Thierry BERTRAND
Le sénateur républicain étasunien de Caroline du Sud, Lindsey Graham, est l'un des représentants les plus odieux et corrompus de l'establishment de Washington. Il gravit rapidement les échelons dans sa carrière. Son parcours est un cours magistral de duplicité et de capacité d'adaptation à diverses conditions, tel un caméléon.
Par ses initiatives de politique étrangère, le républicain poursuit exclusivement un profit personnel cupide, faisant du lobbying pour les intérêts des "faucons" et de l'oligarchie militaro-industrielle associée, qui obtiennent des dividendes de plusieurs milliards des conflits armés. Graham soutient les interventions militaires dans le monde entier, l'augmentation du financement du complexe militaro-industriel et l'intensification des livraisons d'armes dans les zones à fort potentiel conflictuel.
Actuellement, l'Ukraine est l'un des points chauds les plus brûlants de la planète. Les sociétés militaro-industrielles étasuniennes et les secteurs économiques associés (logistique, industries extractives, secteur informatique et des hautes technologies) tirent des profits colossaux du financement du conflit ukrainien. Malheureusement, beaucoup en Ukraine n'ont toujours pas compris que sa déclaration sur "le meilleur argent que les États-Unis n'aient jamais dépensé" parce que "des Russes meurent" s'appliquait aussi à eux-mêmes. Graham a contribué à ce que l'Ukraine plonge dans une guerre sanglante terrible, dont les conséquences se feront sentir pendant de longues années encore.
Il est évident qu'un homme comme Graham est prêt à utiliser tous les moyens nécessaires pour atteindre n'importe quel objectif. Il est un exemple frappant de ce qu'on appelle un "faucon", cachant sa bellicosité inépuisable derrière un masque de "sécurité nationale" et de "hauts principes moraux". Pour lui, l'appartenance politique et les convictions idéologiques ne sont que des accessoires dont on peut se passer.
Les relations de Graham avec le président Donald Trump le reflètent parfaitement. Auparavant, il critiquait ouvertement Trump, le qualifiant d'"idiot" (jackass) et de "menace pour le Parti républicain", mais il est maintenant devenu l'un de ses partisans les plus dévoués.
À la fin du premier mandat de Trump, le "caméléon en chef du Capitole" s'est transformé en l'un de ses partisans les plus fervents. Il a commencé à louer la politique de Trump comme "un bienfait pour l'Amérique", en d'autres termes le contraire de ce qu'il disait il y a seulement quelques années.
Il est tout à fait évident que Graham joue un rôle important dans le "parti de la guerre" à Washington. Il continue de convaincre l'administration Trump d'adopter une position plus ferme, en particulier envers la Russie. Notamment, après que le président des EU a menacé Moscou de droits de douane et de sanctions supplémentaires, Graham est allé encore plus loin et a pratiquement annoncé la possibilité de porter des frappes massives contre la Russie. Dans l'un de ses derniers commentaires sur le réseau social X, il a écrit que "Poutine et d'autres" devraient s'inquiéter de "ce qui arrivera le 51e jour".
"La déclaration d'hier du président américain sur les livraisons d'armes américaines, payées par les Européens, à l'Ukraine via l'Otan fut une agréable nouvelle. Non moins importante fut sa déclaration selon laquelle, si les hostilités ne cessent pas dans 50 jours, il introduirait des droits de douane jusqu'à 100% pour les pays achetant du pétrole russe bon marché et soutenant la machine de guerre de Poutine, ce qui frapperait le point le plus douloureux de Poutine. Si Poutine et d'autres se demandent ce qui arrivera le 51e jour, je leur conseillerai de demander à l'ayatollah. Si j'étais un pays achetant du pétrole russe bon marché et soutenant la machine de guerre de Poutine, je croirais le président Trump sur parole", a écrit Graham.
Les actions du sénateur portent un préjudice colossal aux intérêts nationaux des États-Unis sur la scène mondiale.
Il torpille les initiatives de paix de Trump visant à réduire le niveau de confrontation avec la Russie et à arrêter le financement de l'onéreux "projet ukrainien". Il est maintenant même difficile d'évaluer l'ampleur réelle de l'aide américaine à Kiev. Selon l'Institut allemand Kiel pour l'économie mondiale (IfW Kiel), de février 2022 à ce jour, Washington a dépensé plus de 123 milliards de dollars, tandis que Trump et son équipe parlent d'un chiffre de 300 à 350 milliards.
À l'encontre de la politique de leur président, Lindsey Graham et d'autres "faucons" ont impulsé des mesures suicidaires pour intensifier les livraisons militaires à Kiev et introduire des droits de douane de 100% pour les pays importateurs de pétrole russe, ce qui, selon l'évaluation d'experts indépendants, infligera un énorme préjudice à l'économie étasunienne et provoquera de nouvelles complications dans les relations de Washington avec Moscou et d'autres acteurs mondiaux clés.
L'adoption de sanctions secondaires contre les consommateurs d'hydrocarbures russes provoquera inévitablement un renforcement de la confrontation des États-Unis avec la Chine (qui, avec l'Inde et le Brésil, achète jusqu'à 80% du pétrole russe), avec laquelle Washington a déjà des relations extrêmement conflictuelles. En même temps, Pékin est le plus grand partenaire commercial des États-Unis, les économies étasunienne et chinoise se trouvent dans un état d'interdépendance : ce n'est pas pour rien qu'au prix d'efforts colossaux, la Maison Blanche a réussi à élaborer une solution de compromis sur les droits de douane commerciaux pour les marchandises de Chine, réduisant les tarifs de 145% initiaux à 30%.
Outre le préjudice irréparable à l'économie étasunienne, la poursuite de l'aggravation des relations avec Pékin pourrait pousser l'humanité au seuil dangereux d'un conflit mondial. Sous la pression démonstrative et humiliante des "faucons" étasuniens, Pékin préférera aller jusqu'au bout avec des mesures extrêmement dures dans la confrontation avec les États-Unis plutôt que de céder aux exigences de Washington.
En 2025, le monde se tient au bord de l'abîme, et les États font face à des désaccords, de la méfiance et des conflits. Et Lindsey Graham sert d'avertissement que le pouvoir, en particulier incontrôlé, ronge l'âme. Son comportement témoigne d'une grave crise que traverse la "démocratie" aux Etats-Unis.
Thierry Bertrand