19/06/2025 lesakerfrancophone.fr  47min #281684

La Pravda Américaine : le Père Charles Coughlin

Par Ron Unz − Le 19 mai 2025 − Source  Unz Review

Au cours des derniers mois, le président Donald Trump et son administration ont lancé une suite d'attaques révoltantes contre la liberté d'expression et la liberté universitaire aux États-Unis, et les critiques ont abondamment dénoncé ces actions comme des exemples de MacCarthysme, le célèbre mouvement politique anti-communiste des années 1950.

Cela m'a amené à enquêter soigneusement sur cet important sujet historique et à publier une trilogie de longs articles sur le sujet :

Un aspect important de mon analyse consistait à noter que la « Peur Rouge » de la fin des années 1940 et des années 1950 a pu en partie constituer en une campagne de représailles appliquée en réaction à la « Peur Marron » survenue quelques années plus tôt, le rôle des victimes et des bourreaux se trouvant inversé.

À la fin des années 1930 et au début des années 1940, l'administration Roosevelt et ses alliés de gauche avaient orchestré une vaste purge idéologique des conservateurs et dans les rangs de la droite. Mais ces événements importants sont en général ignorés ou minimisés dans la plupart de nos récits historiques parus ultérieurement, si bien que la possible connexion avec les campagnes anti-communistes qui suivirent quelques années plus tard a été perdue.

Chose ironique, une grande partie de la machinerie politique répressive qui fut si largement employée contre les Communistes et les gauchistes dans le cadre de cette dernière campagne avaient été au départ créés pour attaquer la partie opposée du spectre politique, et avait largement été utilisée dans ce dessein. Cela comprenait le célèbre Comité de la Chambre aux Activités anti-américaines (HUAC) ainsi que le Smith Act.

Comme je l'ai expliqué dans mon article, cette première campagne de censure et de suppression politique, ciblée vers la droite, avait en réalité été nettement plus extrême et spectaculaire que ce qui suivit du fait de McCarthy et de ses alliés idéologiques. Mais comme cette histoire antérieure ne reçoit que très peu d'attention de nos manuels standards ou de la part de nos médias dominants, rares sont les personnes à connaître ces faits importants.

L'une des personnalités emblématiques soustraites à la vie publique au cours de cette purge antérieure fut le Père Charles Coughlin, du Michigan, le célèbre prêtre animateur de radio anti-communiste des années 1930, qui ne fait l'objet le plus souvent que d'une ligne ou deux dans mes manuels d'histoire standards.

Je suis certain que j'avais entendu parler de Coughlin, mais j'ai réalisé que jusqu'au mois dernier, son nom n'était jamais apparu dans les nombreux articles que j'avais publiés au cours des vingt dernières années sur des sujets politiques ou idéologiques. Qui plus est, j'ai découvert en explorant l'histoire de Coughlin qu'il fut en réalité une personnalité bien plus populaire et bien plus importante que je ne l'avais jamais imaginé. J'ai tiré la plupart de ces nouvelles informations du livre  Voices of Protest, paru en 1982 et primé, écrit par le distingué historien Alan Brinkley, ainsi qu'au travers de l'article Wikipédia long de 7500 mots et consacré à Coughlin.

Comme je l'ai expliqué :

Lancé à la fin des années 1920, l'émission radio diffusée sur plusieurs fréquences finit par devenir politique, et immensément populaire. Au pic de son succès, dans les années 1930, Coughlin avait amassé une audience nationale énorme, estimée à 30 millions d'auditeurs réguliers, soit environ un quart de la population totale des États-Unis, ce qui fit sans doute de lui l'animateur le plus influent au monde. En 1934, le prêcheur recevait quotidiennement plus de 10 000 lettres, considérablement plus que le président Franklin Roosevelt ou que n'importe qui d'autre.

Au mois de mars 1936, il commença à publier un hebdomadaire politique dénommé Social Justice, qui atteignit à son plus haut le million d'abonnés à la fin des années 1930, ce qui en fit l'une des publications les plus lues des États-Unis, avec 10 fois plus de lecteurs que la circulation combinée de Nation et de New Republic, les principaux hebdomadaires libéraux.

En 1955, Daniel Bell publia  The New American Right, une collection d'essais écrits par des universitaires étasuniens du courant dominant, et en 1963, il a republié le même ouvrage sous une forme très étendue sous le titre  The Radical Right. Le maccarthysme constitue une partie importante de l'analyse, et les deux derniers essais, centrés sur ce sujet et écrits par le sociologue Seymour Martin Lipset, totalisent plus de 140 pages. Lipset démontre que la campagne politique du sénateur du Wisconsin partagea de nombreuses racines idéologiques et de sa base sociale avec le mouvement plus ancien du Père Charles Coughlin durant les années 1930, un prêcheur radiophonique anti-communiste très populaire, issu du Michigan voisin.

De fait, le MacCarthysme a largement été soutenu par des habitants du Midwest, des Catholiques et des groupes ethniques particuliers comme les irlando-américains ou les germano-américains, McCarthy lui-même relevant de l'ensemble de ces catégories. Mais moins de dix années auparavant, ces mêmes groupes exactement avaient également constitué les supporters les plus fervents de Coughlin et de son mouvement anti-communiste.

Les Libéraux, les gauchistes et les Communistes avaient dirigé les purges politiques importants qui avaient commencé au début des années 1940, et une grande partie de l'establishment WASP anglophile de la côte Est s'était également impliquée dans ces attaques. Des millions d'anciens disciples de Coughlin trouvèrent leur compte dans la croisade anti-communiste de McCarthy lorsqu'elle fut lancée quelques années plus tard, et ce furent ces groupes précis qui furent ses principales cibles. Aussi, il est raisonnable de penser que les Étasuniens ordinaires qui soutinrent le sénateur considérèrent sans doute ses campagnes comme relevant de représailles politiques.

Peu de temps avant que Coughlin fût supprimé puis purgé par les actions juridiques intentées par l'administration Roosevelt, il fut sans doute la figure médiatique la plus puissante et la plus influente des États-Unis. Son public radiophonique était sans doute l'un des plus importants au monde au moment où on lui retira peu à peu ses accès aux ondes, et son journal politique hebdomadaire était l'un des plus distribués du pays lorsqu'il fut banni.

De toute évidence, aucune des victimes purgées par les campagnes anti-communistes plus tardives menées par McCarthy et ses alliés politiques n'avait jamais disposé d'une présence médiatique de cette ampleur, loin s'en faut.

À la lecture des divers ouvrages sur McCarthy et le MacCarthysme, j'ai remarqué que les soutiens du sénateur du Wisconsin se décarcassent pour le dissocier de Coughlin, en dépit des similitudes considérables entre ces deux croisés populistes anti-communistes et en dépit de la base sociale qui leur fut commune, et bien que leurs activités politiques ne fussent séparées que de moins de dix années.

La raison évidente pour cette tentative majeure d'éviter tout lien entre les deux hommes relève du seul élément idéologique au sujet duquel ils étaient profondément différents.

Durant les années 1950, une majorité écrasante de Juifs étasuniens étaient libéraux ou de gauche, et  une très importante fraction de tous nos agents communistes ou soviétiques présentait également les mêmes origines ethniques. En partie pour cette raison, les Juifs constituaient le groupe le plus hostile et le plus soupçonneux envers McCarthy et sa croisade politique anti-communiste.

Mais en dépit de l'énorme antipathie manifestée envers McCarthy par les Juifs et les groupes juifs, il est quant à lui resté fermement philosémite. Roy Cohn, son principal conseiller, était juif, ainsi que certains de ses soutiens publics les plus importants, comme George Sokolsky, éditorialiste pour Hearst et animateur radio de droite, ainsi qu' Alfred Kohlberg, un dirigeant d'affaires influent considéré comme dirigeant du « Lobby de la Chine ».

De manière opposée, à la fin des années 1930, Coughlin s'était montré intensément hostile envers les Juifs et l'influence juive, allant jusqu'à soutenir et à publier les célèbres Protocoles des Sages de Sion dans les pages de son hebdomadaire Social Justice. L'antisémitisme enfiévré de Coughlin constitua sans aucun doute l'un des principaux facteurs qui ont mené à sa censure et à sa suppression.

Coughlin avait au départ démarré sa carrière à la radio comme neutre ou amical envers les Juifs, mais au milieu des années 1930, cela commença à changer. Il y a quelques semaines, j'ai brièvement  esquissé l'évolution des opinions de Coughlin sur ce sujet controversé :

Au fil des années qui suivirent, Coughlin se fit de plus en plus critique envers les Juifs et les influences juives, au vu de leur rôle disproportionné comme banquiers de Wall Street, dont il considérait les activités comme très dommageables pour le travailleur étasunien dont il se faisait le champion. Au mois de mars 1936, il commença à publier un hebdomadaire politique dénommé Social Justice, qui atteignit à son plus haut le million d'abonnés à la fin des années 1930, ce qui en fit l'une des publications les plus lues des États-Unis, avec 10 fois plus de lecteurs que la circulation combinée de Nation et de New Republic, les principaux hebdomadaires libéraux. Chose pratique,  les archives complètes de Social Justice sont disponibles sur mon site internet.

Coughlin s'était toujours montré hostile envers le communisme, et après l'éclatement de la Guerre Civile en Espagne au mois de juillet 1936, il commença à soutenir fermement les forces nationalistes anti-communistes, qui étaient également soutenues par Hitler et Mussolini. Dans le même temps des groupes juifs soutinrent de manière écrasante la partie loyaliste, opposée, lourdement soutenue par les Communistes étrangers et l'Union soviétique de Staline. Cela provoqua un fort accroissement des soupçons entretenus par Coughlin à l'encontre des Juifs.

Au cours de la même période, des groupes juifs ainsi que la plupart des médias dominants étasuniens se mirent à condamner sévèrement l'Allemagne nazie pour les persécutions envers sa petite minorité de 1 % de Juifs, et ces attaques publiques connurent un crescendo après que des dizaines de Juifs furent tués au cours des émeutes de la Nuit de Cristal du mois de novembre 1938, sans doute orchestrées par des dirigeants nazis.

Mais Coughlin affirmait que les banquiers juifs avaient joué un rôle crucial dans la Révolution bolchevique de 1917 qui avait porté le communisme soviétique au pouvoir, alors que le régime très juif ainsi établi s'était rendu responsable de la mort de Chrétiens par millions, ce qui expliquait facilement l'hostilité des Nazis envers les Juifs et leurs influences. Coughlin était naturellement scandalisé par le fait que les médias étasuniens concentrassent une grande attention sur les dizaines de Juifs morts des mains des Nazis allemands, et pas sur les millions de Chrétiens tués par des Juifs bolcheviques.

Ces sujets ont largement été exclus de nos récits dominants historiques plus récents, mais à l'époque, ils connaissaient une vaste circulation. Bien que je n'y ai aucunement fait mention de Coughlin, j'ai discuté certains de ces sujets controversés dans l'un de mes premiers articles de la Pravda Américaine, publié en 2018 :

En 1938, Coughlin établit une nouvelle organisation politique anti-communiste appelée Christian Front, et selon Wikipédia, celle-ci attira rapidement des milliers de membres, pour la plupart des hommes irlando-américains de New York et d'autres centres urbains de la côte Est. À peu près dans le même temps, Coughlin fut régulièrement diabolisé, présenté comme sympathisant fasciste, et l'administration Roosevelt commença à œuvrer dans le but de le supprimer des ondes. Ces efforts s'intensifièrent après l'éclatement de la seconde guerre au mois de septembre 1939, et Coughlin devint un opposant de premier plan à l'intervention des États-Unis dans ce conflit militaire.

Au mois de janvier 1940, le FBI fit une descente dans le quartier général du Christian Front, situé à Brooklyn, et arrêta 17 hommes, accusés de comploter en vue de renverser le gouvernement des États-Unis. Mais bien que l'un des accusés se suicidât, les procès de tous les autres débouchèrent sur des acquittements ou par des jurys irrésolus, ce qui provoqua l'humiliation des procureurs fédéraux.

Mais la pression continua de s'exercer, et au mois de septembre 1940, Coughlin fut contraint d'arrêter ses émissions radiophoniques. En avril 1942, l'Espionage Act de 1917 fut invoqué pour interdire son journal Social Justice des services postaux, ce qui eut pour conséquence pratique d'éliminer quasiment toute son influence médiatique sur la scène nationale. Ainsi, l'action du gouvernement fut utilisée pour réduire au silence la voix du principal commentateur radio des États-Unis et bannir la distribution de l'un des journaux nationaux les plus lus, des actions nettement plus graves que toute autre durant la campagne intérieure anti-communiste de l'ère de la guerre de Corée, une décennie plus tard.

Cette répression extrême contre Coughlin se poursuivit lorsque Francis Biddle, procureur général de Roosevelt, convoqua un grand jury fédéral pour l'inculper, ainsi que ses publications, sous couvert d'accusations de sédition. Biddle négocia ensuite un accord avec le supérieur ecclésiastique de Coughlin, l'archevêque Edward Mooney, promettant que le département de la Justice des États-Unis mettrait fin à ses poursuites contre le prêtre s'il fermait Social Justice et mettait fin pour de bon à toutes ses activités politiques. Comme Mooney menaçait de suspendre son ministère, Coughlin accepta ces conditions drastiques. Il resta pasteur de son église locale et vécut jusqu'en 1979, mais ses activités politiques et médiatiques étaient terminées pour de bon.

Même en faisant abstraction de toute opinion personnelle entretenue par McCarthy au sujet des Juifs, il se serait évidemment extrêmement préoccupé d'éviter le destin politique qui fut celui de Coughlin, et durant la période d'après-guerre au cours de laquelle il opéra, les sentiments antisémites étaient devenus nettement plus marginalisés et toxiques que durant l'apogée de Coughlin, durant les années 1930.

Qui plus est, dans l'article que j'ai publié la semaine passé, j'ai même  présenté la possibilité frappante que l'ensemble de la croise anti-communiste lancée par McCarthy fût lancée par les dirigeants juifs d'une organisation appelée American Jewish League Against Communism (AJLAC) [Ligue juive étasunienne contre le communisme, NdT], qui apparemment recruta silencieusement le sénateur du Wisconsin pour qu'il endosse le premier rôle de façade pour le compte de l'organisation.

Le récit très bien noté produit par Brinkley produit une excellente couverture des premières années de la carrière de Coughlin, mais se termine fondamentalement avec la campagne présidentielle de 1936, un échec cuisant puisque le prêtre animateur de radio avait soutenu le candidat d'un parti tiers qui s'en était très mal sorti. L'auteur consacre seulement la moitié de son dernier chapitre et de son épilogue aux cinq années restantes d'activité politique par Coughlin.

Cependant, ces années figurent parmi les plus intéressantes et les plus controversées pour le prêtre animateur de radio, au fur et à mesure qu'il a quitté la scène politique dominante, et s'est orienté nettement vers les politiques antisémites de la droite dure, si bien qu'il a régulièrement été dénoncé comme sympathisant fasciste. Ces transgressions idéologiques ont finalement débouché sur son retrait des ondes, sur l'interdiction de distribution de son journal, et finalement une renonciation forcée à toute activité politique.

Au début des années 1990, l'ascension rapide des émissions radiophoniques conservatrices a rapidement contribué à la promotion de la croissance d'une nouvelle vague d'extrémisme étasunien de droite, et cela semble avoir amené Donald Warren, professeur de sociologie du Michigan, à publier en 1996  Radio Priest, consacré exactement à cet aspect de la carrière de Coughlin, avec pour sous-titre abrupt « Charles Coughlin, Père de la Haine sur les Ondes ».

Warren ouvre même son livre sur une discussion des attentats à la bombe d'Oklahoma City de 1995, le pire attentat terroriste intérieur de l'histoire des États-Unis. Timothy McVeigh, militant de droite, a fini par être condamné et exécuté pour ce crime, et l'auteur associe cet incident des années 1990 avec l'arrestation de dix-huit membres de l'organisation paramilitaire Front Chrétien de Coughlin.

D'évidence, Warren se montre très hostile envers Coughlin pour des raisons idéologiques, mais il ne manque pas de reconnaître la formidable influence politique de son sujet, et explique que certaines des réussites les plus éclatantes de ce dernier se sont même produites après sa débâcle électorale de 1936.

Par exemple, Warren explique qu'en début d'année 1938, Franklin D. Roosevelt demanda au Congrès d'adopter une restructuration majeure du gouvernement fédérale, appelée Reorganization Act, et que cette législation a au départ joui d'un soutien important au sein de ce corps largement acquis aux Démocrates. Mais après que Coughlin dénonça cette législation sur les ondes, pas moins de 100 000 télégrammes courroucés déferlèrent sur Washington pour dénoncer cette proposition, ce qui déborda totalement le service des télégrammes, cependant que de grands rassemblements étaient organisés à New York et que des délégations populaires se sont succédé à Washington pour exercer des pressions contre cette loi. Celle-ci fut ainsi mise en défaut, et même le New York Times reconnut que ce résultat marquait l'une des victoires politiques les plus importantes de Coughlin, cependant que d'autres observateurs suggéraient que cette réussite avait « porté un coup écrasant au prestige de Roosevelt. »

Warren décrit également le réseau étendu de membres du Congrès qui étaient proches du prêtre animateur radio, ceux-ci comprenant Pat McCarran, représentant du Nevada, et Everett Dirksen, représentant de l'Illinois, deux hommes qui devinrent par la suite des personnalités politiques de premier plan associées à McCarthy. Dès que Coughlin menait une visite à Washington, il était invité à résider au domicile de John Nance Garner, le vice-président. Dans le même temps, à partir du début des années 1930, une longue parade de personnalités étrangères éminentes visitèrent régulièrement l'église de Coughlin dans le cadre de pèlerinages politiques, et l'on y vit un chancelier allemand, Randolph Churchill, et le dernier premier ministre désigné de l'Alberta, au Canada. Hilaire Belloc, l'une des personnalités littéraire britanniques de premier plan et conservateur catholique, écrivit par la suite une série d'articles parues dans le magazine de Coughlin, Social Justice.

En juillet 1936, l'éclatement de la dure guerre civile espagnole devint un révélateur majeur du pouvoir entre les coalitions internationales rivales, qui de gauche et qui de droite, les fascistes, anarchistes et communistes s'affrontant les uns les autres. Coughlin devint un fervent soutien des Nationalistes anti-Communistes du général Francisco Franco, qui gagnaient continuellement du terrain contre les forces loyalistes de la république espagnole. Ces dernières subissaient un embargo sur les armes imposé par la loi étasunienne en vigueur, si bien que début 1939, un vaste effort fut mené au Congrès pour révoquer cette loi. Mais l'« allocution radio particulièrement percutante » de Coughlin produisit un déferlement de 150 000 télégrammes outragés sur le Capitole, ainsi que des pétitions totalisant quelque 1,75 millions de signatures, si bien que le changement de loi fut mis en échec, ce qui contribua à sceller le destin de la république espagnole. À ce stade, Coughlin déclarait régulièrement sa sympathie envers le modèle politique de Mussolini d'« État corporatiste », et suggérait parfois qu'il fallait mettre en œuvre ce modèle aux États-Unis afin de « perfectionner la démocratie ».

Selon Warren, en 1937 et jusqu'en 1938, les émissions radio de Coughlin et les pages de Social Justice avaient commencé de plus en plus à attaquer le contrôle financier juif. Bien qu'il fût toujours attentif à intégrer des noms de non-Juifs à ses dénonciations régulières des « banquiers internationaux », de nombreux observateurs soupçonnaient fermement que cela n'était qu'une feuille de vigne, et que ses accusations étaient d'évidence orientées vers les Juifs.

Mais avec la montée des craintes d'une nouvelle guerre en Europe, les opinions antisémites de Coughlin se firent nettement plus explicites, et à l'été 1938, il se mit à publier par morceaux les célèbres Protocoles des Sages de Sion dans les pages de son journal national très populaire, provoquant une énorme hostilité de la part de groupes juifs de tout le pays.

Cette antipathie juive monta encore plus en intensité après les émeutes anti-juives de la Nuit de Cristal, en novembre 1938, en Allemagne nazie. Alors que presque tous les organes médiatiques étasuniens dominants condamnaient avec férocité ces incidents violents, Coughlin sembla excuser ces attaques face à son auditoire radio de millions de personnes. Il décrivit le nazisme comme « un mécanisme de défense contre le Communisme », et affirma que presque l'ensemble du gouvernement soviétique avait longtemps été juif, assassinant « plus de 20 millions de Chrétiens » entre 1917 et 1938. Si les Nazis avaient récemment confisqué 400 millions de dollars dans leur propre pays, les Bolcheviques très largement juifs en avaient par le passé fait autant avec 40 milliards de dollars de propriétés chrétiennes en Russie.

L'un des organes radios les plus importants de Coughlin était la station WMCA, à New York, et son propriétaire juif commença à refuser de diffuser certaines des émissions produites ensuite par Coughlin. Cela produisit de vastes rassemblements de soutiens locaux du prêtre, allant jusqu'à 5000 manifestants, dont de nombreux chantaient des slogans anti-communistes et anti-juifs et exhortaient au boycott des magasins juifs. Bien que le nombre quotidien des piquets de protestation dans les rues fussent le plus souvent nettement moins nombreux, les manifestations de masse se poursuivirent durant des semaines, et les partisans de Coughlin affrontèrent parfois violemment les contre-manifestants et il fut même rapporté qu'ils attaquèrent des Juifs dans la rue. Selon Warren, certains des rassemblements de masse de Brooklyn déployèrent une rhétorique semblable à celle des rassemblements nazis à Berlin. Un éminent journaliste de New York publia un article dans the Nation, décrivant cette situation sous le titre « La Terreur Coughlin ».

En début d'année 1939, l'organisation germano-étasunienne du Bund organisa un rassemblement massif de 20 000 supporters à Madison Square Garden, affichant les drapeaux étasunien et nazi, et même si Coughlin ne fut pas impliqué personnellement, son nom fut applaudi à plusieurs reprises. Les émissions suivantes du prêtre animateur radio exprimèrent de la sympathie envers cette organisation, et notèrent que de nombreux importants rassemblements communistes s'étaient précédemment tenus sans attirer une telle attention médiatique. Dans la même veine, les propositions de boycotter les entreprises juives ne constituaient qu'une réplique d'années de boycotts extrêmement impactant à l'encontre des sociétés allemandes et italiennes.

Tous ces développements attirèrent naturellement l'attention de l'Administration Roosevelt, et cela s'accéléra après l'éclatement de la seconde guerre mondiale en septembre 1939. Franklin D. Roosevelt se mit rapidement à essayer de faire entrer les États-Unis dans le conflit, cependant que Coughlin se faisait l'une des voix les plus puissantes plaidant pour le contraire, et faisait de son mieux pour soutenir la continuité des Lois de Neutralité qui empêchaient les ventes de matériel militaire étasunien aux Alliés. Selon les journalistes libéraux dominants, les pressions les plus importantes exercées sur le Congrès provenaient de loin des partisans de Coughlin, qui produisirent la plus grande partie du courrier envoyé par les électeurs, ainsi que les nombreuses délégations de citoyens qui venaient constamment visiter Washington, « s'engouffrant dans le Capitole » pour faire pression sur leurs représentants. Warren affirme même qu'à la fin des années 1930, Coughlin « apparaissait souvent comme invincible ».

À la mi-1938, Coughlin avait commencé à se faire l'avocat de la création d'un « Front Chrétien » militant, organisé en « pelotons », affirmant avoir emprunté le terme à l'espagnol Franco, qui l'avait établi comme force opposé aux « Front Populaire » soutenu par les Communistes. Coughlin réfuta entretenir des liens directs avec l'organisation, mais faisait les éloges des dirigeants locaux ayant établi des unités de ce type à New York, Boston, et dans d'autres centres urbains de la Côte Est, et sa rhétorique se faisait parfois de plus en plus enflammée, affirmant que les membres du Front Chrétien devaient « envahir » d'autres villes. Ces activistes locaux étaient apparemment issus des quartiers irlando-étasuniens et germano-étasuniens les plus défavorisés, et ils avaient constitué la foule qui avait occupé l'espace public aux abords de la station radio de New York après que celle-ci arrêta de diffuser les émissions de Coughlin.

Le FBI finit par infiltrer un informateur au sein de l'unité de Brooklin, et début 1940, le gouvernement fédéral frappa, les gros titres nationaux indiquant que 18 membres du Front Chrétien avaient été arrêtés dans le cadre d'un complot visant à renverser le gouvernement des États-Unis. On avait trouvé une cache d'armes, contenant apparemment des bombes artisanales, des fusils et des milliers de cartouches. Coughlin commença par se dissocier des prévenus, mais une semaine plus tard, il rallia avec fracas leur défense, aussi bien dans ses émissions que dans les pages du journal Social Justice, dénonçant le soutien par le gouvernement d'un complot communiste visant à salir les jeunes Chrétiens et les anti-communistes.

Un prévenu né en Allemagne se suicida, mais en dehors de ce cas, le procès tenu à Brooklyn sur neuf semaines se transforma en débâcle pour les procureurs représentant le gouvernement. Tous les soutiens clés étaient locaux, et le principal avocat de la défense était un ancien magistrat très populaire. Les tentatives menées par l'équipe de la défense furent lourdement couvertes et souvenues par le journal catholique dominant de Brooklyn, et une foule locale s'assembla chaque jour du procès au tribunal fédéral pour acclamer les prévenus. Dans le même temps, aucun des membres de l'équipe des procureurs ne provenait de la région. Le résultat final fut qu'une vaste majorité des prévenus fut acquittée de tous les griefs, et que les autres furent libérés du fait que les jurys ne parvinrent pas à se mettre d'accord. Les forces de Coughlin revendiquèrent évidemment une victoire totale.

Malgré cette victoire juridique, Coughlin perdit beaucoup de terrain sur les autres fronts. En 1939, des pressions intensives convainquirent l'Association Nationale des diffuseurs sur les ondes radio d'adopter une nouvelle règle limitant étroitement la vente de temps d'antenne aux « représentants de sujets publics controversés, » une mesure ciblant directement le prêtre animateur radio. Une fois cette mesure instituée, Coughlin eut les plus grandes difficultés à renouveler ses contrats annuels durant l'année 1940, et perdit peu à peu l'accès à la plupart des grandes chaînes radio qui l'avaient diffusé. Confronté à la perte de la plus grande partie de son auditoire national, il finit par arrêter ses activités d'animateur radio à l'automne 1939.

Les activités médiatiques de Coughlin se trouvaient désormais réduites à Social Justice, et le FBI, l'Anti-Defamation League et ses nombreux autres opposants déployèrent beaucoup d'efforts pour prouver qu'il recevait secrètement des financements allemands pour sa publication, afin d'apporter au gouvernement une excuse légale pour mettre un terme à celle-ci. Dans le même temps, l'Administration Roosevelt maintint ses pressions constantes pour persuader les supérieurs ecclésiastiques de Coughlin de le réduire au silence.

Durant les premières années de parution de Social Justice, la publication avait exposé divers articles signés par des dirigeants du Congrès et par d'autres personnalités publiques éminentes, mais en 1940 et 1941, les importantes pressions gouvernementales et médiatiques lui avaient soustrait tous ces contributeurs, et la plupart des articles publiés n'étaient plus signés.

Après que l'attaque du 7 décembre 1941 sur Pearl Harbor fit entrer directement les États-Unis en guerre, les tentatives de suppression de Social Justice s'intensifièrent, et en avril 1942, on invoqua l'Espionage Act de 1917 pour interdire la publication du journal, au motif qu'il faisait obstruction à l'effort de guerre, et l'on menaça dans le même temps Coughlin et les autres acteurs impliqués dans la publication d'inculpation. Dans le même temps, l'archevêque de Detroit dont dépendait Coughlin subit des pressions qui l'amenèrent à menacer le prêtre de se voir défroqué à moins qu'il mît complètement fin à toute activité politique, et c'est ce qu'il finit par faire.

Pour mieux comprendre Coughlin et ses opinions, j'ai récupéré  une collection de ses discours radiophoniques de 1931-1932, les premières années de la Grande Dépression, et je l'ai lue en diagonale, mais je n'ai été frappé par rien de spectaculaire.

Il y a 20 ans environ, j'ai numérisé les archives d'une centaine de grandes publications étasuniennes, et ce travail comprenait l'intégrale des publications de Social Justice, apparemment la seule publication de ce journal sur Internet, et j'ai jeté un coup d'œil à quelques exemplaires du journal.

  •  Social Justice • du 13 mars 1936 au 20 avril 1942
  • 7 années, 316 exemplaires, 4,578 articles, 6,034 Pages

Durant l'année 1939, la publication dirigée par Coughlin semble avoir continué d'afficher une forte crédibilité et une forte respectabilité des milieux dominants, l'édition du  24 avril 1939 contenant des articles écrits par les sénateurs étasuniens William E. Borah, Harry F. Byrd et Tom Connally, ainsi que des membres de la chambre des représentants Everett M. Dirksen et Martin F. Smith. Quelques mois plus tard,  l'édition du 24 juillet 1939 proposait des articles écrits par les sénateurs Bennett C. Clark, Claude Pepper et Robert R. Reynolds, ainsi que des membres de la chambre des représentants Jerry Voorhis, Frank O. Horton et Martin L. Sweeney.

Je trouve intéressant que tous ces dirigeants élus et bien en vue n'eussent apparemment pas de problème à apparaître dans la publication plus d'un an après qu'elle commença à publier une suite affichant les Protocoles des Sages de Sion. De fait, à peu près dans le même temps, Hilaire Belloc, auteur catholique britannique et homme de lettres très influent en son pays, publia  quelque 25 chroniques dans Social Justice. Sur la fin de l'année 1938, il s'était également produit un incident embarrassant, voyant un article écrit par Coughlin en personne qui sembla constituer un plagiat important d'un discours de politique étrangère prononcé par Joseph Goebbels, le ministre nazi de la propagande.

Les livres de Brinkley et de Warren s'appuient tous deux de manière importante sur l'une des premières biographies sérieuses du prêtre animateur radio,  Father Coughlin, publiée en 1973 par Sheldon Marcus. Cet ouvrage tirait fortement parti des interviews personnelles menées par l'auteur avec Coughlin au mois d'avril 1970, premières interviews consenties par ce dernier à un biographe depuis 1933. Marcus a également eu accès à d'importantes sources primaires, comme les lettres privées et les documents personnels de Coughlin, à une collection complète des archives de Social Justice, aux fichiers de l'American Defamation League concernant Coughlin, et à des nombreux autres documents.

Si l'on se fie à son patronyme, il est probable que Marcus était juif, mais il n'en présente pas moins Coughlin de manière équilibrée et honnête, et son traitement est loin d'être aussi hostile que celui qui empreint la biographie politique produite par Warren presque un quart de siècle plus tard. Bien que les détails et les points mis en exergue diffèrent ci et là, le récit produit par Marcus des premières années de Coughlin et de ses activités plus tardives semble raisonnablement semblable à ceux produits par Brinkley et Warren, ce qui n'est guère surprenant lorsqu'on sait que ces deux auteurs se sont significativement appuyés sur les travaux originellement menés par Marcus.

L'auteur semble respecter et admirer une grande partie du travail mené par Coughlin au début des années 1930, mais semble de plus en plus révolté concernant les dernières années, montrant clairement que le prêtre avait basculé dans l'entretien et la promulgation d'un délire conspirationniste antisémite des plus extrêmes. Mais à mes yeux, on trouve parmi les portions les plus intéressantes du livre avec plusieurs des notes de fin du chapitre dénommé « Social Justice », qui couvre cette dernière période, des notes qui présentent un volume presque aussi important que l'addition de toutes les notes de fin de tous les autres chapitre.

Marcus considérait que Coughlin avait épousé des idées apparaissant presque folles et ridicules, mais l'auteur fait de son mieux pour prendre du recul et se montrer juste envers son sujet. Et contrairement aux notes des autres chapitres relativement courtes et standard, qui citent simplement un document une page, certaines des notes de ce chapitre contiennent de longs paragraphes. La plupart d'entre elles ont trait aux finances complexes et à la structure de la propriété du journal, mais d'autres semblent constituer une tentative sincère visant à résumer, analyser et évaluer ce qui ressemble aux notions historiques totalement lunatiques entretenues par Coughlin, surtout au sujet des Juifs et du Communisme, généralement entremêlées avec la partie des Protocoles qu'il publie.

Par exemple, l'une des notes les plus longues de ce chapitre est la note numéro 16, qui s'étale sur presque 2 pages en police très réduite. Elle décrit la manière selon laquelle,  le 8 août 1938, l'édition de Social Justice avait une fois de plus présenté l'affirmation outrageante selon laquelle des banques juives avaient financé la Révolution russe et selon laquelle presque tous les hauts dirigeants bolcheviques étaient juifs.

Marcus explique qu'une enquête soigneuse menée par l'universitaire catholique John A. Ryan, bien noté,  dans l'édition du 30 décembre 1938 de Commonweal, avait établi que les étranges opinions de Coughlin sur ces sujets provenaient d'un livre paru sous le titre  Le Corps Mystique du Christ dans le Monde Moderne écrit par le père Denis Fahey, un prêtre notoirement antisémite, qui tenait ses informations d'un hebdomadaire londonien antisémite appelé the Patriot. Cette publication avait cité une publication française du nom de Documentation Catholique de Paris, qui s'était appuyée à son tour sur un rapport supposé apporté par « les Services Secrets étasuniens » envoyé au Haut-Commissaire français. Cependant, Ryan explique que le 28 novembre 1938, la direction des services secrets étasuniens avait déclaré qu'une recherche approfondie dans les archives de son organisation n'avait trouvé aucune trace de ce rapport. Cela semble démontrer que les affirmations produites par Coughlin n'étaient étayées en réalité sur aucune base, mais reprenaient plutôt la propagande nazie publiée quelques années auparavant.

Marcus poursuit en indiquant que les documents historiques standards montrent qu'un seul des premiers dirigeants soviétiques, Léon Trotsky, était juif, alors que d'autres éléments révèlent que l'écrasante majorité des Juifs russes étaient opposés au bolchevisme, et eurent au contraire beaucoup à subir à partir du triomphe de ce mouvement révolutionnaire.

Aussi, Marcus conclut que Coughlin s'est fait prendre par la propagande antisémite, voire nazie. Le prêtre se mit alors à régulièrement promouvoir ces opinions dangereuses et illusoires auprès de ses centaines de milliers de lecteurs, une situation malencontreuse qui contribua évidemment à justifier la suppression par le gouvernement de sa publication.

Marcus a publié sa biographie en 1973, et il se trouve qu'à la fin des années 1970, j'ai développé un intérêt personnel élevé envers l'histoire des Soviets et du communisme, et ai lu de nombreux ouvrages majeurs sur le sujet. Je n'avais à cette époque jamais entendu parler de Marcus, ni de son livre, et je ne savais que fort peu de choses sur Coughlin, mais si j'avais lu cette biographie à l'époque, il est probable que j'aurais hoché la tête à l'évocation de l'absurdité totale de ce prêtre animateur radio, décédé en 1979 à l'âge de 88 ans.

Mais que je l'explique  dans un article de 2018, j'ai ensuite découvert que ma compréhension de cette époque historique avait été très erronée :

Jacob Schiff, le principal banquier juif d'Amérique, aurait été un soutien financier crucial de la Révolution bolchevique, fournissant aux révolutionnaires communistes un financement de 20 millions de dollars.

Ma première réaction a été qu'une telle idée était tout à fait ridicule puisqu'un fait aussi explosif n'aurait pu être ignoré par les dizaines de livres que j'avais lus sur les origines de cette révolution. Mais la source semblait extrêmement précise. Le chroniqueur de Knickerbocker, dans l'édition du 3 février 1949 du New York Journal-American, alors l'un des principaux journaux locaux, écrivait : « Aujourd'hui, le petit-fils de Jacob, John Schiff, estime que le vieil homme a investi environ vingt millions de dollars pour le triomphe du bolchevisme en Russie ».

Après avoir vérifié, j'ai découvert que de nombreux récits grand public décrivaient l'hostilité énorme de Schiff envers le régime tsariste pour son mauvais traitement des juifs et, de nos jours encore, une source aussi bien établie que l' article Wikipedia sur Jacob Schiff note qu'il a joué un rôle majeur dans le financement de la Révolution russe de 1905, comme cela a été révélé dans les mémoires ultérieurs de l'un de ses agents clés. Et si vous lancez une recherche sur « Jacob Schiff révolution bolchevique », de nombreuses autres références apparaissent, représentant une grande variété de positions et donc un bon degré de crédibilité.  Une déclaration très intéressante figure dans les mémoires d'Henry Wickham Steed, le rédacteur en chef du Times of London et l'un des journalistes internationaux les plus en vue de son époque. Il mentionne très concrètement que Schiff, Warburg et les autres banquiers internationaux juifs de premier plan figuraient parmi les principaux commanditaires des bolcheviques juifs, par l'intermédiaire desquels ils espéraient obtenir une occasion pour l'exploitation juive de la Russie, et il décrit leurs efforts de lobbying au nom de leurs alliés bolcheviques lors de la Conférence de paix de Paris en 1919, à la fin de la Première Guerre mondiale.

Même le livre publié en 2016 de Kenneth D. Ackerman, Trotski à New York, 1917, note que les rapports du renseignement militaire américain de cette époque désignent directement Trotski comme étant l'intermédiaire pour le soutien financier de Schiff et de nombreux autres financiers juifs. En 1925, cette information a été publiée dans le Guardian et a été largement discutée et acceptée tout au long des années 1920 et 1930 par de nombreuses publications médiatiques importantes, bien avant que le petit-fils de Schiff ne confirme directement ces faits en 1949. Pourtant, Ackerman, plutôt cavalièrement, rejette toutes ces preuves contemporaines considérables comme étant « antisémites » et une « théorie du complot », arguant que puisque Schiff était un conservateur notoire qui n'avait jamais montré de sympathie pour le socialisme dans son propre milieu américain, il n'aurait certainement pas financé les bolcheviques.

Il est vrai que quelques détails ont pu facilement s'embrouiller avec le temps. Par exemple, bien que Trotski soit rapidement devenu le deuxième après Lénine dans la hiérarchie bolchevique, au début de 1917, les deux hommes étaient encore amèrement hostiles au sujet de divers conflits idéologiques, de sorte qu'il n'était certainement pas considéré comme un membre de ce parti à l'époque. Et puisque tout le monde reconnaît aujourd'hui que Schiff avait largement financé la Révolution de 1905 en Russie, il semble parfaitement possible que le chiffre de 20 millions de dollars mentionné par son petit-fils se réfère au total investi au cours des années pour soutenir tous les différents mouvements et dirigeants révolutionnaires russes, ce qui a finalement abouti à la création de la Russie bolchévique. Mais avec tant de sources apparemment crédibles et indépendantes qui font toutes des affirmations similaires, les faits de base semblent presque indiscutables.

Considérez les implications de cette conclusion remarquable. Je suppose que la plus grande partie du financement des activités révolutionnaires de Schiff a été dépensée pour des budgets comme la rémunération des militants et le paiement de pots-de-vin et, ajusté au revenu familial moyen de l'époque, 20 millions de dollars représenteraient jusqu'à 2 milliards de dollars actuels. Sans un tel soutien financier énorme, la probabilité d'une victoire bolchevique aurait été beaucoup plus faible, voire presque impossible.

Quand les gens plaisantent avec désinvolture sur la folie totale des « théories du complot antisémites », il n'y en a pas de meilleur exemple que l'idée, qui paraît si évidement absurde, que des banquiers juifs internationaux aient créé le mouvement communiste mondial. Et pourtant, selon toute norme raisonnable, cette affirmation semble être plus ou moins vraie et, apparemment, elle a même été largement reconnue, au moins sous sa forme grossière, pendant les décennies qui ont suivi la Révolution russe, mais elle n'a plus jamais été mentionnée dans les nombreuses histoires plus récentes qui ont façonné ma propre connaissance de ces événements. En effet, aucune de ces sources par ailleurs très complètes n'a jamais mentionné le nom de Schiff, bien qu'il ait été universellement reconnu pour avoir financé la Révolution de 1905. Mais alors, quels autres faits étonnants pourraient-ils cacher de la même façon ?

Quand quelqu'un rencontre de nouvelles révélations remarquables dans un domaine de l'histoire où ses connaissances sont rudimentaires, n'allant guère plus loin que des manuels d'introduction ou des cours d'histoire pour les nuls, le résultat est un choc et un embarras. Mais quand la même situation se produit dans un domaine où il a lu des dizaines de milliers de pages, les principaux textes faisant autorité et qui semblaient avoir exploré chaque détail mineur, son sens de la réalité commence fortement à s'effriter.

En 1999, l'Université Harvard a publié l'édition anglaise du Livre noir du communisme, dont les six co-auteurs ont consacré 850 pages à documenter les horreurs infligées au monde par ce défunt système, dont le nombre total de morts s'élève à 100 millions. Je n'ai jamais lu ce livre et j'ai souvent entendu dire que ce prétendu décompte des corps est largement contesté. Mais pour moi, le détail le plus remarquable est que lorsque j'examine l'index de 35 pages, je vois une vaste profusion d'entrées concernant des individus totalement obscurs dont les noms sont sûrement inconnus de tous sauf du spécialiste le plus érudit. Mais il n'y a aucune d'entrée pour Jacob Schiff, le banquier juif de renommée mondiale qui a apparemment financé la création de l'ensemble du système en premier lieu. Ni pour Olaf Aschberg, le puissant banquier juif suédois, qui a joué  un rôle si important en fournissant aux bolcheviks leur survie financière pendant les premières années de leur régime encore instable, et qui a même fondé la première banque internationale soviétique.

En outre, même à l'époque, dans les années 1970, j'avais soigneusement lu entre les lignes de mes livres d'histoire soviétique standard, et avait absolument remarqué qu'une énorme fraction des hauts dirigeants bolcheviques avait été juive, et que toutes les informations qui avaient suivi n'avaient fait que confirmer cette réalité. Dans  un autre article paru plus tard en 2018, j'ai souligné que ce fait présentait des implications considérables et évidentes :

En effet, la question du communisme soulève une question beaucoup plus vaste, dont les implications sont plutôt délicates. Parfois, deux composés simples sont inertes séparément, mais lorsqu'ils sont combinés ensemble, ils peuvent posséder une force explosive énorme. D'après mes cours d'introduction à l'histoire et mes lectures à l'école secondaire, certaines choses m'avaient toujours semblé évidentes, même si les conclusions ne pouvaient pas être mentionnées, et j'ai déjà supposé qu'elles étaient tout aussi évidentes pour la plupart des autres. Mais au fil des années, j'ai commencé à me demander si cela pouvait s'avérer exact.

À l'époque de la fin de la guerre froide, le nombre de civils innocents tués pendant la révolution bolchevique et les deux premières décennies du régime soviétique s'élevait généralement à plusieurs dizaines de millions lorsque l'on inclut les victimes de la guerre civile russe, les famines provoquées par le gouvernement, le Goulag et les exécutions. J'ai entendu dire que ces chiffres ont été considérablement revus à la baisse, à une vingtaine de millions peut-être, mais peu importe. Bien que les apologistes soviétiques déterminés puissent contester ces très grands nombres, ils ont toujours fait partie de l'histoire institutionnelle enseignée en Occident.

Parallèlement, tous les historiens savent parfaitement que les dirigeants bolchéviks étaient majoritairement juifs, trois des cinq révolutionnaires que Lénine a nommés comme ses successeurs plausibles venant de ce milieu. Bien qu'environ 4% seulement de la population russe ait été juive, Vladimir Poutine  déclarait, il y a quelques années, que les juifs constituaient peut-être 80-85% du premier gouvernement soviétique, une estimation tout à fait cohérente avec  les affirmations contemporaines de Winston Churchill, du correspondant du Times of London,  Robert Wilton, et des  officiers des services de renseignements militaires américains. Les livres récents d' Alexandre Soljenitsine, Yuri Slezkine et  d'autres ont tous brossé un tableau très similaire. Et avant la Seconde Guerre mondiale, les juifs restaient énormément surreprésentés dans la direction communiste, en particulier dans l'administration du Goulag et dans les rangs supérieurs du redoutable NKVD.

Ces deux faits simples ont été largement acceptés en Amérique tout au long de ma vie. Mais combinez-les avec la taille relativement petite de la communauté juive mondiale, environ 16 millions avant la Seconde Guerre mondiale, et la conclusion inéluctable est que, ramené au nombre d'habitants, les Juifs formaient les plus grands assassins de masse du XXe siècle, méritant cette malheureuse distinction par une marge énorme et sans qu'aucune autre nationalité ne s'en approche, même de loin. Et pourtant, par l'étonnante alchimie d'Hollywood, les plus grands tueurs des cent dernières années ont en quelque sorte été transmutés pour être considérés comme les plus grandes victimes, une transformation si peu plausible que les générations futures en seront sûrement stupéfaites.

Comme l'expliquent Marcus et ses sources, il n'a jamais existé le moindre rapport des services secrets étasuniens produisant ces affirmations choquantes au sujet de la révolution bolchevique, de ses origines ou de ses dirigeants. Mais la très longue chaîne d'informations qu'il décrit comprend la traduction de l'anglais vers le français, puis dans l'autre sens, et il est facile de comprendre que des noms techniques ont pu avoir à pâtir quelque peu de ces transformations, surtout au vu du fait que toutes les publications produites furent écrites par des activistes et relevèrent de la frange politique.

Plus d'un quart de siècle après que Marcus publia sa biographie, un livre universitaire très épais est apparu, et son contenu aurait certainement choqué l'auteur s'il l'avait jamais consulté, comme je l'ai expliqué dans un long article paru en 2019 :

C'est ce que j'ai récemment pensé lorsque j'ai décidé de lire une remarquable analyse de l'armée américaine par Joseph W. Bendersky de la Virginia Commonwealth University, historien juif spécialisé dans les études sur l'Holocauste et l'histoire de l'Allemagne nazie. L'année dernière, j'avais parcouru quelques pages de son livre pour mon long article sur la  négation de l'Holocauste, mais j'ai maintenant décidé de lire attentivement l'ouvrage entier, publié en 2000.

Bendersky a consacré dix années complètes de recherches à son livre, fouillant de façon exhaustive les archives du renseignement militaire américain ainsi que les documents personnels et la correspondance de plus de 100 personnalités militaires et officiers du renseignement. «  Jewish Threat » s'étend sur 500 pages, dont quelques 1350 notes de bas de page, les sources archivistiques répertoriées occupant à elles seules sept pages complètes. Son sous-titre est « Politiques Anti-Semites de l'U.S. Army » et il fait valoir de manière extrêmement convaincante qu'au cours de la première moitié du XXe siècle et même après, les hauts gradés de l'armée américaine et surtout du renseignement militaire ont fortement souscrit aux notions qui aujourd'hui seraient universellement rejetées comme « théories antisémites du complot ».

En termes simples, les chefs militaires américains de ces décennies croyaient largement que le monde faisait face à une menace directe de la part des Juifs organisés, qui avaient pris le contrôle de la Russie et cherchaient également à renverser et à prendre le contrôle de l'Amérique et du reste de la civilisation occidentale.

Dans ces cercles militaires, on croyait fermement que de puissants éléments juifs avaient financé et dirigé la révolution bolchevique russe et qu'ils organisaient des mouvements communistes similaires ailleurs pour détruire toutes les élites existantes de Gentils [non-Juifs] et imposer la suprématie juive dans toute l'Amérique et dans le reste du monde occidental. Alors que certains de ces dirigeants communistes étaient des « idéalistes », de nombreux participants juifs étaient des opportunistes cyniques, cherchant à utiliser leurs partisans crédules pour détruire leurs rivaux ethniques et gagner ainsi la richesse et le pouvoir suprême. Bien que les agents de renseignement en vinrent graduellement à douter que les Protocoles des Sages de Sion fut un document authentique, la plupart croyaient que ce travail notoire fournissait une description raisonnablement exacte des plans stratégiques des dirigeants juifs pour subvertir l'Amérique et le reste du monde et établir la domination juive.

Bien que les prétentions de Bendersky soient certainement extraordinaires, il fournit une énorme quantité de preuves convaincantes à l'appui, citant ou résumant des milliers de dossiers de renseignements déclassifiés, et appuyant son cas en puisant dans la correspondance personnelle de plusieurs des agents en cause. Il démontre de façon concluante qu'au cours des mêmes années où Henry Ford publiait sa série controversée « The International Jew », des idées similaires, mais beaucoup plus tranchantes, étaient omniprésentes dans notre propre communauté du renseignement. En effet, alors que Ford se concentrait surtout sur la malhonnêteté, la malfaisance et la corruption juives, nos professionnels du renseignement militaire considéraient le judaïsme organisé comme une menace mortelle pour la société américaine et la civilisation occidentale en général. D'où le titre du livre de Bendersky.

La majeure partie des documents fascinants cités par Bendersky provient de rapports de renseignement et de lettres officielles contenues dans des archives militaires. Par conséquent, nous devons garder à l'esprit que les agents qui produisent de tels documents auraient certainement choisi leurs mots avec soin et évité de mettre toutes leurs pensées controversées sur papier, ce qui laisse supposer que leurs croyances réelles auraient pu être beaucoup plus extrêmes. Un cas particulier de la fin des années 1930 impliquant un général de haut rang donne un aperçu des opinions et des conversations privées probables d'au moins certaines de ces personnes.

Bien que son nom ne signifie rien aujourd'hui, le chef d'état-major adjoint George Van Horn Moseley a passé la plupart des années 1930 comme un des généraux les plus respectés des États-Unis, ayant été considéré pour le commandement supérieur de nos forces armées et servant également de mentor personnel à Dwight D. Eisenhower, au futur secrétaire d'État George C. Marshall, et à de nombreuses autres figures militaires importantes. Il semble avoir été très apprécié au sein de notre establishment militaire et avait une excellente réputation personnelle.

Moseley avait aussi des opinions très arrêtées sur les grands enjeux publics de l'époque, et après sa retraite en 1938, il a commencé à se libérer de la discipline militaire et à faire la promotion de ses opinions de façon agressive en participant à une tournée nationale de conférences. Il dénonça à plusieurs reprises la montée en puissance militaire de Roosevelt et, dans un discours prononcé au début de 1939, il déclara que « la guerre proposée aujourd'hui a pour but d'établir l'hégémonie juive à travers le monde ». Il a déclaré que seuls les Juifs profiteraient de la guerre, et affirmé que les principaux Juifs de Wall Street avaient financé la Révolution russe, en avertissant les Américains de ne pas laisser l'histoire se répéter. Bien que le franc-parler de Moseley lui ait rapidement valu une réprimande de la part de l'administration Roosevelt, il a également reçu des lettres privées de soutien d'autres généraux de haut rang et de l'ancien président Herbert Hoover.

Dans son témoignage au Congrès juste avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Moseley est devenu encore plus franc. Il déclara que les « escouades d'assassins » des communistes juifs avaient tué « des millions de chrétiens », mais que « heureusement, le caractère du peuple allemand s'était éveillé » contre ces traîtres en leur sein et que par conséquent « nous ne devrions pas reprocher aux Allemands de régler le problème du Juif sur leur territoire pour toujours ». Il a même exhorté nos dirigeants nationaux à « tirer profit » de l'exemple allemand pour s'attaquer au problème national juif de l'Amérique qui s'envenimait.

Comme on pouvait s'y attendre, l'éloge que Moseley fit en 1939 de la politique juive de l'Allemagne devant le Congrès provoqua une puissante réaction médiatique, avec une manchette dans The New Republic le dénonçant comme « une cinquième colonne » nazi, The Nation l'attaquant de la même manière ; et après la guerre, la plupart des personnages publics prirent progressivement leurs distances. Mais Eisenhower et Marshall continuèrent à le considérer en privé avec beaucoup d'admiration et restèrent en correspondance amicale pendant de nombreuses années, suggérant fortement que sa dure appréciation des Juifs n'avait guère été un secret profond dans son cercle personnel.

Bendersky affirme que les cinquante caisses de mémoires, de documents privés et de correspondances de Moseley » contiennent toutes sortes d'arguments antisémites jamais manifestés dans l'histoire de la civilisation occidentale «, et d'après les divers exemples extrêmes qu'il donne, peu de gens pourraient contester ce verdict. Mais il note aussi que les déclarations de Moseley différaient peu des descriptions des Juifs exprimées par le général George S. Patton immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, et même de certains généraux à la retraite jusque dans les années 1970.

Prenons un peu de recul et replaçons les conclusions de Bendersky dans leur contexte. Nous devons reconnaître que pendant la majeure partie de l'ère couverte par ses recherches, le renseignement militaire américain constituait la quasi-totalité de l'appareil de sécurité nationale américain - l'équivalent d'une CIA, de la NSA et du FBI - et était responsable de la sécurité internationale et intérieure, bien que ce dernier portefeuille ait été progressivement assumé par la propre organisation en expansion de J. Edgar Hoover à la fin des années 1920.

Les années de recherches diligentes de Bendersky démontrent que pendant des décennies, ces professionnels expérimentés - et bon nombre de leurs commandants suprêmes - étaient fermement convaincus que des éléments majeurs de la communauté juive organisée complotaient impitoyablement pour prendre le pouvoir en Amérique, détruire toutes nos libertés constitutionnelles traditionnelles et, finalement, acquérir la maîtrise sur le monde entier.

Il est probable que la décision la plus embarrassante prise par Coughlin dans Social Justice fut de prendre au sérieux et de publier les Protocoles des Sages de Sion, chose que Marcus et l'ensemble de son cercle intellectuel auront sans doute considérée comme profondément discréditante en soi. Mais ce tristement célèbre document fait une apparition intrigante dans le long ouvrage produit par Bendersky :

Le projet Venona a constitué la preuve définitive de l'ampleur massive des activités d'espionnage soviétique en Amérique, que de nombreux journalistes et historiens du courant dominant nient régulièrement depuis des décennies, et il a également joué un rôle secret crucial dans le démantèlement de ce réseau d'espionnage hostile à la fin des années 40 et dans les années 50. Mais Venona a été presque étouffé un an après sa naissance. En 1944, des agents soviétiques ont pris conscience de l'effort crucial de décryptage du code secret et, peu après, ont fait en sorte que la Maison-Blanche de Roosevelt publie une directive ordonnant l'arrêt du projet et l'abandon de tous les efforts visant à découvrir l'espionnage soviétique. La seule raison pour laquelle Venona a survécu, ce qui nous a permis de reconstruire plus tard la politique fatidique de l'époque, était que l'officier du renseignement militaire responsable du projet, risquant la cour martiale, a désobéi directement à l'ordre présidentiel explicite et à continué son travail.

Cet officier était le colonel Carter W. Clarke, mais sa place dans le livre de Bendersky est beaucoup moins favorable, étant décrit comme un membre éminent de la « clique » antisémite qui constitue les méchants de son récit. En effet, Bendersky condamne en particulier Clarke pour avoir semblé croire encore dans la réalité essentielle des Protocoles des sages de Sion dans les années 1970, citant une lettre qu'il avait écrite à un frère d'arme officier en 1977 :

« Si, comme les Juifs l'affirment, les Protocoles des Sages de Sion ont été élaborés par la police secrète russe, comment se fait-il que tout ce qu'ils contiennent a déjà été adopté et que le Washington Post et le New York Times défendent si fermement le reste.«

Nos historiens doivent sûrement avoir du mal à digérer le fait remarquable que l'officier responsable du projet vital Venona, dont la détermination désintéressée l'a sauvé de la destruction par l'administration Roosevelt, est en fait resté un croyant à vie dans l'importance des Protocoles des sages de Sion.

Coughlin n'était guère qu'un prêtre ordinaire, sans expertise spécialisée sur les sujets historiques ou de sécurité nationale, qui aurait été nécessaire pour apporter de la crédibilité à ses affirmations spectaculaires. Pourtant, il est très intéressant de comparer ses opinions, énoncées à la radio ou publiées auprès de son énorme auditoire public, avec les opinions personnelles entretenus au cours des mêmes années par de très nombreux officiers de haut rang des Services de Renseignements militaires étasuniens.

Ron Unz

Traduit par José Martí pour le Saker Francophone

 lesakerfrancophone.fr