Xavier Azalbert, France-Soir
Quid de l'appel à la grève générale citoyenne pour le 10 septembre 2025 (Partie 1)
France-Soir, DR
Comme je m'y étais engagé dans mon édito du 28 juillet, je reviens aujourd'hui vers vous pour plonger au cœur de l'appel à la grève générale citoyenne du 10 septembre 2025. Ce mouvement, né il y a plusieurs semaines sur les réseaux sociaux, porte en lui l'espoir d'un sursaut populaire, mais aussi les ombres d'une possible manipulation. Voilà une analyse de ce que j'ai pu glaner sur ses origines, ses acteurs, ses ambitions et les dangers qui le guettent. Car, dans ce climat de défiance, une chose est sûre : la colère gronde, et l'opportunité de changer la donne est à portée de main.
Un mouvement citoyen menacé par la récupération politique
Un mouvement annoncé si loin à l'avance – plus de six semaines avant la date fatidique – est un terrain fertile pour les récupérations en tout genre. Pendant que les Français s'interrogent sur l'avenir, les syndicalistes, lobbyistes et élus bien installés profitent de l'été pour se prélasser, loin des préoccupations du peuple. La présidente de l'Assemblée nationale, dans une énième pirouette verbale, tente de justifier cette trêve estivale indécente, comme si le pays pouvait attendre sagement que les puissants daignent reprendre le travail.
Mais, l'actualité vient de bousculer ce calme artificiel : ce week-end, les députés de La France Insoumise (LFI) ont jeté un pavé dans la mare en annonçant une demande de session parlementaire d'urgence pour examiner une motion de censure contre le gouvernement.
Dans la foulée, ils ont appelé à un « blocage du pays » le 10 septembre, surfant sur l'élan de la grève citoyenne. Ce coup d'éclat, s'il peut sembler audacieux, sonne comme une alarme. Ce qui se voulait un mouvement citoyen, apartisan, porté par la base, risque d'être phagocyté par des agendas politiciens. LFI, avec son positionnement d'opposition radicale, serait tenté de détourner cette colère populaire pour servir ses propres ambitions électorales, diluant ainsi la pureté d'une mobilisation née de la volonté des citoyens. Tout cela alors que les eurodéputés LFI ont eu du mal à voter la motion de censure contre von der Leyen en juillet 2025 et se sont révélés incapables de voter la censure déposée par le Rassemblement Nationale contre le gouvernement au motif que cette motion était déposée par leurs opposants d'extrême droite !
Cette récupération, si elle se confirmait, serait un coup dur : elle transformerait un élan spontané en une opération orchestrée, sous le contrôle de ceux qui, malgré leurs discours enflammés, savent naviguer dans les eaux troubles du système. Mes craintes, exprimées dès le départ, se trouvent hélas renforcées : un mouvement qui devrait unir le peuple risque de devenir l'otage de luttes de pouvoir ! ( facebook.com
Les origines de l'appel : #LesGueux et au-delà
Revenons à la genèse de cet appel, lancé en juillet sur les réseaux sociaux, avec pour cible la journée du 10 septembre 2025. À l'origine, il est porté par le collectif #LesGueux, animé par Laurent Jaoul, maire sans étiquette de Saint-Brès (Hérault), et Alexandre Jardin, écrivain au parcours controversé. Cet appel, largement relayé par les médias mainstream – notamment via des interviews d'Alexandre Jardin – a pris une place centrale dans le débat public. Le collectif, récemment constitué en association loi 1901, s'est enrichi de figures emblématiques, comme Daniel Guichard, chanteur populaire des années 70 et 80. Ce dernier, par son engagement sans faille depuis la crise Covid, s'est imposé comme une figure de proue de la résistance citoyenne pacifique, dénonçant avec vigueur les mesures liberticides imposées par les autorités.
Le nom #LesGueux, inspiré du dernier livre d'Alexandre Jardin, reflète un cri de ralliement. Dans cet ouvrage, Jardin dénonce les décisions de l'État, qu'il qualifie d'« inappropriées » et profondément injustes, surtout pour les citoyens les plus modestes, écrasés par des politiques qui semblent taillées pour les élites. Le livre met en lumière une victoire symbolique : le combat juridique mené par Jardin, Jaoul et d'autres élus locaux pour faire abroger les Zones à Faibles Émissions (ZFE), ces dispositifs perçus comme une entrave à la liberté de circulation des plus démunis. Cette bataille, gagnée contre un système jugé oppressif, donne au collectif une légitimité auprès de ceux qui se sentent abandonnés par l'État. Alexandre Jardin et le mouvement les Gueux qu'il a initié avec d'autres semble tant gêner que beaucoup lui attribue un rôle que sa démarche de défense des citoyens depuis de nombreuses années contredit
Mais #LesGueux n'est pas seul. Au même moment, deux autres collectifs – « Mobilisation 10 septembre » et « Bloquons Tout ! » – ainsi que le mouvement « Nicolas qui paie », ont lancé des appels parallèles, formant un écho puissant à travers les réseaux sociaux. Cette convergence, bien que prometteuse, soulève une question : comment un mouvement si vaste et décentralisé peut-il rester uni face aux tentatives de division ou de récupération ?
Les soupçons d'une manipulation orchestrée
Le passé d'Alexandre Jardin est souvent utilisé par les détracteurs qui cherchent à jeter une ombre sur sa sincérité alors qu'il n'a été jamais été réellement un soutien macroniste. Wikpedia écrit à ce sujet : « en juillet 2016, il participe au meeting d'Emmanuel Macron à La Mutualité : il précise que ce n'était « pas pour le soutenir » et se dit plus tard déçu par ses opérations de communication ». Il a été fondateur en 2015 du mouvement citoyen Bleu Blanc Zèbre. Son engagement citoyen n'est donc pas nouveau. En décembre 2016, il annonce vouloir candidater à l'élection présidentielle française de 2017 (contre E Macron) mais ne réussit à réunir que 165 parrainages sur les 500 requis.
Malgré tout, certains n'hésitent pas à dire qu'il incarne un possible « cheval de Troie », un pion placé par le pouvoir pour canaliser la colère populaire et l'empêcher de devenir une force révolutionnaire. D'autres vont plus loin, accusant cet appel d'être une manœuvre gouvernementale visant à désamorcer l'opposition de l'intérieur. Ils craignent que ce mouvement, comme celui des Gilets Jaunes en 2018, ne soit détourné pour éviter qu'un « vent de colère légitime » ne se transforme en une « tornade populacière », capable de tout balayer sur son passage.
Dans l'imaginaire de ces sceptiques, une telle tornade pourrait conduire à la création d'un tribunal populaire, où élus, hauts fonctionnaires et lobbyistes seraient jugés pour avoir agi à l'encontre des intérêts de la nation et des Français. Une « haute trahison » selon certains qui, dans une escalade rhétorique, évoquent la réintroduction ad hoc de ce crime dans le droit, assorti d'une peine de mort rétroactive, remontant à des décisions comme la vente d'Alstom aux Américains en 2014. Un scénario extrême, certes, mais qui traduit l'ampleur de la défiance envers les élites.
Ces soupçons s'appuient sur des précédents troublants.
- Tout d'abord, le mouvement des Gilets Jaunes, selon des allégations persistantes, aurait été initié en sous-main par le gouvernement lui-même, avant d'être méthodiquement étouffé. Comment ? Par une stratégie implacable : infiltration d'agents provocateurs se faisant passer pour des leaders, dégradations matérielles orchestrées par des appariteurs (policiers ou civils déguisés), et une criminalisation systématique dans les médias aux ordres.
- Des violences contre les forces de l'ordre, parfois commises par des policiers eux-mêmes grimés en manifestants, ont achevé de discréditer le mouvement. Cette tactique, observée également lors des manifestations contre la réforme des retraites ou le pass sanitaire, a brisé l'élan des Gilets Jaunes, découragé leurs soutiens, et empêché leur colère de se muer en force politique. Si ce mouvement avait émergé quelques mois avant la présidentielle de 2022, sous une forme structurée, il aurait pu renverser l'establishment par les urnes.
- Ensuite, le timing de cet appel à la grève – deux ans avant la présidentielle de 2027 – semble suspect. Trop précoce pour fédérer une alternative politique crédible, il risque de s'essouffler bien avant de pouvoir défier la caste au pouvoir : ce conglomérat de banquiers, assureurs, industriels, politiciens professionnels et hauts fonctionnaires qui monopolise les leviers du pouvoir depuis un demi-siècle.
- Ce système, rodé depuis le départ du Général de Gaulle, repose sur une majorité juste suffisante pour imposer ses choix et une opposition factice qui donne l'illusion d'un débat démocratique. « Un pour tous, tous pourris ! » clament les citoyens exaspérés.
- Enfin, cette grève pourrait servir un objectif plus insidieux : parachever le fichage des « Gaulois réfractaires », ces citoyens – Français ou non – qui s'opposent à la politique d'Emmanuel Macron. Depuis huit ans, cette politique est accusée de trahir les intérêts de la France : de la loi travail à la vente d'Alstom en 2014 (orchestrée par Macron, alors ministre de l'Économie), en passant par l'impunité des ministres macroniens, par le pass sanitaire ou la réforme des retraites, chaque mesure semble creuser le fossé entre le peuple et ses dirigeants. Une mobilisation massive, si elle est infiltrée par les renseignements généraux, pourrait permettre à l'État de cartographier ces résistants, facilitant leur surveillance ou leur répression future.
Une opportunité historique, malgré les doutes
Qu'importent les soupçons ! Oui, qu'importent les critiques, fondées ou non, qui s'amoncellent contre cet appel à la grève générale citoyenne. L'occasion est trop belle pour la laisser passer. Ce mouvement, s'il est bien mené, peut devenir un séisme populaire, capable de bouleverser l'ordre établi. Au minimum, il peut contraindre Emmanuel Macron et François Bayrou à renoncer à leur feuille de route imposée par Bruxelles pour 2026 et 2027 – un plan qui inclut l'euro numérique, pièce maîtresse du « Parce que c'est notre projet ! » ayant propulsé l'ancien banquier de Rothschild à l'Élysée. Ce projet, perçu comme une menace pour les libertés individuelles, vise à imposer des restrictions économiques aux citoyens, tout en épargnant les élites. Forcer le gouvernement à faire machine arrière serait déjà une victoire retentissante.
Mais l'enjeu est plus grand encore. Si la mobilisation est massive, unie et déterminée, elle pourrait exiger le départ définitif de cette caste parasite – politiciens professionnels, hauts fonctionnaires, lobbyistes – qui gangrène la France et opprime son peuple au profit d'intérêts anti-nationaux. Cette élite, accusée de servir des lobbys étrangers et de mépriser les aspirations des citoyens, pourrait être contrainte de enfin rendre des comptes, non pas dans un tribunal fantasmé, mais dans l'arène de la souveraineté populaire.
Comment saisir cette chance ?
Transformer cette colère en un mouvement historique demande stratégie, vigilance et unité. Comment éviter les pièges de la récupération politique telle que celle qui semble se profiler avec l'action de LFI ? Comment fédérer les énergies sans tomber dans les divisions orchestrées par le pouvoir ? Comment faire de cette grève un levier pour redonner le pouvoir au peuple ?
Ces questions, cruciales, trouveront leur réponse dans la seconde partie de cet édito. Rejoignez-moi vite, camarades, la suite de cet édito.
Car le 10 septembre 2025 pourrait être le jour où la France se lève, unie, pour faire vaciller les puissants !