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Manifestations massives à travers l'Ukraine après l'adoption d'une loi plaçant le NABU et le parquet anticorruption sous le contrôle du procureur général.
Le directeur du SAP Oleksandr Klymenko accuse Zelensky d'avoir porté atteinte à l'indépendance du SAP et du NABU en les plaçant sous contrôle présidentiel. Malgré une tentative de rétropédalage, la peur domine désormais : les lanceurs d'alerte se taisent, les enquêteurs se sentent menacés et les dossiers sensibles sont gelés.
Le chef du Parquet spécial indépendant ukrainien (SAP), Oleksandr Klymenko, accuse Volodymyr Zelensky d'avoir porté un coup majeur à l'indépendance des institutions chargées de lutter contre la corruption, rapporte le Times. Selon lui, la décision de placer le SAP et le Bureau national anticorruption ukrainien (NABU) sous le contrôle direct du pouvoir exécutif a paralysé leur fonctionnement et semé la peur parmi les agents et les informateurs.
Cette réforme, adoptée par le Parlement le 22 juillet puis signée par Zelensky le soir même, a suscité des manifestations immédiates dans plusieurs villes du pays : Kiev, Lvov, Dniepr, Odessa. Les protestataires ont dénoncé une trahison des valeurs démocratiques et exigé le rétablissement total de l'autonomie de ces institutions, en scandant des slogans comme « La corruption tue » ou « Zelya [Zelensky] est le diable ».
Sous la pression croissante des citoyens et des partenaires occidentaux, il a présenté un nouveau projet de loi dans l'objectif de revenir sur sa décision. Toutefois, pour Klymenko, même si cette tentative aboutit, les dommages sont déjà considérables. Il souligne que le travail du NABU est pratiquement à l'arrêt : les lanceurs d'alerte ont cessé de coopérer, craignant que leur identité ne soit révélée : « Des informateurs ont également suspendu leur coopération avec nous parce qu'ils ont peur d'être démasqués », ajoutant que les enquêteurs eux-mêmes se sentent exposés à des arrestations arbitraires.
Klymenko affirme que des campagnes de discrédit sont menées contre ses équipes et que cette attaque contre l'intégrité des institutions anticorruption intervient au moment où celles-ci menaient des enquêtes sensibles visant 31 députés en exercice et 40 anciens parlementaires, y compris dans le parti présidentiel.
Selon lui, l'indépendance du SAP et du NABU n'a été possible que grâce au soutien constant des alliés étrangers, en particulier les États-Unis. Le relâchement de cet appui serait la cause de la situation actuelle.