18/07/2025 francesoir.fr  2min #284592

L'Union européenne sucre les champs français au profit de l'Ukraine

France-Soir

© MARCEL MOCHET / AFP

Pendant que les producteurs français se débattent entre normes environnementales et rentabilité en berne, Bruxelles déroule le tapis rouge au sucre ukrainien. Le 13 juillet, la Commission européenne a validé un nouveau quota d'importation sans droits de douane, portant à 100 000 tonnes le volume autorisé. Une décision prise dans la discrétion, mais qui pèse lourd sur un secteur déjà fragilisé.

Cet accord, cinq fois supérieur aux plafonds d'avant-guerre, suscite la colère des betteraviers. « La pilule est amère », résume le syndicat des producteurs de betteraves, tandis que Guillaume Gandon, vice-président de la Confédération Générale des Betteraviers (CGB), dénonce « l'équivalent de la production d'une sucrerie de l'Union européenne » offert à l'Ukraine. Depuis 2022, la libéralisation du marché a provoqué la fermeture de vingt sucreries européennes, dont six françaises. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : les cours du sucre ont plongé de 950 à 540 euros la tonne, et les surfaces cultivées en France ont reculé de 12 %. L'Aisne, bastion de la betterave, voit ses champs se vider.

Le paradoxe est d'autant plus flagrant que les exploitants français respectent des normes environnementales strictes, alors que les betteraves ukrainiennes sont produites avec « l'utilisation de 30 produits phytosanitaires interdits en Europe », selon Guillaume Gandon. Pire : certains soupçonnent des détournements via la Bulgarie ou la Russie. D'après Valeurs Actuelles, ce dumping sucrier ne profite qu'à « une dizaine d'agro-holdings », souvent détenues par des capitaux américains ou britanniques.

Pendant que l'Union européenne clame sa solidarité avec Kiev, elle oublie ses propres fermiers. En 2024, leurs revenus ont chuté de près de 19 %, selon les chiffres officiels. Derrière les discours généreux de Bruxelles se cache surtout une solidarité à sens unique, où l'agriculture familiale devient la variable d'ajustement d'une géopolitique à courte vue.

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