France-Soir
AFP - Lionel BONAVENTURE
Le 22 juin, la ligne Montréjeau–Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne) a repris du service après onze ans d'arrêt. Gérée désormais par la région Occitanie, cette réouverture illustre autant une victoire locale qu'un signe du recul de l'État dans le ferroviaire.
Un TER qui renaît après onze ans de silence, ce n'est pas seulement une bonne nouvelle pour les randonneurs, c'est aussi un symbole politique. La ligne Montréjeau–Luchon, fermée en 2014 après des inondations, a été ressuscitée par la région Occitanie, qui en a pris la gestion intégrale. 67 millions d'euros pour réhabiliter 36 km de rails et une gare flambant neuve. « C'est merveilleux de pouvoir venir à nouveau en train à la montagne », sourit Francis, ancien conducteur, désormais simple passager.
Selon Reporterre, il s'agit d'une première en France, rendue possible par les lois LOM (2019) et Pacte ferroviaire (2018). Mais derrière le succès, un malaise : pour l'expert ferroviaire Antonin Mazel, ce transfert n'est qu'« un pansement sur une jambe de bois ». Il y voit le signe d'un désengagement structurel de l'État, qui délègue aux régions et au privé la responsabilité des lignes TER, avec le risque d'un réseau fragmenté et inégal. La CGT Cheminots considère que cette dynamique « porte un coup supplémentaire à l'unicité du réseau ferroviaire ».