12/07/2025 reseauinternational.net  5min #283960

Rien ne vaut une bonne opération franco-britannique pour affaiblir la France. Un invariant de l'histoire. 1- Résumé

par Jean Pégouret

Le 27 mars 2025 s'était tenue à Paris, à l'initiative de la France et du Royaume-Uni, en présence de Zelensky, une réunion des «Volontaires», destinée à former une force de soutien militaire à l'Ukraine dans le conflit entre l'OTAN et la Russie.

Le 10 mai, le nouveau chancelier allemand Freidrich Merz avait rejoint Macron et Starmer pour rencontrer Zelensky à Kiev après un mémorable voyage en train.

Cette semaine, du 8 au 10 juillet, Macron et Starmer, se sont réunis à Londres pour finalement décider de pouvoir multiplier par cinq l'effectif de la «Force conjointe franco-britannique» jusqu'à 50 000 hommes de l'élever au statut de corps d'armée et d'en faire le pilier de la «coalition des Volontaires». Celle-ci pourrait être mobilisée à disposition de l'OTAN dans un «engagement majeur» après avoir été déployée en Ukraine pour la sécuriser après un éventuel cessez-le feu.

En gros, un scénario à la Coréenne, mais en pire, qui permettrait à l'OTAN de prendre pied en Ukraine et de la réarmer l'Ukraine en attendant la reprise de l'offensive contre la Russie, mais cette fois en impliquant des militaires français sur le terrain.

Et pour être complet, ils se sont accordés sur la possibilité de coordonner les forces nucléaires des deux pays pour contrer toute menace sur leurs intérêts vitaux.

Macron et ses conseillers n'ont soit aucune culture historique internationale, soit ils sont les figurants volontaires d'une pièce de théâtre dont l'épilogue est programmé à l'avance : toutes les campagnes militaires franco-britanniques, depuis la première il y a 170 ans, ont eu des conséquences désastreuses pour la France et seul le Royaume-Uni en a tiré avantage lorsqu'il y en a eu.

Alors, à toutes fins utiles, en voici un résumé à destination de notre président et de ses conseillers mais surtout de ceux qui sont sur le point de les revivre :

La victoire franco-britannique de la Guerre de Crimée (1853-1856) a eu comme contrecoup les mains libres laissées par la Russie à la Prusse en 1870, la débâcle de Sedan, la chute du Second Empire et la perte de l'Alsace et la Moselle par la France ;

Le Sac du Palais d'Été en 1860 par les troupes franco-britanniques, lors de la Seconde Guerre de l'Opium a laissé, encore aujourd'hui dans la perception chinoise, une image la France brutale et colonialiste, contrastant avec sa réputation de nation civilisée à l'origine des Lumières ;

L'offensive franco-britannique dans les Dardanelles en 1915 contre l'Empire ottoman s'est traduit par une lourde défaite qui a jeté le discrédit sur l'armée française et détournée des ressources du front de l'Ouest contre l'Allemagne ;

Les accords de Munich en 1939, au lieu d'éviter la guerre, ont poussé l'URSS à passer un pacte de non-agression avec l'Allemagne nazie permettant à celle-ci d'accomplir ses objectifs à l'Est puis d'envahir quand-même la moitié de la France ;

La crise du Canal de Suez en 1956 a mis en évidence la fin de l'influence stratégique de la France qui ne pouvait plus intervenir au Moyen-Orient sans l'aval des États-Unis et de l'Union soviétique ;

L'opération franco-britannique en Libye en 2011 a eu comme conséquence la perte d'influence de la France en Afrique, incapable qu'elle a été de faire face à l'explosion du terrorisme au Sahel, et l'immigration massive qui ont suivi la faillite de l'État libyen.

Aujourd'hui, la France s'engage dans une alliance militaire avec la Grande-Bretagne qui cumule les ingrédients de tous ces projets catastrophiques :

S'opposer à la Russie au profit d'intérêts anglo-américains, comme lors de la guerre de Crimée ;

S'engager dans une entreprise néocoloniale aux yeux des pays de l'axe multipolaire en Asie, Afrique, Moyen-Orient, Amérique latine et une partie de l'Europe, comme lors des Guerres de l'Opium et de l'agression de la Libye ;

Imposer à la population française un endettement supplémentaire dans une situation économique et sociale déjà inextricable ou un échec à court terme par manque de préparation et la sous-estimation de l'adversaire si un conflit avec la Russie avait lieu aujourd'hui, comme en 1915 aux Dardanelles.

Risquer un désaveu de la Chine, de la Russie et des États-Unis, qui n'ont aucun intérêt au contrôle des voies d'accès au commerce avec l'Europe par un pôle franco-anglais, comme l'URSS et les États-Unis en 1956 pour le contrôle du Canal de Suez.

C'est vrai, il n'y a pas beaucoup d'espoir que Macron et Starmer fassent machine arrière.

Macron veut jouer la «fenêtre de tir» du désengagement américain en Ukraine et même en Europe pour vouloir prendre le leadership sur le continent. Il veut sortir l'Europe du Moyen-Âge et la faire entrer dans la Renaissance.

Starmer a tout intérêt à trouver un allié dans l'Union européenne après le Brexit.

Les financiers mondiaux se frottent les mains : endettement, armes, recyclage par la guerre d'investissements devenus improductifs.

C'est sans compter sur l'imprévisibilité du président américain et le court terme des échéances électorales de ce pays, sans compter sur la montée des pays qui rejoignent la Chine et la Russie pour bâtir un autre monde.

Et si Macron, Starmer, Trump, Merz... ne jouaient pas le jeu, quel serait leur avenir ?... Non, les dés sont lancés, les rôles sont attribués. Macron ne peut désormais qu'ignorer les avertissements de l'histoire des alliances calamiteuses franco-britanniques.

Quel est alors le poids des peuples européens ? Une motion de destitution d'Ursula von der Leyen récemment été largement rejetée par le parlement européen en donne une idée.

Le peuple français, lui, est en première ligne. Si lui-aussi ignore l'histoire, il se pourrait qu'il disparaisse sans avoir évité avant de s'être fait vider le corps et l'âme, comme les civilisations qui n'ont pas su refuser la tyrannie.

Note : Ce texte est une introduction à une analyse plus détaillée des opérations franco-britanniques évoquées ici et de leurs conséquences pour la France.

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