John Wight
Israël est moins un État qu'une expérience de suprématie ethnique. La mort, et non la vie, est son leitmotiv. Par une ironie sinistre, alors que nous commémorons le 80e anniversaire du Jour de la Victoire en Europe, Hitler triomphe dans les actions des dirigeants israéliens.
Benjamin Netanyahou et sa clique d'extrémistes sionistes meurtriers sont totalement et criminellement imperméables aux souffrances extrêmes du peuple palestinien - y compris des femmes et des enfants - au nom de la civilisation occidentale. C'est ainsi qu'il faut comprendre l'injustice flagrante de ces 19 derniers mois.
Non content d'avoir réduit la bande de Gaza à l'état de ruines et sa population à un état de détresse abjecte, l'État colonisateur d'Israël - qui est entré dans sa période de folie - a maintenant déclaré son intention de « capturer » Gaza et de la nettoyer de sa population. Tout cela, bien sûr, au nom supposé de la destruction du Hamas.
Un extrémiste dans un costume taillé sur mesure reste un extrémiste - et en Israël, l'extrémisme a été autorisé à prospérer au nom de la vengeance d'un judéocide européen dans lequel le peuple de Palestine n'a joué aucun rôle.
En clair, Israël n'a pas sa place dans le domaine des affaires humaines, tandis que le sionisme n'a pas sa place dans le domaine des affaires juives. Le premier est l'enfant bâtard de la conception perverse qu'avait Hitler de la race humaine, tandis que le second est la preuve que nous restons, en tant qu'espèce, à jamais emprisonnés entre les murs de la turpitude idéologique.
Si l'on va plus loin, on constate qu'à certains moments de l'histoire, les actions et les modes d'existence de certains États ont réfuté l'idée que l'histoire de l'humanité avait suivi un modèle de progrès ininterrompu. En remontant jusqu'à l'Antiquité, on constate que le meurtre en tant que vertu et la justice en tant que vice ont régulièrement battu en brèche cette idée.
Les Hilotes d'Israël
Parmi les premiers exemples, on trouve les célèbres cités-États de Sparte et d'Athènes dans la Grèce antique. Sparte, aux yeux des historiens, est considérée comme remarquable pour l'esprit martial de son peuple - les vies ascétiques et simples qu'ils menaient pour renforcer l'esprit, le corps et l'âme.
On parle moins des Hilotes, un peuple grec jugé inférieur en termes de caste et de caractère et réduit en esclavage par les Spartiates, condamné à les servir sous peine de mort. La polis spartiate déclarait la guerre aux Hilotes chaque automne, ce qui permettait de les tuer et de les maltraiter, à l'instar des massacres périodiques de Palestiniens à Gaza, perpétrés par Israël pour « tondre la pelouse ».
De même, la démocratie athénienne est toujours considérée aujourd'hui comme la pierre angulaire de toutes les sociétés et politiques démocratiques. Cette grande expérience de pouvoir populaire, nous dit-on, s'est distinguée de toutes les autres lorsqu'il s'est agi de libérer de grands penseurs, philosophes et bâtisseurs.
Ce que l'on remarque moins, c'est qu'à son apogée historique, plus de la moitié de la population d'Athènes était constituée d'esclaves dont l'expérience vécue était celle d'untermenschen, maltraités en conséquence.
La Confédération américaine, l'Allemagne nazie, la Rhodésie blanche, l'Afrique du Sud sous le régime de l'apartheid, tous ces États appartiennent à la catégorie malveillante des États fondés sur la suprématie raciale, religieuse, culturelle et/ou ethnique.
L'État d'Israël d'aujourd'hui en est sans doute l'exemple le plus flagrant. C'est précisément parce que les autres existent aujourd'hui comme un avertissement de barbarie et de massacre fou, conséquence inévitable de l'existence d'un tel État.
Les Palestiniens d'aujourd'hui sont les Hilotes de la Sparte d'Israël. Ils ont été condamnés en tant que peuple à exister dans la boue et à être piétinés à volonté. Le résultat est l'extermination d'enfants sous les yeux du monde entier.
Les cris des enfants massacrés par les nazis à Auschwitz ne se distinguent pas des cris des enfants massacrés à Gaza.
L'océan de sang palestinien versé depuis 1948 constitue une mise en accusation féroce d'une communauté internationale - un code fastidieux pour désigner l'Occident collectif - qui opère non pas sur la base du droit international, mais sur le principe de la loi du plus fort. À cet égard, nous, Occidentaux, ne sommes que des sauvages pour qui la fronde a été remplacée par le F-16 et le char d'assaut Merkava.
Cette conception tordue d'un monde façonné par la force et la hiérarchie raciale a produit des monstres tout au long de l'histoire.
Netanyahou et son équipe fasciste de fanatiques frénétiques ne sont que les derniers d'une longue lignée. Il prétend inlassablement agir au nom des victimes juives de l'Holocauste nazi avec la campagne militaire d'Israël à Gaza.
En réalité, les actions de son régime et de son armée l'ont placé, lui et eux, plus près des gardes que des détenus des camps d'Hitler.
En d'autres termes, lorsque vous répondez à un génocide par un autre génocide, vous devenez précisément ce que vous prétendez combattre.
En fin de compte, l'assaut meurtrier d'Israël contre la population de Gaza - avec le plein soutien matériel, diplomatique et politique de l'Occident collectif - équivaut à assister à un chien enragé arrachant la chair des os de ce que beaucoup se sont permis de croire comme un monde digne d'être vécu.
Ce n'est pas le cas.
Au contraire, c'est un monde qui n'a rien appris et qui a tout oublié en ce qui concerne l'histoire et l'héritage barbares de la race humaine.
Israël, et non la Palestine, a perdu son droit à l'existence. Israël, et non la Palestine, a sa place dans un musée.
Terminons par les paroles glaçantes et prophétiques de Primo Levi, détenu juif à Auschwitz, dont la survie a été un cadeau non seulement pour lui-même, ses proches et ses amis, mais aussi pour tout le monde.
Levi :
« Un nouveau fascisme - avec son cortège d'intolérance, d'abus et de servitude - peut naître en dehors de notre pays et y être importé, marchant sur la pointe des pieds et se faisant appeler par d'autres noms, ou bien il peut se déchaîner de l'intérieur avec une telle violence qu'il met en déroute toutes les défenses... Même dans cette éventualité, le souvenir de ce qui s'est passé au cœur de l'Europe, il n'y a pas si longtemps, peut servir de soutien et d'avertissement. »
L'avertissement dont parlait Primo Levi est manifestement et malheureusement resté lettre morte. L'État ethno-fasciste d'Israël en 2025 ne laisse planer aucun doute à ce sujet.
John Wight
auteur de Gaza Weeps, 2021
traduction "ouais, c'est comme ça qu'il faut leur parler" par Viktor Dedaj avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles