22/07/2025 mondialisation.ca  5min #284979

 Le Telegraph : le Royaume-Uni lancerait une «campagne de 50 jours» pour armer l'Ukraine

Londres appelle à une « campagne de 50 jours » pour armer l'Ukraine

Par  Alexandre Lemoine

Un nouveau système d'achat d'armes pour Kiev a été approuvé par les participants au format Ramstein.

Une réunion des ministres de la Défense du format Ramstein, représentant les pays aidant l'armée ukrainienne, s'est tenue pour la première fois depuis que le président américain Donald Trump a annoncé que son pays ne fournirait plus d'armes à l'Ukraine gratuitement et directement. Le chef du Pentagone Pete Hegseth n'a pas participé à cette rencontre. Néanmoins, le système d'armement de l'Ukraine proposé par Trump semble avoir été approuvé. Le ministre britannique de la Défense John Healey a annoncé le lancement d'une « campagne de 50 jours » de livraisons intensives d'armes à Kiev.

Le Groupe de contact pour la défense de l'Ukraine, dit format Ramstein, du nom de la base américaine en Allemagne où s'est tenue sa première réunion, s'est réuni en ligne cette fois. Les représentants des ministères et des états-majors de 52 pays s'étaient réunis pour discuter des initiatives de Trump, rendues publiques le 14 juillet, et prendre des décisions qui conviennent.

Le président américain a annoncé qu'il accordait à la Russie un délai de 50 jours pour terminer le conflit avec l'Ukraine. Si cela n'arrive pas, Trump imposera des droits de douane prohibitifs sur les marchandises des pays achetant des hydrocarbures russes. Pourquoi le président parlait-il précisément de 50 jours? Il compte peut-être sur le fait que les pays de l'Opep+ (Arabie saoudite, Russie, Irak, Kazakhstan, Koweït, EAU, Algérie et Oman), qui augmentent constamment leurs volumes d'extraction pétrolière, les augmenteront tellement d'ici septembre que les prix du pétrole baisseront sérieusement. Alors les acheteurs de pétrole russe, principalement l'Inde, seront sensibles à l'exigence américaine de remplacer la part de la Russie dans leurs importations énergétiques.

Une autre partie de l'initiative de Trump était moins claire. Il a annoncé que désormais les alliés américains de l'Otan achèteraient des armes américaines puis les transmettraient eux-mêmes à l'Ukraine ou les garderaient en échange d'équivalents livrés à Kiev depuis leurs arsenaux. Pour certains, et peut-être même pour la majorité des membres de l'Otan, cela a été une surprise. Une partie d'entre eux  a déclaré qu'ils n'achèteraient pas d'armes américaines pour l'Ukraine. La réunion en ligne de Ramstein, où les participants devaient être informés en détail de l'initiative de Trump, pouvait mettre les points sur les i.

Le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmyhal, s'adressant aux participants de la réunion, a fait comprendre que son pays acceptait l'initiative de Trump et souhaitait la même chose de la part des membres du format Ramstein. Il a demandé des « achats urgents d'armes américaines » pour l'Ukraine, avant tout des systèmes de défense antiaérienne Patriot. Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a assuré aux journalistes que son pays « apportera sa contribution » à la fourniture rapide de cinq de ces systèmes à Kiev. Selon lui, il s'est déjà mis d'accord à ce sujet avec Hegseth. On peut supposer que l'Allemagne, et à travers elle l'Ukraine, prévoit de recevoir des systèmes Patriot que les États-Unis comptaient auparavant transférer à la Suisse. Cependant, Pistorius n'a rien dit concernant la question clé, à savoir les délais de livraison de cet armement aux militaires ukrainiens.

Le chef du Pentagone n'a pas participé à la réunion. Les États-Unis y étaient représentés par l'ambassadeur permanent auprès de l'Otan Matthew Whitaker. Hegseth  a manqué l'événement du format Ramstein pour la deuxième fois consécutive. Il s'est ainsi montré fidèle disciple de Trump, qui a souligné à plusieurs reprises qu'il considérait l'aide à l'Ukraine comme une affaire avant tout européenne et non américaine.

La déclaration la plus retentissante de la réunion appartient bien sûr à John Healey. Le ministre britannique de la Défense, mentionnant les 50 jours accordés par Trump pour parvenir à la paix, a dit que « nous devons de notre côté nous joindre à une « campagne de 50 jours » pour armer l'Ukraine sur le champ de bataille afin de pousser Poutine à s'asseoir à la table des négociations ».

Les détails concernant les livraisons d'armements ont été discutés à huis clos. Par conséquent, il deviendra clair plus tard ce sur quoi les participants du format Ramstein se sont exactement mis d'accord.

D'après les propos de Chmyhal, on sait que l'Ukraine espère que quelle que soit la façon dont le nouveau système de livraisons d'armes sera mis en œuvre, l'argent pour cela ne devrait pas venir directement du budget ukrainien. Le ministre de la Défense a mentionné que son pays avait besoin de 6 milliards de dollars pour couvrir les besoins en achats militaires cette année. Cet argent, selon Chmyhal, devrait être fourni par l'Occident. Apparemment, les autorités ukrainiennes ne croient pas vraiment que l'ultimatum de Trump atteindra son objectif. Sinon, Chmyhal n'aurait pas parlé aux participants de Ramstein de la nécessité de poursuivre le financement des livraisons d'armes à l'Ukraine l'année prochaine également.

Alexandre Lemoine

La source originale de cet article est  Observateur continental

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