08/05/2025 reseauinternational.net  12min #277235

Sionisme et promotion de l'islamophobie et de l'extrême droite

par Mounadil al Djazaïri

Ceux qui se demandent d'où vient l'exacerbation des discours islamophobes ces dernières années trouveront des réponses dans l'article paru dans MintPress que je vous propose.

Aux États-Unis et, avec des nuances cependant, en France, la promotion des discours islamophobes émane des mêmes milieux et organisations qui cherchent à brider la liberté d'expression quand elle touche à l'entité coloniale réputée être la seule démocratie au Proche-Orient.

La promotion de ces discours fait l'objet de campagnes étudiées et lancées par des associations ou des think-tanks qui bénéficient de subventions considérables qui résultent de dons déductibles des impôts faits par des entreprises ou des gens fortunés. C'est là un moyen de réduire son imposition car les impôts existent aussi aux États Unis et probablement de recycler de l'argent sale. C'est toute une nébuleuse sioniste, raciste et islamophobe qui infuse le terrain idéologique et les médias, non seulement aux États-Unis mais aussi en Europe, notamment avec des figures de proue de l'extrême droite néerlandaise et anglaise qui ont été couvés par elle.

L'article n'en parle pas mais un des résultats de l'activisme islamophobe incarné par  David Yerushalmi, adossé lui-même à des  financeurs, ont été les campagnes anti-sharia qui ont amené des États des USA à adopter des législations interdisant la sharia. Ces lois sont généralement sans portée pratique parce que personne ne milite pour l'application de la sharia (quelque soit l'acception de ce terme qui ne correspond pas à la loi islamique) mais dans un État au moins, elle permet au procureur général de geler les avoirs d'associations considérées comme faisant la promotion de la sharia.

Quand on y réfléchit un peu c'est un cheminement argumentatif assez proche qui a abouti à la dissolution en 2020 du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF)

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par Robert Inlakesh,

L'administration du président américain Donald Trump et nombre de ses plus éminents partisans de droite sont directement liés à certaines des organisations les plus radicalement pro-guerre et pro-israéliennes du pays. Ces relations forment un vaste réseau de groupes de pression, de milliardaires du secteur technologique et de personnalités médiatiques qui promeuvent systématiquement les intérêts israéliens au détriment de ceux des Américains ordinaires.

Pourquoi la droite pro-Trump a-t-elle soudainement abandonné son image de bastion de la liberté d'expression pour soutenir ouvertement la censure et la répression étatique ? Cette enquête de MintPress News révèle un réseau d'organisations de lobbying, porté par des donateurs, qui est à l'origine de ce changement idéologique.

La Horowitz Connection

Depuis le début des années 2000, l'écrivain et militant David Horowitz est au cœur d'un mouvement qui prétend défendre la liberté d'expression tout en présentant les musulmans et les gauchistes comme des menaces existentielles pour la civilisation occidentale. Au lendemain du 11 septembre, Horowitz  a appelé à la stigmatisation des «Palestiniens» et des populations «islamiques» et  a fait la déclaration tristement célèbre selon laquelle «les Palestiniens sont des nazis».

David Horowitz décédé en février dernier à l'âge de 86 ans
était un ancien gauchiste passé à l'extrême droite sioniste

Par l'intermédiaire du David Horowitz Freedom Center (DHFC), fondé en 1998, lui et ses donateurs ont bâti un réseau médiatique et politique qui a façonné la carrière de presque toutes les figures conservatrices pro-Trump d'importance aujourd'hui. Le Southern Poverty Law Center [une association de lutte contre les discriminations, NdT]  a qualifié le DHFC de groupe haineux qui a  reçu des fonds anonymes et occultes acheminés par l'intermédiaire du Donors Trust, organisme qui a également financé des causes nationalistes blanches.

Horowitz a concentré une grande partie de son activisme sur les campus universitaires, diffusant  des discours anti-islamiques et pro-israéliens incendiaires destinés à  provoquer des réactions hostiles. Il a ensuite présenté les manifestations contre ses apparitions comme la preuve que la gauche et les communautés musulmanes s'opposent au Premier Amendement [celui qui garantit la liberté d'expression, NdT].

Cette stratégie a ouvert la voie à des personnalités comme Ben Shapiro, qui a débuté sa carrière en visitant des campus universitaires, défendant même les discours de haine comme une expression protégée et popularisant des slogans tels que «Les faits se moquent de vos sentiments». Shapiro a débuté comme  membre du DHFC, et son premier livre, «Brainwashed: How Universities Indoctrinate America's Youth», a été publié en 2004.

 Shapiro deviendra plus tard rédacteur en chef de Truth Revolt, un site web financé par le David Horowitz Freedom Center, dont le rédacteur en chef était Jeremy Boreing. Tous deux cofonderont ensuite ce qui est aujourd'hui The Daily Wire. Ils collaboreront également avec des organisations liées aux services de renseignement israéliens avant de finalement embaucher Jordan Peterson. Bien que Peterson ait jusque-là peu parlé d'Israël, en rejoignant le Daily Wire, il adoptera une position pro-israélienne très affirmée et rencontrera plus tard le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.

Le DHFC a également financé ou collaboré avec de nombreuses personnalités de droite, dont l'ancien stratège en chef de Trump, Steve Bannon, l'ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton, Pamela Geller et l'homme politique néerlandais Geert Wilders. L'actuel secrétaire à la Défense de Trump, Pete Hegseth, a reçu 30 000 dollars d'honoraires de conférences du Freedom Center entre 2023 et 2024.

Candace Owens, aujourd'hui commentatrice conservatrice de renom, a été  initialement recrutée par Horowitz, mais a par la suite été attaquée par les militants affiliés à ce dernier après avoir exprimé publiquement son soutien aux droits des Palestiniens.

«J'ai commencé ma carrière, ma carrière politique, sur YouTube, en réalisant des vidéos drôles et satiriques. J'ai reçu un e-mail de David Horowitz m'invitant à cette conférence. Laissez-moi vous dire à quel point c'était important pour moi. Je n'avais absolument aucun contact», se souvient Owens.

Après le décès de David Horowitz le 29 avril 2025, Charlie Kirk, fondateur de Turning Point USA,  a reconnu son influence : «Sans David Horowitz, je ne suis pas sûr que Turning Point USA existerait. Plus de 90% de nos premiers donateurs majeurs nous ont été présentés lors d'un événement David Horowitz, grâce à ses encouragements chaleureux et à ses généreuses présentations. Son soutien a ouvert des portes qui seraient restées closes autrement.»

Ce que Kirk a révélé est crucial : Horowitz agissait comme un connecteur au sein d'une classe de donateurs d'élite qui utilisaient ses présentations pour financer les médias de droite pro-israéliens et l'infrastructure politique.

Les Tech Brothers

L'alignement croissant d'Elon Musk sur la politique israélienne est devenu publiquement visible en 2024, lorsqu'il a noué une relation inattendue avec le Premier ministre Netanyahou. Mais ses liens avec l'écosystème du Freedom Center remontent à plus loin. Musk a amplifié les arguments du Freedom Center, notamment  une étude affirmant à tort que l'USAID avait contribué au financement des talibans - un argument utilisé plus tard pour justifier les appels au définancement de l'agence.

Plus important encore, lorsque SpaceX a cherché à  lever 750 millions de dollars en janvier 2023, l'investisseur principal a été la société de capital-risque Andreessen Horowitz, cofondée par Ben Horowitz, le fils de David Horowitz.

Andreessen Horowitz détient des participations dans plusieurs entreprises liées aux services de renseignement et de surveillance israéliens, dont TOKA, fondée par l'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak. Ben Horowitz a également participé aux  premières initiatives visant à organiser une alliance d'élites technologiques pro-Trump avant  de se retirer.

SpaceX a elle-même  collaboré avec des sociétés israéliennes d'armement et des sociétés liées à l'État telles qu'Elbit Systems, Israel Aerospace Industries (IAI) et ImageSat International (ISI), contribuant au lancement de satellites militaires.

Robert Shillman, fondateur de Cognex Corporation, est un autre financier clé du Freedom Center. Shillman et sa fondation familiale ont soutenu des personnalités d'extrême droite comme  Laura Loomer, Bridgette Gabriel et  Project Veritas [association d'extrême droite, NdT]. Il fait également des dons à la Fondation pour la Défense des Démocraties (FDD), un groupe de réflexion néoconservateur qui a joué un rôle central dans la promotion des guerres de changement de régime au Moyen-Orient.

De 2002 à 2013, Shillman  a fait don de plus de 2,4 millions de dollars aux Amis des Forces de Défense iIsraéliennes (FIDF), une organisation à but non lucratif [ce qui signifie qu'elle peut recevoir des dons déductibles des impôts NdT] basée aux États-Unis qui vient en aide au personnel militaire israélien.

En 2018, The Guardian a révélé que Shillman avait financé une subvention en faveur du provocateur d'extrême droite britannique  Tommy Robinson, qui  recevait un salaire d'environ 5 000 £ par mois pour travailler au média canadien Rebel Media.

Propagande et Politique

Le Gatestone Institute, un autre élément clef du réseau et bienfaiteur de Tommy Robinson, a été fondé par Nina Rosenwald, surnommée par ses détracteurs « la sugar mama de la haine  envers les musulmans» pour son rôle dans le financement d'initiatives médiatiques anti-musulmanes et pro-israéliennes.

Gatestone a soutenu des personnalités comme Douglas Murray, un expert britannique récemment moqué pour son étrange appel à l'autorité lors de son intervention dans «The Joe Rogan Experience», où il a réclamé davantage de temps d'antenne pour les «experts» pro-guerre afin de promouvoir un discours pro-israélien. Murray a qualifié le blogueur antimusulman Robert Spencer de «brillant savant». Sans surprise, le site web de Spencer, Jihad Watch, a longtemps été subventionné par le David Horowitz Freedom Center.

Le milliardaire et gestionnaire de fonds spéculatifs Bill Ackman s'inscrit également dans cet écosystème. En 2024, il  a promu le Collectif Shirion, une campagne qui encourageait le  doxxing d'étudiants et d'enseignants pro-palestiniens et qui a été  accusé d'incitation à la violence physique et d'utilisation d'outils de surveillance par IA pour réprimer la dissidence.

Ackman et Marc Andreessen ont tous deux été  nommés conseillers auprès du Département de l'efficacité gouvernementale (DOGE) de l'administration Trump, une initiative aujourd'hui presque défunte visant à la réforme fédérale.

Un autre élément du réseau plus large de soutien [au régime sioniste, NdT] a refait surface avec une agressivité surprenante fin 2023: le groupe militant  Betar.

Fondé il y a près d'un siècle par le leader sioniste fasciste Ze'ev Jabotinsky, le Betar était depuis longtemps tombé dans l'oubli. Mais après l'offensive israélienne à Gaza, le groupe a refait surface, reprenant les procédés de la Ligue de défense juive (LDJ), auparavant désignée organisation terroriste par les autorités américaines.

Les militants du Betar ont repris leurs tactiques d'intimidation dans la rue, notamment en menaçant d'éminents universitaires et des responsables de l'ONU avec des «téléavertisseurs» [bipeurs] symboliques - une référence à une tristement célèbre opération secrète israélienne de 2024 impliquant des appareils électroniques chargés d'explosifs qui ont fait de nombreuses victimes au Liban.

Les observateurs des associations de défense des droits de l'homme ont révélé comment le groupe compile des listes noires d'universitaires, d'organisateurs et de personnalités publiques pro-palestiniens, qu'il présente aux responsables pro-Trump comme candidats à une future expulsion ou à des poursuites.

Le groupe a également ouvertement salué les opérations militaires qui ont entraîné la mort de civils, y compris d'enfants.

La résurgence du Betar a été largement attribuée au responsable des relations publiques israélo-américain Ronn Torossian,  contributeur du magazine FrontPage, un média créé par le David Horowitz Freedom Center.

De la liberté d'expression à l'autoritarisme

Des investisseurs de la Silicon Valley aux influenceurs d'extrême droite, en passant par les entrepreneurs du secteur de la défense et les acteurs politiques, une vaste classe de donateurs interconnectés a remodelé la droite américaine à l'image d'un programme pro-israélien radical. Leurs messages présentent les musulmans comme des ennemis de l'Occident, délégitiment l'activisme pacifiste et pro-palestinien, et présentent la dissidence comme une menace pour la sécurité nationale.

Ce même réseau, autrefois obsédé par la défense de la liberté d'expression, adopte désormais la censure, les listes noires et la surveillance gouvernementale, à condition qu'elle cible ses opposants idéologiques.

source :  MPN via  Mounadil al Djazaïri

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