09/05/2025 francais.rt.com  4min #277411

 8 mai 1945 : Plusieurs élus français attendus en Algérie pour la commémoration des massacres

Algérie : une marche commémore les 80 ans après les massacres du 8 mai 1945 et réclame des excuses de la France

© X / Léo

Marche organisée à Sétif en mémoire des victimes du massacres du 8 mai 1945, Algérie.

Au moment où l'Europe célèbre le 80ᵉ anniversaire de la défaite du nazisme, l'Algérie se recueille et commémore le triste anniversaire des massacres du 8 mai 1945 dans les villes de Sétif, Guelma et Kherrata qui ont fait des dizaines de milliers de tués. À Sétif, des milliers de personnes ont réclamé une reconnaissance et des excuses de la France.

Plusieurs milliers d'Algériens sont descendus dans les rues de la ville de Sétif, dans la journée du 8 mai, pour se recueillir et commémorer le 80ᵉ anniversaire des massacres perpétrés par l'armée coloniale française le 8 mai 1945. D'autres cérémonies ont également été organisées dans les villes de Guelma et de Kherrata, où les massacres avaient aussi eu lieu, pour rendre hommage aux Algériens tués par la répression sanglante de l'époque. Les Algériens ont réclamé une reconnaissance des massacres par la France et des excuses du gouvernement français.

Dans la journée du 8 mai 1945, à un moment où l'Europe célébrait la victoire contre le nazisme, des manifestations indépendantistes avaient eu lieu en Algérie, qui était à l'époque colonisée par la France. Des Algériens avaient défilé en masse dans les villes de Sétif, Guelma et Kherrata, dans l'est de l'Algérie, pour réclamer leur indépendance. La marche pacifique avait été réprimée dans le sang par l'armée coloniale française, qui avait mené une offensive aérienne et terrestre faisant des dizaines de milliers de tués. Le bilan des victimes demeure flou à ce jour, dans la mesure où la France ne reconnaît que 3 000 tués seulement, alors que l'Algérie revendique le chiffre glaçant de 45 000 tués.

Un « meurtre de masse » jamais reconnu par la France

Selon l'historien algérien Daho Djerbal, cité par le site d'information Africanews, la France « n'a jamais reconnu qu'elle avait commis un meurtre de masse. C'est le terme actuel ; nous pouvons l'appeler crime contre l'humanité ou crime de guerre. Il n'y a pas eu de guerre déclarée contre le peuple algérien. Et nous avons envoyé l'armée de l'air, la marine et l'artillerie de campagne pour réprimer une manifestation ».

La position officielle du gouvernement algérien va pourtant bien au-delà de la terminologie de « crime contre l'humanité » ou « crime de guerre » en parlant de « génocide », un terme utilisé au sommet de l'État algérien par le président Abdelmadjid Tebboune dans un message adressé ce 8 mai aux Algériens à l'occasion de la journée de la commémoration du 80ᵉ anniversaire des massacres du 8 mai 1945. Il avait qualifié l'événement d'un des « pires crimes de génocide et crimes contre l'humanité des temps modernes ».

Des députés et des sénateurs français à Sétif pour la commémoration du massacre

Ce 80ᵉ anniversaire des massacres du 8 mai 1945 a été marquée dans la ville algérienne de Satif par la présence de plusieurs députés et sénateurs français, parmi lesquels Sabrina Sebaihi, Akli Mellouli (députée d'Europe Écologie Les Verts (EELV), Danielle Simonnet (députée de Paris, membre du groupe Ecologiste et Social) et le sénateur Raphaël Daubet, qui ont participé au recueillement des Algériens à la mémoire des victimes.

Dans un post sur X, la députée Sabrina Sebaihi avait écrit à cette occasion : « Aujourd'hui, nous avons commémoré à Alger les 80 ans des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata. La France doit reprendre le travail mémoriel et reconnaître ces massacres comme crimes d'État ».

🇫🇷🇩🇿Aujourd'hui, nous avons commémoré à Alger les 80 ans des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata.

La France doit reprendre le travail mémoriel et reconnaître ces massacres comme crimes d'État.  pic.twitter.com/Hjyg53DiFX

- Sabrina Sebaihi (@SabrinaSebaihi) 𝕏 May 8, 2025

Macron évoque les massacres, mais ne reconnaît pas la responsabilité de la France

Le site d'information algérien TSA a rapporté que le président français, Emmanuel Macron, avait décliné la proposition de certains députés de parrainer le dépôt d'une gerbe de fleurs au Mont Valérien à Paris à la mémoire des victimes des massacres. Il s'est juste contenté d'évoquer la question dans son discours lors de la cérémonie organisée sous l'Arc de Triomphe à Paris, sans pour autant reconnaître la responsabilité de la France.

« Des peuples colonisés accédaient à la liberté, affirmant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Mais, là aussi, en mai 1945, des violences et des massacres venaient préfigurer l'Histoire : Sétif, Bejaïa, la région de Kherrata, Guelma, en Algérie », avait déclaré Macron dans son discours.

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