12/07/2025 dedefensa.org  7min #283971

 Trump bat en retraite...

Douguine et le « temps du chaos »

 Ouverture libre

• On nous pardonnera d'avoir commencé cette présentation par un plagiat chaleureux pour faire du 'Temps de l'amour', le 'Temps du chaos' ; de paraître en apparence chaotique pour décrire le chaos. • Il nous plaît d'être parfois, - de plus en plus souvent, - d'apparence chaotique pour décrire le chaos du monde. • Ce chaos-là, bien sûr, est emmené à bon train par le chaos trumpiste, champion sans précédent du domaine. • Pour y comprendre quelque chose et qu'il y a un enjeu énorme dans ce chaos, le commentaire de Douguine est essentiel.

12 juillet 2025 (12H15) - S'il faut tenter de qualifier cette époque qui éclate en millions de particules cherchant à comprendre le sens de leur existence et la raison de la séparation qu'on leur impose, - on dira que c'est simplement le jugement en forme de -plaisanterie des dieux qui nous suggère de le nommer « C'est le temps du chaos ». Nous décidâmes de ne faire rien d'autre que de reprendre une chanson de notre patrimoine populaire, et là le plagiat nous fit hésiter entre la " Java du Diable" de Charles Trenet et l'une des premières mélodies de Françoise. Nous fîmes notre choix.

Refrain d'une belle écriture (elle avait un tel talent !) ; repose en paix Françoise, tu n'avais pas vu le meilleur...

C'est le temps du chaos, le temps des barjos
Et de l'aventure
Quand le temps va et vient, on ne pense à rien
Malgré ses blessures
Car le temps du chaos, c'est long et c'est court
Ça dure toujours, on s'en souvient

Pauvre Mercouris dans sa dernière chronique,  du 11 juillet, - mais non, ne le plaignons pas ! Ce que nous découvrons chez lui, si sérieux, si mesuré d'habitude, c'est un remarquable sens de la dérision grotesque, du bouffe élevé en une immense statue que nous venons consulter en pouffant de rire. Mercouris a la vertu inattendue de ce qu'on nomme le sens de la dérision : il en rit, il ne cesse de pouffer à décrire les aventures extraordinaire de Trump et les 500% de droits de douane imaginés par le sémillant Lindsey Graham, qui semblent destinés aux Ukrainiens comme s'il s'agissait d'une volée de 'Patriot' ; et décrire l'imprévue rencontre Rubio-Lavrov à Kuala-Lumpur, en marge de l'ASEAN, et voulue par Rubio, et dont Lavrov qui a saisi qu'elle était importante pour son collègue américaniste, n'en a pas encore saisi le sens.

En attendant (de comoprendre), on extraira ceci de la chronique de Mercouris qui touche au fond du problème qui voit la logique économique initiale de Trump absorbé par la logique modifiée, au travers de ses diverses allées-venues, de Trump-devenu-neocon :

« Le débat se poursuit et nous avons également assisté à une série de décisions extrêmes et de plus en plus excentriques de la part du président des États-Unis concernant sa politique tarifaire. Pour revenir à un point qui a été soulevé au sujet d'un programme que nous avons élaboré ensemble, Alex Christoforou, mon collègue et ami, a souligné que, pour l'administration actuelle, la politique tarifaire fusionne désormais avec la politique de sanctions. Ainsi, les arguments économiques qui justifiaient initialement les droits de douane sont progressivement et même rapidement remplacées par des arguments géopolitiques. »

Il faut dire que Trump aujourd'hui, à Washington D.C. en ébullition, c'est lui et son mensonge-bouffe de chaos Epstein qui forment l'ouragan crisique, secouant son administration, le Congrès, la presse, un peu à la manière d'un Watergate postmoderne ! C'est dire si tous ces sujets qui nous préoccupent dans le cours des divers conflits en cours sont traités actuellement à Washington comme une matière absolument secondaire, sinon inexistante.

Note de PhGBis : « Trump ne ment pas, il hurle au monde washingtonien que la montagne de mensonges qu'il a dressée à la force de ses enthousiasmes pour lui-même, notamment pour éviter ou pulvériser l'écueil Epstein qui est la seule casserole à le terroriser, est le vrai monde, que le reste n'est que bavardage des envieux soucieux de la précipiter dans le trou noir de l'oubli. Le reste, - Ukraine, Iran, toutes ces babioles, - on s'en fout et nous avec. Ce n'est pas un élément à négliger par les divers et brillants analystes de notre situation crisique générale qui voudraient nous présenter les événements à venir avec un Trump stratège ou marionnette, et bien entendu dictateur sans aucun doute ; c'est oublier que la dictature c'est l'ordre et que Trump produit du désordre avec une maestria stupéfiante. Cela dit avec d'autant plus de conviction dans le chef de PhG, je crois, que l'on voit poindre au-delà du désordre trumpiste, non pas une dictature à laquelle l'Amérique est totalement inadaptée à cause de ses labyrinthes de pouvoirs et de bureaucraties, non pas une destitution [de Trump] ou une bonne grosse crise institutionnelle dont l'Amérique se défie parce qu'un tel événement interromprait pour un temps bien malheureux les canaux bien huilés du flot et des torrents de cette corruption totale (totalitaire) qui est la vraie raison d'être, la véritable respiration de Washington D.C., - mais bel et bien parce que l'on voit poindre au bout du chaos l'effritement et la désintégration de ce bloc aux abois qu'est l'Amérique de Washington D.C.. »

Douguine et le phénomène Trump

Eh bien, ce n'est pas le moindre miracle de constater qu'au bout du compte, le bouillant et excessif, - c'est sa réputation, - Alexander Douguine a publié sur l'actuel épisode un compte-rendu qui, non seulement tient fort bien debout, mais qui plus est encore, tend à s'élever grandement, et nous avec. Il le fait sans excès de langage ni effets de style, et s'il se situe absolument comme Russe, sa logique est universelle pour qui entend participer à la bataille en cours en sachant parfaitement dans quel camp il se situe... Rappelez-vous l'exclamation en forme de question appelant sans restriction  une réponse affirmative du vieux paléoconservateur Patrick Buchanan il y a presque quinze ans : « Is Putin [la Russie] one of us ? ».

Le philosophe qui suit les événements au jour le jour, qui épouse absolument la doctrine du trumpisme puis se perd dans les hauts et les bas d'un Trump se noyant dans les contradictions de sa folie naturelle et de son humeur d'hypernarcissique emporté par le chaos qu'il enfante à une incroyable vitesse, - le philosophe parvient à se maîtriser pour terminer son constat en en fixant l'enjeu extraordinaire qu'il a parfaitement identifié :

« Nous assistons donc à une nouvelle configuration politico-théologique et eschatologique très intéressante. C'est pourquoi nous devons rester calmes et commencer à étudier en profondeur la philosophie, la religion, l'eschatologie et la géopolitique, de manière beaucoup plus sérieuse que ne le fait actuellement notre communauté d'experts... »

Et, plus loin, ayant parfaitement assimilé son propos, Douguine nous livre les références évidentes pour ceux qui comprennent que la bataille politique de la folie trumpiste est en train de s'inscrire dans un contexte beaucoup plus élevé, un contexte de la Fin des Temps, ou de la fin d'un cycle marquant l'effondrement de cette civilisation parvenue au bout d'elle-même :

« Bien sûr, pour vraiment comprendre tout cela, il faut connaître et comprendre l'histoire de l'Occident et la philosophie de René Guénon, Julius Evola, Nikolai Danilevsky, Lev Tikhomirov et Oswald Spengler. Il faudrait une demi-vie pour assimiler pleinement ces textes. Sans eux, on ne comprend absolument rien, ni à ce qui se passe en Amérique, ni à ce qui se passe chez nous. Nous ne devons donc pas nous fixer des tâches impossibles. C'est la responsabilité de ceux qui ont les compétences et la préparation nécessaires. Nous entrons véritablement dans une sphère où beaucoup de choses vont choquer l'esprit ordinaire. »

Il s'agit d'une proposition qui rejoint notre conception du travail qu'il nous faut effectuer : le philosophe-métaphysicien descend dans la rue ( dans les événements courants), en échange il interprète ces événements en référence à des conception d'une réelle hauteur. Ce "travail" ne ressemble pas à une offensive guerrière comme l'on en voit aujourd'hui, il fait pourtant partie de cette guerre multidimensionnelle, où la communication et l'information tiennent la place que l'on sait. La lucidité et la clarté de la perception sont à ce prix.

Le texte de Douguine est en date du  11 juillet 2025, sur le site ('euro-synergies.hautetfort.com') qui communique d'une façon suivie les observations de nombre de penseurs et commentateurs étrangers, dont Douguine.

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