Xavier Azalbert, France-Soir
Trump signe un décret interdisant le financement fédéral de la recherche sur le gain de fonction. Implications.
Ce 6 mai 2025, le président Donald Trump a signé un décret exécutif historique mettant fin à tout financement fédéral pour la recherche sur le gain de fonction (GOF, pour Gain de Fonction), une pratique scientifique controversée qui consiste à modifier des pathogènes pour les rendre plus transmissibles ou virulents. Cette décision, annoncée dans un contexte de préoccupations croissantes sur les risques pandémiques, suscite des réactions mitigées aux États-Unis et à l'international, notamment en France, où elle rouvre des débats sur l'origine du COVID-19 et le traitement médiatique des « complotistes ».
Une décision motivée par des préoccupations sécuritaires
Le décret, intitulé « Amélioration de la sécurité et de la sûreté de la recherche biologique » et publié sur le site de la Maison-Blanche, interdit explicitement le financement fédéral de la recherche GOF, en particulier dans des « pays préoccupants » comme la Chine et l'Iran, ainsi que dans d'autres nations jugées avoir un contrôle insuffisant sur leurs recherches. Cette mesure vise à renforcer la sécurité biologique et à prévenir les risques d'accidents ou d'utilisation malveillante de pathogènes modifiés, une crainte amplifiée par la théorie de la fuite de laboratoire à l'origine de la pandémie de COVID-19.
Une𝕏 vidéo partagée sur X montre le président Trump, assis à son bureau dans le Bureau Ovale, entouré de ses conseillers, 𝕏 apposer sa signature sur le décret à l'aide d'un marqueur noir. Une méthode qu'un utilisateur a surnommé « Trump sharpie of thunder » pour souligner son style caractéristique. Cette décision est aussi expliquée par ses conseillers : « Nous mettons fin à un type de recherche qui a causé tant de souffrances. Cela n'a jamais protégé les Américains, et nous devons nous assurer que cela ne se reproduise plus. »
app.videas.frUne mesure saluée par certains, critiquée par d'autres
La décision a immédiatement suscité des réactions passionnées sur les réseaux sociaux. Sur X, des utilisateurs comme @JKash000 et @MAGAVoice ont célébré l'action de Trump, la qualifiant de « victoire pour la sécurité nationale » et réclamant des poursuites contre des figures comme Anthony Fauci, accusé d'avoir soutenu ce type de recherche par le passé. « C'est exactement pour cela que j'ai voté », a écrit @MAGAVoice.
Cependant, des voix plus critiques se sont également exprimées. @Adhi, dans un commentaire sur X, a souligné que ce type de décret pourrait contenir des failles, permettant à la recherche de se poursuivre sous des appellations différentes ou de migrer à l'étranger. « Il faut surveiller si le financement privé prend le relais ou si la recherche est simplement délocalisée », a-t-il averti. Ce qui a été expliqué par Dr Jay Bhattacharya, directeur du NIH. De même, @LanceAloud a exprimé des inquiétudes sur le fait que cette interdiction pourrait désavantager les États-Unis face à des pays comme la Chine, qui pourraient continuer à développer ces technologies et potentiellement les militariser.
Les conséquences pour les Américains
Cette interdiction pourrait avoir des impacts variés sur la population américaine, tant sur le plan scientifique que sociétal.
Impact sur la recherche scientifique et la préparation aux pandémies : la recherche sur le gain de fonction, bien que controversée, a été utilisée pour développer des vaccins et des traitements contre des virus comme la grippe ou le SARS-CoV-2. En interrompant ce financement, les États-Unis risquent de limiter leur capacité à anticiper et à répondre à de futures pandémies. Comme l'a noté un expert sur X, « si un autre virus comme le COVID émerge, nous n'aurons pas les données nécessaires pour trouver rapidement des traitements ou des mesures préventives». Cela pourrait exposer les Américains à des risques accrus lors de futures crises sanitaires.
Renforcement de la sécurité biologique : cependant, les partisans du décret estiment qu'il protège les Américains contre les risques d'accidents ou d'actes malveillants. Les fuites de laboratoire, bien que rares, sont une préoccupation réelle, et ce décret pourrait réduire la probabilité qu'un pathogène modifié cause une nouvelle pandémie. « C'est une journée historique », a déclaré Robert F. Kennedy Jr., secrétaire à la Santé et aux Services sociaux, dans sa prise de parole.
Polarisation politique et sociale : la décision de Trump a ravivé les tensions politiques autour de la science et de la gestion des pandémies. Des appels à « mettre Fauci en prison » montrent à quel point le sujet reste clivant. Cette polarisation pourrait compliquer les efforts pour trouver un consensus sur la manière de gérer les risques biologiques à l'avenir, divisant encore davantage les Américains sur des questions de santé publique.
Impact économique et mondial : en cessant de financer la recherche GOF, les États-Unis pourraient perdre leur position de leader dans certains domaines de la recherche biomédicale. Si d'autres pays continuent ces recherches, cela pourrait également créer un déséquilibre stratégique, comme l'a souligné @LanceAloud.
Pour les Américains, cela pourrait signifier une dépendance accrue envers des technologies ou des vaccins développés à l'étranger, potentiellement à des coûts plus élevés.
Les répercussions en France : une remise en question du narratif médiatique
En France, comme d'ailleurs dans bien d'autres pays, cette décision résonne de manière particulière, notamment en raison de son impact sur le narratif entourant l'origine du COVID-19. Depuis le début de la pandémie, la théorie de la fuite de laboratoire, bien que soutenue par certains scientifiques, a été largement discréditée par les grands médias français, qui ont abusé sans preuve de qualificatifs dénigrants de « complotiste » ou « d'anti-science ». Les complotistes, ainsi que ceux qui remettaient en cause le narratif officiel, étaient même caractérisés comme ayant un faible quotient intellectuel.
Des figures comme le professeur Luc Montagnier, co-découvreur du VIH et lauréat du prix Nobel de médecine en 2008, avaient pourtant défendu cette hypothèse dès 2020. Montagnier, dans une interview sur CNews, avait affirmé que le SARS-CoV-2 portait des traces d'éléments génétiques du VIH et de la malaria, suggérant une manipulation humaine dans un laboratoire de Wuhan. À l'époque, ses déclarations avaient été moquées et rejetées par une grande partie de la communauté scientifique et des médias, qui les jugeaient « absurdes » et « dangereuses ». France-Soir en tant que média a aussi subi les affres de ces étiquettes en étant probablement le seul média à questionner et à vérifier ce narratif – le 13 aout 2020, France-Soir publiait l'étude Perez Montagnier référencée dans une revue scientifique ainsi qu'une interview du Pr Tritto auteur du livre « La chimère qui a changé le monde » qui donnait déjà raison à Montagnier.
Lors de la signature du décret, Trump commente : « Il se pourrait que nous n'aurions pas eu le problème que nous avons eu si nous avions fait cela plus tôt » ce qui appuie implicitement l'idée que la recherche GOF a contribué à la pandémie et a entrainé un coût mondial qui se compte en milliers de milliards. Cela donne une légitimité attendue aux thèses de Montagnier et de ceux qui, comme lui, ont été marginalisés par les médias et les autorités sanitaires qui appuyaient un narratif officiel alors que des hypothèses alternatives existaient.
Sur les réseaux sociaux français, des voix s'élèvent pour demander des excuses nationales à Montagnier, décédé en 2022, et à tous ceux qui ont été qualifiés de complotistes pour avoir soutenu la théorie de la fuite de laboratoire.
« On a traité Montagnier de fou, on l'a ridiculisé, et maintenant on voit que Trump prend des mesures qui vont dans le sens de ce qu'il disait. La France doit des excuses à cet homme et à tous ceux qu'on a injustement censurés », a écrit un utilisateur sur X.
Cette décision pourrait également forcer les médias français à revoir leur couverture passée, ce qui serait la moindre des choses en respect de la charte de Munich qui donne comme devoir aux médias et journalistes de « vérifier l'information » mais aussi de « rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte » et « de ne pas confondre journalisme et propagande ». Les termes « complotiste » et « désinformation » avaient été utilisés pour disqualifier les discussions sur la fuite de laboratoire, notamment sur des plateformes comme Facebook et YouTube, qui en 2020 censuraient ce type de contenu au nom des règles « inventées à propos pour l'occasion » de la communauté. Règles qui ne respectaient ni la liberté d'expression des scientifiques, ni la jurisprudence Hertel qui donne droit de cité à toutes les hypothèses scientifiques même les plus improbables dans un environnement où la certitude est improbable. Avec cette reconnaissance implicite des risques liés à la recherche GOF, les médias traditionnels devraient être incités à adopter une approche plus nuancée, reconnaissant que ceux qu'ils avaient qualifiés de complotistes, particulièrement ceux qui ont usé des précautions d'usage de vérifier avant de publier, avaient raison.
Une décision importante qui pose des questions
Le décret de Trump marque un tournant dans la politique américaine sur la recherche biologique, mais il soulève autant de questions qu'il apporte de réponses. Si certains y voient une mesure nécessaire pour protéger la population, d'autres craignent qu'elle ne compromette la capacité des États-Unis à se préparer aux menaces futures. En France, cette décision ravive des blessures encore fraîches liées à la pandémie et au traitement des voix dissidentes, mettant en lumière la nécessité d'un débat plus ouvert et respectueux sur les questions scientifiques controversées.
Cela ravive aussi le débat sur le besoin d'une Commission d'enquête indépendante tant sur la gestion de la crise sanitaire, une attente de 64 % des Français, que sur le traitement médiatique de l'information et de l'usage inapproprié d'étiquettes dénigrantes envers ceux qui portaient une autre voix en contestant le narratif officiel. 79 % des Français veulent aussi que le secret-défense sur la gestion de la crise soit levé pour que chacun sache comment les décisions ont réellement été prises.
Alors que les débats se poursuivent des deux côtés de l'Atlantique, une chose est sûre : les Américains et les Français devront naviguer dans un paysage scientifique et politique encore plus complexe dans les années à venir.
Si les Américains semblent avoir de quoi retrouver confiance sur le fait que les décisions prises par leur gouvernement vont dans le sens de leurs attentes, en France, l'avis des Français n'est pas encore pris en considération : 83 % pensent que leurs volontés ne sont pas bien écoutées par le président et le gouvernement, tel que le montre un sondage récent commandé par le sénateur Houpert.