11/07/2025 francesoir.fr  22min #283893

Les toxines invisibles : une menace silencieuse pour la santé des enfants et des écosystèmes

Dr Gérard Guillaume et Xavier Azalbert, France-Soir

Les toxines invisibles : une menace silencieuse pour la santé des enfants et des écosystèmes

France-Soir, IA

Dans un monde où chaque bouchée, chaque gorgée et chaque geste du quotidien façonne notre santé, une vérité dérangeante se fait jour : les toxines, qu'il s'agisse de pesticides, de microplastiques, de métaux lourds ou de polluants éternels, infiltrent nos aliments, nos boissons, nos produits d'hygiène et même les chewing-gums que nous mâchons distraitement.

Ces substances, souvent invisibles, contribuent à une explosion alarmante des maladies chroniques, en particulier chez les enfants. En France, 15 millions de personnes, soit 20 % de la population, souffrent de maladies chroniques, dont 1,5 à 4 millions de jeunes de 0 à 20 ans, selon  Santé publique France. Aux États-Unis, l'obésité infantile a bondi de 270 % depuis les années 1970, l'autisme touche 1 enfant sur 31 à l'âge de 8 ans, et les cancers pédiatriques ont grimpé de 40 % depuis 1975, d'après le  CDC. Ces chiffres ne sont pas de simples statistiques : ils reflètent une crise de santé publique qui menace les générations futures et appelle une action urgente.

Ce fléau ne se limite pas aux assiettes. Les toxines s'insinuent dans des produits du quotidien, comme les dentifrices, les fils dentaires et les boissons en bouteille, même celles en verre – et l'eau du robinet, qui devrait être une source de vie mais devient un vecteur de contamination. Cette omniprésence soulève une question cruciale : comment protéger nos enfants et nous-mêmes face à une menace aussi diffuse ?

Cette omniprésence soulève une question cruciale : comment protéger nos enfants et nous-mêmes face à une contamination aussi diffuse ?

Cet article explore les principales toxines en cause, leurs impacts sur la santé et l'environnement, et propose des solutions concrètes, tant individuelles que systémiques, pour reprendre le contrôle de notre bien-être.

Le glyphosate : un poison silencieux dans nos assiettes

Le glyphosate, ingrédient actif du Roundup, est l'herbicide le plus utilisé au monde. Présent dans 53 % des produits alimentaires courants, comme les céréales, les pâtes et les lentilles, il garnit nos assiettes dès le petit-déjeuner, selon un  rapport de Générations Futures de 2017. Plus inquiétant encore, 87 % des enfants américains ont des traces de glyphosate dans leur urine, signe d'une exposition quotidienne via des aliments de base comme le blé, l'avoine ou le maïs, selon le CDC.


Glyphosate - pixabay

Classé «  probablement cancérogène » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) en 2015, le glyphosate est lié à des lymphomes non hodgkiniens, à des troubles neurodéveloppementaux comme le TDAH et l'autisme, ainsi qu'à des cancers de la prostate et du myélome multiple,  selon une expertise de l'Inserm de 2021.Son mécanisme d'action est sournois : le glyphosate perturbe la voie shikimate, essentielle à la synthèse des acides aminés dans les bactéries intestinales, entraînant des déséquilibres du microbiote qui affectent le métabolisme et favorisent l'inflammation chronique. (Xavier Coumoul- Pesticides, quels effets sur notre santé ? )

Malgré ces preuves, l'Union européenne a renouvelé son autorisation en novembre 2023 pour dix ans, suscitant l'indignation d'experts qui dénoncent l'évaluation incomplète  des co-formulants du Roundup, souvent plus toxiques que le glyphosate lui-même. Cette décision reflète une inertie réglementaire qui met en péril la santé publique et la biodiversité, le glyphosate étant également impliqué dans le déclin de 70 à 80 % des insectes en Europe et dans l'effondrement des colonies d'abeilles tel que le montre une  étude récente d'une ampleur inédite parue en octobre 2024.

Les microplastiques : une invasion silencieuse, même dans le verre

Les microplastiques, ces fragments de moins de 5 mm, et leurs cousins encore plus petits, les nanoplastiques, sont devenus omniprésents, des profondeurs océaniques aux glaciers himalayens, en passant par les nuages.

Les plastiques biodégradables à base d'amidon présentés comme une alternative sûre aux plastiques pétrosourcés sont loin d'être sûrs. Une  étude récente publiée dans le  Journal of Agricultural and Food Chemistry dirigée par  Yongfeng Deng, cette recherche montre que des souris exposées durant trois mois à des microplastiques d'origine amidonnée ont présenté des dommages organiques, atteintes hépatiques et ovariennes, des perturbations métaboliques, anomalies des triglycérides, perturbations du métabolisme du glucose et des lipides; des altérations des voies génétiques liées au rythme circadien et un déséquilibre du microbiote intestinal.

Une  étude de l'Anses, publiée en juillet 2025, a révélé leur présence dans toutes les boissons testées en France, y compris celles conditionnées dans des bouteilles en verre. Les concentrations varient : 2,9 microplastiques par litre dans l'eau embouteillée, 31,4 dans les sodas, 101,5 dans les limonades, 84 dans la bière et 12 dans le vin. Contre toute attente, les bouteilles en verre affichent des niveaux plus élevés que les contenants plastiques, en raison de l'abrasion des bouchons plastiques lors du stockage. Les vins, avec leurs bouchons en liège, se distinguent par une contamination moindre, suggérant une piste pour réduire l'exposition.

Les aliments ne sont pas épargnés : 69 % des poissons, 55 % des mollusques, 39 % des œufs et 23 % du lait contiennent des microplastiques, selon  Générations Futures. Plus surprenant encore, une  étude de l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA), présentée en mars 2025 à l'American Chemical Society, a révélé qu'un seul gramme de chewing-gum libère en moyenne 100 microplastiques dans la salive, certains atteignant 600 particules. Une gomme de 2 à 6 grammes peut ainsi relâcher jusqu'à 3 000 particules, et une personne mâchant 180 gommes par an pourrait ingérer 30 000 microplastiques.

Bien que cela paraisse dérisoire face aux 240 000 microplastiques par litre d'eau embouteillée, l'accumulation est alarmante.

Ces particules s'infiltrent dans le corps humain, atteignant le cerveau (0,5 % de sa masse, selon  l'Office parlementaire français), les poumons, le placenta et les reins.  Une étude de l'American College of Cardiology de 2025 lie leur présence à des risques accrus d'AVC, de diabète et de cancers, notamment de l'estomac, en raison de l'inflammation chronique qu'ils provoquent et de leur capacité à absorber des polluants environnementaux. Les microplastiques agissent comme des perturbateurs endocriniens, imitant les hormones et perturbant le métabolisme, selon une étude de  The Lancet Planetary Health.

Nous vous recommandons, de vous reporter à l'article :  la pollution plastique : une crise systémique exigeant des solutions fondées sur la science(France-Soir 9 juin 2025).

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Les métaux lourds : des dentifrices aux poissons

Les métaux lourds, comme le plomb, le cadmium, le mercure et l'arsenic, représentent une menace insidieuse, non seulement dans l'alimentation, mais aussi dans des produits inattendus comme les dentifrices. Lorsque l'exposition dépasse les seuils de sécurité, les conséquences de santé peuvent être multiples avec des atteintes possibles sur les fonctions :

  • Neurologiques (manganèse, arsenic, cadmium, cuivre, zinc, fer, mercure)
  • Néphrologiques (cadmium, plomb, mercure, thallium)
  • Cancérigènes (arsenic, plomb, mercure, nickel)
  • Hépatiques (plomb, cadmium, cuivre, chrome)
  • Immunologiques (plomb, cadmium, chrome)
  • Cardiovasculaires (plomb, cadmium, cobalt)
  • Dermatologiques (arsenic, mercure)
  • Reproductives (arsenic, plomb, cadmium, mercure)
  • Génomiques (arsenic)

Les sources d'exposition à ces métaux lourds sont variées : l'atmosphère, le tabac, les implants médicaux, les plombages… mais aussi et surtout l'alimentation.

Les poissons prédateurs comme le requin, l'espadon et le marlin, le siki, les lamproies et, à un moindre degré, le thon, le brochet ou le barracuda, sont les poissons qui contiennent les concentrations les plus élevées de métaux lourds

La laitue et les oignons sont plus susceptibles d'absorber le plomb. Les carottes et les épinards absorbent plus facilement le cadmium. Les patates douces et les légumes-racines présentent également un risque plus élevé de contamination par les métaux lourds. De nombreuses herbes séchées et épices peuvent également être riches en métaux lourds


90 % des 51 marques de dentifrice populaires contiennent du plomb, 65 % de l'arsenic, 47 % du mercure et 35 % du cadmium (photo pixabay)

Une  enquête de Lead Safe Mama (LSM) en 2025 a révélé que 90 % des 51 marques de dentifrice populaires contiennent du plomb, 65 % de l'arsenic, 47 % du mercure et 35 % du cadmium, souvent introduits par des ingrédients comme l'hydroxyapatite, le carbonate de calcium ou l'argile bentonite. Certains échantillons dépassent les seuils de sécurité de l'État de Washington, bien que conformes  aux normes fédérales américaines, qui tolèrent jusqu'à 20 ppm de plomb. Ces métaux provoquent des lésions rénales, de l'ostéoporose, de l'anémie et des troubles cognitifs en inhibant des enzymes clés (comme l'ALAD pour le plomb) ou en induisant un stress oxydatif mitochondrial (cadmium).

Dans l'alimentation, après l'eau potable, le riz est une source majeure d'arsenic, exacerbée par le changement climatique, qui augmente sa concentration, selon  une étude de The Lancet Planetary Health. Les légumes-racines (carottes, pommes de terre) absorbent le cadmium et le plomb, tandis que les poissons prédateurs (thon, espadon) concentrent le mercure.

En France, 47 % de la population, dont 36 % des enfants de moins de 3 ans, dépasse les valeurs toxicologiques de référence  pour le cadmium, notamment à cause des engrais phosphatés importés du Maroc, riches en ce métal.

Ces engrais contaminent les sols, les céréales et les légumes, avec des effets tératogènes sur les embryons et des risques accrus de cancers rénaux et hépatiques.

Les PFAS : les polluants éternels qui ne disparaissent jamais

Les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), surnommées « polluants éternels » pour leur persistance dans l'environnement et le corps humain forment une famille de plus de 4000 composés chimiques. Antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurs, les PFAS sont largement utilisés depuis les années 1950 dans divers domaines industriels et produits de consommation courante :


Exemple d'usage de PFAS

Quatre effets potentiels sur la santé disposent d'un niveau de preuve jugé suffisant : la diminution de la réponse immunitaire à la vaccination, la dyslipidémie (anomalie lipidique due à du cholestérol et/ou des triglycérides élevés), la baisse du poids de naissance et l'augmentation du risque de cancer du rein.

Les PFAS sont détectées dans 69 % des poissons, 55 % des abats, 39 % des œufs et 23 % du lait, selon Générations Futures. Elles se retrouvent également dans certains fils dentaires contenant du PTFE (téflon), augmentant l'exposition hormonale, selon  une étude de 2019.

Le PFOA, un type de PFAS, est classé comme «  cancérogène pour les humains » par le  CIRC en 2023, avec des liens établis avec les cancers du rein, la dyslipidémie et une diminution de la réponse immunitaire. Ces substances submergent le foie, perturbant sa capacité à détoxifier, et imitent les hormones, affectant le métabolisme et la reproduction  selon une étude des NIH.

D'autres types d'effets sur la santé sont suspectés comme par exemple : maladies thyroïdiennes, troubles de la reproduction, de la fertilité, mais avec un niveau de preuve scientifique moins élevé, sur la base des connaissances acquises à ce jour.

Nous recommandons à tous de visionner le film « Dark Waters » qui s'inspire du combat de l'avocat de Cincinnati, Robert Bilott contre les « polluants éternels »

Les bisphénols, la chlordécone et les résidus pharmaceutiques : une menace multiforme

Les bisphénols ( bisphénol A : BPA et bisphénol S : BPS), présents dans les conserves, les bonbonnes d'eau en polycarbonate et les tickets thermiques, agissent comme perturbateurs endocriniens, entraînant des troubles reproductifs, métaboliques et cardiovasculaires,  selon l'Anses. L'alimentation contribue à plus de 80% de l'exposition de la population au  bisphénol A. Les principales sources d'exposition alimentaire aux bisphénols, identifiées par l'Anses, sont les produits en boîtes de conserve ou encore les bonbonnes d'eau en polycarbonate. L'agence a également estimé que la manipulation de tickets thermiques (tickets de caisse, reçus de cartes bancaires…) conduisait à des situations d'exposition à risque, notamment dans un cadre professionnel.

La chlordécone, utilisée jusqu'en 1993 dans les bananeraies antillaises, persiste dans les sols et les eaux de Guadeloupe et Martinique,  augmentant les risques de cancer de la prostate et d'anomalies de la grossesse. Les résidus pharmaceutiques, issus des déjections humaines et animales ou des rejets industriels, contaminent l'eau du robinet, favorisant la résistance bactérienne et des effets sur la faune aquatique,  selon l'Anses.

En 2011, sur la base d'un rapport relatif aux effets sanitaires du BPA, l'Anses a conclu à l'existence d'effets avérés chez l'animal (effets sur la reproduction, sur la glande mammaire, sur le métabolisme, le cerveau et le comportement) et d'effets suspectés chez l'Homme (effets sur la reproduction, sur le métabolisme et les pathologies cardiovasculaires).

Le ministère de la Santé recommande des gestes simples à adopter pour limiter les expositions aux bisphénols via l'alimentation :

Privilégier la cuisine faite maison : pour cuisiner, privilégier les matériaux aptes au contact alimentaire comme le verre, l'inox, la fonte, le bois non traité (éviter les poêles antiadhésives, les bouilloires et les contenants en plastique) ; Eviter de réchauffer, par ex. au micro-ondes, les aliments dans des récipients ou des emballages en plastique.

L'eau : une source de vie contaminée

L'eau, essentielle à la vie, est devenue un vecteur de toxines. Malgré une surveillance constante des autorités sanitaires, environ un tiers de l'eau distribuée en France est non conforme aux normes réglementaires,  selon l'Anses 20. Les pesticides, leurs métabolites, les PFAS et les résidus pharmaceutiques s'infiltrent dans les nappes phréatiques et les eaux de surface, contaminant l'eau du robinet.

Un  rapport de l'Anses d'avril 2023 a détecté des traces de chlorothalonil, un  fongicide interdit depuis 2020 et suspecté d'être cancérogène, dans 57 % des échantillons d'eau analysés dans une  centaine de départements. La somme des concentrations de pesticides dans l'eau dépasse souvent le seuil réglementaire de 0,5 µg/L dans 20 % des prélèvements.


L'eau : une source de vie contaminée - photo pixabay 

Les résidus pharmaceutiques, issus des déjections humaines et animales ou des rejets industriels, sont particulièrement préoccupants. La France, quatrième consommateur mondial de médicaments, rejette des traces de ces substances dans l'eau, favorisant la résistance bactérienne et des effets sur la faune aquatique. Les bactéries comme les légionelles, les Pseudomonas ou E. coli peuvent également contaminer l'eau, souvent à cause de canalisations défectueuses plutôt que de la qualité initiale de l'eau.


Résidus pharmaceutiques dans l'eau - photo radiofrance

Ces contaminants, bien que présents à faible dose, posent des risques à long terme, difficiles à évaluer en raison des effets cocktails avec d'autres polluants. Les stations d'épuration actuelles, inadaptées pour filtrer ces molécules, laissent passer PFAS et résidus pharmaceutiques,  soulignant la nécessité de technologies avancées comme la photocatalyse.

Un cocktail toxique aux conséquences imprévisibles

Ces interactions complexes, encore peu étudiées, soulignent l'urgence de revoir les approches réglementaires, qui se concentrent souvent sur une seule toxine à la fois.

Tableau Récapitulatif : Toxines, Sources et Solutions

ToxineSources principalesEffets sur la santéRecommandations
GlyphosateCéréales, pâtes, lentillesLymphomes, TDAH, autisme, cancersAcheter bio, laver soigneusement les légumes
MicroplastiquesBoissons, poissons, chewing-gumsInflammation, AVC, cancers, perturbations hormonalesUtiliser verre/inox, mâcher moins de chewing-gums
Métaux lourdsDentifrices, riz, poissons prédateursLésions rénales, ostéoporose, anémie, cancersDentifrice maison, poissons faibles en mercure
PFASFil dentaire, poissons, œufsCancers, dyslipidémie, baisse immunitaireÉviter PTFE, privilégier fil non fluoré
BisphénolsConserves, tickets thermiquesTroubles reproductifs, métaboliquesCuisine maison, éviter plastiques
ChlordéconeSols/eaux (Antilles)Cancer prostate, anomalies grossesseContrôler la contamination locale
Toxines botuliquesConserves artisanalesParalysie, troubles neurologiquesVérifier les conserves
Résidus pharmaceutiquesEau du robinetRésistance bactérienne, effets aquatiques

Des solutions à portée de main pour les familles

Face à cette crise, les consommateurs peuvent agir immédiatement.

Dans l'alimentation, privilégiez les produits biologiques, notamment pour les légumes-racines (carottes, pommes de terre) et les céréales, afin de réduire l'exposition au glyphosate et au cadmium. Choisissez des poissons à faible teneur en mercure, comme les sardines ou les maquereaux, et évitez les prédateurs comme le thon ou l'espadon. Pour les boissons, optez pour des bouteilles en verre avec bouchons en liège ou en métal, et utilisez des filtres à osmose inverse ou à charbon actif pour l'eau du robinet, qui peut  contenir des PFAS et des résidus pharmaceutiques.

Dans les soins bucco-dentaires, la situation est tout aussi préoccupante. Seuls six dentifrices sur 51 testés par LSM sont exempts de métaux lourds, comme certaines marques bio à base de bicarbonate de soude (non précisées dans le rapport, mais  disponibles sur le site de LSM). Une alternative sûre consiste à fabriquer son propre dentifrice avec de l'huile de coco, du bicarbonate de soude, de la poudre de coquille d'œuf (pour le calcium) et de l'huile essentielle de menthe poivrée, comme le recommande le  Dr Joseph Mercola. Utilisez un fil dentaire non fluoré sans PTFE, et intégrez l'extraction d'huile (10-15 minutes par jour avec de l'huile de coco) pour éliminer les toxines buccales. Pour les chewing-gums, réduisez leur consommation ou optez pour des gommes à base de chicle naturel, sans polymères pétroliers, et mâchez un seul morceau plus longtemps pour limiter la  libération de microplastiques.

Enfin, l'exercice physique régulier, comme 75 minutes par semaine à haute intensité, favorise l'élimination des métaux lourds via la transpiration, selon Mercola. Ces gestes simples, accessibles à tous, permettent de réduire l'exposition tout en attendant des réformes plus larges.

Des solutions systémiques pour un avenir plus sain

Les solutions individuelles, bien qu'essentielles, ne suffisent pas à endiguer cette crise. Des réformes systémiques sont nécessaires pour s'attaquer aux racines du problème. L' Union européenne pourrait s'inspirer du Danemark, qui a interdit certains PFAS dans les emballages alimentaires dès 2020, et adopter des seuils stricts pour les métaux lourds dans les dentifrices, comme le 1 ppm pour le plomb déjà en vigueur pour les cosmétiques. Les fabricants de boissons doivent généraliser le lavage des bouchons plastiques avant scellement, une pratique qui réduit significativement les microplastiques,  selon l'Anses.

Dans l'agriculture, promouvoir les pratiques biologiques et limiter l'usage des engrais phosphatés riches en cadmium, notamment ceux importés du Maroc, est crucial. La bioremediation, utilisant des bactéries comme Pseudomonas fluorescens pour  dégrader le glyphosate dans les sols, offre une solution prometteuse, selon une étude de 2024 dans  Environmental Science & Technology. Les stations d'épuration doivent être équipées de  technologies avancées, comme la photocatalyse, pour éliminer les PFAS et les résidus pharmaceutiques, qui échappent actuellement aux filtres conventionnels. Enfin, des programmes de recyclage des chewing-gums, comme l'initiative Gumdrop en Europe, pourraient limiter la pollution plastique.

Le rôle clé des professionnels de santé

Les professionnels de santé ont un rôle pivot à jouer. Depuis l'automne 2025, les tests de dosage du cadmium sont remboursés en médecine de ville en France, et déjà disponibles en milieu hospitalier,  permettant un dépistage ciblé des enfants dans les zones agricoles. Les pédiatres peuvent conseiller les familles sur les aliments et produits à faible risque, comme les dentifrices sans métaux lourds ou les boissons en verre avec bouchons en liège.

Des protocoles de suivi, comme des échographies rénales pour le cadmium ou des tests immunitaires pour les PFAS, devraient être systématisés pour les populations vulnérables, notamment les femmes enceintes et les jeunes enfants.

Sensibiliser pour transformer les mentalités

La sensibilisation est un levier puissant. Des campagnes scolaires peuvent enseigner aux enfants les bases d'une alimentation saine et les dangers des toxines, tandis que des applications comme  Yuka permettent aux consommateurs de scanner les produits pour éviter ceux contenant des additifs à risque.

Les guides de l'Anses et de l'OMS offrent des ressources précieuses pour comprendre et limiter l'exposition. Les coûts économiques des maladies chroniques, estimés à 15-20 %  du budget de santé publique français, et le déclin dramatique de 70-80 % des insectes en Europe, menaçant la sécurité alimentaire, soulignent l'urgence d'une mobilisation collective.

Conclusion

Au moment où nous bouclons cet article, nous apprenons qu'une jeune fille de 11 ans a perdu la vie lundi 16 juin à Saint Quentin, après une sévère intoxication alimentaire suite à une consommation de viande. Sept autres enfants ont été contaminés dans la zone. Une trentaine d'élèves du collège de Peyrehorade dans les Landes, ont été pris de maux de ventre et pour certains de vomissements après le repas de ce lundi midi dans l'établissement. Des analyses sont en cours pour savoir s'il s'agit d'une intoxication alimentaire

L'actualité est là pour nous confirmer, au besoin, que les intoxications, alimentaires ou non, sont une réalité sont une réalité présente dans la vie quotidienne et qu'il s'agit d'un véritable enjeu de santé publique.

Jeudi 19 juin, l'ONG Générations Futures, dans un rapport choc, révèle la présence d'au moins un des quatre "polluants éternels" réglementés dans des aliments du quotidien.

Ces polluants sont bien plus répandus que prévus.

Les abats sont parmi les plus contaminés : 55 % des échantillons contiennent des PFAS, les poissons : 69 % des poissons testés contiennent des PFAS, les mollusques : 55 % des mollusques sont contaminés. Les œufs : 39 % des œufs analysés contiennent des PFAS, le lait 23 %, la viande 14%, les crustacés 27 % contaminés.

Générations Futures appelle à plus de vigilance :

« Il est nécessaire d'élargir la liste des PFAS à contrôler dans l'alimentation sachant que plus de 20 autres substances PFAS ont été recommandées par la commission européenne en 2022. [...] Par ailleurs, les limites réglementaires ne portent que sur un nombre limité de type de denrées alimentaires (viande, poisson, crustacés, mollusques et œufs). il n'y a pas de limites réglementaires concernant le taux de PFAS dans les fruits et légumes, les céréales et les produits laitiers alors que ceux-ci représentent une part majeure de notre alimentation. De manière surprenante, il n'y a pas non plus de limites réglementaires définies concernant les aliments pour nourrissons et enfants en bas âge »

Un appel à l'action collective

Les toxines, du glyphosate dans nos céréales aux microplastiques dans nos chewing-gums, nos dentifrices et nos boissons, constituent une menace silencieuse mais omniprésente. Elles alimentent une crise de santé publique qui touche particulièrement les enfants, tout en dégradant nos écosystèmes.

En adoptant des choix éclairés – aliments biologiques, contenants en verre, dentifrices maison, réduction des chewing-gums – et en soutenant des politiques ambitieuses, comme l'interdiction des PFAS ou la bioremediation des sols, nous pouvons protéger notre santé et celle des générations futures.

Cette lutte exige une mobilisation collective, des consommateurs aux décideurs, pour construire un avenir où la nourriture et les produits du quotidien cessent d'être des vecteurs de poison.

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