04/05/2025 reseauinternational.net  4min #276855

Washington caput mundi

par Manlio Dinucci

«Trump et Zelensky se parlent, essais de paix à Saint Pierre», titre l'Ansa (agence de presse nationale italienne, ndt) en publiant la «photo historique de la rencontre», définie comme «un chef-d'œuvre de la diplomatie vaticane». Les représentants des États-Unis et de l'Ukraine sont ainsi montrés aux yeux du monde comme ceux qui veulent la paix, pendant que Poutine continue à faire la guerre. Trump écrit : «Cela me fait penser qu'il ne veut pas arrêter la guerre, il est seulement en train de me harceler, et doit être combattu à travers des sanctions». Le secrétaire d'État étasunien Marco Rubio prévient : «les USA mettront fin à leur médiation sur le conflit à moins que n'arrivent des propositions concrètes de Russie et Ukraine». Ainsi continue-t-on à ignorer l'insistante requête russe d'affronter, dans un siège officiel, les questions de fond qui sont à l'origine de la guerre. On continue en même temps à diffuser la fake news que la Russie veuille envahir l'Europe. Un article sur le Wall Street Journal titre : «Les mouvements militaires russes qui mettent en alarme l'Europe : Poutine est en train d'étendre les bases et se prépare à déplacer plus de troupes dans les régions européennes de frontière, loin de l'Ukraine». En réalité c'est l'OTAN qui rapproche de plus en plus forces et bases y compris nucléaires du territoire russe, tandis que les puissances européennes se préparent à envoyer des troupes en Ukraine en continuant à armer le régime de Kiev.

L'administration Trump, pendant qu'elle continue en Europe la «médiation sur le conflit» en déclarant vouloir mettre fin à la guerre, au Moyen-Orient mène la guerre contre le Yémen, que les médias cachent. Le Commandement central des États-Unis annonce officiellement que, en l'espace d'un mois, il a touché au Yémen plus de 800 objectifs. Les attaques ont tué non seulement des combattants Houthis mais de nombreux civils. Cette guerre, dans la continuité de la stratégie de l'administration Biden, en prépare une beaucoup plus périlleuse, que les USA et Israël planifient contre l'Iran.

Dans le même temps l'administration Trump, toujours dans la continuité de l'administration Biden, intensifie sa politique contre la Chine, la puissance que les USA redoutent le plus. Le ministre des Affaires Étrangères chinois Wang Yi, à la réunion des ministres des Affaires étrangères des BRICS à Rio de Janeiro, a déclaré : «les États-Unis ont longtemps bénéficié immensément du libre-échange, mais maintenant ils utilisent les droits de douane comme levier pour imposer des prix très hauts à d'autres pays. Si nous faisons silencieusement compromis et concessions, l'arrogant, après avoir gagné un centimètre, prendra trois miles». N'ayant pas la capacité de bloquer l'avancée économique de la Chine, unie à la Russie et à un nombre croissant de pays du Sud global dans le groupe des BRICS, les États-Unis utilisent les instruments militaires en intensifiant le déploiement de leurs propres forces et celles de leurs alliés autour de la Chine.

Dans le même temps les États-Unis et les autres puissances de l'Occident conduisent une démolition systématique des Nations unies, dont l'autorité est complètement ignorée par Israël qui continue à bloquer les aides alimentaires destinées à Gaza. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies avertit avoir épuisé les réserves de nourriture à Gaza alors que les barrières de frontières restent fermées. À Gaza plus de 65 000 enfants sont dans des conditions critiques à cause d'une malnutrition aiguë. Un total d'1,1 million d'enfants et adolescents palestiniens souffrent tous les jours de la faim.

Les agences des Nations unies pour l'alimentation et les réfugiés sont contraintes à des coupes profondes à cause d'un écroulement sans précédents des financements de la part des principaux donateurs : les États-Unis surtout, sous la présidence Trump, et d'autres pays occidentaux - Allemagne, Grande-Bretagne et les pays de l'Union Européenne - qui «ont donné la priorité aux dépenses pour la Défense, poussés par leurs craintes croissantes envers la Russie et la Chine». Le Programme alimentaire mondial - qui fournit de l'assistance alimentaire urgente à plus de 340 millions de personnes qui luttent contre la faim - a prévenu que 58 millions de personnes, affectées de faim extrême, risquent de mourir. L'écroulement voulu des financements à ces agences des Nations unies est en train de provoquer plus de victimes que les guerres.

 Manlio Dinucci

Bref résumé de la revue de presse internationale  Grandangolo Pangea de vendredi 2 mai 2025 sur la chaine tv italienne Byoblu

traduit de l'italien par Marie-Ange Patrizio

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