Par Nicolas Bonnal
Le film 13 Hours du cinéaste néo-con Michael Bay nous avait fait comprendre, après les évènements (ou non-événements) de Benghazi les modifications structurelles de l'appareil de domination mondialiste-américaine ;
ce film expliquait plutôt mal pourquoi on avait laissé lyncher et assassiner le pauvre ambassadeur américain en Libye (gare au Donald…)
On armerait les alliés (Israël, l'Ukraine), mais on ne se battrait plus. On n'avait plus assez d'hommes pour cela, compétents et entraînés et désireux surtout de mourir pour le pays. On quittait donc le monde solide de Guénon et on allait entrer dans un monde liquide où tout reposerait sur la monstrueuses force des marchés financiers et des fonds de pension US qui sèment sur fond d'idéologie néo-communiste la famine et le Reset partout où ils passent. Larry Fink est devenu notre nouvel Attila, notre nouveau Curtis LeMay. Il n'y a qu'à voir ce que Fink et ses sbires obéissants (LVMH, Hidalgo, Leyen) ont fait en quelques années de l'Europe ou de Paris pour comprendre. Et pas de sainte Geneviève à l'horizon… Marc Carney (banquier central et Goldman Sachs) au Canada, Macron (décidément indéboulonnable) ou Mertz, simple agent de Black Rock, vont mettre tout le monde d'accord. Avachie et sous hypnose comme prévu par Philip K. Dick la population ne réagit plus.
Tyler Durden nous rappelle l'essentiel : la domination financière US est totale, elle est énorme. La cotisation US (les actions montent jusqu'au ciel, contrairement aux prédictions de tous nos pessimistes qui attendaient un effondrement) représente 50% de la valorisation mondiale. 50% pour les USA, 12% pour la Chine, idem pour l'Europe, le reste se répartissant le peu qui reste. Cent milliardaires contrôlent sans effort toute cette masse financière et autoritaire. Rathenau…
Cette toute-puissance ne peut être politiquement contrebalancée puisque 40% des actions appartiennent aux bourgeoisies des pays dits des Brics dont l'idéologie est de toute manière la même que celle des occidentaux. Le 9 mars, on a donc droit à une piqure de rappel :
Les États-Unis dominent toujours le marché boursier mondial de 124 000 milliards de dollars
La domination américaine sur le marché boursier mondial est sans égal, et sa part n'a fait que croître au cours des deux dernières années.
La surperformance du S&P 500 a contribué à la position de leader des États-Unis, avec un rendement moyen composé de 14,8 % au cours de la dernière décennie. Les actions mondiales, représentées par l'indice MSCI ACWI (hors États-Unis), ont enregistré un rendement de 7 % en comparaison.
L'article poursuit :
La valeur du marché boursier américain est à peu près égale à celle de toutes les autres régions réunies, englobant 6 062 entreprises évaluées collectivement à 60 100 milliards de dollars.
Fin décembre 2024, la capitalisation boursière des Sept Magnifiques – Apple, Microsoft, Alphabet-Google, Nvidia, Amazon et Meta Platforms – s'élevait à plus de 18 400 milliards de dollars, soit près de 30 % de l'ensemble du marché boursier américain. L'année dernière, ces entreprises ont alimenté plus de la moitié des rendements du S&P 500. Cette année, c'est l'inverse, alimentant le ralentissement économique puisqu'elles ont perdu plus de 2 500 milliards de dollars…
La Chine est le deuxième marché boursier du monde, avec une valeur de 15 600 milliards de dollars répartie sur 7 061 sociétés cotées en bourse. Si Tencent et Alibaba sont les plus grandes entreprises en termes de capitalisation boursière, plusieurs sociétés financières jouent un rôle dominant sur le marché boursier chinois.
Tyler rajoute :
Avec une capitalisation boursière de 5 200 milliards de dollars, le marché boursier indien est désormais plus important que celui du Royaume-Uni et de l'Amérique latine réunis. En 2024, environ 20 % des ménages détenaient des actions, contre seulement 7 % en cinq ans seulement. Il convient de noter que la croissance économique rapide du pays et sa transformation numérique ont fait grimper les actions de 80 % au cours de la période. En revanche, les marchés émergents ont augmenté de 6 %.
J'ai souvent évoqué Tulsa Doom dans Conan. Il croyait au fer, et il n'y croit plus. Il croit au maniement de l'esprit et c'est pourquoi il pousse une de ses belles à se suicider devant Conan (voyez la France ou l'Allemagne, toujours plus caricaturales).
Tulsa Doom peut même tolérer un monde multipolaire, dominant l'esprit et non plus la chair ou le fer. Les mêmes principes sur fond de fausse guéguerre fonctionnent partout : voyez les textes formidables et courageux de Slavsquat sur la Russie et sur les Brics. Laurence Guillon vient aussi d'expliquer la décision russe de liquider le patrimoine culturel. Les mêmes recettes sont appliquées partout (euro numérique en octobre), alors pourquoi user des armes et d'un commandement pyramidal ?
L'informatique permet de le décentraliser en étant plus ubiquitaire chaque fois. C'est du Tocqueville : délaisser le corps, et aller doit à l'âme ; et gouverner par le détail…
J'affirme qu'il n'y a pas de pays en Europe où l'administration publique ne soit devenue non seulement plus centralisée, mais plus inquisitive et plus détaillée ; partout elle pénètre plus avant que jadis dans les affaires privées ; elle règle à sa manière plus d'actions, et des actions plus petites, et elle s'établit davantage tous les jours à côté, autour et au-dessus de chaque individu, pour l'assister, le conseiller et le contraindre.
Tocqueville ajoute cette phrase ignorée :
L'on oublie que c'est surtout dans le détail qu'il est dangereux d'asservir les hommes…
O zones à faible émission…
Restons dans le cinéma puisque Tyler nous y invite avec ses sept magnifiques, pas très perturbés par l'intelligence artificielle chinoise : dans Roller ball l'effrayant John Houseman (associé d'Orson Welles, communiste et surtout grand spéculateur devant l'Eternel) nous disait que les nations étaient « bankrupt, gone ». C'est parfaitement vrai. Trump fait semblant d'y croire comme d'autres avant lui. Mais en 1989 Guy Debord nous prévenait déjà :
Non seulement on fait croire aux assujettis qu'ils sont encore, pour l'essentiel, dans un monde que l'on a fait disparaître, mais les gouvernants eux-mêmes souffrent parfois de l'inconséquence de s'y croire encore par quelques côtés. Il leur arrive de penser à une part de ce qu'ils ont supprimé, comme si c'était demeuré une réalité, et qui devrait rester présente dans leurs calculs. Ce retard ne se prolongera pas beaucoup.
La bourse ou la vie, disait-on. En effet la bourse (l'informatique donc) et le marché (Attali-Attila va être content) vont abolir la liberté puis la vie et les humains d'un seul coup, en prétextant sans rire le racisme, le carbone ou la pollution. La magie opérative de l'informatique (cf. nos textes sur Reich et les «manipulateurs de symboles») fait effet, hypnotise les peuples ou ce qu'il en restait (rien en Europe, on est d'accord) et les anesthésie fabuleusement. Ce troupeau endormi évoque les marionnettes de bois de Guénon, manipulées par un Esprit supérieur. On le cite :
Il y est question d'une cité entièrement peuplée d'automates en bois, qui se comportent en tout comme des êtres vivants, sauf qu'il leur manque la parole ; au centre est un palais où réside un homme qui est l'« unique conscience » (êkakam chêtanam) de la cité et la cause de tous les mouvements de ces automates qu'il a fabriqués lui-même ; et il y a lieu de remarquer que cet homme est dit être un charpentier, ce qui l'assimile à Vishwakarma, c'est-à-dire au Principe divin en tant qu'il construit et ordonne l'Univers.
Il va de soi que nous sommes dans la grande parodie, dans le cadre d'une déstructuration totale des religions et que tout cela va nous mener beaucoup moins loin que prévu.
Nicolas Bonnal
Image en vedette : Capture d'écran du film 13 Hours.
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La source originale de cet article est Le Saker francophone
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Par Nicolas Bonnal