31/07/2025 reseauinternational.net  4min #285861

L'impact de la réduction massive des effectifs de la Nasa sur le programme spatial américain

par Monique Savoie

Aux États-Unis se poursuit le programme lancé par le président Donald Trump, encore en collaboration avec le milliardaire Elon Musk, de réduction de l'appareil bureaucratique gouvernemental excessif. Les processus globaux affectent notamment la NASA.

Environ 20% des employés de l'Administration nationale de l'aéronautique et de l'espace (NASA) pourraient être licenciés dans le cadre du programme du président américain de réduction des effectifs de fonctionnaires fédéraux.

Selon Bloomberg, 3870 personnes  quitteront volontairement l'agence aérospatiale américaine en acceptant les conditions de licenciement, soit un employé sur cinq. Le nombre de fonctionnaires civils restants sera d'environ 14 000 personnes. L'objectif est de réduire les dépenses budgétaires.

Environ 300 employés actuels et anciens de la NASA ont déjà déclaré que cette réduction menaçait la sécurité nationale et l'efficacité des activités de l'agence. Quelles pourraient en être les conséquences pour la NASA ?

Elon Musk, en tant qu'entrepreneur et innovateur, a été confronté lors de la réalisation des projets SpaceX à une bureaucratie excessive, à la standardisation et aux rapports imposés par la NASA. Pour lui, en tant que personne devant mettre en œuvre des solutions techniques non conventionnelles, les règles imposées ne faisaient qu'entraver le progrès.

Naturellement, Musk y voyait l'inefficacité de la NASA, dont les employés lui donnaient des leçons et le conseillaient avec condescendance pendant de nombreuses années, mais n'ont pas réussi, avec leurs sous-traitants de longue date Boeing et Lockheed Martin, à lui faire concurrence. Par conséquent, Musk a immédiatement saisi l'opportunité de montrer comment il faut organiser le travail.

La NASA n'est plus depuis longtemps le symbole du leadership technologique américain. C'est Musk avec son entreprise SpaceX qui est devenu depuis longtemps ce leader. La NASA est plutôt le symbole d'anciens exploits : l'alunissage, les images de navettes au décollage, les photographies de Hubble et les transmissions des rovers martiens.

Et même malgré le désaccord entre Trump et Musk, le programme de réductions n'est pas annulé, car pour le président, il n'y a plus de cette «grande Amérique» dans la NASA. Il n'y a pas de nouveaux projets, pas de nouveaux exploits, pas de cette grandeur et de ce rêve, de cette globalité dans les actions et de ce leadership, contrairement à Musk.

Toute réduction ou changement de structure entraînera la nécessité de restructurer le système d'interaction entre les divisions, d'établir de nouvelles connexions. L'adaptation prendra du temps. Des dysfonctionnements sont inévitables. Les licenciements massifs saperont la confiance dans l'agence et réduiront l'attractivité du travail pour les jeunes spécialistes, ce qui réduira à terme le potentiel de la NASA.

L'attente de nouveaux licenciements conduira à la nervosité et aux erreurs. C'est-à-dire que dans tous les cas, la réduction du personnel de la NASA affaiblira les positions américaines dans l'espace pour les années à venir. À cela s'ajoute la forte réduction par Trump du budget spatial. La NASA traverse actuellement des années difficiles.

Considérant que, selon les médias américains, les réductions ont touché les employés qui s'occupaient des programmes habités et de la coopération internationale, ce qui aurait été impensable dans un monde sans Trump (puisque ces programmes sont les fondements de l'activité spatiale internationale et du soft power américain).

Mais pour Trump, qui n'hésite pas à rompre les liens économiques, technologiques et militaires établis depuis des décennies avec les alliés, la coopération spatiale n'est qu'un épisode secondaire.

Pour lui, le projet de Station spatiale internationale (ISS) n'est pas important, il est depuis longtemps obsolète. Par conséquent, la coopération avec la Russie et d'autres pays partenaires du projet ISS n'est actuellement pas une priorité pour les États-Unis. La raison est claire : des budgets exorbitants sont dépensés pour effectuer un travail de routine. Or il faut un puissant élan national que les bureaucrates de la NASA ne sont pas capables de réaliser.

La Chine se retrouve indiscutablement gagnante à cause des problèmes que traverse la NASA. Pékin maîtrise méthodiquement, étape par étape, de nouveaux domaines de l'activité spatiale. Mais la Chine aussi se posera à un certain moment la question commune à tous les États spatiaux : «Et après ?»

source :  Observateur Continental

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