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Après la réduction de l'aide américaine, les malades sont obligés de recourir au marché noir, où le prix des antirétroviraux a presque doublé. [Capture d'écran]
Le gouvernement sud-africain assure que le retrait d'une partie du financement américain ne compromettra pas son programme de lutte contre le VIH, le plus important au monde. Mais les difficultés budgétaires et la fermeture de plusieurs cliniques font craindre une hausse des infections et des décès dans les prochaines années.
L'Afrique du Sud, pays qui compte le plus grand nombre de personnes vivant avec le VIH, est confrontée à un défi sanitaire majeur depuis la décision des États-Unis de réduire de 427 millions de dollars leur aide à la lutte contre l'épidémie. Ce retrait, intervenu sous l'administration Trump dans le cadre de coupes budgétaires dans l'aide extérieure, a provoqué la fermeture de cliniques gratuites et laissé de nombreux patients sans traitement.
Selon des associations locales, plus de 63 000 personnes dépendaient des douze centres de soins qui ont cessé leurs activités. Jusqu'à 220 000 patients ont vu leur traitement interrompu, alors que seulement deux millions des quelque huit millions de personnes vivant avec le virus dans le pays étaient déjà sous médication régulière avant la réduction de l'aide.
Prolifération du marché noir des antirétroviraux
Pour certains malades, les conséquences sont immédiates. Des témoignages rapportent des refus dans les hôpitaux publics, malgré les assurances officielles, et un recours forcé au marché noir, où le prix des antirétroviraux a presque doublé. Une travailleuse du sexe confie que l'accompagnement médical dont elle bénéficiait à domicile a disparu : « Nos vies comptent, nous sommes des êtres humains », insiste-t-elle.
Des acteurs de la société civile expriment leurs inquiétudes. Yvette Raphael, cofondatrice d'une organisation locale de prévention, redoute une aggravation de la crise : « Nous avons peur de voir de nouvelles infections augmenter, des décès réapparaître et davantage d'enfants naître avec le VIH. » Elle souligne que l'aide américaine couvrait un manque que l'État sud-africain peine à combler.
La décision de Washington a suscité des réactions sur l'ensemble du continent africain, fortement dépendant de ces financements. Le gouvernement américain justifie sa position par des impératifs budgétaires, rappelant l'endettement du pays et appelant les États africains à assumer une plus grande part de la charge sanitaire.
Bien qu'une dérogation limitée ait été accordée pour maintenir certains services essentiels, les perturbations demeurent. Pour de nombreux malades, les conséquences du retrait américain sont déjà visibles et compromettent des années d'efforts dans la lutte contre le VIH.