20/07/2025 ssofidelis.substack.com  9min #284753

Gaza et Israël : pourquoi le « peuple élu » serait-il élu ?

Daniella Weiss, fondatrice et présidente de Nacala. (Photo : capture vidéo)

Par Jeremy Salt pour  The Palestine Chronicle &  Ramzy Baroud, le 20 juillet 2025

Le dieu de Weiss est aussi inhumain qu'elle, et en dehors de son monde imaginaire tordu, égoïste et inhumain, il n'y a manifestement pas de dieu, mais un démon.

Une amie m'a appelé pour m'annoncer qu'Israël venait de bombarder un immeuble résidentiel de cinq étages situé à proximité d'un terrain appartenant à sa famille élargie, dans le nord de Gaza. Il a été complètement rasé. L'immeuble abritait des appartements remplis d'hommes, de femmes et d'enfants. Il ne présentait aucun lien avec le Hamas, même si cet argument a été invoqué pour justifier ce massacre. Dix-sept corps ont été retirés des décombres. Les autres sont probablement ensevelis à jamais, car personne ne peut les sortir de là.

Fut un temps où cette atrocité aurait fait la une des journaux du monde entier. Aujourd'hui, parce que des milliers de massacres de ce type ont eu lieu au cours des 20 derniers mois, celui-ci fait presque figure de détail perdu dans le vaste et chaotique tableau de la folie et des meurtres de masse généralisés.

Plus les atrocités sont nombreuses et atroces, plus le crime isolé devient insignifiant. L'horreur n'est alors plus qu'un détail, une simple brève dans les médias, si tant est qu'elle soit relayée.

Pourquoi Israël voulait-il bombarder cet immeuble ? Probablement parce qu'il est le seul immeuble encore debout dans le quartier. C'est une raison suffisante, d'autant qu'il est rempli de gens qu'Israël est déterminé à exterminer d'une manière ou d'une autre.

Selon les estimations, la population de Gaza s'élèverait aujourd'hui à environ 1,8 million d'habitants, contre 2,3 millions en 2023. Ce qui signifie qu'environ un demi-million de Gazaouis, soit bien plus que le nombre de victimes des frappes de missiles et des tirs de chars israéliens, ont aujourd'hui disparu.

Ceux qui survivent souffrent de la faim et leurs organes ne se reconstituent plus, même avec le peu d'acheminement en nourriture et aide médicale. S'ils survivent, ce sera derrière les barbelés d'un camp de concentration dont ils ne sortiront pas.

Sous le choc de cette barbarie implacable et sadique, le public du monde entier est tellement traumatisé qu'il ne sait plus comment réagir. Les gens ne peuvent plus regarder, mais ils ne peuvent pas non plus détourner le regard, car ils savent que pour conserver leur humanité et leur empathie envers les victimes, ils doivent demeurer informés en permanence.

Ils font ce qu'ils peuvent. Ils participent à des manifestations de rue, écrivent des lettres à la rédaction des médias ou à leur député local, ou encore rédigent leurs propres articles. Mais au-delà du peu en leur pouvoir, ils se sentent impuissants, bâillonnés, ligotés, contraints d'assister à ces horreurs comme des prisonniers à la merci d'un psychopathe. Loin de défendre leurs intérêts, leurs gouvernements représentent ceux d'un État génocidaire. Ils soutiennent le psychopathe et le deviennent à leur tour.

Ceux qui font de leur mieux pour défendre les Palestiniens ont depuis longtemps épuisé les mots, les adjectifs et les malédictions pour qualifier les monstres responsables de ces crimes. Oui, nous les traitons de monstres, mais comme tous ceux que nous avons qualifiés de monstres, ce sont des êtres humains. Des êtres humains dépourvus d'humanité, mais des êtres humains, déterminés à détruire l'humanité elle-même, tout en détruisant physiquement leurs victimes palestiniennes.

Interrogée par Piers Morgan, Daniella Weiss, la marraine autoproclamée des colons de Cisjordanie, a été interrogée sur sa réaction au massacre de 20 000 enfants de Gaza perpétré par l'armée israélienne.

Elle a souri, ri et ri encore, tandis que Morgan la pressait de répondre. Elle semblait penser que puisque Dieu a donné cette terre au peuple juif, celui-ci est en droit de la débarrasser de ceux qui y vivent.

Son absence flagrante d'empathie face au massacre d'enfants est évidente. Elle se moque bien que l'armée en massacre 40 000. Le dieu de Weiss est aussi inhumain qu'elle. Et en dehors de son monde imaginaire névrotique, narcissique et inhumain, il n'est manifestement pas un dieu, mais bel et bien un monstre qui encourage le massacre de tous les Palestiniens et pousse son peuple élu à faire preuve d'encore plus de cruauté.

Mais la question centrale est de savoir pourquoi ce peuple élu pense avoir été choisi. Selon Weiss, c'est pour assurer la suprématie juive, contrairement à ce que dit le prophète Isaïe, qui affirme que les Juifs ont été choisis pour porter la lumière aux peuples.

Or, ce à quoi nous assistons chaque jour s'apparente davantage à un fléau qu'à une lumière pour les peuples : meurtres de masse et exterminations, conformes aux injonctions les plus sanguinaires des écritures juives et chrétiennes.

Est-ce pour cela que le peuple juif a été choisi ? Selon Weiss, oui. Selon Netanyahou, Ben Gvir et Smotrich, la réponse est également oui. Selon les colons qui massacrent des civils et brûlent des villages en Cisjordanie, la réponse est encore oui. Selon eux, ces atrocités sont légitimes, avec la bénédiction affichée de leurs rabbins.

Ils ne se sont jamais posé la question de savoir si un vrai Dieu aurait pu les choisir à cette fin, si leur Dieu ne pourrait pas être en réalité un démon derrière un masque, les entraînant toujours plus loin dans le piège qu'il leur a tendu. Et si le faux dieu qu'ils ont choisi ne les avait pas vraiment choisis, et si c'était plutôt leur propre cupidité qui les avait poussés à choisir un dieu de haine et de violence pour sanctifier la conquête de la terre de leur prochain ?

Ils sont incapables d'imaginer qu'un jour, ils devront répondre de leurs actes devant les tribunaux humains. Car ce jour-là, aucun dieu ne les protégera, aucun dieu ne sera à blâmer. Après les avoir attirés dans le piège qu'il leur a tendu, leur 'dieu' disparaîtra en ricanant pour se moquer de leur aveuglement. Il leur a promis le pouvoir et la gloire, alors que son intention a toujours été de semer la haine autour d'eux, et contre eux.

Il ne leur servira à rien de prétendre qu'ils n'ont fait qu'obéir aux ordres de leur dieu, comme les nazis l'ont fait au procès de Nuremberg. Le tribunal ne se laissera pas impressionner, car ce sont bien eux qui ont commis ces crimes et eux qui devront en répondre, et non leur dieu. Ils auraient pu dire "non", mais ils ne l'ont pas fait. Ils auraient pu remettre ce dieu en question, mais pourquoi le faire alors qu'il leur prodiguait exactement ce qu'ils souhaitaient ?

Comment Weiss et ses semblables peuvent-ils croire en un dieu aussi cruel et sadique ? Leur conscience ne les a-t-elle pas alertés ? Où a-elle bien pu passer ? N'ont-ils pas réalisé qu'il n'incarne que haine et violence, et non la compassion et l'amour ? N'ont-ils pas compris qu'il s'agit d'une créature aux appétits démoniaques exigeant son tribut de sacrifices et de souffrances ?

Ainsi ont-ils agi. Les cadavres se sont empilés dans le temple de mort de leur dieu à Gaza, puis ont débordé dans les rues de Jénine, de Beyrouth et partout ailleurs où son nom a semé la désolation. Ses disciples, choisis pour cette mission, ont ri en posant fièrement pour des selfies sur fond d'apocalypse.

C'est ce dieu qui a fait rire Danielle Weiss quand on lui a demandé ce qu'elle avait à dire à propos des 20 000 enfants massacrés à Gaza. La question a amusé cette colonialiste d'origine polonaise qui a osé prétendre que la Palestine lui appartient, et non au peuple palestinien depuis des générations.

Comment pouvait-elle prendre cette question au sérieux ? Elle lui a semblé absurde. Se vautrant dans son arrogance, sa haine et son mépris des Palestiniens, y compris des enfants, dépourvue de toute empathie, se moquant de leur asservissement, elle rappelle les gardiennes qui ont torturé les prisonniers juifs dans les camps de concentration nazis.

Jugées à Nuremberg, elles ont été pendues. Ce ne sera probablement jamais le lot de Weiss, mais si justice est faite de son vivant, elle finira ses jours en prison.

Son faux dieu lui donne des ordres via son "faux messie", pour reprendre les termes de Nathan Weinstock dans les années 1970. Si la perspective de devoir un jour rendre des comptes la fait ricaner, c'est parce que les puissants, qu'il s'agisse d'individus ou d'empires, sont incapables d'imaginer qu'un jour, le pouvoir qu'ils détenaient autrefois leur échappera et qu'ils devront répondre de leurs crimes.

Et c'est là leur grande faiblesse. Weiss, Netanyahu, Smotrich et tous les autres ne réalisent pas qu'Israël n'aurait strictement aucun pouvoir sans les États-Unis. Il ne peut se suffire à lui-même. Sans l'intervention américaine, il aurait peut-être été détruit par l'Iran, si ce dernier avait choisi de poursuivre la guerre récente.

Cet événement a été capital dans l'histoire du Moyen-Orient, un scénario inimaginable jusqu'à ce qu'il se produise. Il a montré que la puissance d'Israël n'est en réalité qu'une fragile bulle de verre, pour reprendre les termes du penseur et activiste musulman du XIX^e siècle Jamal al-Din al-Afghani, pouvant être brisée d'un seul coup si les musulmans consentent à s'unir.

Leur division a toujours été leur point faible, mais l'horreur du génocide de Gaza va au-delà de toutes les frontières sectaires et s'insinue dans les rouages des structures morales et juridiques mises en place au fil des millénaires pour empêcher le monde de sombrer dans la barbarie. À Gaza, cette barbarie ne se limite pas à ce que nous voyons aujourd'hui. Elle est soutenue par des gouvernements qui bafouent leur propre "ordre international fondé sur des règles".

Au Moyen-Orient, des dictateurs et des autocrates corrompus soutiennent Israël au détriment des intérêts et aspirations des peuples arabes et musulmans. Dans l'Occident collectif, les politiciens et les médias défendent Israël contre l'indignation de leur propre peuple. Ils sont aussi coupables que Daniella Weiss.

Israël n'est plus invincible depuis longtemps, si tant est qu'il l'ait jamais été. Sans le soutien vital des armes américaines, il ne pourrait sans doute pas exister, même s'il pouvait encore se battre - jusqu'il y a peu - s'il était confronté à une véritable attaque. Mais comme l'ont montré les représailles iraniennes, ce temps est révolu. Si Israël veut à nouveau attaquer l'Iran - et il ne fait aucun doute qu'il en brûle d'envie -, il ne pourra le faire qu'avec la participation active des États-Unis sur le champ de bataille.

Mais les États-Unis semblent de plus en plus en guerre contre eux-mêmes. Le peuple américain ne veut pas d'une nouvelle guerre au Moyen-Orient, et certainement pas au nom d'un État génocidaire dont la barbarie est diffusée en direct dans le monde entier depuis plus de 20 mois. Gaza illustre ce qu'Israël a toujours fait, et le peuple américain en est plus conscient que jamais.

Un des évènements susceptibles de briser l'emprise d'Israël pourrait être le scandale Epstein et la révélation publique de l'influence d'Israël à tous les niveaux du gouvernement fédéral et des autorités étatiques américaines.

Il faut bien qu'un jour, ce lien "spécial" contre nature se rompe, car il fait du tort aux États-Unis.

Ce moment est peut-être plus proche que jamais, mais lorsque cela se produira, Israël, seul au Moyen-Orient, devra faire face à l'ire qu'il a engendrée ces huit dernières décennies.

Traduit par  Spirit of Free Speech

* Jeremy Salt a enseigné pendant de nombreuses années à l'université de Melbourne, à l'université du Bosphore à Istanbul et à l'université Bilkent à Ankara, où il s'est spécialisé dans l'histoire moderne du Moyen-Orient. Parmi ses publications récentes, citons son livre publié en 2008, The Unmaking of the Middle East. A History of Western Disorder in Arab Lands (University of California Press) et The Last Ottoman Wars. The Human Cost 1877-1923 (University of Utah Press, 2019). Il a contribué à cet article pour The Palestine Chronicle.

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newsnet 2025-07-20 #14978
Pourquoi Israël voulait-il bombarder cet immeuble ? Probablement parce qu'il est le seul immeuble encore debout dans le quartier. C'est une raison suffisante, d'autant qu'il est rempli de gens qu'Israël est déterminé à exterminer d'une manière ou d'une autre.

c'est pour dire "vous auriez dû le prévoir !"
c'est pour infliger un traumatisme