France-Soir
©Jean-Sébastien Evrard/AFP
L'ONG Bloom lance une offensive judiciaire contre l'État français, qu'elle accuse de fermer les yeux sur les ravages du chalutage de fond. Mercredi 10 juillet, l'organisation a officiellement enclenché un recours gracieux auprès du ministère de la Transition écologique, exigeant une interdiction de cette méthode de pêche industrielle dans les eaux métropolitaines.
Le chalutage de fond, qui consiste à racler les fonds marins avec d'énormes filets lestés, est accusé de réduire à néant les habitats marins, y compris dans les zones Natura 2000 censées être protégées. Pire : sur les 123 zones françaises relevant de cette protection européenne, seules 18 bénéficient de mesures concrètes. « Depuis 2016, des dérogations tellement larges ont été mises en place que le principe même des zones protégées est contourné », déplore Aymeric Thillaye du Boullay, directeur juridique de Bloom. Comme le rapporte The Epoch Times, l'État n'a pas respecté les directives Habitats, Oiseaux, ni la stratégie marine européenne, qui exigeait un bon état écologique des océans… pour 2020.
Le gouvernement promet bien une limitation du chalutage dans 4 % des eaux d'ici 2026, mais pour Bloom, c'est trop peu, trop tard. L'ONG veut désormais que la justice « contraigne l'État à réparer et mettre fin au préjudice écologique ». Face aux géants de la pêche industrielle, le droit devient le dernier filet de sécurité pour l'océan. Mais la partie s'annonce rude, notamment parce que Bloom fait déjà l'objet d'une plainte pour « dénigrement » de la part de certains pêcheurs. Justice contre économie, écologie contre inertie politique.