Le président américain Donald Trump a tenu un sommet informel avec cinq chefs d'État africains. Un sommet majeur avec les dirigeants africains est prévu en septembre.
Ce qu'ils (Trump et ses Hôtes) appellent de tout leur vœu mini-sommet USA-Afrique n'est rien d'autre qu'une rencontre déshonorante entre l'ultime empereur Donald Trump et des chefs d'Etat africains, maîtres dans l'art de la servilité à l'Amérique.
Dans le contexte de guerres régionales et de conflits maritimes fragmentant notre monde, cette ovalerie du 9 juillet 2025 met à nu la reconquête impitoyable de l'Occident sur le Golfe de Guinée, au mépris de la souveraineté africaine. Ce sommet s'inscrit dans une ère de tensions exacerbées - guerre par procuration en Ukraine, conflits en Afrique et au Moyen-Orient, instabilités en Asie et en Amérique latine - et de rivalités maritimes en mer de Chine méridionale et orientale, ainsi que dans l'Indopacifique. Face à l'ascension de l'axe sino-russe, les Etats-Unis aspirent à consolider leur influence sur le Golfe de Guinée, pivot stratégique pour les voies commerciales et les ressources énergétiques. Cet article démontre clairement que ce sommet est le reflet de l'instrumentalisation de l'Afrique par l'Occident et exhorte le Sud global à revendiquer sa souveraineté géopolitique.
Washington dicte, l'Afrique exécute : telle est la teneur de l'humiliation du mini-sommet USA-Afrique
Orchestré par Donald Trump et déguisé en « dialogue stratégique », ce rassemblement se révèle être une représentation impériale où les Etats-Unis renouent avec leur désir de domination sous le masque du partenariat économique. Dans ce spectacle diplomatique, les dirigeants africains conviés - Sénégal, Mauritanie, Gabon, Guinée-Bissau, Liberia - se sont prêtés à une capitulation politique collective, prononçant des discours qui avilissent leurs peuples et l'Afrique dans son ensemble, et entérinant des accords déséquilibrés en matière d'investissements, d'énergie et de migration. Trump, perçu par certains analystes comme l'incarnation impériale d'une Amérique sans complexes, envisage d'exploiter le Golfe de Guinée comme un levier stratégique pour contrer l'influence croissante de la Chine, de la Russie et de la Turquie, au cœur de sa politique d'endiguement. Plutôt que de défendre les intérêts souverains de leurs nations, ces dirigeants ont scellé une alliance qui instrumentalise les ressources africaines et militarise les routes maritimes, au bénéfice exclusif de Washington.
La diplomatie ou la tentative américaine de rattraper son retard dans la lutte pour les ressources africaines
Les élites africaines et européennes dans la connivence occidentale : n'est-ce pas la preuve éloquente d'une diplomatie sans honneur ?
Ce sommet auquel je dédie un nouveau concept « ovalerie », expose la déchéance morale d'une fraction des élites africaines qui sacrifient l'avenir géostratégique du continent pour des promesses d'assistance et de prestige diplomatique. A l'image des responsables de l'Union européenne, souvent absents physiquement mais omniprésents dans les stratégies d'influence, ces élites s'inscrivent dans une logique de dépendance, séduites par une chimère occidentale. Le Golfe de Guinée, nœud maritime essentiel, devient l'arène d'une recomposition mondiale que certains Africains acceptent passivement, accentuant les déséquilibres systémiques. Cette servilité récurrente freine l'émergence d'un axe Sud-Sud basé sur la coopération mutuelle, l'autodétermination et la valorisation des ressources endogènes. Il est temps que le Sud global cesse d'endosser le rôle d'exécutant muet dans un scénario rédigé à Washington ou Bruxelles - et prenne en main son destin géopolitique.
De ce qui précède, nous pouvons déduire que ces cinq dirigeants africains ont relégué au second plan l'esprit panafricain, si précieux aux peuples africains, et se sont inclinés devant l'empereur américain, Donald Trump. Cependant, il est manifeste que l'ambition américaine de subjuguer le Golfe de Guinée a autant de chances de se concrétiser qu'une vache tentant un saut lunaire. Reste à voir si ces vassaux de Washington se maintiendront trop longtemps aux pieds du maître remuant affectueusement la queue.
Pour que le Sud global devienne protagoniste et non plus simple spectateur de l'histoire mondiale, il doit rompre les chaînes invisibles des alliances contraintes et reconquérir sa souveraineté stratégique, comme le commande le multipolarisme de l'Alliance BRICS.
Mohamed Lamine KABA, Expert en géopolitique de la gouvernance et de l'intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine