Par Al Mayendeen English, le 6 mai 2025
Le président français Emmanuel Macron rencontrera le dirigeant intérimaire syrien Ahmad al-Sharaa afin de promouvoir la stabilité régionale, une gouvernance inclusive et la lutte contre le terrorisme.
Le président français Emmanuel Macron recevra mercredi à Paris le président par intérim de la Syrie, Ahmad al-Sharaa, marquant ainsi la première visite officielle en Europe de l'ancien combattant islamiste, a confirmé l'Élysée à l'Agence France-Presse (AFP).
Cette rencontre témoigne de la volonté de la France de renouer le dialogue avec la Syrie après le renversement, à la fin de l'année dernière, du président Bachar al-Assad, au pouvoir depuis longtemps.
Selon la présidence française, M. Macron
"réaffirmera le soutien de la France à la reconstruction d'une nouvelle Syrie, libre, stable, souveraine et respectueuse de toutes les composantes de la société syrienne"."Cette rencontre s'inscrit dans l'engagement historique de la France envers le peuple syrien qui aspire à la paix et à la démocratie", ajoute le communiqué.
Durant sa visite, Macron soulignera les priorités de son gouvernement concernant le gouvernement intérimaire syrien, en mettant particulièrement l'accent sur la stabilité régionale, notamment au Liban, et la lutte contre le terrorisme, a indiqué la présidence.
L'invitation a été lancée pour la première fois en février, peu après la chute d'al-Assad, puis renouvelée en mars à condition que les nouveaux dirigeants syriens forment un gouvernement inclusif. À l'époque, Macron qualifiait les premières discussions avec les responsables syriens de "positives".
Le 25 avril, al-Sharaa a exprimé son intention de rejoindre les accords de normalisation avec Israël négociés par les États-Unis, marquant un tournant important dans les relations entre la Syrie et Israël, selon le représentant américain Marlin Stutzman (R-Ind.), qui a rencontré le dirigeant syrien lors d'une visite à Damas.
Les nouvelles autorités syriennes dirigées par des islamistes, dont certains ont des liens historiques avec Al-Qaïda, al-Sharaa lui-même ayant autrefois prêté allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi, le fondateur de l'État islamique, se sont publiquement engagées à instaurer une gouvernance inclusive dans le paysage multiethnique et multiconfessionnel du pays.
Elles ont également promis de protéger les minorités religieuses et d'élargir la participation politique, même si le scepticisme international reste élevé.
Malgré les promesses répétées d'inclusivité du gouvernement intérimaire syrien, les violents attentats sectaires ont suscité une condamnation mondiale. En mars, les violences dans les régions côtières de Tartous et Lattaquié ont fait plus de 1 700 morts, principalement parmi la communauté minoritaire alaouite, suscitant une condamnation unanime.
Les violences se sont même propagées au point que l'Observatoire syrien des droits de l'homme (SOHR), largement cité, a déclaré que ces massacres constituent un "génocide systématique".
Les tensions ont persisté, avec de récents accrochages armés impliquant des combattants druzes et des cas d'abus rapportés par plusieurs ONG. Ces développements ont soulevé de vives inquiétudes quant à la capacité des autorités intérimaires à contenir les factions extrémistes au sein de leurs propres rangs.
Les gouvernements occidentaux, tout en restant prudemment optimistes, ont indiqué que l' allègement des sanctions contre la Syrie dépendra du comportement du nouveau gouvernement, de sa position sur Israël et de son engagement en faveur de la protection des droits civils.
Le 24 avril, le membre du Congrès américain Cory Mills a tenu une réunion controversée à Damas avec al-Sharaa, président par intérim de la Syrie et ancienne figure d'Al-Qaïda, durant une "mission d'enquête" non officielle, a rapporté Bloomberg.
Mills, un allié de Trump, s'est engagé à remettre une lettre d'al-Sharaa à Trump et a discuté de la levée des sanctions américaines en échange de l'entrée éventuelle de la Syrie dans les accords d'Abraham. Les observateurs voient dans cette rencontre une tentative secrète d'aligner la Syrie sur les intérêts américains et israéliens au détriment de la souveraineté régionale.
Les frappes israéliennes exacerbent les tensions
La situation est compliquée par la poursuite des frappes aériennes israéliennes sur le territoire syrien. Depuis la chute de Bachar al-Assad, Israël a mené des centaines d'attaques, dont une vendredi près du palais présidentiel à Damas.
Israël a affirmé que ces frappes ont vocation à dissuader les menaces et à protéger la minorité druze, qualifiant la dernière frappe de "message clair" aux nouveaux dirigeants du pays. En réponse, le gouvernement syrien provisoire a qualifié cet incident de "dangereuse escalade".
Les Nations unies ont réagi samedi à cette frappe en exhortant Israël à cesser "immédiatement" toutes ses agressions militaires contre la Syrie.
L'une des frappes rapportées ces derniers jours visait la zone proche du village de Shaṭḥa, dans la campagne occidentale de Hama, où un entrepôt militaire situé dans une prétendue base de l'armée syrienne de l'ancien régime a été touché. Simultanément, des avions israéliens ont été entendus au-dessus de plusieurs gouvernorats, témoignant de l'ampleur des récentes attaques.
Traduit par Spirit of Free Speech