20/04/2025 ssofidelis.substack.com  58min #275491

Un génocide planifié

Par Story Ember leGaïe, le 29 mars 2025

Bilan des victimes à Gaza (7 octobre 2023 - 25 mars 2025)

Introduction

Le 7 octobre 2023, le régime israélien a durci son projet colonial en lançant une campagne d'extermination militaire à grande échelle contre le peuple palestinien à Gaza, campagne indissociable de la violence coloniale plus largement exercée dans toute la Palestine occupée. Sous couvert d'un discours éculé sur la "sécurité" et la "lutte contre le terrorisme", cette offensive a révélé dès les premières heures son intention génocidaire : non pas contenir la résistance, mais anéantir toute vie. Au cours des 18 mois qui ont suivi, Gaza, déjà bloquée et fragmentée par des décennies de blocus, a été transformée en camp de mort. Des quartiers entiers ont été rasés, les réseaux d'approvisionnement en eau et les hôpitaux ont été délibérément détruits, et des familles entières ont disparu sous les décombres ou dans des fosses communes. Le blocus s'est transformé en famine organisée. Les maladies se sont propagées dans les zones de déplacement surpeuplées. Les soins médicaux se sont raréfiés. Des enfants sont morts de faim dans les campements, tandis que les bombes israéliennes creusaient des cratères jusque dans leurs abris.

Ce rapport reconstitue le récit complet et sans concession de cette mort massive. S'appuyant sur des témoignages de survivants, des documents recueillis sur le terrain et une analyse décoloniale, il détaille à la fois les meurtres ostensibles et l'extermination lente et systématique perpétrée par la privation. En partant d'une donnée de référence révisée à ~128 761 morts directes au 25 mars 2025, bien supérieure aux chiffres manipulés par l'occupant, on tient également compte des personnes toujours portées disparues, non identifiées ou non recensées en raison de l'effondrement des infrastructures. Les enfants représentant au moins 44 % des personnes tuées, le génocide à Gaza doit être compris comme, selon les termes de Philippe Lazzarini de l'UNRWA, "une guerre contre les enfants... contre leur enfance, contre leur avenir".

"Les habitants de Gaza luttent pour survivre dans des conditions apocalyptiques, mais personne n'est en sécurité nulle part, personne n'est épargné et aucune issue n'est possible pour fuir cette enclave détruite",

a déclaré le Dr Christopher Lockyear de Médecins Sans Frontières. Cette réalité, cette violence sans issue, constituent le socle de cette analyse. Nous rejetons tous les euphémismes et les fausses symétries. Il ne s'agit pas d'un "conflit". Ce n'est pas une aberration. Il s'agit d'une campagne délibérée et prolongée de génocide colonial. Ce rapport énonce un décompte détaillé des victimes directes et indirectes, des scénarios prévisionnels et des témoignages de survivants sur la vie sous le blocus. Il replace l'assaut contre Gaza dans le contexte de la fragmentation génocidaire du peuple palestinien et appelle à la justice, non pas par la rhétorique, mais par la responsabilité concrète, une rupture politique et la solidarité mondiale avec le droit au retour, à la réparation et à la libération.

Recenser les morts : sources et épistémologie des survivants

Recenser les morts à Gaza est à la fois une tâche médico-légale et un acte sacré de mémoire. Il ne s'agit pas simplement de chiffres, mais de l'affirmation de l'existence palestinienne face à une tentative systématique d'effacement. La principale source d'information sur les victimes est le ministère de la Santé de Gaza (MOH) qui, malgré les bombardements incessants, les coupures d'électricité et les attaques ciblées contre les infrastructures médicales, s'est efforcé de recenser les noms, les âges et les causes de décès de ceux qu'il a pu localiser. En mars 2025, le décompte officiel du MOH dépassait les 50 000 morts, un chiffre stupéfiant quel que soit le contexte, mais qui ne tient compte que des victimes directes des frappes aériennes, des tirs d'artillerie et d'autres formes de violence ouverte. Il n'inclut pas ceux qui sont morts de faim à cause du blocus, infectés par l'eau contaminée ou privés de soins médicaux à la suite de la destruction délibérée des infrastructures.

En septembre 2024, le ministère de la Santé a publié une liste de 34 344 victimes identifiées, avec leur date de naissance et leur sexe, en signe de défi face à la propagande du régime colonial et aux tentatives des médias internationaux de remettre en cause le nombre de victimes palestiniennes. À cette date, 44 % des décès confirmés sont des enfants, un chiffre tragiquement conforme à la démographie de Gaza (où environ 40 % de la population est âgée de moins de 14 ans), mais qui reflète d'autant plus la nature arbitraire et ciblée de l'attaque.

Pourtant, le bilan officiel ne reflète pas l'ampleur réelle des pertes. Des milliers de personnes sont toujours portées disparues sous les décombres, impossibles à retrouver car les bulldozers ont interdiction d'entrer, le carburant est bloqué, ou parce que plus personne n'est plus là pour les rechercher. Dès janvier 2024, les Nations unies ont estimé que plus de 10 000 corps sont probablement enfouis sous les décombres. Ces morts ne seront peut-être jamais dénombrés par les institutions, mais ils sont pleurés nommément dans les foyers de Gaza, commémorés dans des témoignages oraux, et pleurés par leurs proches.

Pour aggraver la situation, le système de santé de Gaza, déjà exsangue après des années de blocus, a été délibérément détruit : les hôpitaux ont été bombardés, les ambulances prises pour cibles, les médecins exécutés ou enlevés, et les équipements médicaux confisqués. De nombreux blessés n'ont jamais pu être soignés. De nombreux décès n'ont jamais été enregistrés. Des familles entières ont été tuées dans des zones isolées, dont on ne connaît l'existence que grâce aux témoignages de voisins, à des bribes d'informations sur les réseaux sociaux ou à leur absence obsédante dans le quotidien de la communauté.

Dans ce vide institutionnel, les récits des survivants sont devenus la principale source d'information. Les familles et les bénévoles ont dressé des listes de morts, recherché leurs proches disparus sur les réseaux sociaux, et créé des registres indépendants. Les réseaux locaux ont diffusé les noms, enregistré les témoignages et archivé l'annonce de la mort des victimes afin de préserver la mémoire des âmes rayées de la carte. Ces actes de préservation de la mémoire collective ne sont pas de simples archives, ils relèvent de la résistance. Ils refusent la tentative de l'État colonial de réduire les Palestiniens en poussière anonyme.

Des experts internationaux sont intervenus pour confirmer ce que les Palestiniens savent depuis longtemps. Une analyse publiée dans The Lancet et évaluée par des pairs a calculé 64 260 morts directes (violentes) à Gaza entre le 7 octobre 2023 et le 30 juin 2024, un chiffre nettement supérieur à ceux avancés par l'occupant. L'étude a projeté plus de 70 000 morts directes pour octobre 2024 et a noté que le ministère de la Santé de Gaza a sous-estimé d'au moins 41 % les décès liés aux traumatismes. Plus accablant encore, le rapport indique que les décès dus à la faim, à l'absence de soins médicaux et aux contaminations n'ont pas été pris en compte, alors qu'ils résultent eux aussi de la politique d'extermination israélienne. À Gaza, les habitants ne sont pas seulement tués par les bombes. Ils meurent lorsque les appareils de dialyse s'arrêtent, lorsque le pain vient à manquer, lorsqu'une césarienne ne peut être pratiquée parce que l'hôpital a été rasé.

Au vu de ces vérités - témoignages, projections épidémiologiques et réalité brute de l'effondrement structurel -, on estime à 128 761 le nombre de morts directes au 25 mars 2025. Ce chiffre comprend ceux dont la mort a été confirmée lors des bombardements, ainsi que les dizaines de milliers d'autres qui n'ont jamais été retrouvés, jamais enregistrés ou délibérément effacés dans le chaos génocidaire. C'est un calcul macabre, mais qui reflète l'engagement à nommer tous les morts. Derrière chaque chiffre, il y a une vie. Un enfant. Une grand-mère. Un étudiant. Une sage-femme. Un poète. Un corps enterré non seulement par les bombes, mais aussi sous le poids du silence du monde. Les nommer, c'est un premier pas vers la justice. Les compter, c'est un acte d'opposition : refuser d'oublier, de normaliser ou d'accepter l'anéantissement comme une fatalité.

Une guerre contre les enfants

Dès les premiers instants de la campagne génocidaire d'Israël contre Gaza, les enfants palestiniens ont été délibérément et massivement massacrés. En novembre 2024, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a confirmé que 44 % des victimes à Gaza sont des enfants, un chiffre stupéfiant même pour l'une des populations les plus jeunes de la planète. Ce n'est pas un hasard. Ce n'est pas le résultat d'une "guérilla" ou d'un "terrain accidenté". C'est la conséquence directe de la violence étatique systématique, aveugle et souvent ciblée qui s'abat sur les familles, les maisons, les écoles et les hôpitaux dans une enclave assiégée. Le commissaire général de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a énoncé une évidence avec une rare franchise : "Cette guerre est une guerre contre les enfants. C'est une guerre contre leur enfance, contre leur avenir". En quelques mois seulement, plus d'enfants ont été tués à Gaza que dans tous les conflits armés du monde au cours des quatre dernières années réunis.

D'ici mars 2025, plus de 60 000 enfants palestiniens - nourrissons, tout-petits, enfants scolarisés et adolescents - auront probablement été tués. Certains dans leur lit, d'autres en étreignant leurs parents, d'autres encore pulvérisés dans des abris que l'ONU a faussement qualifiés de "sûrs". Beaucoup ont été écrasés sous les décombres. D'autres sont morts lentement, affamés par le blocus ou privés de médicaments. La plus jeune victime connue est un nouveau-né, âgé de quelques heures seulement, tué lorsque son incubateur a été privé d'électricité à la suite d'un blocus sur le carburant. Le jour le plus meurtrier pour les enfants a été celui où plus de 300 enfants ont été tués en 24 heures, lors du bombardement israélien qui a rasé 72 maisons. Aucun combat ne justifie cela. Aucune excuse ne peut en faire un acte moral. Les enfants de Gaza ne sont pas des "dommages collatéraux" : ils ont été pris pour cible dans une campagne d'extermination.

Ceux qui ont survécu ne sont pas moins affectés. Pour le million d'enfants de Gaza, plus aucun lieu n'est sûr, ni les hôpitaux, ni les abris de l'ONU, ni même les bras de leurs parents. Des enquêtes menées sur le terrain ont révélé que 96 % des enfants de Gaza vivent dans la peur constante de la mort, marqués par le traumatisme incessant des frappes aériennes, des déplacements et de la famine. Beaucoup ont perdu leur famille entière. Des milliers d'entre eux vivent désormais amputés, brûlés ou handicapés à vie. Gaza compte le plus grand nombre d'enfants amputés par habitant au monde, un symbole dévastateur de la "précision" militaire israélienne. L'UNICEF, Save the Children et d'autres organisations humanitaires ont clairement déclaré que Gaza est l'endroit le plus meurtrier de la planète pour les enfants.

Début 2024, plus de 3 100 enfants de moins de cinq ans avaient déjà été tués. Ce bilan s'est depuis alourdi, la famine et l'effondrement du système médical ayant fait de nombreuses victimes supplémentaires. Ce ne sont pas seulement des chiffres. Chaque enfant avait un nom, un jeu préféré, un rire, un avenir qui lui a été volé. Un père palestinien, berçant le souvenir de ses enfants, a déclaré :

"Ils n'ont pas seulement tué mes enfants. Ils ont tué tous mes rêves de les voir grandir".

Ce degré de violence contre les enfants n'est pas fortuit, il relève du génocide. La Convention des Nations unies sur le génocide inclut, parmi ses caractéristiques essentielles, l'intention de détruire "tout ou partie" d'un peuple par le meurtre de ses enfants. Lorsque 44 % des morts sont des enfants et que le blocus est délibérément conçu pour que même ceux qui survivent aux bombes meurent de faim, de déshydratation ou de maladies non soignées, il ne peut être question de bonne foi. On ne saurait trop le répéter : toute une génération d'enfants palestiniens est en train d'être rayée de la carte, sous nos yeux, en temps réel, avec la complicité de la communauté internationale.

Ce qui se passe à Gaza n'est pas seulement une guerre contre un peuple. C'est une guerre contre l'avenir même des Palestiniens. Une guerre contre la mémoire, contre l'héritage, contre l'espoir. Enterrer cette vérité sous des euphémismes, c'est participer au crime. La nommer est le premier pas vers la justice.

Morts directes et indirectes : au-delà des bombes

Les images de Gaza les plus souvent diffusées par les médias internationaux - des corps ensanglantés sous les décombres, des bâtiments réduits à l'état de squelettes de béton et de ferraille - focalisent l'attention du monde sur les morts directes. Mais derrière le spectacle visible du carnage sévit une vague de mort plus lente, moins photogénique : les morts indirectes, tout aussi intentionnelles, tout aussi génocidaires. Ces morts ne sont pas causées par des missiles, mais par la privation. Elles ne sont pas causées par des explosions, mais par le blocus. À Gaza, la mort sous blocus est devenue aussi banale - et souvent plus meurtrière - que la mort sous les bombes.

Les morts directes désignent celles provoquées spécifiquement par la violence militaire : bombardements aériens, tirs d'artillerie, tirs de snipers, effondrement de bâtiments. Elles sont brutales, rapides et indéniables. Les morts indirectes, en revanche, résultent de la destruction calculée des conditions essentielles à la vie. Un enfant meurt d'une diarrhée non traitée parce que l'eau est contaminée et qu'il n'y a plus d'antibiotiques. Un vieil homme diabétique sombre dans un coma fatal parce que les livraisons d'insuline ont été bloquées. Un nouveau-né suffoque dans une tente non chauffée après que son incubateur a cessé de fonctionner à cause d'une coupure d'électricité. Ce ne sont pas des accidents. Ce sont les conséquences délibérées d'une guerre de blocus, peaufinée au fil de décennies d'expérimentation coloniale.

Dans la plupart des guerres longues, les morts indirectes finissent par excéder les morts directes. À Gaza, on en est déjà là. Le blocus n'a pas débuté en 2023 - il dure depuis près de deux décennies -, mais l'ampleur des destructions des infrastructures depuis le 7 octobre 2023 témoigne de l'anéantissement des derniers moyens de survie. Les hôpitaux ont été systématiquement bombardés. Les usines de dessalement de l'eau détruites. Les livraisons de vivres délibérément bloquées. Les couloirs humanitaires sont transformés en zones d'exécution. Selon Médecins Sans Frontières (MSF), le nombre de "morts additionnelles" - décès dus à la famine, à la maladie et à l'effondrement du système médical - est déjà "probablement beaucoup plus élevé" que le nombre de victimes directes de la violence. Et ce bilan s'alourdit jour après jour.

Facteurs multiplicateurs de mortalité chez les enfants et les adultes

Les enfants sont particulièrement vulnérables aux causes indirectes de mortalité. Leurs corps se déshydratent plus rapidement. Ils sont plus sensibles aux infections, aux blessures et aux chocs. Ils ne peuvent se procurer ni nourriture ni eau potable par eux-mêmes. Dans les zones de guerre, la mortalité infantile et juvénile atteint généralement 3 à 5 fois les niveaux d'avant-guerre en raison de facteurs indirects. Mais Gaza n'est pas une zone de guerre ordinaire. Gaza est une prison à ciel ouvert soumise à un blocus total, sans aucun moyen de fuite et sans aucune aide humanitaire. Dans ce contexte, la mortalité infantile atteint des proportions catastrophiques.

Pour estimer le nombre réel de morts à Gaza, on applique un multiplicateur de 9 pour les enfants et de 6 pour les adultes, chiffres basés sur les données de mortalité en temps de guerre, mais revus à la hausse pour tenir compte du niveau extrême de destruction et de privation à Gaza. Cela signifie que pour chaque enfant tué directement par les bombes ou les balles israéliennes, environ neuf enfants mourront au total, y compris ceux qui succomberont à la famine, aux infections et aux maladies non traitées. Pour chaque adulte tué directement, environ six mourront au total, en tenant compte des décès causés par l'effondrement de l'aide médicale, la destruction des infrastructures et la violence insidieuse du déplacement. Ces multiplicateurs ne reflètent pas des scénarios hypothétiques. Ils reflètent la trajectoire actuelle du génocide sous blocus total.

Sur la base d'une estimation corrigée du nombre de morts directes, qui s'élève à environ 128 761 en mars 2025, les enfants représentant environ 44 à 47 % des morts, l'on obtient la répartition suivante :

  • Enfants (0 à 17 ans) :
  • ~56 000 morts directes × 9 = ≈504 000 morts d'enfants au total
  • → Ce qui implique ~448 000 morts indirectes d'enfants
  • Adultes (18 ans et plus) :
  • environ 72 000 morts directes × 6 = environ 432 000 morts adultes au total
  • → Ce qui implique environ 360 000 morts indirectes parmi les adultes
  • Bilan total : environ 504 000 enfants + environ 432 000 adultes = environ 936 000 Palestiniens tués (directes + indirectes)

Ces chiffres ne sont pas spéculatifs, ils reflètent la logique macabre d'un blocus total. Près d'un million de Palestiniens à Gaza, soit 40 % de la population totale, sont peut-être déjà morts ou mourants des conséquences de ce génocide. Plus de la moitié sont des enfants. Ce n'est pas une exagération. Ce sont des calculs arithmétiques étayés par des modèles épidémiologiques, des rapports humanitaires et la réalité vécue sur le terrain.

Certains ont peut-être du mal à accepter l'ampleur de ce bilan. Mais Gaza a déjà fourni de nombreuses preuves. Fin 2024, les responsables de la santé de Gaza eux-mêmes ont mis en garde contre "plusieurs milliers de décès supplémentaires" dus aux épidémies et à l'absence de soins. Des agents humanitaires internationaux ont décrit avoir vu des enfants mourir de déshydratation et des femmes mourir en couches sans assistance médicale. Dans une enquête sur le terrain, plus de 60 % des Palestiniens ont déclaré avoir perdu au moins un membre de leur famille depuis le début du génocide. Dans les familles de six à huit personnes, cela signifie des pertes multiples par foyer. La souffrance est collective, elle est intimement liée au processus même de survie.

Et pourtant, bon nombre de ces décès ne sont pas comptabilisés, non pas parce qu'ils sont invisibles, mais parce que le monde a choisi de regarder ailleurs. L'homme âgé qui meurt parce qu'il n'a pas accès à la dialyse. Le nourrisson qui vomit du sang à cause de la typhoïde. L'adolescent dont la blessure infectée dégénère en septicémie dans une tente. Toute une famille qui meurt de faim, au milieu de champs de céréales qu'elle n'a pas le droit de toucher. Il ne s'agit pas de morts "indirectes" au sens éthique du terme. Elles sont au cœur même de la machine d'extermination. Elles font de ce génocide non pas un événement ponctuel, mais un système permanent.

L'ampleur de ce désastre n'est pas toujours visible dans les images diffusées par les médias. Mais il est gravé dans les données démographiques de Gaza. Il résonne dans le dernier message vocal d'un médecin désemparé, incapable de soigner ses patients. Il transparaît dans les témoignages des parents qui enterrent leurs enfants les uns après les autres. Et il est codifié à chaque décision politique bloquant l'aide humanitaire, bombardant les hôpitaux et qualifiant la famine de "pression nécessitaire".

Les morts indirectes sont peut-être plus difficiles à photographier, mais elles n'en sont pas moins réelles, moins intentionnelles et méritent tout autant d'être pleurées et dénoncées. Elles constituent un génocide déguisé. Un meurtre à petit feu. Et elles doivent être recensées.

Projections multi-scénarios : estimations basses, moyennes et élevées

Il est intrinsèquement complexe d'estimer l'ampleur réelle des morts massives durant un génocide, en particulier dans des conditions de blocus, de black-out médiatique et d'extermination systématique. Les corps restent ensevelis sous les décombres. Les hôpitaux ne disposent plus d'aucun système d'enregistrement. Les survivants meurent avant d'avoir pu parler. La désinformation coloniale inonde le discours mondial. Et pourtant, comme pour toute atrocité, refuser de compter les morts est une autre forme de complicité.

Pour répondre à cette incertitude sans rien occulter, ce rapport propose trois projections de mortalité pour Gaza entre le 7 octobre 2023 et le 25 mars 2025. Ces scénarios - faible, moyen et élevé - ne sont pas des hypothèses théoriques. Ils s'appuient sur des données réelles, des rapports de terrain et un modèle de mortalité en cas de génocide. Chacun reflète un ensemble d'hypothèses distinctes sur le nombre de Palestiniens tués non seulement par les bombes israéliennes, mais aussi par l'infrastructure de mort construite autour d'eux.

Prévision minimale (estimation prudente) : décès directs confirmés uniquement

Ce scénario inclut uniquement les décès officiellement documentés par le ministère de la Santé de Gaza et corroborés par les agences des Nations unies, soit actuellement environ 50 000 Palestiniens confirmés tués en mars 2025 (dont environ 48 000 à Gaza). Ce chiffre exclut les morts encore sous les décombres, ceux qui sont morts de faim, de déshydratation, d'infection, de complications lors de l'accouchement ou de blessures non soignées.

Il s'agit d'une base de référence, et non d'une image réaliste, d'un minimum statistique, et non d'un minimum moral. Même dans ce cas, ce chiffre "minimum" est effrayant. Il dépasse le nombre total de morts civils dans de nombreuses guerres sur plusieurs années. Il dépasse le bilan immédiat d'Hiroshima. Et contrairement à un événement isolé, il résulte d'une campagne militaire et politique soutenue et délibérée, sous les yeux du monde entier, sans grandes répercussions. À lui seul, ce scénario constituerait déjà un massacre historique de civils au regard de toute norme juridique ou morale.

Scénario intermédiaire (probabilité modérée) : nombre corrigé de morts directes + indirectes partielles

Ce scénario se base sur le nombre corrigé de décès directs, soit environ 128 761, qui tient compte des cas non signalés, des personnes disparues et des corps non retrouvés. Il applique ensuite un multiplicateur prudent pour les décès indirects, tiré de précédents dans des zones de conflit. Par exemple, si l'on estime que pour chaque personne tuée directement, une autre meurt indirectement, le nombre total de morts double pour atteindre environ 257 500. Si le multiplicateur augmente modestement, par exemple à 1,5 fois le nombre de décès indirects, le bilan atteint environ 322 000 morts.

L'estimation médiane est fixée à environ 300 000 morts, ce qui correspond à un scénario où une partie de l'aide humanitaire a été acheminée aux civils, certains hôpitaux ont fonctionné de manière intermittente et toutes les infrastructures n'ont pas été totalement détruites, conditions qui, malheureusement, n'ont été remplies que de manière sporadique. Cette estimation moyenne implique que plus d'un Palestinien sur huit à Gaza est mort, soit une mortalité comparable à celle du génocide rwandais, où une personne sur sept a été tuée en 100 jours.

C'est toujours un génocide. Et pourtant, cela implique une survie partielle, et non un effondrement total. Ce scénario reflète une version des événements dans laquelle le pire a été atténué, malgré de nombreuses preuves que les forces israéliennes ont bloqué l'aide, bombardé des convois et utilisé la famine comme arme.

Scénario élevé (projection génocidaire dans le pire des cas) : nombre total de morts directes et indirectes

Ce scénario est extrapolé à partir des multiplicateurs de mortalité détaillés dans la section précédente :

  • Multiplicateur de 9 pour la mort d'enfants, reflétant l'extrême vulnérabilité et la forte proportion de jeunes dans la population de Gaza.
  • Multiplicateur de 6 pour la mort d'adultes, reflétant l'effondrement des systèmes de santé, des systèmes alimentaires et des infrastructures de base causé par le blocus.

Dans ce contexte, le nombre total de morts prévu atteint entre 936 000 et 960 000 Palestiniens, soit près d'un million d'êtres humains, dont la majorité sont des enfants. Cela signifie que le génocide aurait déjà exterminé entre 40 % et 45 % de la population totale de Gaza en mars 2025. Il ne s'agit pas d'une projection fantaisiste. C'est la conséquence logique d'une campagne soutenue et sans relâche de destruction, de famine, de propagation de maladies, de privation de soins médicaux et de bombardements indiscriminés.

Les signes annonciateurs d'un tel scénario, partiel ou total, sont déjà perceptibles :

  • Le taux brut de mortalité à Gaza a dépassé les seuils de crise mondiale.
  • Les cimetières sont débordés.
  • Des cadavres gisent dans les rues.
  • Des fosses communes sont creusées par des enfants.
  • Des gens meurent en faisant la queue pour obtenir de la farine.
  • Des enfants sont abattus alors qu'ils courent après des camions d'aide humanitaire.
  • Les responsables israéliens continuent de parler de "rayer Gaza de la carte" sans aucune répercussion internationale.

Si rien ne change, le scénario pessimiste n'est pas seulement plausible, il est hautement probable.

Génocide total - multiplicateurs de 9×/6× appliqués aux décès d'enfants/d'adultes.

Même le scénario le plus prudent - 50 000 civils confirmés tués - constitue un crime contre l'humanité d'une ampleur historique. Ce chiffre rivalise ou dépasse le nombre total de victimes civiles de la guerre de Bosnie en trois ans. Il est comparable au bombardement d'Hiroshima, qui a tué environ 70 000 personnes instantanément. Il dépasse de loin le nombre de victimes d'atrocités plus largement reconnues, et pourtant le monde continue de légitimer la destruction de Gaza au nom de la "sécurité".

La projection médiane de 300 000 morts classerait ce génocide parmi les massacres civils les plus meurtriers depuis la Seconde Guerre mondiale, éclipsant le nombre de morts proportionnel au Rwanda. En chiffres absolus, cela place la campagne d'Israël au même rang que les génocides mondiaux, mais elle se déroule en temps réel, sous les yeux du monde entier, avec la complicité des puissances mondiales qui la financent, l'arment et la justifient.

Le scénario le plus pessimiste, qui approche le million de morts, est à peine concevable. Et pourtant, il n'est pas impensable. Il est statistiquement et structurellement cohérent avec les destructions déjà orchestrées par Israël, avec ce blocus qui perdure et les déclarations publiques des responsables israéliens appelant à l'anéantissement total des infrastructures civiles de Gaza.

En résumé, les trois scénarios, même le plus "modeste" d'entre eux, aboutissent à la même conclusion :

L'assaut d'Israël contre Gaza est génocidaire tant dans son intention que dans ses effets.

Que "seulement" 50 000 personnes aient été tuées ou près d'un million, il ne s'agit pas là des dommages collatéraux de la guerre. Il s'agit de l'éradication ciblée d'une population protégée par le blocus, les bombardements, la famine, la destruction des infrastructures et les traumatismes psychologiques et physiques de masse.

Dans les chapitres suivants, je détaille comment cette mort massive n'est pas un aléa de la guerre, mais le résultat d'une politique délibérée, démontrant que le génocide, n'est pas une conséquence, mais bien la stratégie elle-même.

La vie (et la mort) sous blocus : famine, soif et maladie

"Ils ont été déplacés de force à maintes reprises vers des zones qui ne sont ni sûres ni salubres. Les gens n'ont pas accès à l'essentiel, comme la nourriture, l'eau potable, les médicaments et le savon, en raison d'un blocus et d'un siège impitoyables".

- Dr Chris Lockyear, Médecins Sans Frontières (MSF)

Il ne s'agit pas d'une crise humanitaire, mais d'une stratégie génocidaire délibérée. Après le 7 octobre 2023, le régime israélien a intensifié son offensive contre Gaza en imposant un "blocus total" : un bouclage complet interdisant l'accès à la nourriture, à l'eau, à l'électricité, aux médicaments, au carburant et à l'aide humanitaire. Cela n'a pas été dissimulé. Cela a fait l'objet de déclarations publiques. Les dirigeants israéliens ont ouvertement juré de traiter les Palestiniens comme des "animaux humains", justifiant la famine, la déshydratation et l'effondrement du système médical comme des objectifs tactiques. Ce faisant, ils ont transformé le blocus en un système d'extermination systématique, une exécution lente de toute une population par la privation forcée.

Au cours des mois suivants, le blocus est devenu plus qu'une punition collective, il s'est mué en condamnation à mort. Les infrastructures de Gaza n'ont pas seulement été détériorées, elles ont été détruites. Israël a bombardé des boulangeries, rasé des terres agricoles, attaqué les réseaux d'approvisionnement en eau et coupé l'électricité et le carburant. Des camions d'aide humanitaire ont été bombardés. Les checkpoints frontaliers ont été fermés. Des convois ont été bombardés en plein jour. Résultat : non pas le chaos, mais une privation systématique et calculée. Et à mesure que le blocus s'intensifiait, le nombre de morts indirectes a explosé.

La famine, une politique, et non un coup du sort

Au début de l'année 2024, la faim s'est transformée en famine dans plusieurs secteurs. L'UNRWA a averti que les réserves alimentaires s'épuisaient et que la famine sévissait désormais dans presque toute la bande de Gaza. Des familles ont déclaré passer plusieurs jours sans manger. Certains ont survécu en se nourrissant de feuilles. D'autres ont mangé de la nourriture pour animaux ou bu du bouillon de mauvaises herbes. Les mères ont dilué le lait en poudre jusqu'à ne plus être de l'eau sale. Les enfants de Gaza, déjà mal nourris après des années de blocus, ont commencé à mourir de faim sous les yeux de leur famille. Il ne s'agit pas d'une "conséquence non intentionnelle" mais d'une famine orchestrée, facilitée par l'obstruction coordonnée de l'aide humanitaire et le bombardement systématique des infrastructures agricoles.

Il est devenu presque impossible de trouver de l'eau potable. Israël a bombardé les usines de dessalement, les canalisations d'eau et les systèmes d'assainissement de Gaza. Sans carburant, les puits municipaux ne peuvent plus fonctionner. Les habitants ont commencé à boire de l'eau contaminée par les égouts. Les enfants ont succombé à des maladies diarrhéiques à un rythme record. Dans l'un des témoignages les plus glaçants, un responsable de la santé à Gaza a déclaré :

"On ne meurt pas seulement à cause des bombes, mais aussi à cause de l'eau".

Ce ne sont pas des cas isolés. L'ensemble des infrastructures civiles de Gaza a été détruit, intentionnellement.

Le système médical, théâtre des combats

Les hôpitaux n'ont pas été épargnés. Ils ont été pris pour cibles. En décembre 2024, moins de la moitié des 36 hôpitaux de Gaza étaient encore partiellement fonctionnels. Beaucoup ont été directement pilonnés. L'embargo sur le carburant a paralysé les générateurs. Les blocs opératoires ont été plongés dans le noir. Les médecins ont amputé sans anesthésie, à la lumière des lampes torches de leurs téléphones portables, dans des salles d'opération maculées de sang. Les machines de dialyse, les réanimateurs et les respirateurs ont cessé de fonctionner. Les patients atteints de cancer et les diabétiques sont morts dans le silence. Les nouveau-nés en soins intensifs ont lutté pour respirer, faute d'incubateurs.

L'Organisation mondiale de la santé a recensé plus de 100 attaques contre des hôpitaux et des cliniques, qualifiant cette situation de l'une des agressions les plus soutenues contre des infrastructures médicales de l'histoire moderne. MSF a elle-même signalé 41 attaques contre ses installations et ses convois au cours de la première année. Les ambulances ont été prises pour cible ou interceptées. Des médecins ont été arrêtés, torturés ou tués. Les soins de santé ne constituent pas des dommages collatéraux, mais bien une cible privilégiée.

À l'intérieur de ces hôpitaux assiégés, les conditions sont apocalyptiques. Les stocks s'épuisent. Il n'y a plus de gants, d'antiseptiques, de perfusions, ni de gaze. Emad Jibreel, un patient de l'hôpital Al-Shifa, raconte avoir passé huit jours sans que sa blessure infectée ne soit soignée :

"Les médecins et les infirmières ne pouvaient pas s'occuper de nous parce qu'ils n'avaient ni gants ni gaze".

Des hôpitaux entiers sont devenus des prisons. Les patients, les familles déplacées et le personnel médical ont été piégés durant les assauts israéliens. À Al-Shifa, Al-Quds et à l'hôpital indonésien, des survivants ont rapporté s'être vu refuser l'évacuation pendant des jours. Des enfants blessés se sont vidés de leur sang parce que les soldats refusaient de les laisser partir. Un garçon, touché à l'abdomen, a été contraint d'attendre "des heures" avant d'être libéré. Mais il était trop tard.

Ce ne sont pas des morts accidentelles. Chaque vie perdue à cause du blocus sur le carburant, de l'effondrement des hôpitaux ou des frappes aériennes ciblées est une mort due à une politique, un meurtre perpétré par le mécanisme du blocus.

Effondrement du système de santé publique et propagation des maladies

Au début de l'année 2025, tous les indicateurs de survie humaine à Gaza ont chuté. La malnutrition infantile a augmenté. MSF a observé des cas de retard de croissance et de dommages cognitifs irréversibles dus à la famine. Des femmes enceintes ont accouché de bébés mort-nés à cause de complications non traitées et d'un stress psychologique intense. De nouvelles épidémies de rougeole, de polio et de tuberculose se sont propagées dans les camps surpeuplés avec l'effondrement des programmes de vaccination. Les personnes déplacées ont vécu dans des campements de fortune, sans abri ni installations sanitaires. Des gens sont morts de froid en hiver. Des Palestiniens handicapés, incapables de fuir les bombardements, ont été brûlés vifs dans leurs maisons.

Les troubles psychiques se sont multipliés. Les tentatives de suicide ont augmenté à mesure que le désespoir s'est emparé de la population. Les habitants de Gaza, dont 90 % ont été déplacés de force, ont vécu dans des conditions propices à la souffrance. Selon MSF :

"L'eau est devenue une arme de guerre".

Le blocus n'est pas seulement une attaque contre les infrastructures. C'est une attaque contre toute éventualité de survie. Il condamne même ceux qui ont survécu à la première vague de bombardements à une mort lente et avilissante par attrition, famine, déshydratation, exposition aux intempéries, infections et blessures non traitées.

La famine comme crime de guerre, le blocus comme génocide

Il ne s'agit pas d'une violation théorique du droit international, mais d'une atrocité en cours, avec une intention claire et documentée. Human Rights Watch a déclaré sans équivoque :

"Le gouvernement israélien a recours à la famine comme arme de guerre contre les civils dans la bande de Gaza, commettant un crime de guerre en violation du droit international".

L'impact est tangible dans les données. En juin 2024, The Lancet a rapporté que le taux brut de mortalité à Gaza a été multiplié par dix, principalement en raison de causes indirectes directement liées aux conditions du blocus. Cette hausse ne peut être considérée comme collatérale : c'est le résultat quantifiable d'une stratégie qui a transformé tous les besoins humains en armes.

En termes juridiques, ces conditions répondent à la définition du génocide selon la Convention des Nations unies :

"Le fait de soumettre intentionnellement un groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle".

Quelle meilleure preuve faut-il ? La nourriture de Gaza est bombardée. Son eau est empoisonnée. Ses hôpitaux sont attaqués. Ses médecins sont massacrés. Son aide humanitaire est bloquée. Ses enfants meurent de faim. Ses malades sont abandonnés. Ses blessés sont exécutés ou laissés pour morts. Leurs corps sont enterrés dans des fosses communes car les cimetières sont pleins.

Ce n'est pas de la négligence. C'est un génocide par blocus.

La communauté internationale doit comprendre que le blocus n'est pas seulement une tactique, c'est une machine à tuer. Il tue sans explosions, sans incendies, mais avec une certitude absolue. Le génocide de Gaza ne se chiffre pas seulement en bombes larguées, mais aussi en nourriture confisquée, en médicaments interdits et en souffrances endurées.

Ces morts peuvent être qualifiées d'"indirectes", mais elles sont directes dans leur conception, directes dans leur intention et directes dans leur responsabilité.

"Nulle part où se réfugier" : les hôpitaux, les écoles et les camps de réfugiés pris pour cibles

Parallèlement à la famine provoquée par le blocus, le régime israélien a systématiquement attaqué les refuges les plus vitaux de Gaza : hôpitaux, écoles, abris de l'ONU, camps de réfugiés. Ces sites, protégés par le droit international, sont devenus des zones de mort délibérées, transformés de lieux de soins et de refuge en lieux de carnage et de mort massive. Ces attaques ne sont pas fortuites. Elles sont délibérées. Elles constituent une attaque non seulement contre des corps, mais aussi contre la survie collective de Gaza.

Le schéma est sans équivoque : détruire tout ce qui protège, soigne ou éduque la population. Bombarder les lieux mêmes vers lesquels les familles sont invitées à fuir. Nier totalement le concept de refuge. Cette stratégie génocidaire ne se limite pas à l'anéantissement physique, elle vise également à détruire psychologiquement, en inspirant la terreur à l'idée même et à la notion de sécurité.

Les hôpitaux : de lieux de soins à des sites d'exécution

Les hôpitaux de Gaza, bondés de malades, de blessés et de personnes déplacées, sont devenus des cibles militaires. L'exemple le plus tristement célèbre s'est produit en novembre 2023, puis à nouveau en mars 2024, lorsque l'hôpital Al-Shifa, le plus grand centre médical de Gaza, a été envahi par les troupes israéliennes. Des chars ont encerclé le complexe. Des snipers ont pris position sur les toits. Des services entiers ont été pris d'assaut. Des grenades assourdissantes ont été lancées dans les couloirs encombrés de civils. Des patients et des médecins ont été exécutés, arrêtés ou ont disparu. Plus de 30 personnes ont été tuées durant les raids et des centaines d'autres ont été enlevées dans l'enceinte de l'hôpital.

Al-Shifa accueillait des prématurés, des patients en soins intensifs et des milliers de familles déplacées qui s'abritaient des bombardements. Lorsque les forces israéliennes se sont retirées, l'hôpital était détruit et inutilisable. NPR a interviewé des survivants qui ont vu les soldats ouvrir le feu dans les couloirs et emmener les médecins menottés. Un médecin a simplement déclaré :

"Nous ne comprenons pas le but de cette destruction totale et absolue... derrière les meurtres, la torture, le blocus. Nous sommes des civils. Nous n'avons personne d'autre que Dieu".

Mais Al-Shifa n'était pas un cas isolé. Il s'agissait du maillon d'une chaîne d'attaques plus généralisée :

  • L'hôpital Al-Ahli Arab a été frappé par une puissante explosion le 17 octobre 2023, tuant entre 200 et 300 civils qui s'y étaient réfugiés. Malgré les dénégations israéliennes, une enquête internationale a permis d'établir que l'explosion provenait de munitions israéliennes.
  • L'hôpital Al-Quds a été bombardé à plusieurs reprises et a reçu des ordres d'évacuation sous le feu.
  • L'hôpital indonésien a été assiégé, son personnel travaillant dans l'obscurité à la lueur des bougies.
  • En mars 2025, l'hôpital Nasser de Khan Younis a été frappé, tuant au moins cinq personnes, poussant MSF à condamner cette attaque comme "absolument inacceptable".

Fin 2024, plus de 32 établissements médicaux ont été bombardés. Des dizaines d'ambulances ont été détruites. Plus de 120 professionnels de santé ont été tués, dont au moins 25 médecins et plus de 50 infirmières. L'Organisation mondiale de la santé a qualifié Gaza de "zone de mort sanitaire".

Chaque hôpital détruit constituait un double coup dur : l'agression tuait ceux qui s'y trouvaient et privait de soins d'innombrables personnes qui auraient pu survivre. Les répercussions de chaque bombardement ont touché l'ensemble de la population. Une artère sectionnée qu'on laisse se vider de son sang. Une fièvre non traitée. Un nouveau-né qui agonise dans une pièce sombre, sans oxygène. Ce sont là les conséquences délibérées d'un régime qui criminalise l'acte de sauver des vies palestiniennes.

Écoles et abris de l'ONU : fin de la zone de sécurité

Tout au long du génocide, les Palestiniens ont reçu l'ordre, souvent par le biais de tracts de propagande israéliens ou d'agences internationales, d'évacuer vers des "zones de sécurité désignées". Ces zones comprenaient des écoles et des abris de l'ONU, dont beaucoup avaient communiqué leurs coordonnées GPS exactes aux forces israéliennes. Malgré cela, elles ont été attaquées à plusieurs reprises.

À la mi-2024, les Nations unies ont recensé au moins 50 attaques contre ses installations. Parmi celles-ci :

  • Le 31 octobre 2023, une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jabalia a touché une école bondée de l'ONU, tuant au moins 50 personnes.
  • L'école Al-Fakhura à Jabalia, qui abritait des centaines de personnes, a été bombardée - une nouvelle fois - rappelant le tristement célèbre bombardement dont elle a été victime durant l'assaut israélien sur Gaza en 2009.
  • En mars 2025, 178 membres du personnel de l'UNRWA, dont des enseignants, des ingénieurs et des travailleurs humanitaires, ont été tués dans l'exercice de leurs missions humanitaires.

Les familles palestiniennes réfugiées dans ces abris "sûrs" ont ensuite été vues en train de fouiller les décombres des bâtiments scolaires écroulés pour retrouver les corps de leurs enfants. L'expression "il n'y a plus nulle part où se réfugier" n'est plus seulement un cri de désespoir, mais une réalité empirique, relayée par des milliers de témoignages de survivants.

Camps de réfugiés et zones résidentielles : la densité civile prise pour cible

Les camps de réfugiés de Gaza, parmi les endroits les plus densément peuplés de la planète, ont été frappés avec un acharnement inouï. Fin 2024, plusieurs frappes aériennes massives ont creusé des cratères au cœur du camp de Jabalia, détruisant des immeubles entiers. Des familles élargies, comptant parfois 30 ou 40 membres, ont été rayées de la carte. Les camps d'Al-Shati (Beach) et de Maghazi ont également subi des bombardements dévastateurs.

Le motif officiel est toujours le même : la présence présumée de combattants à proximité. Mais l'issue est toujours la même : des massacres de civils, des corps d'enfants extraits des décombres, des quartiers rayés de la carte. Une enquête de l'ONU a révélé que 70 % des victimes de ces frappes sur des zones résidentielles sont des femmes et des enfants, illustrant clairement le caractère aléatoire des attaques et le mépris systématique pour la vie des Palestiniens.

Les témoignages comme preuves : ce qu'ont vu et vécu les survivants

Nariman Qanita, une survivante vivant près de l'hôpital Al-Shifa, se souvient de l'horreur des raids :

"On pouvait encore entendre les cris des enfants couchés dans leur chambre, des enfants de 12 et 13 ans. Ils criaient 'baba, baba'. Nous avons vu un enfant se vider de son sang... Sa blessure était large d'au moins 20 centimètres".

Le garçon a saigné pendant des heures, sans qu'aucun secours médical ne soit autorisé. Après que les forces israéliennes ont évacué de force le bâtiment, Nariman est revenue pour trouver sa maison réduite en ruines.

"On ne peut plus vivre dans des maisons détruites. Où pouvons-nous aller ?" a-t-elle supplié.

"Pendant que vous préparez vos beaux habits et vos gâteaux pour l'Aïd, nous préparons des linceuls et réfléchissons à la manière de récupérer les corps enfouis sous nos maisons. Ça suffit maintenant".

Ses paroles n'ont rien d'exceptionnel. Elles sont universelles parmi les survivants de Gaza, ceux qui ont survécu à une série d'attaques pour finalement enterrer leurs familles et dormir dans les ruines.

Génocide planifié : pas de refuge, pas de survie

Ces attaques ne sont ni aléatoires, ni légitimes au regard du droit de la guerre. Elles s'attaquent à la notion même de refuge. Chaque hôpital détruit est un avertissement : guérir est interdit. Chaque école bombardée proclame : vos enfants ne sont pas en sécurité. Chaque refuge transformé en charnier témoigne d'une logique implacable : les Palestiniens ne doivent avoir nulle part où vivre, se reposer, rêver ou survivre.

Le but n'est en rien l'autodéfense. Il s'agit d'une destruction sociétale, destinée à briser les lieux de résilience de la communauté, à anéantir ses institutions civiles et à terroriser la population jusqu'à la priver de toute existence viable. Telles sont les stratégies clés du nettoyage ethnique et du génocide. Détruire les maisons. Détruire les cliniques. Détruire les écoles. Et ne laisser aux survivants d'autre choix que les fosses communes ou l'exil définitif.

Que reste-t-il lorsqu'il n'y a plus d'hôpitaux, plus d'écoles, plus de refuges et plus de rêves ?

Ce qui reste, c'est le génocide, non par omission, mais à dessein.

Chaque bombe larguée sur un hôpital, chaque frappe sur une salle de classe, chaque enfant tué alors qu'il se réfugiait sous le drapeau de l'ONU n'est pas qu'un acte de guerre, c'est un crime de guerre, un crime contre l'humanité, qui s'inscrit dans une campagne d'extermination planifiée. Le monde doit cesser de se voiler la face.

Analyse décoloniale : la violence coloniale effrénée

Pour saisir l'ampleur et la structure du génocide à Gaza, il faut le replacer dans le continuum historique de la violence coloniale sioniste, sans le réduire à un "conflit" isolé ou à une réaction aux événements du 7 octobre 2023. Les massacres qui se sont déroulés à partir de 2023 et se poursuivent en 2025 ne sont pas une exception, mais l'aboutissement prévisible d'un projet colonial vieux de plusieurs décennies visant à éliminer, asservir et fracturer la population palestinienne autochtone. Gaza n'est pas seulement une bande de terre assiégée, c'est une poche de concentration de réfugiés, où la majorité des habitants sont des survivants (ou des descendants de survivants) de la Nakba de 1948, expulsés de force de leurs foyers à travers la Palestine historique.

Depuis plus de 75 ans, cette population est systématiquement ghettoïsée, surveillée, bombardée, bloquée et privée de retour. La transformation de Gaza en enclave carcérale, puis en camp de la mort, n'a pas débuté en 2023. Elle est le résultat d'une longue idéologie fondatrice de l'État colonial : les Palestiniens sont des obstacles à éliminer. Ce à quoi nous assistons aujourd'hui n'est pas un écart, mais la poursuite de la logique fondamentale du sionisme : l'élimination coloniale.

La rhétorique génocidaire comme modèle politique

Les dirigeants israéliens ont clairement exprimé leurs intentions. Dans les jours qui ont suivi le 7 octobre, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré :

"Nous combattons des animaux humains... Nous agirons en conséquence".

Le président Isaac Herzog a affirmé "qu'il n'y ait pas d'innocents à Gaza",

autorisant ainsi les massacres de masse aveugles.

Un haut responsable israélien a parlé de "rayer la bande de Gaza de la scarte", et un porte-parole militaire a décrit Gaza comme "une ville de tentes" à raser.

Ce langage n'est pas rhétorique, c'est une doctrine opérationnelle. Il reflète l'incitation au génocide d'autres régimes : les Tutsis qualifiés de "cafards" au Rwanda, les Juifs qualifiés de "vermines" par les nazis, les peuples autochtones considérés comme des "sauvages" par les empires coloniaux. Ce langage pave la voie à l'extermination. Il permet aux soldats, aux pilotes, aux opérateurs de drones et aux colons d'assassiner des civils en masse sans aucun remords, car la population a déjà été qualifiée de sous-humaine et de sacrifiable.

Au-delà du "Hamas" : cibler le peuple

Les discours dominants présentent souvent l'assaut israélien comme une campagne visant à "détruire le Hamas". Mais le prisme colonialiste révèle que la véritable cible est le peuple palestinien lui-même : ses vies, ses maisons, ses institutions, sa mémoire et son avenir. L'attitude de défi de Gaza - son refus de se soumettre à l'apartheid, sa revendication du droit au retour, sa capacité à résister - est depuis longtemps perçue par l'extrême droite israélienne comme un "problème à résoudre". La réponse : l'anéantissement.

La série d'événements qui a suivi le 7 octobre - massacres, déplacements forcés, blocus total, destruction des infrastructures, bombardements d'abris, d'hôpitaux, de sources d'eau et d'écoles - suit un scénario colonial bien connu :

  1. Terroriser la population pour la pousser vers l'exil.
  2. Rendre la terre inhabitable.
  3. Utiliser le déplacement comme ingénierie démographique.
  4. Punir la survie comme une forme de résistance.

Les responsables israéliens ont ouvertement évoqué la possibilité de pousser les Palestiniens vers le Sinaï égyptien, invoquant la logique du nettoyage ethnique. C'est là la fonction essentielle du génocide colonial : il ne s'agit pas simplement de tuer, mais d'éliminer les autochtones pour s'approprier leur terre. Comme l'a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International :

"Pendant des mois, Israël s'est acharné à commettre des actes génocidaires, pleinement conscient du préjudice irréparable qu'il inflige aux Palestiniens de Gaza".

La définition juridique du génocide - "l'intention de détruire, tout ou partie, d'un groupe national, ethnique, racial ou religieux" - est indéniablement établie lorsque l'on met en parallèle ces actes avec la rhétorique et les objectifs à long terme.

Complicité mondiale et pouvoir colonial

Le génocide à Gaza s'est déroulé dans une impunité quasi totale, grâce aux armes, au financement et à la couverture diplomatique des États-Unis et de l'Europe. Des milliards d'aide militaire, des vetos à l'ONU et une ingénierie de propagande ont protégé Israël des répercussions de ses crimes. Gaza, quant à elle, reste un territoire occupé, colonisé et privé d'État, dont la population est séquestrée, collectivement punie et privée de la reconnaissance élémentaire de son humanité.

L'asymétrie est absolue. Israël est un État doté de l'arme nucléaire, d'un complexe militaro-industriel puissant et d'une couverture médiatique mondiale. Les Palestiniens de Gaza sont des civils piégés, en grande majorité des réfugiés, soumis depuis des décennies à un processus de démantèlement et à une famine intentionnelle. Il n'y a pas de "guerre d'égal à égal". Il y a un colonisateur et des colonisés. Un geôlier et des prisonniers. Un État colon et le peuple autochtone qu'il cherche depuis longtemps à effacer.

B'Tselem, une organisation israélienne de défense des droits humains, l'a clairement indiqué à l'aube du génocide :

"Il ne s'agit pas d''autodéfense'. Il s'agit de violence coloniale par excellence, visant à briser l'esprit d'un peuple opprimé et à ancrer un apartheid permanent".

Gaza, un pogrom d'une ampleur sans précédent

Ce à quoi nous assistons n'est pas simplement un crime de guerre. C'est un pogrom d'une ampleur inimaginable, retransmis en temps réel dans le monde entier, dont les auteurs sont applaudis par bon nombre des gouvernements qui prétendaient autrefois s'opposer au génocide. Gaza est devenue le laboratoire d'un double discours mondial, où la mort par blocus, famine et frappes aériennes est justifiée parce que les victimes sont palestiniennes.

Les Palestiniens ne sont pas punis pour leur "terrorisme", mais pour le simple fait d'exister, d'avoir survécu à 75 ans de déplacement, d'occupation et d'exil. Pour avoir refusé de renoncer à leur identité, à leur histoire et à leur droit au retour. Pour continuer à vivre. Le terme "châtiment collectif" ne suffit plus. L'effacement total des moyens de subsistance, de la langue, du patrimoine et de l'identité communautaire d'un peuple au nom d'un objectif militaire explicite est un génocide, enraciné dans le fantasme colonialiste séculaire d'une Palestine sans Palestiniens.

Cette vérité ne dépend pas de la politique de quiconque. Elle est visible sur les cadavres, dans les chiffres, dans les déclarations des responsables israéliens et dans ce paysage de ruines qu'est Gaza. Elle est inscrite dans les données épidémiologiques, dans les taux de famine, dans les cratères où se trouvaient hier encore des écoles et dans les charniers où gisent des enfants.

La décolonisation, seul espoir de justice

Ce génocide ne prendra pas fin grâce aux seuls cessez-le-feu. Les gestes symboliques et les miettes humanitaires n'y mettront pas un terme. Seul le démantèlement du système colonial qui a engendré ce génocide pourra y mettre fin. La paix véritable ne peut se construire sur l'apartheid. La sécurité ne peut coexister avec le blocus. La liberté ne peut émerger de l'occupation permanente.

L'analyse décoloniale soutient que la justice exige plus que la survie. Elle exige la libération - de la terre, de la mémoire, du retour. Elle exige que le peuple palestinien, à Gaza et au-delà, soit reconnu non pas comme des victimes à gérer, mais comme une nation dotée de droits inaliénables : le droit d'exister, le droit au retour, le droit de vivre libre de toute domination étrangère.

Comme au Darfour, à Sarajevo et à Alep, le génocide doit être nommé. Mais le nommer n'est qu'un début. L'avenir de Gaza ne doit pas être dicté par les armes de ses occupants, mais par la volonté et la résistance de son peuple, ainsi que par la solidarité de ceux qui refusent de regarder ailleurs.

Parallèles historiques et comparaisons des taux de mortalité en temps de guerre

La campagne génocidaire menée contre Gaza de 2023 à 2025 se distingue comme l'une des atrocités les plus dévastatrices du XXIe siècle, non seulement par son ampleur, mais aussi par son cynisme, son impunité et la destruction délibérée d'une population civile assiégée. Si chaque génocide et chaque crime de guerre s'inscrit dans un contexte qui lui est propre, la comparaison entre Gaza et les atrocités de masse commises par le passé nous permet de mieux appréhender son ampleur, son intention structurelle et sa cruauté sans pareille. Ces comparaisons ne visent pas à banaliser l'histoire, mais à montrer comment Gaza s'inscrit dans la lignée des précédents les plus extrêmes en matière de massacres perpétrés par un État, voire les dépasse à certains égards.

Comparaison du nombre de victimes : Gaza, un champ de bataille moderne

Même selon les estimations les plus prudentes (50 000 morts début 2025), le génocide de Gaza a largement dépassé le bilan des escalades régionales passées :

  • Assaut de Gaza en 2014 : environ 2 250 morts
  • Guerre du Liban en 2006 : environ 1 100 morts
  • Guerre de Bosnie (1992-1995) : environ 38 000 à 40 000 civils tués

Les estimations moyennes (environ 250 000 à 300 000 morts) placent Gaza parmi les campagnes les plus meurtrières depuis la Seconde Guerre mondiale, avec des chiffres comparables à ceux des événements suivants :

  • Le génocide rwandais (environ 800 000 morts en seulement 100 jours)
  • La guerre américaine en Irak (2003-2011), avec des estimations allant de 200 000 à 500 000 morts violentes et indirectes au total

Les estimations les plus élevées (~936 000-960 000 morts) placent Gaza au même niveau que :

  • La partition de l'Inde (1947) : ~200 000-2 millions de morts dans des violences communautaires
  • Holodomor (1932-1933) : des millions de personnes sont mortes de faim sous le régime de Staline
  • Guerre du Vietnam (environ 2 millions de victimes civiles), mais sur une décennie, pas 18 mois

Mais Gaza n'est pas un continent, un pays, ni même une grande ville. C'est une prison à ciel ouvert de 40 km de long, plus petite que de nombreux districts métropolitains. Si près d'un million de personnes sont mortes ou mourantes dans cet espace, ce serait l'un des taux de mortalité par habitant les plus élevés de l'histoire moderne. Gaza n'est pas simplement une zone de guerre. C'est une zone de concentration soumise à une extermination high-tech.

Proportion de la population tuée : Gaza, territoire sous génocide

Le nombre brut de morts est certes important, mais le génocide se mesure également en pourcentage de population exterminée. Ici, les souffrances de Gaza prennent des dimensions encore plus terrifiantes :

  • Estimation minimale (environ 50 000 morts) = environ 2 % de la population de Gaza (2,3 millions)
  • Estimation moyenne (environ 300 000 morts) = environ 13 % de la population
  • Estimation élevée (environ 900 000 morts) = environ 40 % de la population, soit près de la moitié

À titre de comparaison :

  • Rwanda (1994) : environ 11 % de la population, environ 75 % de la communauté tutsie
  • Cambodge sous les Khmers rouges (1975-1979) : environ 13 à 20 %
  • L'Holocauste : environ 67 % des Juifs d'Europe (1 à 2 % de la population totale de l'Europe)
  • Génocide arménien : environ 70 à 90 % des Arméniens sur le territoire ottoman

Si 40 % de la population de Gaza est tuée, Gaza figurera parmi les populations proportionnellement les plus exterminées de l'histoire moderne, et les enfants auront été les cibles d'une campagne meurtrière prolongée des plus barbares.

La mort d'une génération : les enfants victimes de Gaza

La plupart des génocides touchent de manière disproportionnée les populations vulnérables. À Gaza, le ciblage des enfants a atteint des proportions stupéfiantes. Alors que dans de nombreuses guerres, les enfants représentent 10 à 20 % des victimes, à Gaza :

  • Données vérifiées (2024) : 44 % des morts étaient des enfants
  • Projections de mortalité indirecte due au blocus : plus de 50 % des morts sont des enfants

Aucune guerre moderne, pas même au Rwanda, en Syrie ou au Yémen, n'a connu une élimination aussi systématique d'enfants à une telle échelle en si peu de temps. Lors du massacre de Srebrenica, les principales cibles étaient les hommes et les adolescents. À Gaza, des nourrissons, des enfants en bas âge, des écoliers et des adolescents des deux sexes sont exterminés en masse, dans leurs maisons, leurs écoles et leurs hôpitaux.

Il ne s'agit pas de dommages collatéraux. C'est structurel. C'est délibéré.

Taux de mortalité en temps de guerre : ratio entre le nombre de civils et de combattants tués à Gaza

Historiquement, les conflits du XXe siècle ont fait plus de victimes civiles que militaires :

  • Seconde Guerre mondiale : le nombre de morts parmi les civils est environ deux fois plus élevé que celui des militaires
  • Vietnam : le nombre de victimes civiles dépasse largement celui des combattants

Mais Gaza représente une inversion sans précédent : une attaque militaire où la grande majorité des victimes sont des civils non armés. Même si l'on admet les affirmations non prouvées d'Israël selon lesquelles 5 000 à 10 000 combattants du Hamas ont été tués :

  • Sur un total de 50 000 morts → 80 à 90 % de civils
  • Sur plus de 300 000 morts → 96 à 98 % de civils

Le ratio civils/combattants est donc de 10 pour 1, voire plus, un chiffre qui dépasse largement celui des bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, où la plupart des victimes étaient des civils, mais ces frappes étaient des événements isolés. Gaza est le théâtre d'une campagne soutenue de bombardements aveugles visant des civils. Des juristes et des experts en droits de l'homme ont qualifié ces événements de "massacre politique".

C'est pire que Guernica. Pire que Dresde. C'est un génocide qui se déroule en temps réel, sous la surveillance satellitaire, retransmis en direct dans le monde entier, et pourtant accueilli dans le silence ou avec l'approbation des grandes puissances.

Tactiques génocidaires : des schémas historiques récurrents

Les tactiques utilisées à Gaza rappellent les signes distinctifs des génocides historiques :

  • Transfert forcé de population : Israël a ordonné à 1,1 million de Palestiniens d'évacuer le nord de Gaza en octobre 2023, reproduisant ainsi les marches forcées des Arméniens, le transport par bus des musulmans bosniaques ou la Piste des larmes.
  • La famine comme arme : la famine provoquée par le blocus fait écho au blocus de Leningrad, aux famines massives en Union soviétique et à la situation à Alep et dans la Ghouta orientale en Syrie, mais à une échelle plus intense et avec moins d'intervention internationale.
  • Bombardement d'hôpitaux et de travailleurs humanitaires : comme à Srebrenica ou lors du massacre de civils tamouls au Sri Lanka en 2009, Gaza a vu des abris de l'ONU, des ambulances et des hôpitaux transformés en zones de mort.
  • Ciblage des infrastructures de l'ONU : même les régimes les plus brutaux ont toujours évité d'attaquer directement les installations de l'ONU. Israël a à plusieurs reprises frappé des écoles, des abris et des convois de l'ONU, reflétant sa certitude d'impunité totale soutenue par les puissances occidentales.
  • Guerre psychologique et effacement : les déplacements, la famine, les assassinats ciblés et l'effacement de la vie civile (archives, bibliothèques, universités) rappellent le blocus du ghetto de Varsovie, mais ici, il s'agit d'un État doté de drones, de systèmes de guidage par intelligence artificielle et des armes les plus sophistiquées au monde qui attaque une population civile assiégée.

Gaza, laboratoire du génocide colonial

Le génocide de Gaza n'est pas seulement un cas de mort massive, c'est un laboratoire où se perfectionne la violence coloniale grâce à la surveillance, à la technologie et à la propagande. Ce n'est pas seulement un massacre, c'est une doctrine, testée et normalisée. Gaza 2023-2025 pourrait entrer dans l'histoire comme :

  • Le ghetto de Varsovie du XXIe siècle, mais avec les rôles inversés : ici, le mur de la prison est numérique, aérien et géopolitique.
  • Le Stalingrad des enfants, mais ici, c'est la puissance assiégeante qui utilise la famine, les bombardements et la déshumanisation pour briser la vie civile.
  • Le Guernica de notre temps, mais au quotidien, depuis plus d'un an, et continue de bénéficier d'une aide militaire.

Les futurs historiens compareront Gaza non seulement au Rwanda ou au Darfour, mais aussi aux génocides qui ont été observés, documentés et qu'on a laissé se perpétuer. La comparaison se fera non pas avec le recul, mais dans la honte.

"Plus jamais ça" doit signifier nommer Gaza

Les comparaisons ci-dessus ne sont pas rhétoriques, elles sont empiriques. Elles s'appuient sur le décompte des morts, des études démographiques, des études de mortalité en temps de guerre et des témoignages oculaires. Et elles mènent toutes à la même conclusion :

Ce qui se passe à Gaza est un génocide. Il se déroule en temps réel. Et le monde regarde sans rien faire.

Si Gaza n'est pas reconnue comme un génocide, l'expression "Plus jamais ça" ne sera rien d'autre qu'un slogan de deuil sélectif. Aujourd'hui, nous ne devons rien attendre des tribunaux rétrospectifs. Nous devons nommer, documenter et démanteler le système qui permet ce génocide.

Gaza n'est pas seulement une zone de guerre. C'est le cimetière de nos responsabilités. Et si le monde n'agit pas, elle deviendra la matrice de futurs régimes cherchant à effacer un peuple au nom de la géopolitique.

Ce moment exige la lucidité :

Pas la neutralité.

Pas les lamentations.

Reconnaissance. Résistance. Réparation.

Conclusion : démanteler le sionisme, rendre justice - l'unique solution pour mettre fin au génocide

Les preuves sont irréfutables. Les chiffres. Les témoignages. Les hôpitaux bombardés. Les enfants affamés. Les quartiers rasés. Ensemble, ils témoignent d'une seule et même vérité :

Gaza a été victime d'un génocide.

Ce n'est pas une "guerre".

Ce n'est pas une "riposte".

Ce n'est pas un "conflit".

Il s'agit d'une campagne systématique orchestrée par l'État visant à tuer, affamer, terroriser, déplacer et effacer un peuple autochtone. Un génocide, planifié au vu et au su de tous, diffusé en temps réel et soutenu par les gouvernements les plus puissants du monde.

Comme l'a confirmé Amnesty International dans son rapport de décembre 2024, l'attaque d'Israël contre Gaza répond aux critères juridiques du génocide. Mais les définitions juridiques ne sont pas la norme suprême. Ce qui importent avant tout, ce sont les limites morales auxquelles Gaza nous confronte.

Allons-nous permettre à un régime colonialiste de terminer ce qu'il a commencé dans les années 1880 et officialisé en 1948 ?

Car les régimes génocidaires ne cessent pas d'eux-mêmes.

Ils doivent être stoppés. Ils doivent être démantelés. Ils doivent rendre des comptes

Cela vaut également pour Israël.

Pour honorer les morts et protéger les vivants, la justice doit aller au-delà des condamnations rhétoriques et passer à une intervention matérielle, politique et structurelle.

1. Cessez-le-feu immédiat et protection des personnes

  • Un cessez-le-feu inconditionnel et immédiat est le minimum absolu.
  • Toutes les parties doivent permettre l'acheminement sans restriction de l'aide humanitaire : nourriture, eau, carburant, médicaments, matériaux de construction.
  • Le blocus doit prendre fin définitivement.
  • Des forces de protection internationales - ou des observateurs décoloniaux sous égide non impérialiste - pourraient être nécessaires pour garantir le droit au retour, empêcher les expulsions massives et protéger les Palestiniens de futurs massacres.

Comme l'a exigé Médecins Sans Frontières :

"La destruction totale de la vie palestinienne à Gaza doit cesser".

Pas de pause. Pas de trêve. L'arrêt total.

2. Responsabilité totale pour les crimes de guerre et le génocide

  • La Cour pénale internationale doit cesser de tergiverser et délivrer des mandats d'arrêt contre les plus hauts responsables israéliens, du Premier ministre aux commandants sur le terrain et aux pilotes de drones.
  • Les preuves - ciblage de civils, blocus visant à affamer la population, obstruction à l'aide médicale, extermination massive - sont accablantes.
  • Les commandants, les architectes de la politique, les ingénieurs de la surveillance et les propagandistes doivent être tenus responsables, comme à Nuremberg, au Rwanda, en Sierra Leone et en Yougoslavie.
  • Le veto américain ne confère aucune immunité. Le monde n'a pas réussi à empêcher le génocide. Il ne doit pas échouer à rendre justice.

3. La prévention du génocide est un devoir juridique et moral

  • La Convention sur le génocide oblige tous les États à agir pour prévenir, arrêter et punir.
  • Les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, le Canada, la France et l'Australie, qui ont financé, armé et protégéle massacre, sont complices à moins de changer de cap dès maintenant.
  • Tous les transferts d'armes doivent être arrêtés. Toute couverture diplomatique doit être levée.
  • Le soutien au génocide est un génocide.

Comme l'a déclaré MSF :

"Les alliés d'Israël doivent agir sans délai pour protéger la vie des Palestiniens et faire respecter les règles de la guerre".

Si l'Occident a pu se mobiliser pour l'Ukraine, il peut aussi se mobiliser pour Gaza. Et s'il ne le fait pas, sa complicité sera exposée au grand jour.

4. Réparations et reconstruction à grande échelle

  • Gaza est en ruines. Les hôpitaux, les maisons, les mosquées, les routes, les écoles ont été rasés. Des dizaines de milliards seront nécessaires.
  • Mais l'argent seul ne suffira pas à guérir les blessures.

La reconstruction doit inclure :

  • La levée permanente du blocus
  • Le retour en toute sécurité de tous les Palestiniens déplacés
  • La liberté de circulation, le droit au retour et le rapatriement des réfugiés
  • Des soins psychologiques et médicaux à long terme, en particulier pour les enfants orphelins, mutilés et traumatisés de Gaza

C'est le minimum pour que justice soit faite.

Sinon, nous ne ferons que planter le décor du prochain massacre.

5. Démanteler l'apartheid israélien et mettre fin au projet sioniste

  • Ce génocide n'a pas commencé en 2023.
  • Il n'a pas commencé en 1948.

Il a commencé avec le projet colonial sioniste des années 1880, un projet fondé sur la spoliation des terres, l'ingénierie démographique et la suprématie raciale.

  • Gaza n'est pas une aberration. C'est le sionisme en action.
  • Tant qu'Israël existera en tant que régime colonialiste et d'apartheid, le génocide restera non seulement possible, mais inévitable.

La justice ne se limite pas à l'arrêt des bombes.

Elle signifie :

  • Mettre fin à l'occupation
  • Démanteler l'apartheid
  • Abolir l'État sioniste
  • Rendre leurs terres, leur droit au retour et leur souveraineté aux Palestiniens, dans toute la Palestine historique

Cela n'a rien d'excessif.

C'est une question de survie.

C'est le strict minimum.

6. Priorité aux survivants, restauration de la souveraineté narrative

Les survivants de Gaza, ceux qui ont perdu leur famille, un membre, leur maison, leur avenir, sont les autorités épistémiques de ce génocide. Ce sont leurs récits qui définissent les faits. Pas les médias occidentaux. Pas les analystes impérialistes. Pas les institutions sionistes qui blanchissent les atrocités pour leur conférer une légitimité.

Un travailleur humanitaire palestinien, après avoir nommé 36 membres de sa famille assassinés, a posé la question suivante :

"Combien en faudra-t-il encore avant que vous n'agissiez ?"

Le monde n'a pas encore répondu.

Mais ce rapport le fait :

Vous auriez dû agir depuis longtemps.

Et maintenant, vous devez aller de l'avant, sans plus attendre.

7. La libération, pas la "paix" : vers une Palestine libre

Aucun cessez-le-feu ne peut ressusciter les morts de Gaza.

Aucun mensonge technocratique sur la "solution à deux États" ne peut effacer le nettoyage ethnique.

Seule la libération décoloniale le peut.

Le monde doit :

  • Mettre fin à tout soutien au sionisme
  • Soutenir la résistance, le retour et la libération menés par les Palestiniens
  • Démanteler tous les systèmes politiques, juridiques et idéologiques qui ont permis ce génocide

Si les morts de Gaza ont un sens, c'est bien celui-ci :

"Plus jamais" ne doit pas être sélectif.

Cette promesse ne saurait s'appliquer uniquement aux corps blancs, aux États occidentaux ou aux victimes validées par l'OTAN.

Plus jamais doit signifier plus jamais pour la Palestine.

Faites vivre Gaza. Libérez la Palestine.

Derrière chaque chiffre rapporté dans ce document, il y a une vie :

  • Une mère berçant son bébé dans les décombres
  • Un poète enseveli sous un bâtiment effondré
  • Un enfant déterrant le corps de son père dans les cendres

Ce ne sont pas des abstractions. Ce sont des histoires effacées avec précision, en toute impunité et avec l'approbation de ceux qui se disent "civilisés".

Et pourtant, Gaza respire encore. Elle résiste. Elle se souvient.

Nous ne pleurons pas passivement. Nous sommes en colère. Nous nous organisons. Et nous faisons le serment que ce génocide ne se terminera pas dans le silence.

Il se terminera par la libération.

Laissez vivre Gaza. Laissez vivre la Palestine. Et que le monde comprenne : cela ne prendra fin que lorsque la machine génocidaire d'Israël sera démantelée, à la racine.

Tout le reste n'est que complicité. Tout le reste, c'est une condamnation à mort pour la prochaine génération.

Nous choisissons la vie.

Nous choisissons la justice.

Nous choisissons la décolonisation.

Maintenant, le monde doit aussi choisir.

Ce n'est pas une aberration, c'est le plan directeur

Les données et les témoignages mettent en évidence une vérité irréfutable :

la destruction de Gaza n'est pas qu'une horreur isolée. C'est la phase la plus visible d'un génocide prolongé et ininterrompu mené contre tous les Palestiniens, du fleuve à la mer.

Il n'a pas commencé en 2023. Il n'a pas commencé en 1947.

Il a commencé dans les années 1880, lorsque l'idéologie sioniste a cherché pour la première fois à déplacer, remplacer et effacer le peuple autochtone de Palestine.

Ne parler que de Gaza -ou seulement de ce moment-, c'est tomber dans un piège :

"L'une des tactiques de propagande sioniste les plus insidieuses a été la fragmentation artificielle de la Palestine, en traitant Gaza, la Cisjordanie et les terres de 1948 (l'actuel Israël) comme autant de questions distinctes plutôt que comme parties d'un même territoire colonisé".

- Story Ember leGaïe

Nous rejetons ce morcellement.

Gaza n'est pas distincte de la Cisjordanie. La Cisjordanie n'est pas distincte de Jérusalem. Jérusalem n'est pas distincte de Haïfa, de Lydd, de Jaffa.

Le mur.

Les checkpoints.

Les snipers.

Les arrestations.

Les destructions de maisons.

Le blocus.

Les milices de colons.

Les bombes.

L'eau volée.

La famine.

La surveillance.

La propagande.

Un seul système. Un seul moteur. Un seul génocide.

Ce n'est pas une guerre, c'est une machine coloniale

Israël ne "se défend" pas.

Il met en œuvre un programme colonial visant à effacer les populations autochtones.

  • Les bombes sur Gaza relèvent du même système que les expulsions à Sheikh Jarrah.
  • Les missiles à Rafah relèvent de la même logique que les permis, les prisons et les bulldozers à Masafer Yatta.
  • Le blocus de Deir al-Balah relève de la même politique que le refus de résidence à Lydd, l'apartheid de l'eau à Hébron, les snipers dans les rues de Naplouse.

C'est une seule et même guerre. Un seul régime. Un seul génocide colonial.

Et les régimes génocidaires ne s''amendent pas. Ils ne s'excusent pas. Ils ne font pas de "pause".

Ils doivent être démantelés. Ils doivent être abolis.

Le démantèlement du sionisme n'est pas une option, c'est la seule voie à suivre

  • Les cessez-le-feu font office de triage.
  • L'aide est insuffisante.
  • Les procès de la CPI ont trop tardé.

Mais la vraie justice passe par le démantèlement du système qui a rendu ce génocide possible : le sionisme.

Cela nécessite :

  • La fin du blocus de Gaza
  • La fin de l'occupation militaire de la Cisjordanie
  • La fin de l'apartheid à l'intérieur de la Palestine de 1948

  • Mettre fin au vol de terres, aux expulsions forcées et à la criminalisation de la vie palestinienne
  • Mettre fin au projet sioniste dans son ensemble

On ne peut pas libérer un peuple tout en préservant la structure créée pour l'éliminer.

La Palestine est une - et sa libération doit être totale

"Pour comprendre ce génocide, nous doivent rejeter les perspectives historiques fragmentées qui séparent artificiellement Gaza de la Cisjordanie, ou la Cisjordanie de la Palestine de 1948". - Story Ember leGaïe

La Palestine est une. Le sionisme l'a toujours traitée comme telle. Nous devons en faire autant.

La libération ne consiste pas seulement à mettre fin aux frappes aériennes.

Il s'agit de :

  • Retour
  • Terre
  • Mémoire
  • Réparations
  • Souveraineté
  • Le démantèlement permanent de tous les systèmes de domination coloniale

Laissez vivre Gaza. Laissez vivre toute la Palestine. Démantelez le sionisme.

Aux survivants : Nous vous voyons. Nous croyons en vous. Nous pleurons avec vous. Nous nous soulevons avec vous.

Aux collaborateurs :

Le silence ne lavera jamais le sang sur vos mains.

Au monde :

C'est votre épreuve.

Il n'y a pas de "neutralité" face aux enfants brûlés vifs, privés de nourriture et exterminés en masse.

Une seule solution :

Mettre fin au génocide.

Démanteler le sionisme.

Libérer toute la Palestine, du fleuve à la mer.

Tout le reste n'est que trahison.

Traduit par  Spirit of Free Speech

Sources

  • Jamaluddine Z. et al. « Traumatic injury mortality in the Gaza Strip from Oct 7, 2023, to June 30, 2024: a capture-recapture analysis » (Mortalité due à des blessures traumatiques dans la bande de Gaza du 7 octobre 2023 au 30 juin 2024 : une analyse par capture-recapture). The Lancet, 405(10477):469-477, février 2025.
  •  theguardian.com
  • Khatib R. et al. « Counting the dead in Gaza: difficult but essential » (Compter les morts à Gaza : difficile mais essentiel). The Lancet, 404(10449) : 237-238, juillet 2024.
  • HCDH des Nations Unies. « Update on Gaza fatalities - Six-month report » (Le point sur le nombre de victimes à Gaza - Rapport semestriel). (Genève, novembre 2024).
  • Ministère de la Santé de Gaza via Reutersa et Al Jazeera (octobre 2023 - mars 2025).
  • Guardian News & Media. « Pourquoi les chercheurs craignent que le nombre de morts à Gaza atteigne 186 000 ». (Mona Chalabi, 12 juillet 2024).
  • Al Jazeera English. « Près de 70 % des morts à Gaza sont des femmes et des enfants : ONU ». (Déclaration de Volker Türk, 8 novembre 2024).
  • Graphiques Reutersa. « Les femmes et les enfants représentent près de 70 % des morts de la guerre à Gaza, selon l'ONU ». (Emma Farge, 8 novembre 2024).
  • Al Jazeera English. « Gaza en 2024 : une année de guerre et de misère ». (31 décembre 2024).
  • Reutersa. « Le bilan de la guerre à Gaza pourrait être 40 % plus élevé, selon une étude ». (Maggie Fick, 10 janvier 2025).
  • Reutersa. « Combien de Palestiniens ont été tués par l'offensive israélienne à Gaza ? » (Explainer, 24 mars 2025).
  • Watson Institute, Brown Univ. « Le bilan humain : les morts indirectes de la guerre à Gaza ». (Stamatopoulou-Robbins S., 7 octobre 2024).
  • Rapports de situation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'UNRWA sur la crise humanitaire à Gaza.

The Genospectra Lens

 ssofidelis.substack.com