par Faouzi Oki
La France a vendu pour 2 millions d'euros de composants électronique à Israël
Des dockers français et italiens ont refusé dernièrement de charger des cargaisons d'armes destinées à Israël affirmant qu'ils ne seront pas complices du génocide actuel à gaza.
Les agences d'investigation françaises et irlandaises Disclose et The Ditch ont révélé le 4 juin 2025 qu'un porte-conteneurs, le ZIM Contship Era, devait transiter par le port de Fos-sur-Mer à Marseille pour embarquer secrètement 14 tonnes de pièces détachées pour fusils mitrailleurs fabriquées par la société marseillaise Eurolinks à destination d'une entreprise d'armement israélienne. Il était prévu qu'il arrive aux ports de Gênes et de Salerne en Italie avant de se diriger vers Haïfa en Palestine occupée.
Il s'agit du troisième envoi de ce type depuis Marseille vers Israël en 2025, après des transferts similaires les 3 avril et 22 mai, tous deux impliquant des fournitures militaires utilisées pour prolonger le génocide en cours contre les Palestiniens à Gaza. Dans un communiqué publié le 4 juin, le syndicat général CGT des ouvriers dockers et des personnels portuaires du golfe de Fos a déclaré :
«Le port de Marseille-Fos ne doit pas servir à alimenter l'armée israélienne. Les dockers et le personnel portuaire ne participeront pas au génocide en cours. Nous défendons la paix entre les peuples et nous opposons à toutes les guerres qui engendrent la mort, la misère et les déplacements».
L'équipement, y compris les ceintures Eurolink utilisées dans les mitrailleuses IWI Negev, était apparemment destiné à «Israel Military Industries», une filiale d'«Elbit Systems», l'un des plus grands fabricants d'armes de l'entité sioniste.
L'action des travailleurs portuaires français a suscité la solidarité en Italie. Les travailleurs du port de Gênes, informés par leurs collègues français et regroupés au sein du Collectif autonome des travailleurs portuaires (CALP), ont annoncé leur intention d'empêcher le ZIM Contship Era d'accoster à son arrivée à Gênes. «Nous nous opposons à toutes les guerres et refusons d'être complices du génocide à Gaza», a déclaré le CALP. En outre, ils ont appelé à une grève générale le 20 juin sous le slogan «Disarmiamoli» («Désarmez-les»), ciblant ce qu'ils décrivent comme la militarisation croissante des ports européens et la complicité dans les transferts d'armes.
Des enquêtes antérieures révèlent que la France a approuvé la livraison d'au moins 100 000 pièces de fusil à Israël fin 2023. Selon des enquêtes effectuées En juin 2024, des journalistes d'investigation ont publié des documents classifiés montrant que la France avait autorisé des exportations de drones produits par Thales, qui ont été utilisés lors de frappes à Gaza. Entre 2018 et 2023, la France a vendu pour 2 millions d'euros de composants électroniques et de systèmes de communication à des drones israéliens.
Le navire Contship Era de la compagnie israélienne «Zim» était attendu jeudi 5 juin au port de Fos-sur-Mer. Sa mission : embarquer 19 palettes contenant 14 tonnes de pièces détachées pour fusils mitrailleurs, avant de repartir le soir même vers l'Italie puis Haïfa, en Israël. Ces composants, appelés maillons, sont fabriqués à Marseille par l'entreprise française Eurolinks. Ils servent à relier les balles d'armes automatiques et ont été commandés par Israel Military Industrie (IMI), filiale du géant de l'armement «Elbit Systems», qui se présente comme le fournisseur exclusif des forces israéliennes de défense.
Trois expéditions depuis janvier 2025
Cette livraison constitue la troisième expédition de ce type entre la France et Israël depuis janvier 2025. Le 3 avril dernier, près de 20 tonnes de marchandises avaient déjà été expédiées vers IMI. Le 22 mai, c'est deux millions de maillons qui avaient pris la direction d'Israël, dont un million de M9 pour armes lourdes et un million de M27 compatibles avec la mitrailleuse «Negev 5», utilisée par l'armée israélienne à Gaza. Cette dernière arme a notamment été employée lors du «massacre de la farine» du 29 février 2024, où plus d'une centaine de civils palestiniens ont été tués près d'un convoi humanitaire.
Face à ces révélations, le syndicat CGT des dockers de Fos-sur-Mer a annoncé que le conteneur d'Eurolinks avait été mis de côté et qu'ils ne le chargeraient pas sur le navire. «Les dockers et portuaires du Golfe de Fos ne participeront pas au génocide en cours orchestré par le gouvernement israélien», précise leur communiqué.
Ces livraisons s'inscrivent dans un contexte de polémique sur les exportations d'armes françaises vers Israël. En mars 2024, après les premières révélations sur ces expéditions, le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait assuré que les maillons étaient destinés à la «réexportation» vers d'autres pays. Huit mois plus tard, il changeait de version, affirmant que les composants seraient «assemblés en Israël» avant de revenir en France.
L'offensive israélienne à Gaza a fait plus de 50 000 morts selon les sources palestiniennes, dont 15 000 enfants d'après l'UNICEF. Les experts de l'ONU appellent à cesser les livraisons d'armes à Israël en raison de génocide des Palestiniens.