enfants) sont en détention administrative, renouvelable sans limite, qui permet d'emprisonner un homme, une femme, un enfant sans procès, sans qu'aucune charge, aucune preuve ne soit communiquée à l'avocat.
Nous ne connaissons pas le nombre exact des milliers de Gazaoui·es - pour la plupart victimes d'une disparition forcée, détenu·es dans des camps militaires sans aucun contact avec l'extérieur.
Les conditions d'arrestation et de détention sont telles qu'elles peuvent devenir mortelles.
Depuis le 7 octobre 2023, 63 prisonniers sont morts en prison dont 40 venaient de Gaza (300 depuis 1967). Ils sont morts suite à des tortures, des attaques des gardiens, l'absence de nourriture correcte et suffisante, d'hygiène et de soins médicaux, ou suite à des blessures subies lors des arrestations.
Ces hommes, ces femmes, ces enfants ne sont pas que des nombres.
Walid Ahmed avait 17 ans quand il a été arrêté le 30 septembre 2024. Il est mort le 24 mars dans la clinique de la prison de Meggido en Israël. Il est mort des suites de la privation de nourriture et d'eau ainsi que de l'absence de soins appropriés après avoir contracté la gale et des infections respiratoires en raison de conditions de détentions inhumaines et de l'absence d'hygiène.
Dans le cadre des accords du cessez-le-feu entrés en vigueur le 19 janvier 2025, 1 777 prisonnier·es ont été libéré·es en plusieurs vagues, dont 80 femmes et 86 enfants. Près de mille d'entre eux sont de Gaza : 216 étaient détenus à vie et 303 pour de longues peines (plus de 20 ans). Ces derniers n'ont pas tous pu rentrer chez eux : 226 ont été déportés, majoritairement en Égypte, première étape avant d'aller dans un autre pays
Ces hommes, ces femmes, ces enfants, traités pire que des animaux, subissent aussi des violences sexuelles et des humiliations permanentes pour les priver de toute humanité.
Cette stratégie est utilisée même après la mort des prisonniers. Les autorités israéliennes n'ont rendu aux familles palestiniennes que 3 corps sur les 63 prisonniers décédés depuis octobre 2023.
L'État israélien utilise des ordres militaires datant du mandat britannique, légifère pour « légitimer » sa politique d'arrestation et d'emprisonnement. Il s'agit bien d'un outil de répression, de harcèlement, de maintien dans l'insécurité permanente. Ce système est utilisé par Israël pour briser le peuple palestinien, pour le déshumaniser et poursuivre la colonisation, le nettoyage ethnique en Cisjordanie occupée et le génocide en cours à Gaza.
Ces conditions d'arrestation, d'interrogatoire, de détention et les punitions collectives sont des violations flagrantes du droit international humanitaire (droit de la guerre), y compris des Conventions signées par l'État israélien.
Le peuple palestinien reste debout, témoigne, résiste, nous restons à ses côtés.
En ce 17 avril, journée internationale de solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens, l'AFPS dénonce la violation permanente et institutionnalisée du droit international par l'État d'Israël et apporte tout son soutien à la lutte du peuple palestinien pour le respect de ses droits.
L'AFPS demande que la France prenne d'urgence les mesures qui s'imposent pour faire pression sur l'État israélien afin qu'il cesse cette politique illégale et indigne de répression à l'égard du peuple palestinien, un des outils du maintien de son occupation illégale de la bande de Gaza, de la Cisjordanie y compris Jérusalem-Est.
Elle doit exiger la libération de tous·tes les prisonnier·es politiques palestinien·nes.
Le Bureau National de l'AFPS, le 17 avril 2025