29/04/2025 legrandsoir.info  10min #276367

Comment Blast m'attaque et attaque « Le Grand Soir »

Maxime VIVAS

Extraits de mon livre.

Sur Blast, le journaliste Benjamin Jung a signé (30 mars 2022) un long article avec des passages directement inspirés d'un article de Libération contre moi (des copiés-collés) et du rapport d'un organisme lié à l'OTAN, l'Institut de Recherche Stratégique de l'Ecole Militaire […]. Blast s'inspire également des mensonges d'Adrian Zenz. Voila pour les sources d'un média compétent et vertueux qui prétend, « aiguiser l'esprit critique et donner envie de résister et d'agir » (sic).

Titre de l'article de Benjamin Jung sur Blast :
« Influence chinoise : Xi Jinping mène le monde à la baguette ».

On m'y voit en photo avec cette légende :
« Sur la chaîne francophone du groupe de télévision publique CGTN dépendant directement du PCC, Maxime Vivas est présenté comme un journaliste et déverse les éléments de langage du gouvernement chinois ».
Extraits : « Le régime cultive aussi des influenceurs en France. Pour diffuser les éléments de langage de Xi Jinping, la Chine s'est dotée d'un cheptel de chercheurs, écrivains et lobbyistes convaincus. C'est le cas de Christian Mestre, ancien doyen honoraire de la fac de droit de Strasbourg et déontologue de l'EuroMétropole, qui avait dû démissionner après des sorties problématiques et des révélations sur ses liens avec le PCC. De son côté, l'essayiste Maxime Vivas, ergonome à la retraite et administrateur du site legrandsoir.info qui précise « ne pas être spécialiste de la Chine », dénonce dans un livre les prétendues « fake news » sur le sort des Ouïghours, dont la répression serait une invention occidentale. Dans les médias chinois, il est présenté comme un « célèbre écrivain français » et il est cité par le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, dans une conférence de presse en pleine Assemblée nationale populaire ».

Je suis donc membre d'un « cheptel » (« Ensemble du bétail d'un pays, d'une exploitation agricole... »), lobbyiste et créature du Parti Communiste chinois.

J'ai adressé à Denis Robert un message privé aimable pour lui signaler que cet article n'était pas bon. Bien entendu, je n'ai pas reçu de réponse. J'ai récidivé par mail à la rédaction et à l'équipe de Blast.

Blast est une grande déception parce que la preuve est faite qu'il n'est qu'une niche à journalistes en mal d'emploi et non pas un média vertueux, en rupture avec les méthodes exécrables des médias des neuf milliardaires : il en a adopté les méthodes.

J'en aurais terminé-là avec ce média si le site Arrêt sur Images n'avait lancé contre lui en juin 2023 un énorme pavé dans la mare, sous forme d'une enquête au vitriol, une violente charge ressemblant à un règlement de comptes qui met à l'air libre des entrailles fumantes et malodorantes.

Pour une raison que j'ignore, mais dont je suppute, connaissant Arrêt sur Images (voir chapitre Arrêt Sur Images « Souviens-toi de te méfier ») qu'elle n'a aucun lien avec une quelconque éthique journalistique, ce média de Daniel Schneidermann s'est livré à un long réquisitoire (pénible à lire, car écrit tantôt en français tantôt en « inclusive »).

Que mes deux calomniateurs, assis sur la Charte des Journalistes, s'étripent, voilà qui me réjouit et m'incite à assister au combat et à vous y inviter.

Arrêt sur Images accuse Blast de cruauté envers ses salariés et d'un projet de mécénat d'un milliardaire adepte des paradis fiscaux qui se proposait d'orienter les enquêtes...

Je donne à lire ci-dessous sans prendre partie (car j'entends les menaces par Blast de dépôt de plusieurs plaintes) quelques bribes du pugilat.

Arrêt sur Images
« Six des onze membres fondateurs·rices [sic], d'après la liste fournie par l'ex-représentant syndical de Blast, ne sont plus dans la rédaction, dont cinq en froid : licenciés, arrêté·es ou dégoûté·es par les pratiques internes de la webtélé. Au compteur, également, au moins trois dépressions. Une alerte de la médecine du travail pour risques psychosociaux. Et un dossier d'une centaine de pages prêt à être envoyé à l'inspection du travail … un management particulièrement brutal et des pratiques à la légalité contestée... ».

Un syndicat à Blast ? « Denis Robert en a cependant reproché la création à l'un de ses anciens membres. "Un syndicat dans une boîte qui démarre, quand même ! Si on était cinquante, je ne dis pas… ».
Un journaliste de Blast : « Dans le cadre de mes fonctions... j'ai été systématiquement confronté à la mauvaise foi et à l'agressivité de Denis Robert ».

« Un collaborateur anonyme a signalé dans un mail à la direction avoir reçu des messages à deux et trois heures du matin... »
« Pour Denis, journaliste, ce devait être un job 24 heures sur 24. Il disait que si on voulait prendre des vacances, il fallait aller bosser dans des boîtes du Cac 40 ».

« La direction de Blast n'a pas peur, non plus, de licencier un salarié en plein arrêt maladie. Un arrêt pour un "syndrome anxieux avec attaque de panique", certificat médical à l'appui ».
Courrier de licenciement. Motifs invoqués : « désorganisation » et « manque d'investissement personnel ».
« CLIMAT DE PEUR Crescendo, nous avons dit. Passons au volet humain, où le paradoxe le plus criant se loge. Dans la violence décrite dans une douzaine de témoignages : "insultes", "dénigrements publics incessants", "climat de terreur", "chef toxique", "agression", "c'est un ring de boxe", "on accusait sans cesse les gens d'être des incapables", "chef colérique", "culte de la personnalité", "la Terreur"... ».

Un cadre serait coutumier de cris et d'injures : « J'ai plusieurs fois cru qu'il allait en venir aux mains avec des membres de l'équipe, il était incapable de se contrôler », … « Je le voyais engueuler l'une des cheffes et la rabaisser devant toute la rédaction, rapporte un ancien collaborateur. Lui dire qu'elle faisait du travail de merde." Elle est, depuis, en arrêt maladie de longue durée pour cause notamment professionnelle ».
« Déni de la souffrance des autres", « harcèlement » envers un membre de la section syndicale ("Denis Robert lui hurlait dessus à cinq centimètres du visage"), « mal-être de certains alternants et stagiaires », ou « remarques pas nécessairement élégantes sur des collègues » émises par la direction, « notamment sur les filles ».

Dame ! parfois, dans les médias, « on a besoin d'être un peu caporaliste ».
« C'était très difficile de parler », résume une ex-journaliste, écartée depuis. « C'était le tribunal », lâche un autre ancien salarié. Les pièges, avec la question faut-il virer untel (proche de Denis Robert) ? « Si tu dis oui, c'est que tu veux être licencié, toi. ».

« Selon une synthèse rédigée par la direction elle-même, plusieurs personnes ont tout de même su formuler leur mal-être. On y trouve des extraits de leurs propos, anonymes. Des retours positifs. Mais aussi beaucoup de SOS. "Je suis en souffrance" ; "Je ne me sens pas en sécurité avec certaines personnes de Blast" ; "J'ai du mal à avoir confiance en quelqu'un qui peut péter les plombs à tout moment". Le document signale "la menace (sic) d'une plainte déposée à la médecine du travail". Le fait que "des cris, du harcèlement et l'usage de drogue apparaît dans les locaux de travail" ».

Agression des « salariés en permanence », « insultes fréquentes »
Denis Robert : « J'ai demandé que les personnes qui mettaient en cause Mathias me fassent une attestation parce qu'il pouvait être licencié. » Mais, assène-t-il, « vous vous êtes dégonflés comme des baudruches que vous êtes ».

« Robert, indique qu'il ne participera pas au prochain atelier de la médecine du travail sur les risques psychosociaux. "J'ai autre chose à foutre de ma vie"... Parfois, l'ironie fait rire. Dans ce dernier exemple, non. En novembre 2021, Denis Robert demandait dans un mail officiel à l'équipe de Blast de lui transmettre une lettre ("manuscrite") pour son avocate dans le cadre deson procès contre le Média. Plusieurs salariés là-bas [au Média], résumait-il dans le message, "dressent un portrait (de moi) assez édifiant : harceleur, violent, sexiste, poussant certains salariés au suicide ou à la dépression, etc…" ».

A cette diatribe implacable d'Arrêt Sur Images, il faut ajouter ce qu'avait écrit le 11 mars 2021 sur Facebook Maxime Rehany un journaliste qui a quitté Blast et qui est présenté par Blast comme un agent de la DGSE.

Extraits : A propos d'un richissime donateur : « … il a une grande partie de ses actifs dans les paradis fiscaux (Luxembourg, Singapour, Suisse)... Il a proposé à Blast de grosses sommes d'argent provenant du Luxembourg : 100 000 euros à la création du média sous forme de participations au capital, puis 20 000 euros par mois pendant un an, sous forme de dons. Soit 340 000 euros pour commencer... Ce généreux philanthrope nous a indiqué être un soutien d'Arnaud Montebourg pour l'élection présidentielle...il aimerait que nous investiguions sur Anne Hidalgo, rivale d'Arnaud Montebourg... »

Devant l'opposition de son équipe, Denis Robert l'informe que l'argent transitera par le Luxembourg, « et qu'une somme de 100 000 euros, tronçonnée en plusieurs dons, arriverait finalement sur Kiss kiss bank bank plutôt que sous forme de parts sociales afin de garantir l'anonymat du donateur ».

L'opération « permettra au plus haut salaire de l'entreprise d'atteindre 14 000 euros nets par mois (estimation basse) ».

Droit de réponse de Blast (à ASI)

« L'attaque d'Arrêt sur Images « restera dans les annales de la profession comme la plus belle leçon de ce qu'il ne faut pas faire quand on se prétend journaliste [Note de MV : tandis que l'opération d'Arrêt sur Images contre moi est une leçon de ce qu'il faut faire !]... un contre-exemple sidérant de ce que les tribunaux condamnent de façon constante : aucun équilibre, une thèse poussée quoi qu'il en coûte, un parti-pris systématique pour (nous) disqualifier [MV : même remarque que précédemment] ».

Sur le financier milliardaire : « … tout cela a été inventé et monté en épingle par un ancien correspondant de la DGSE... Blast a déposé plainte en diffamation. Nous n'avons pas touché un centime de ce milliardaire. Et les 20 000 euros dont vous laissez planer un doute sur le fait que nous les aurions néanmoins touchés sont restés bloqués sur le compte de KissKissBankBank, qui nous avait aidé pour le crowfunding... Nous vous demandons la publication de ce droit de réponse (MV : mais pas de droit de réponse pour moi, qualifié d'agent chinois par Blast) ».

Le défaut premier des journalistes enfumeurs, outre leur manque de travail pour traiter un dossier, est la conviction spontanée que, ayant à leur disposition des colonnes de journaux, des micros, des caméras, ils sont supérieurs à leur public. Il ne leur viendrait pas à l'idée de dialoguer d'égal à égal avec une personne qui les a lus, entendus, vus. Même pas avec un spécialiste d'un sujet traité. Hélas pour eux, cela se sent, se voit, se comprend. Par suite, Blast n'arrive à attirer que quelques milliers de Français sur les millions qui sont exaspérés par les autres médias. Pas davantage, malgré ses appels répétés (voire permanents) il ne parvient à convaincre ceux qui devraient être leur clientèle naturelle de les rejoindre et/ou de les aider financièrement. Leurs fidèles sont pareils à ces électeurs qui votent Macron au second parce qu'il n'y a rien de mieux. Blast, triomphal, juin 2023 : « En un peu plus de deux ans, nous comptons 22 000 abonnés payants ». C'est l'anorexique ravie de peser plus de 30 kilos.

Conclusion sur Média et Blast :
Des appels pour une télé sur la fréquence 9. Un espoir de plus. Mais si c'est pour traiter les affaires internationales à la manière des web-télé (Le Média et Blast), la déception est au bout. C'est bien beau de traiter l'actualité de notre pays en se démarquant des autres médias, mais si, sur l'international, une nouvelle voix s'aligne sur les positions des autres, celles des milliardaires, celles des Etats-Unis, non seulement on peut se passer de cette télé qui, au bout du compte, sera plus nocive que les autres en cela que, parée d'une aura de probité à l'intérieur, elle pourra faire avaler mieux que les autres la propagande sur la marche du monde. Dénoncer le Venezuela, Cuba, la Chine (le Tibet, le Xinjiang, Hong Kong, Taïwan...), la Russie (Poutine, la guerre en Ukraine...), tous les pays qui sont dans la collimateur de Washington, sans mise en perspective, sans analyse de la lutte des classes (lutte des pays) au niveau mondial, tous les médias savent excellemment le faire aujourd'hui. Pour nous empêcher de comprendre l'influence des Etats-Unis, de leur armée, de l'OTAN, de Union européenne (appendice états-unien) dans notre vie de tous les jours, dans les décisions de nos gouvernants (de gauche et de droite), dans le destin (et le déclin) de notre pays, les Français ont déjà ce qu'il faut.

Pour que, mieux que jamais, nous soyons comme le scorpion de Nazim Hikmett « dans une nuit d'épouvante », comme son poisson « qui vit dans la mer sans savoir la mer », nous sommes plus que pourvus. « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » nous a expliqué Bossuet. Nous n'avons que faire de médias qui compatissent sur nos douleurs en absolvant qui les provoque, en désignant comme coupable tel n'y est pour rien.

Maxime VIVAS
(Extraits de "Ouïghours, l'horreur était dans nos médias") (Editions Delga, 2024).

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