Par Story Ember leGaïe, le 4 mai 2025
Une personnalité israélienne authentifiée appelle à l'extermination massive à Gaza - Étude de cas juridique anotée.
Le 3 mai 2025, Elad Baruchi, une personnalité publique israélienne reconnue, a publié un message sur X (anciennement Twitter) appelant explicitement et sans ambiguïté à l'anéantissement des 2,6 millions d'habitants palestiniens de Gaza. Inscription en hébreu, puis traduite et largement diffusée, cette déclaration prône non seulement le massacre, mais le présente comme un impératif moral, une nécessité militaire et une justification historique.
(Message complet ci-dessous)
Il ne s'agit pas de l'expression politique légitime ou de la rhétorique de guerre. Il s'agit d'une incitation directe et publique au génocide, telle que définie à la fois dans la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide ("Convention sur le génocide") et dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).
La déclaration de Baruchi est donc non seulement politiquement condamnable, mais elle est également criminelle au regard du droit international.
I. Définition juridique et classification : génocide et incitation au génocide
La Convention sur le génocide (résolution 260 (III) A de l'Assemblée générale des Nations unies, 1948) définit le génocide à l'article II comme suit :
"[...] les actes commis avec l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux [...]".
Le message en question contient de multiples indices de mens rea (intention génocidaire) et appelle à des actus reus (actes génocidaires) spécifiques, notamment :
- Tuer des membres du groupe
- Causer des atteintes graves à l'intégrité physique ou mentale
- Soumettre intentionnellement le groupe à des conditions d'existence entraînant sa destruction physique
En outre, l'article III(c) de la Convention sur le génocide criminalise :
"L'incitation directe et publique à commettre le génocide".
Cette disposition a été examinée et confirmée par des tribunaux internationaux. Notamment :
- TPIR, Procureur c. Ferdinand Nahimana et al. (2003), a condamné des responsables de médias rwandais pour avoir incité au génocide par le biais de médias audiovisuels en utilisant un langage déshumanisant et en appelant à la violence, même s'ils n'ont pas eux-mêmes commis les meurtres.
- TPIY, Le Procureur c. Vojislav Šešelj (2018) a confirmé que les discours publics n'ont pas besoin d'être suivis d'un génocide pour constituer une infraction punissable : c'est l'acte d'incitation, et non le résultat, qui est criminalisé.
Dans le message de Baruchi, tous les éléments constitutifs sont réunis :
- Diffusion publique : Publié sur une plateforme à portée mondiale.
- Groupe visé : Les Palestiniens de Gaza, un groupe national et ethnique soumis à un blocus.
- Appel à la destruction : expressions telles que "ils méritent la mort", "pas de pitié", "chambres à gaz" et "un Holocauste à Gaza".
- Déshumanisation : les Palestiniens sont qualifiés de "nazis", de "vermine", de "criminels" et d'"animaux".
- Violence sexiste : les femmes sont explicitement visées pour leur capacité de reproduction ("Même les femmes engendrent des terroristes").
II. Gaza, population civile protégée sous occupation
La population palestinienne de Gaza est considérée comme une population protégée au titre de la quatrième Convention de Genève (1949), en particulier ses articles 27 à 34 et 47 à 78. Malgré ses déclarations de désengagement, Israël exerce un contrôle effectif sur les frontières, l'espace aérien, les télécommunications et l'accès à l'aide humanitaire de Gaza. Il est donc une puissance occupante au sens du droit international humanitaire (DIH). Ceci est confirmé par :
- le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA)
- le Comité international de la Croix-Rouge (CICR)
- les rapports du Conseil des droits de l'homme des Nations unies (par exemple, A/HRC/49/83, 2022)
Le ciblage délibéré et public d'une population civile, en particulier des enfants (50 % de la population de Gaza a moins de 18 ans), constitue une violation grave des Conventions de Genève, pouvant être qualifiée de :
- Crimes de guerre au sens de l'article 8 du Statut de Rome
- Crimes contre l'humanité au sens de l'article 7
- Génocide au sens de l'article 6
III. Contextualisation de l'intention génocidaire : schémas structurels et discursifs
Depuis le 7 octobre 2023, l'assaut israélien sur Gaza a fait des dizaines de milliers de morts, selon des sources documentées, mais des analyses indépendantes indiquent que le nombre réel est nettement plus élevé en raison des cadavres enfouis sous les décombres, des victimes non enregistrées et des fosses communes. Au-delà de la violence physique, la destruction systématique des infrastructures médicales, les conditions de famine imposées et l'obstruction de l'aide humanitaire ont créé un environnement mortel où la survie elle-même est criminalisée. Il ne s'agit pas de conséquences collatérales, mais de manifestations d'une politique délibérée de l'État. L'intention n'est pas seulement militaire, elle est structurelle, infrastructurelle et discursive : il s'agit d'une campagne coordonnée visant à démanteler les conditions de vie des Palestiniens à Gaza et à normaliser ce démantèlement par une rhétorique déshumanisante et l'impunité juridique.
Le message d'Elad Baruchi n'est pas une exception. Il s'inscrit dans une continuité :
- La déclaration du ministre de la Défense Yoav Gallant en octobre 2023 qualifiant les Palestiniens d'"animaux humains" devant être "privés d'électricité, de nourriture et d'eau".
- Les remarques du président Isaac Herzog en novembre 2023 rejetant la distinction entre civils et combattants à Gaza.
- Les déclarations de membres de la Knesset préconisant "d'effacemer" ou "de raser" Gaza.
Ces déclarations constituent un ensemble d'incitations cumulatives s'inscrivant dans le cadre du "génocide discursif", tel que théorisé par des chercheurs comme Mahmood Mamdani (2001) et Sherene Razack (2004). Dans ce cadre, l'effacement systématique du statut de civil et l'assimilation de l'identité ethnique ou nationale à une culpabilité collective constituent les conditions idéologiques préalables à la violence exterminatrice.
IV. Le rôle des plateformes numériques : complicité et responsabilité
Les plateformes de réseaux sociaux telles que X (Twitter) ne sont pas des vecteurs neutres lorsqu'elles permettent à l'incitation au génocide de circuler librement. En vertu des Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme (UNGPs), les plateformes numériques ont la responsabilité de prévenir, d'atténuer et de remédier aux violations des droits humains liées à leurs services.
Étant donné que X a déjà suspendu ou censuré des comptes palestiniens, tout en laissant des publications telles que celle de Baruchi accessibles au public et amplifiées, la plateforme se rend potentiellement complice de la diffusion de propagande génocidaire.
Des juristes tels que David Kaye (ancien rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d'expression) ont mis en garde contre la "militarisation de la parole" et la nécessité d'une réglementation internationale de la responsabilité des plateformes dans le contexte des crimes atroces.
L'inaction face à de tels contenus peut constituer une responsabilité contributive au regard de la jurisprudence internationale en matière de droits humains, en particulier lorsque la suppression est appliquée de manière asymétrique à l'encontre de la population victime.
V. Documenter et exiger des comptes
Le message d'Elad Baruchi est :
- Archivé publiquement et vérifiable
- Traduit et conservé sur différentes plateformes
- S'inscrit dans un discours génocidaire
Il doit être inclus dans les soumissions à la Cour pénale internationale, à la Cour internationale de justice (CIJ), à la Commission d'enquête des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés et à tout tribunal indépendant ou commission vérité établi pour enquêter sur les atrocités commises à Gaza.
Ne pas documenter et poursuivre cette affaire représente non seulement un manquement juridique, mais aussi un effondrement moral de l'ordre international de l'après-Seconde Guerre mondiale, fondé sur la promesse "Plus jamais ça".
Il est temps de clarifier la situation juridique
Ce qu'Elad Baruchi a publié le 3 mai 2025 n'est pas de la liberté d'expression au sens du droit international. Il ne s'agit pas d'un exutoire en temps de guerre ni d'une hyperbole politique. Il s'agit d'une incitation claire, délibérée et publique au génocide, visant un groupe national sans État et assiégé.
Pour les spécialistes du génocide, les juristes et les défenseurs des droits humains, le moment est venu :
- de nommer le crime pour ce qu'il est : une incitation au génocide
- d'archiver et d'annoter juridiquement ce discours
- d'exiger que les acteurs étatiques et privés rendent des comptes
- d'utiliser tous les mécanismes du droit international pour mettre fin à la campagne d'extermination en cours
Il ne s'agit pas de spéculations. C'est une réalité. C'est documenté. Et c'est un crime.
Pour que justice soit faite, nous devons commencer par nommer le crime. Il s'agit d'une incitation au génocide. Que cela soit consigné et que ses auteurs soient poursuivis.
Message original en hébreu publié par Elad Baruchi
Message original archivé : archive.ph Date : 3 mai 2025 Plateforme : X (anciennement Twitter) Nom d'utilisateur : @ldbry3 (Elad Baruchi) Langue : hébreu (source non traduite) Type de contenu : déclaration publique contenant une incitation directe et explicite au génocide.
Traduction officielle du message d'Elad Baruchi (original en hébreu)
Message original archivé : archive.ph Date : 3 mai 2025 Plateforme : X (anciennement Twitter) Nom d'utilisateur : @ldbry3 (Elad Baruchi)
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à l'équipe d'Uvda et à Ilana Dayan. (Même si je suis son fils et que je ne suis pas d'accord, ce soir, je lui suis très reconnaissant). J'ai regardé l'épisode d'Uvda sur Eli Sharvit, revenu de captivité aux mains du Hamas, et j'ai simplement pleuré de joie. Merci, Ilana, de nous avoir donné l'occasion de nous rapprocher une fois de plus du visage des nazis de Gaza. Et je pose la question : Qui donc donc ceux qui ne reconnaissent pas les nazis de Gaza, à commencer par le chef d'état-major de l'armée israélienne ? Qui enseigne le droit et la compassion envers ces nazis ? Quel est l'imbécile qui prétend qu'il y a des "innocents" à Gaza ? Quel est le scélérat qui veut les laisser partir librement en Jordanie, en Arabie ou en Europe ? Il y a 2,6 millions de terroristes à Gaza. Leur sentence : la mort ! À mort ! À mort ! Hommes, femmes et enfants, oui, les enfants aussi ! Qu'ils meurent d'une mort terrible, dans la haine. Oui, relisez bien : dans la haine ! Dans les chambres à gaz ! Dans les fosses communes ! Et toute autre forme de mort cruelle pour ces Égyptiens [sic]. Pas de pitié. Pas de complaisance. Écrasez-les. Brûlez-les. Massacrez-les. Noyés. Déchiquetés. Écrasés. Détruisez-les sans pitié. Que les enfants et les parents tiennent les corps de leurs enfants avant d'être eux-mêmes condamnés à mort. Puis montrez cela au monde entier. Tous comprendront le message et pourront répondre avec "empathie" et autres absurdités. C'est un pur plaisir de détruire votre mémoire défaillante sur les dangers depuis longtemps oubliés. Avec la puissance de l'intervention d'Eli Sharvit, aux exécutions ordonnées par Harash et Uri, avec les chansons d'Ariel et les vautours du village. Et d'autres histoires horribles racontées par ceux qui ont été capturés. Qui est l'homme courageux parmi les captifs ? Comme la décision a été prise d'un holocauste total contre Gaza, où le sang sera versé dans la joie. Les shofars seront échangés, l'organisation de l'Holocauste se mettra en place et ensuite ils brûleront. #PartagezDansChaqueMessageÀGaza
Format de transcription des preuves (Archives Genospectra Juris)
Auteur : Elad Baruchi Compte vérifié : Oui Date : 3 mai 2025 Plateforme : X (anciennement Twitter) Langue : hébreu (traduit en anglais) Type de violation : incitation publique au génocide, directe et explicite, visant un groupe protégé
Lois pertinentes :
• Article II de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (Convention sur le génocide)
• Article III(c) : Incitation directe et publique à commettre un génocide
• Statut de Rome de la CPI, article 25(3)(e)
• Code pénal israélien §144 (Incitation à la violence ou au terrorisme)
Résumé des principales déclarations indiquant une intention génocidaire
Le message d'Elad Baruchi contient de nombreuses déclarations remplissant les critères juridiques de l'incitation directe et publique au génocide au sens de l'article III(c) de la Convention sur le génocide. Les déclarations suivantes sont particulièrement révélatrices d'une intention génocidaire, démontrant à la fois le mobile et la méthode de la destruction ciblée d'un groupe national, à savoir les Palestiniens de Gaza.
- "Il y a 2,6 millions de terroristes à Gaza. Leur sentence : la mort !
- Cette déclaration gomme toute distinction entre civils et combattants, qualifiant l'ensemble de la population de Gaza de terroristes et appelant à leur exécution massive. Il s'agit d'une justification globale de l'extermination.
- "Hommes, femmes et enfants, oui, les enfants aussi !"
- Cette phrase inclut explicitement les enfants parmi les cibles légitimes à tuer, éliminant toute possibilité d'interprétation erronée. Elle démontre le soutien de l'auteur à la destruction délibérée d'un groupe protégé dans son ensemble, et non d'une partie seulement.
- "Qu'ils meurent d'une mort horrible, dans la haine... dans les chambres à gaz !".
- Ici, l'auteur ne se contente pas de prôner la mort, mais appelle à des formes d'exécution cruelles et symboliques, invoquant les tactiques d'extermination de l'époque de l'Holocauste comme des outils souhaitables. Cela représente non seulement un fantasme génocidaire, mais aussi l'adoption d'atrocités historiques comme modèle.
- "Dans les fosses communes ! Brûlés. Massacrés. Déchiquetés. Écrasés".
- L'auteur envisage plusieurs modes de mort, tous violents et déshumanisants, renforçant ainsi une vision globale du massacre. Ces expressions reflètent des méthodes associées à des actes connus de génocide et de crimes contre l'humanité.
- "Puis montrez cela au monde... Tous pourront répondre avec empathie et autres absurdités".
- Cette phrase se moque des cadres relatifs aux droits de l'homme et exprime un mépris pour les préoccupations juridiques et éthiques, révélant une mentalité qui considère le génocide non pas comme un crime, mais comme un acte nécessaire injustement entravé par les normes internationales.
- "Un holocauste total contre Gaza... où le sang sera versé dans la joie".
- Cette déclaration est peut-être la plus accablante, car elle présente la destruction totale de Gaza comme un événement festif. Le recours au terme "holocauste" confirme que l'auteur est conscient des parallèles historiques et revendique intentionnellement ce terme comme un modèle à imiter.
- "#PartagezDansChaqueMessageàGaza »
- Cette dernière phrase est un appel direct à la diffusion de propagande génocidaire dans tout le territoire assiégé. Elle renforce l'idée que cet acte verbal n'est pas l'expression d'une frustration personnelle, mais s'inscrit dans un projet idéologique organisé visant à inciter à la participation ou à la complicité de masse.
Dans leur ensemble, ces déclarations ne constituent pas une hyperbole émotionnelle ou une rhétorique abstraite, mais des appels directs et systématiques à la violence génocidaire. Elles reflètent non seulement l'intention individuelle de l'auteur, mais aussi un environnement rhétorique plus large dans lequel le massacre de masse est publiquement rationalisé, exigé et glorifié.
Annotation pour les archives juridiques :
Ce message constitue une preuve évidente d'incitation directe et publique au génocide. L'utilisation d'un langage explicitement exterminateur, la désignation d'un groupe national (les Palestiniens de Gaza) et la célébration de la violence contre les femmes et les enfants remplissent tous les critères juridiques prévus par le droit international. Il reflète également les discours utilisés durant les génocides rwandais, bosniaque et rohingya, qui ont ensuite été utilisés comme éléments de preuve de premier ordre dans des procès internationaux.
Ce document doit être conservé, cité et soumis devant tous les tribunaux saisis de poursuites pour crimes contre le peuple palestinien.
Source archivée et élément de preuve original
Titre de la publication : Elad Baruchi incite au génocide contre les Palestiniens de Gaza Date de publication : 3 mai 2025 Plateforme : X (anciennement Twitter) Nom d'utilisateur : @ldbry3 (Elad Baruchi) Langue : hébreu Statut : accessible au public au moment de la capture ; non censuré Lien archivé : archive.ph Capture d'écran de la publication originale : (incluse ci-dessous à des fins de conservation des preuves)
Classé sous : Documentation sur le génocide |Gaza |Droit pénal international |Incitation |Violence coloniale |Complicité des plateformes
Références
Mamdani, Mahmood.
When Victims Become Killers: Colonialism, Nativism, and the Genocide in Rwanda.
Princeton University Press, 2001.
Un ouvrage fondamental qui explore comment les catégorisations coloniales et le discours politique créent les Conditions propices au génocide, y compris la déshumanisation rhétorique de populations entières.
Razack, Sherene H.
« Dark Threats and White Knights: The Somalia Affair, Peacekeeping and the New Imperialism ».
University of Toronto Press, 2004.
Cet ouvrage examine comment les armées occidentales justifient la violence racialisée par des récits qui réduisent des groupes entiers à des menaces, permettant ainsi le détachement moral et les meurtres systématiques.
Razack, Sherene H.
« Casting Out: The Eviction of Muslims from Western Law and Politics ».
University of Toronto Press, 2008.
Cette étude explore la manière dont le discours juridique et politique dépeint les populations musulmanes comme intrinsèquement dangereuses, jetant ainsi les bases idéologiques d'une violence sanctionnée par l'État.
Traduit par Spirit of Free Speech
The Genospectra Lens
Documented Intent: A Legal Case of Public Incitement to Genocide in Gaza
On May 3, 2025, Elad Baruchi, a verified Israeli public figure, published a post on X (formerly Twitter) that explicitly and unambiguously calls for the annihilation of Gaza's 2.6 million Palestinian...