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 «Un grand jour à la Maison Blanche» : Trump accueille Zelensky et ses partenaires européens

L'Europe exige des « garanties de sécurité » pour l'Ukraine... La Russie peut les lui donner

Par  Moon of Alabama - Le 18 août 2025

Plus tard dans la journée, le président américain Donald Trump rencontrera (l'ancien) président ukrainien Vladimir Zelenski pour discuter des résultats du sommet de la semaine dernière entre Trump et le président russe Vladimir Poutine. À la suite de ce sommet, les deux parties avaient déclaré qu'il fallait mettre fin à la guerre en Ukraine par un accord de paix global. Mais cela obligerait l'Ukraine à renoncer à certains territoires et à devenir un pays neutre.

Zelenski tentera d'inciter Trump à revenir à sa position précédente, quand Trump exigeait un cessez-le-feu immédiat de la Russie sur la ligne de front actuelle. Mais après avoir essayé, il avait constaté qu'il n'avait aucun moyen d'y parvenir. Trump a dû accepter les positions de la Russie car il n'y avait plus d'autre moyen de mettre fin à la guerre en Ukraine.

Trump est notoirement enclin à changer de position d'un discours à l'autre. Cette fois cependant, je crois qu'il s'en tiendra à son accord avec Poutine.

Zelenski sera invité à demander la paix avec la Russie avec toutes les conditions que la Russie exigera de lui.

Après l'entretien avec Zelenski, Trump aura une rencontre avec un groupe de premiers ministres européens, de chanceliers et de présidents. Ils veulent que la guerre continue, ce qui nécessite de garder les États-Unis impliqués.

Leur principal point de discussion et leur principale demande seront une « garantie de sécurité » pour l'Ukraine qui, disent-ils, nécessitera l'implication et le soutien des États-Unis.

Interrogé à ce sujet lors d'une interview, l'envoyé russe de Trump, Stephen Witkoff, a  donné une réponse polie :

"Les États-Unis sont potentiellement prêts à pouvoir donner des garanties de sécurité du genre article 5, mais pas de la part de l'OTAN - directement de la part des États-Unis et d'autres pays européens", a déclaré Witkoff dans une interview à « Fox News Sunday«.

La signification de « sont... potentiellement... prêts... à pouvoir...« dans ce contexte doit se traduire par « Pas question que ça arrive! »

Il y a deux ans,  j'avais déjà discuté de la question des garanties de sécurité pour l'Ukraine :

L'Ukraine est maintenant manifestement en train de perdre la guerre. Il devra bientôt signer une capitulation comme accord de cessez-le-feu avec la Russie.

Mais qui ou quoi peut garantir qu'un tel accord tiendra longtemps ?

L'adhésion à l'OTAN n'est plus une option.

...

Une garantie de sécurité totale directe de Washington à Kiev est également impossible. Cela créerait une forte probabilité d'une guerre directe entre les États-Unis et la Russie qui deviendrait bientôt nucléaire. Les États-Unis ne voudront pas risquer cela.

...

La puissance de la Russie rend même une tentative de garantie de sécurité semblable à celle d'Israël trop coûteuse pour les États-Unis et donc tout simplement impossible.

Il n'y a qu'un seul pays au monde qui puisse garantir la paix en Ukraine et la sécurité de ses frontières. Ce pays, c'est la Russie !

Mais une telle garantie sera bien sûr assortie de conditions. Soit l'Ukraine les acceptera, soit elle ne sera jamais à l'abri d'interférences extérieures.

C'est simplement une réalité de la vie avec laquelle l'Ukraine a dû et devra vivre.

Alastair Crooke suggère (vidéo) que l'accord de paix entre la Russie et l'Ukraine suivra les grandes lignes de l'Accord d'Istanbul négocié en mars 2022 entre l'Ukraine et la Russie. L'Ukraine, sous la pression de l'Occident, s'était alors abstenue de le signer.

L'Accord d'Istanbul  incluait des garanties de sécurité (soulignement ajouté) :

L'accord suppose :

...

  1. États garants possibles : Grande-Bretagne, Chine, Russie, États-Unis, France, Turquie, Allemagne, Canada, Italie, Pologne, Israël. La libre adhésion d'autres États au traité est proposée, en particulier la Fédération de Russie propose la Biélorussie.

...

  1. L'Ukraine ne rejoint aucune alliance militaire, ne déploie pas de bases et de contingents militaires étrangers et ne mène des exercices militaires internationaux qu'avec le consentement des États garants. De leur côté, les États garants confirment leur intention de promouvoir l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne.
  2. Les États garants et l'Ukraine conviennent qu'en cas d'agression, d'attaque armée contre l'Ukraine ou d'opération militaire contre l'Ukraine, chacun des États Garants, après des consultations urgentes et immédiates entre eux (qui se tiendront dans un délai maximum de trois jours), dans l'exercice du droit de légitime défense individuelle ou collective reconnu par l'article 51 de la Charte des Nations Unies, fournira (en réponse et sur la base d'une demande officielle de l'Ukraine) une assistance à l'Ukraine, en tant qu'État neutre attaqué, en prenant immédiatement les mesures individuelles ou conjointes qui pourraient être nécessaires, y compris la fermeture de l'espace aérien au-dessus de l'Ukraine, la fourniture des armes nécessaires, le recours à la force armée afin de rétablir puis de maintenir la sécurité de l'Ukraine en tant qu'État neutre permanent.

Toute attaque armée de ce type (toute opération militaire) et toutes les mesures prises à la suite de celle-ci seront immédiatement signalées au Conseil de sécurité. Ces mesures cesseront lorsque le Conseil de sécurité aura pris les mesures nécessaires pour rétablir et maintenir la paix et la sécurité internationales.

Le mécanisme de mise en œuvre des garanties de sécurité pour l'Ukraine, sur la base des résultats de consultations supplémentaires entre l'Ukraine et les États garants, sera réglementé dans le Traité, en tenant compte de la protection contre d'éventuelles provocations.

Encore une fois :

... une telle garantie sera bien sûr assortie de conditions. Soit l'Ukraine les acceptera, soit elle ne sera jamais à l'abri d'interférences extérieures.

Alors oui, l'Ukraine peut avoir des « garanties de sécurité«. Mais les conditions de celles-ci seront fixées par le principal garant - qui doit être la Russie.

Trump semble l'avoir compris. Combien de temps faudra-t-il à ces « dirigeants » européens pour le comprendre aussi ?

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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