France-Soir
Mise en demeure par France Soir, l'AFP modifie sa dépêche et prend en compte le droit de réponse du général PELLIZZARI
Le 9 mai 2025, l'Agence France-Presse (AFP) a publié une dépêche révisée corrigeant les inexactitudes de son article du 23 avril 2025 intitulé « Deux anciens généraux radiés pour manquement au devoir de réserve ». Cette révision fait suite aux plus de 15 droits de réponse envoyés par le Général Pellizzari et la une mise en demeure de France-Soir en date du 7 mai 2025, qui avait signalé des erreurs factuelles concernant l'implication du général Paul Pellizzari dans une tribune de 2021 et les raisons de sa radiation disciplinaire de l'armée. Cet épisode met en lumière les tensions persistantes autour de l'exactitude des informations médiatiques et des obligations contractuelles, comme détaillé dans la correspondance juridique de France-Soiret la première réponse de l'AFP.
Contexte de la controverse
La dépêche initiale de l'AFP rapportait que les généraux André Coustou et Paul Pellizzari, tous deux en « deuxième section » (2S, retraités, mais susceptibles d'être rappelés), avaient été radiés des cadres militaires par mesure disciplinaire pour manquement au devoir de réserve. Elle associait les deux officiers à une tribune controversée publiée en 2021 dans Valeurs Actuelles, qui dénonçait le « délitement » de la France, pointant du doigt des problèmes comme « l'islamisme et les hordes de banlieue ». Signée initialement par une vingtaine de généraux, cette tribune avait provoqué un tollé en suggérant une possible intervention militaire si le « laxisme » persistait, d'autant qu'elle coïncidait avec le 60e anniversaire d'une tentative de putsch contre le président Charles de Gaulle en 1961.
Si le général Coustou était bien signataire, l'AFP a de façon erronée associé le Général Pellizzari à cette tribune, se basant sur l'article de L'Essor de la Gendarmerie, sans procéder à une vérification. De plus, elle a mal rapporté le statut d'une plainte déposée par le Général Pellizzari en avril 2024 auprès de la Cour de justice de la République (CJR) contre l'ancien Premier ministre Gabriel Attal, le ministre des Armées Sébastien Lecornu et le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, concernant la cession d'équipements militaires à l'Ukraine.
Les droits de réponses du Général Pellizzari et la mise en demeure de France-Soir
Après publication de la dépêche erronée de l'AFP, le Général Pellizzari a dû se fendre de plus de 15 droits de réponses. De plus, le 7 mai 2025, France-Soir adressait une mise en demeure à l'AFP, exigeant une rectification sous 48 heures. Le document reprochait à l'AFP plusieurs manquements :
- Violation de l'obligation de vérification : selon France-Soir, l'AFP n'a pas respecté la Charte de Munich, sa propre charte éditoriale et ses bonnes pratiques, qui imposent de vérifier l'exactitude des informations. La tribune de 2021, accessible publiquement, ne mentionne pas Pellizzari, et l'AFP aurait dû le confirmer avant de relayer une source non vérifiée (L'Essor).
- Erreurs factuelles : la dépêche associait à tort Pellizzari à la tribune et insinuait que sa plainte à la CJR avait été « classée sans suite », alors qu'elle avait été déclarée irrecevable, car relevant du ministère public. France-Soir précisait que Pellizzari considérait sa radiation comme une « mesure de représailles » liée à cette plainte, et non à la tribune.
- Manquement contractuel : en vertu de l'article 4.2 du contrat d'abonnement liant France-Soir à l'AFP, l'agence est tenue de corriger les erreurs signalées par ses abonnés. France-Soir avait notifié ces erreurs dès le 25 avril 2025, sans réponse satisfaisante.
- Propagation de l'erreur : la dépêche, reprise par des médias comme Le Parisien, a amplifié le préjudice en raison des restrictions contractuelles empêchant les abonnés de modifier le contenu de l'AFP.
France-Soir indiquait avoir l'intention de saisir les tribunaux en référé si l'AFP ne diffusait pas une dépêche rectificative et n'autorisait pas la modification de l'article initial.
La révision de l'AFP
Face à cette pression, l'AFP a publié une dépêche révisée le 9 mai 2025, précisant que le général Pellizzari n'avait pas signé la tribune de 2021 et que sa radiation était liée à sa plainte déposée en 2024 à la CJR, qu'il considère comme la véritable cause de sa sanction.
Cette plainte, qui dénonçait la cession d'équipements militaires à l'Ukraine, n'a pas été classée sans suite, mais déclarée irrecevable, Pellizzari ayant ensuite mis en demeure le procureur général d'engager des poursuites.

Implications et suites
Cet incident met en évidence les défis auxquels sont confrontés les médias dans la vérification des informations et le respect des obligations contractuelles envers leurs abonnés. La révision de l'AFP, bien que tardive, répond partiellement aux demandes de France-Soir, mais le général Pellizzari, qui conteste sa radiation devant le Conseil d'État, continue de dénoncer une sanction qu'il juge illégale. Par ailleurs, la publication des droits de réponse de Pellizzari dans Le Parisien (6 mai 2025) et L'Essor (7 mai 2025) ainsi que d'autres médias comme La Voix du Nord (9 mai 2025) a renforcé la visibilité de ses arguments.
Cette affaire, relayée par France-Soir dans un article du 7 mai 2025 intitulé « Quand l'AFP et les médias trahissent leur devoir d'informer : le droit de réponse du Général Pellizzari », illustre les enjeux cruciaux de la responsabilité éditoriale et de la transparence dans le journalisme, tout en soulignant le rôle des recours juridiques pour corriger les erreurs médiatiques.
Outre les droits de réponses qu'ils devront publier, les médias, y compris le Parisien et L'Essor devront donc également modifier le contenu de leurs articles qui contenaient des erreurs factuelles