12/07/2025 legrandsoir.info  4min #283968

Appel à la paix contre les logiques de guerre : la Méditerranée orientale entre militarisation, dépendance et résistances

Orestis NIKIFOROU

Alors que les tensions militaires s'intensifient en Europe et en Méditerranée orientale, l'Association Grèce France Résistance lance un appel clair : refuser l'économie de guerre, dénoncer l'assujettissement de la Grèce aux stratégies de l'OTAN et des États-Unis, et construire un front international pour la paix. Dans ce contexte d'escalade, marqué par la précarisation sociale, la dépendance militaro-industrielle et le risque nucléaire, l'appel met en lumière les responsabilités politiques et géopolitiques qui mettent en péril les peuples de la région.

Dans un appel récemment publié, l'Association Grèce France Résistance dénonce l'engrenage militariste en Europe et ses conséquences en Méditerranée orientale. Intitulé « Non à la guerre, oui à la résistance », ce communiqué met en garde contre le vaste programme de réarmement engagé par les gouvernements européens, dont le fardeau retombera sur les peuples, par l'austérité, la précarisation et le sang versé.

L'ordre mondial issu de 1945 se désintègre. Tandis que l'on invoque l'« union nationale », les auteurs de l'appel dénoncent un patriotisme factice au service d'intérêts industriels et impérialistes. Ils rappellent la célèbre phrase d'Anatole France : « On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels », et y joignent les mots de Stratis Myrivilis (1890-1969) sur la « convulsion collective meurtrière » qu'est la guerre.

La Grèce au cœur d'une stratégie qui la dépasse

La Méditerranée orientale devient un théâtre de tension géopolitique majeur. Alliances militaires asymétriques, déploiement de bases étrangères, intégration dans la stratégie atlantiste : la Grèce est enrôlée dans des logiques qui ne servent ni sa souveraineté, ni sa sécurité. L'OTAN mène une guerre par procuration en Ukraine, et les puissances occidentales soutiennent le génocide contre le peuple palestinien à Gaza.

La situation est d'autant plus inquiétante qu'elle comporte un risque d'escalade nucléaire, alors que les puissances en confrontation - États-Unis, Russie, Israël - possèdent l'arme atomique. La Grèce, placée en position avancée, devient un pion exposé.

Une société précarisée, une économie affaiblie

Cet agenda militariste est imposé à une société grecque appauvrie, marquée par plus d'une décennie de mémorandums, de chômage structurel et de coupes sociales. La désindustrialisation du pays l'a rendue dépendante des importations et de la dette extérieure. Pourtant, les gouvernements successifs ont engagé des dépenses militaires colossales.

Pire encore, ces armements sont techniquement sous contrôle des États-Unis, en raison de l'intégration de logiciels de surveillance et d'activation qui permettent à Washington de bloquer à distance toute utilisation non conforme à la doctrine de l'OTAN. Ainsi, les avions F-35 ou les systèmes de missiles n'obéissent qu'aux intérêts de l'Alliance, pas à ceux de la défense nationale grecque.

Ce n'est pas nouveau : dans les années 2010, la Grèce a été secouée par les scandales liés à l'achat de sous-marins allemands, entachés de corruption, de surcoûts et d'inefficacité. Une illustration du rôle subalterne que lui fait jouer le complexe militaro-industriel européen et atlantiste.

Une politique au service de l'OTAN, pas de la Grèce ni de Chypre

L'armement intensif des derniers gouvernements grecs - qu'il s'agisse d'avions, de frégates ou de drones - ne sert en rien la défense nationale de la Grèce, ni celle de la République de Chypre, pays membre de l'UE toujours partiellement occupé par l'armée turque. Cette politique ne vise ni la souveraineté nationale ni la dissuasion : elle obéit uniquement aux intérêts stratégiques des États-Unis et de l'OTAN, qui veulent faire de la Grèce un avant-poste docile.

Pour un front commun de résistance

L'Association Grèce France Résistance appelle à renouer avec l'esprit du mouvement pacifiste grec des années 1950-60, dont le député Grigoris Lambrakis, assassiné en 1963, fut une figure emblématique. Son combat pour la paix, la souveraineté et la démocratie est toujours d'actualité, dans une région menacée de déflagration.

Dans cette perspective, l'Association appelle à participer massivement à la Conférence internationale contre la guerre, le 5 juillet à Paris, au Dôme de Paris - Porte de Versailles.

Face aux guerres, à la soumission géopolitique et à l'appauvrissement, l'appel se conclut par une exigence claire : former un front commun pour la paix, la solidarité entre les peuples, et la rupture avec les logiques mortifères de l'OTAN.

Assez ! Non à la guerre. Oui à la Résistance.

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