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 Les responsabilités de Charles De Gaulle et de ses complices dans la défaite de 1940 (1)

Tandis qu'Hitler était « joyeusement en panne », Mussolini offrait, sans le savoir, un modèle impérissable à De Gaulle

Par Michel J. Cuny − Le 9 Août 2025

Dans le numéro du 2 avril 1924 de L'Écho de Paris, notre attention avait été  retenue par un article de Pertinax... Cela se passait dans les colonnes 1 et 2 de la page 1... La colonne 4, nous met, elle, en présence d'un article de ce De Villemus, correspondant particulier du journal, que nous commençons à bien connaître. Voici ce qu'il écrit cette fois-ci, sous le titre : La comédie de Munich - Triomphal acquittement de Ludendorff - Hitler condamné à cinq ans de forteresse avec sursis au bout de six mois.

Nous pouvons concentrer notre attention sur les extraits suivants :

Munich, 1er avril. - Munich est en fête : Ludendorff a été acquitté
Sur le coup de 10 heures, la salle des séances est envahie par des élégantes aux bras chargés de fleurs et par des officiers en tenue de campagne, la poitrine chamarrée de décorations. L'atmosphère n'est pas celle d'un tribunal, mais plutôt celle d'une première de théâtre.
Le président lit maintenant à haute voix la sentence : Ludendorff est acquitté ! Un tonnerre d'applaudissements retentit. Des cris de « Bravo ! » sont poussés. Hitler et quelques complices sont condamnés à cinq ans de forteresse. Après six mois de peine, le sursis leur sera accordé.
Ludendorff a quitté le tribunal, ceint des lauriers du triomphateur. Ses co-inculpés ne tarderont pas à être remis en liberté.
Le parti ultra-nationaliste annonce qu'il a désigné Ludendorff comme chef de liste pour les prochaines élections du Reichstag.

Vivement le match retour, n'est-ce pas !...

En attendant, Pertinax nous emmène du côté de Mussolini, dont il espère bien qu'il finira par mettre en place un système institutionnel qui permettrait au régime fasciste de lui survivre... Nous sommes dans le numéro du  6 avril 1924...

Les élections italiennes d'aujourd'hui

La présente journée sera marquée par les élections italiennes. À la vérité, le résultat n'est guère douteux. Pour s'en rendre compte, il suffit de rappeler les dispositions principales de la loi, imaginée par M. Mussolini et ses amis.
La liste présentée dans tous les collèges régionaux qui a réuni au moins 25% des voix et qui a prévalu dans tout le collège national reçoit, dans chaque circonscription, les 2/3 des sièges à pourvoir, soit au total 356 sur 535. Sont proclamés élus (toujours dans le cadre de la circonscription), tous les candidats qui figurent sur cette liste, dans l'ordre des suffrages obtenus. Telle est la prime accordée à la majorité. Quant aux sièges réservés à la minorité, ils sont distribués suivant la règle de la proportionnelle.
Tout bien compté, les opposants déclarés de M. Mussolini ne disposeront pas, dans la nouvelle Chambre, des 179 sièges alloués à la minorité. On calcule qu'ils seront, tout au plus, au nombre de 100.
Tout annonce que, capable de s'appuyer sur une chambre dévouée, M. Mussolini pourra fixer et organiser ce qu'il a créé.

Sur ce terrain particulier, jetons un œil sur ce dont la Constitution de la Cinquième République était capable de faire... dès 1958, lors de sa toute première application... Nous nous en tiendrons aux quatre partis qui y ont recueilli le plus de voix au premier tour... et nous verrons combien de députés cela leur aura valu au soir du second tour...

PCF - Nombre de voix : 3.882.204 - Pourcentage : 18,90 - Sièges : 10 (1,8%)
UNR (gaulliste) - Nb de voix : 3.603.958 - Pourcentage : 17,66 - Sièges : 189 (34,6 %)
SFIO (socialistes) - Nb de voix : 3.167.354 - Pourcentage : 15,52 - Sièges : 40 (7,3%)
CNIP (centristes) - Nb de voix : 2.815.176 - Pourcentage : 13,79 - Sièges : 132 (24,2%)

Premier parti de France au premier tour, le parti communiste glisse à la quatrième place au second... Hourra ! Ça marche !...

Dans le numéro du 13 avril 1924, Pertinax nous donne les résultats de la magistrale manœuvre réalisée par Mussolini en son temps, tout en produisant (rien que pour nous !!!), une sorte de clin d'œil en direction de la «  magistrale manœuvre » réussie 34 années plus tard par... De Gaulle.

Le triomphe de M. Mussolini

Le triomphe de M. Mussolini et du fascisme aux élections du 6 avril est encore plus grand qu'on ne l'attendait. Sur 7.628.859 votants (soit 63 % des électeurs inscrits), le nouveau régime est sanctionné par 4.693.691 voix. Ainsi le « duce » peut se réclamer de la majorité du pays.
Les candidats du fascisme ont été désignés par le grand conseil et par un directoire spécialement constitué pour l'occasion. Autant dire que la plupart des élus seront de dociles serviteurs.
Le 10 avril, quand le dictateur a regagné Rome, cinquante mille personnes, qui se pressaient autour du palais Chigi et de la colonne de Marc Aurèle, l'ont acclamé frénétiquement. Il a déjà justifié le coup de force d'octobre-novembre 1922 en créant un régime. Ira-t-il plus loin ? Créera-t-il des institutions ?

En tout cas, du côté de De Gaulle - nous pouvons le constater plusieurs décennies après le coup d'État de mai 1958 -, c'est du béton, dans lequel même un Mitterrand aura trouvé à se « couler », lui et la belle meute des socialistes et des communistes qui se sont ralliés à lui... et pas qu'un peu.

Michel J. Cuny

N.B. Pour voir dans quel cadre général se range le présent travail, veuillez suivre ce lien :  dejeanmoulinavladimirpoutin.wordpress.com

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