24/08/2025 2 articles dedefensa.org  7min #288177

Nietzsche et ses « Moments-Phg »

 Journal dde.crisis de Philippe Grasset  

24 août 2025 (06H00) Nous (un beau collectif) vous réservons une surprise que je trouve bien utile et assez originale. Il s'agit de reprendre un très vieux texte de la Lettre Stratégique ‘dedefensa & eurostratégie' (dd&e) datant du  10 septembre 2000, qui prétendait présenter le philosophe allemand Frédéric Nietzsche pour le 100ème anniversaire de sa mort ; de retravailler ce texte, à certains endroits de façon marquante, et de le publier le 25 août 2025 (demain) pour son 125ème anniversaire.

Ce que la relecture puis les modifications décidées ont montré, de mon point de vue, c'est que Nietzsche est de plus en plus "actuel" à mesure que le temps s'écoule :

« Ce que nous lisons chez Nietzsche depuis un siècle, c'est une mise au point et en garde permanente sur la méfiance nécessaire et grandissantes à l'encontre de l'état du monde. Nietzsche est donc absolument actuel, il pèse sur nous et nos pauvres consciences impuissantes d'un poids absolument impitoyable. Il le sera de plus en plus à mesure que le monde s'abîmera dans l'état du désordre postmoderne qu'on lui connaît déjà. »

Vous suivrez le reste de cette affirmation qui fait que revenir sur Nietzsche aujourd'hui, c'est venir au cœur même de la  GrandeCrise qui nous déchire chaque jour, c'est la mieux comprendre, la saisir en vérité pour ce qu'elle est. Seul Nietzsche, continuellement, au long de sa vie, au long de sa folie, au long de sa mort, nous explique notre situation, notre destinée, notre aventure à son terme.

Je vais m'arrêter là sur le contenu du texte de demain, pour ne pas tomber dans l'absurde du dire aujourd'hui et du redire demain. Je veux, de façon très différente, attacher la démarche de cette petite page de mon ‘Journal' à ma rencontre avec Nietzsche, la façon dont littéralement, j'ai eu pour Nietzsche une illumination et un "coup d'âme-poétique" comme l'on dit "un coup de cœur". C'est tellement étrange, finalement, une démarche assez inattendue d'un jeune garçon assez peu cultivé (au sens élevé où je l'entends), et d'ailleurs dans une famille qui ne l'était pas du tout, – cultivée "au sens où je l'entends" aujourd'hui, quand est dans la culture sans retour, sans nécessairement vous plonger dans une sorte d'encyclopédisme des trompeuses connaissances, lectures et sur-lecture, charge psychologique intense, l'homme qui ne peut vraiment respirer sans faire une citation.

Cela se passa, ma rencontre avec FN, un jour où, chez mon beau-frère qui était un publicitaire, un homme de la communication d'aujourd'hui avant que l'on adoptât cette dénomination, homme du simulacre également, je trouvais dans des archives improbables une documentation abondante d'un très long concours du ‘Figaro', sur les cent personnalités les plus importantes de l'Europe, vous savez les "cent noms qui ont fait la civilisation européenne" à l'heure de la signature des traités de Rome, ce triomphe en simulacre des années 1956. Je suis tombé sur la photo, ou bien une interprétation dessinée de la photo de Nietzsche (avec d'autres, mais Nietzsche les écrasant tous, pour ma perception), – lorsqu'il est installé sur une chaise longue, perdu dans les draps de de la maison des fous, son fulgurant regard devenu vide et chargé du Rien de la folie.

J'écartais toutes ces pensées de l'apparence pour en venir à ce que je distinguais comme les restes d'un événement essentiel qui avait vécu et éclairé le monde irrémédiablement malade de son éblouissante et sombre lumière d'un soleil baignant sans retenue la crise du monde. Vous comprenez, ce qui dit l'essentiel sur ma perception c'est que ce "coup d'âme-poétique" le fut pour son regard, ses sourcils, et surtout ses incroyables moustaches, tout ce qui est d'habitude dérisoire lorsque l'on travaille à une thèse universitaire, cet objet en général sujet, sauf exceptions extraordinaiures, de mon incommensurable indifférence quelque peu méprisante... A partir de là, j'étais inconsciemment assuré, par quel étrange labyrinthe, que je trouverai chez ce personnage tous les éléments qui seraient nécessaire, et fur et à mesure, au développement de mon intuition et de mon expérience nécessaires à l'avancement du caractère et de l'esprit. L'affaire était faite.

Vous savez ou pas que j'ai écrit un roman dont Nietzsche («  Frédéric Nietzsche au Kosovo »), ou son neveu, ou son petit-fils, ou son clone, – qui sait et qu'importe, – est le protagoniste caché mais essentiel de l'intrigue. Le héros, Louis-Beyle, avec tiret et clin d'œil pour Henry Beyle, le vrai nom de Stendhal dont Nietzsche jugeait que c'était un des plus grands dans la plus grande littérature du monde, rencontre donc une sorte de sosie de Nietzche, un siècle plus tard. La rencontre et la mine ahurie de Louis-Beyle agaça considérablement ce pseudo-Nietsche... Pour le reste, j'ai oublié, et ceux qui trouveront le courage de commander et de lire, répondront à cette question du véritable nom du ‘Nietzsche postmoderne'

Voilà, on rapporte ici les précisions de la rencontre, suivis d'un extrait du livre... Notre héros, Louis-Beyle effectue un voyage Bruxelles-Paris au temps de la guerre du Kosovo (mars-juin 1999). Il est dans un des nouveaux ‘Thalys'. En face de lui s'installe, ou s'est installé, un personnage que Louis-Beyle, sommeillant dans ses pensées, ne voit pas distinctement, à l'abord, ce regard perdu dans des visions extraordinaires. Puis il s'arrête à lui car quelque chose a retentit dans son esprit. Il fixe l'inconnu. L'autre était de cette sorte :

« Il avait le visage pâle et long, le nez fort mais régulier, une bouche qui devait être serrée (si on avait pu la voir) ; mais passons aux aspects plus inhabituels : des yeux profondément enfouis dans des orbites profondes, des sourcils foisonnants, sombres, qui accentuaient cette impression des yeux perdus au fond des orbites, et pourtant le regard foudroyant et fragile ne laissant aucune chance qu'on n'en fût pas fasciné, des cheveux plantés haut, drus et sombres également, surtout, de formidables moustaches, si fournies qu'elles dissimulaient presqu'entièrement le bouche, et parfois, dans certaines attitudes, approchaient le menton. Le visage donnait l'impression de la tragédie pure, et l'apparence extravagante de l'ornement pileux ne paraissait nullement extravagant. Quel mystère est-ce là ?

» L'inconnu était habillé de noir. Il soufflait de plus en plus fort, de plus en plus agacé. Louis-Beyle ne pouvait cesser de revenir à son visage, à son regard. C'était fascination pure. L'inconnu n'y tint plus.

– Oui, oui, monsieur, fit-il, excédé, je sais, je sais, je vous rappelle quelqu'un.

(Que peut-on répondre à cela. Louis-Beyle ne dit mot, ébahi.)

– Oui monsieur, ; vous ne vous trompez pas. Je vous rappelle
Nietzsche, Frédéric Nietzsche. Vous y êtes ?

– 'Ah ça ! Comment l'avez-vous deviné ?

– Cette question...

Louis-Beyle en convint : sa remarque était absurde puisqu'il s'agit bien de Frédéric Nietzsche ou tout comme.

– Que voulez-vous, soupira l'inconnu, je suis si habitué à cette sorte de rencontre. Un visage connu comme le mien ne passe pas inaperçu.

– Mais êtes-vous ou n'êtes-vous pas Frédéric Nietzsche ?

[...]

» A la vérité, on me dit que je suis le petit neveu de F.N., voire plus loin encore, d'autres avancent que je suis plus directement son petit-fils, d'autres dépassent tout cela avec l'hypothèse d'une parenté infiniment plus complexe où se glisseraient des éléments de magie, sans doute noire et dans tous les cas grise très foncée... »

A demain, donc...et gardez l'œil sur une nouvelle idée que j'ai introduite, qui concerne Nietzsche et la France, qui eurent des rapports si intenses qu'on parle de plusieurs "Moments-français" de Nietzsche. Lisez ceci, sur "Nietzsche et la France" et l'influence extraordinaire qu'il y exerça :

«...pour réintroduire Nietzsche en Allemagne, comme le suggère ironiquement Jacques Le Rider, "[i]l faudrait en somme retraduire Nietzsche en allemand" ».

Je propos d'observer qu'un nouveau "Moment-français" de Nietzsche est né en 2017, mais celui-ci, pour la première fois à la différence des trois précédents, un ‘Moment' insurrectionnel contre les structures de la France et ce que ces imbéciles d'une médiocrité confondante qui prétendent la diriger en ont fait. Ce serait le quatrième ‘Moment-français' de Nietzsche, et le premier à sonner la charge d'une insurrection, d'une révolte, d'une chouanerie, d'une mutinerie... Nietzsche, père ironique et saracastique de notre Résurrection.

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25 août 2025 (00H10) – Pour mieux justifier ce passage du 100ème au 125ème, j'utilise un texte de Troy Southgate, et encore plus, de Milan Kundera pour mieux décorer le sujet de sa gloire justifiée :