28/08/2025 mondialisation.ca  21min #288610

Les effondrements démographiques de l'Algérie colonisée: des génocides par famine.

Par  Chems Eddine Chitour

« J'y ai réfléchi bien longtemps, en me levant, en me couchant ; eh bien ! Je n'ai pu découvrir d'autre moyen de soumettre le pays que de saisir l'intérêt agricole ». Il faut donc empêcher les populations « de semer, de récolter, de pâturer »  Bugeaud

Nous arrivons à la quatrième partie du Devoir voire du Droit d'inventaire. Nous allons articuler notre plaidoyer encore une fois, sans haine mais avec un esprit qui veut rétablir les faits, tous les faits rien que les faits. La famine est une technique parmi d'autres, pour éradiquer des populations La famine reconnue par les nations unies qui sévit actuellement à Ghaza, s'est passé en Algérie dirait on à huit clos dans l'impunité la plus totale.. Du point de vue de l'information Sur les 5 900 références à l'Algérie dans la presse britannique recensées entre 1865 et 1871, plus de 2 000 sont consacrées à la famine en vain, cela n'a pas arrêté la machine infernale de la colonisation qui récidivé après 1918

En l'occurrence nous allons expliquer le désastre démographique suite à la politique du talon de fer pendant plus de quarante ans, ensuite aux épidémies Le moment est venu de tenter de faire le bilan des conséquences de l'invasion de la France en mettant en évidence, le nombre d'habitants à la veille de l'invasion, ensuite nous déroulerons toutes les épreuves subis par la population à différentes étapes, La famine n'est qu'un épisode, certes plus tragique, que les autres, qui a vu a population algérienne sur le chemin de l'extinction. un célèbre tableau exposé au musée de Constantine illustre cette tragédie Ce sera une série continue des massacres à bas bruit mais restés impunis cmme l'est le drame palestinine de la famine à Gaza qui n'a sucité qu'indifférence des grands de ce monde.

Lors du déclenchement de la famine etdevant ces morts sans reconnaissance, chaque partie gouvernante rejette les responsabilités sur l'autre. En invoquant le froid, la mauvaise récolte les sauterelles … C'est aussi, d'après les colons le pouvoir parisien qui n'a pas pris les mesures adéquates Seule la position du cardinal Lavigerie fut limpide dans son horreur, hypocrite en versant des larmes de crocodile pour les morts mais en mettant cette tragédie sur le compte du fatalisme de l'islam. Donnant une dimension importante, messianique (malédiction de la religion) il n'a eu de cesse comme le colonel Montagnac de demander de repousser loin du monde « civilisé les musulmans mais en se réservant le droit de manipuler des enfants « de la famine » pour récolter des subsides mais surtout faciliter l'évangélisation des populations …en vain, malgré une mièser effroyabkle qui a poussé certains algériens à se convertir pour une bouchée de pain.

Cette contribution se veut aussi, une simulation de ce que serait l'accroissement de la population des Algériens s'ils n'avaient pas subi les traumatismes Nous prendrons deux hypothèses de base : La population en 1830 avec deux hypothèses 3 millions ; celle martelée par les « experts français » et la probable de 4 millions. Nous appliquerons deux taux d'accroissements le plus bas possible 1% et l'accroissement moyen de 2 %. Nous montreront que la physionomie de la population est loin des chiffres actuels. L'Algérie a subi un effondrement de sa population comparativement à d'autres pays qui ont démarré de la même façon mais qui sont de loin des populations plus nombreuses. Malgré toutes ses agressions multiples, le peuple algérien renait chaque fois de ses cendre, pour en définitive, triompher et arracher de haute lutte son indépendance.

Les causes multiples

A partir de 1866, écrit Nathalie Funes, des catastrophes sanitaires et naturelles suivies d'une crise alimentaire s'abattent sur l'Algérie. Sécheresse, sauterelles, récoltes réduites à néant, tremblement de terre, choléra, typhus, famine…En trois ans, l'Algérie, « dont la population s'élève à 2,9 millions d'habitants, va en perdre officiellement 500 000, voire davantage, c'est-à-dire 17 % au moins du total […] », écrit Pierre Darmon. La catastrophe démographique démarre avec les nuées de sauterelles et de criquets pèlerins, qui envahissent le pays en avril 1866 et dévastent des milliers d'hectares de champs de blé, de vergers et de potagers.

Souvenons nous de la période 1830–1871 : La conquête et la répression battent leur plein. Les jeunes plein de vie, force productive, sont fauchés. cette période inclut des campagnes militaires massives Estimation : 500 000 à 1 million de morts algériens Citons, dans ce cadre, la répression de la révolte de 1871 en Kabylie qui a causé 100 000 morts selon certains historiens. Parmi les autres causes invoquées, pour expliquer les famines catastrophiques 1866–1868 on site une série de mauvaises récoltes + spéculation coloniale . La question à laquelle il faut répondre est la suivante : Comment l'Algérie qui fut appelé le grenier à blé pendant plus de 80 ans avant l'invasion au point de sauver la Révolution Française de la famine, se retrouve elle-même en proie la famine ? La deuxième question pourquoi il n'y a aucune statistique concernant les colons avec près de 200 000 ne sont « pas concernés » par la famine car « bien nourris » ?. Ces questions attendent des réponses.

Surement que la loi Warnier qui a extorqué 2,5 millions d'hectares et les a distribués aux colons qui exploitent les Algériens esclaves sur leur terre a destrucuturé l'organisation sociale. Les expropriations ayant amené, en définitif, la destruction du tissu socio-économique. Les Algériens sont au mieux, des khammassine ; il n'ont droit qu'à un cinquième de la récolte. Il faut ajouter aussi les épidémies qui ne touchent que les Algériens (choléra, typhus, dysenterie) se propagent plus facilement à cause des déplacements forcés, la pauvreté, l'effondrement sanitaire. Si ajoutent après 1870, les déportations forcées vers la Nouvelle-Calédonie, l'effet cumulé est tragique. La mort biologique, la mort sociale amènent à la décapitalisation humaine et civilisationnelle massive.

L'intervention prosélyte de Lavigerie

On sait que pour Mgr Lavigerie, nommé à Alger en 1867, le sacerdoce est de faire retrouver à l'Algérien son substrat chrétien.. Il met en cause l'administration réticente à le laisser prêcher sans entrave… Naturellement, pour lui, la cause première de la malédiction est l'Islamisme (sic)  : « il semble impossible à Lavigerie que la terre de Saint Augustin ne puisse redevenir chrétienne. Lavigerie prend conscience de l'étendue de la crise démographique au cours de l'année 1868 (….) les curés voient dans les événements non seulement les conséquences de la mauvaise gestion coloniale des militaires mais aussi un châtiment divin à l'encontre de la société musulmane Ce double discours, alterne apitoiement misérabiliste et indignation à l'encontre des musulmans, « Tous les maux de l'Afrique proviennent de l'Islamisme », note ainsi Lavigerie en 1868 « les indigènes sont inaccessibles à tout progrès. Cause principale : le fanatisme musulman ».

« Lavigerie se révèle ainsi un maître dans la mobilisation de plusieurs formes de média. Ses lettres apostoliques sont ainsi lues dans la plupart des paroisses et évêchés de France et permettent de collecter de l'argent pour le diocèse d'Alger Afin de rendre la situation plus sensible, Lavigerie met en scène l'objet principal de ses œuvres charitables : les orphelins de la famine. Certains d'entre eux, choisis pour leur vivacité d'esprit, sont envoyés comme ambassadeurs en Europe avec les Pères blancs « La visite des enfants est un succès ».. Il n'hésite pas à noircir le portrait moral des victimes et l'horreur de la famine. Ce discours de l'abject atteint son paroxysme dans la lettre du 20 février 1868 lue en chaire dans divers évêchés : « Les colons de mon village, m'écrit le Curé de Mahelma viennent d'être les témoins du fait suivant : une voiture chargée de fumier était en marche pour se rendre aux champs et des Arabes en arrachaient les débris de feuilles de choux et de pelures de navets, qu'ils secouaient et dévoraient avidement », et les femmes ramasseraient « ces grains non digérés qui se trouvent dans le crottin de cheval » « Le frère n'a plus respecté la vie de son frère ; la mère n'a pas respecté la vie de son enfant. Le frère a tué son frère pour se nourrir de sa chair ; la mère a tué son enfant pour soutenir sa vie.

Dans sa réitératon, elle devient une véritable « Décaration de Guerre à la Société Algérienne que Lavigerie condamne au désert ou à l'extinction, si elle refuse d'être évangéliser … » Lavigerie prévoyait d'ailleurs l'émergence d'une société arabe agricole et chrétienne formée par ses Pères blancs et dirigée par une société mixte »

Les recensements et les travaux démographiques montrent une forte régression des effectifs indigènes au milieu du XIXᵉ siècle. Les chiffres cités varient selon les auteurs (recensements officiels, estimations révisées) : on trouve des ordres de grandeur passant d'environ ~4–5 millions avant la crise à ~2.5–3 millions après (les estimations varient ; Djilali Sari parle d'un « désastre démographique » et évalue entre plusieurs centaines de milliers et près d'un million de morts selon les hypothèses).

Une fois la famine passée, l'administration n'a eu de cesse de continuer à dépouiller les Algériens. La législation coloniale (loi Warnier de 1873) a structuré un transfert massif de terres vers les colons « Cette « tempête des spoliations », selon l'expression d'Hosni Kitouni, a non seulement dispersé les populations, contraintes d'abandonner leurs maisons, leurs cultures, leur bétail, mais a également entraîné leur paupérisation, voire pire, leur famine, puis leur mort. En parallèle, la violence des razzias, ces opérations militaires menées dans des campements, a détruit les habitations et les récoltes. Les arbres fruitiers étaient rasés dans les zones de guerre ».

La famine de 1866-1868 : anatomie d'une catastrophe

En fait, les années 1866-1868 sont marquées en Algérie par une série ininterrompue de catastrophes qui provoquent une mortalité considérable. Le pouvoir colonial s'est aperçu de la famine à partir du moment où la force de travail des Algériens réduits à l'état de serfs, manquait et que l'argent des impôts ne rentrait pas : « C'est seulement à partir du moment où des populations squelettiques migrent vers les villes du littoral, où les ateliers de travaux publics organisés par le gouvernement général sont assiégés par des hommes si affaiblis qu'ils ne peuvent pas travailler, et qu'il apparaît que l'impôt ne rentrera que difficilement, que l'administration prend la mesure des difficultés (…) L'administration coloniale en Algérie ne perçoit pas le risque de famine parce qu'elle ne se soucie pas de l'alimentation indigène et n'est pas en mesure de saisir le moment où une sécheresse devient famine.

D'après des statistiques administratives, la population estimée en 1866 était de 1.182131. Rappelant qu'elle était d'au moins de 3 millions à la veille de l'invasion sanguinaire qui a tenté d'éradiquer la sève des Algériens comme le préconise le sinistre Montagnac : « L'herbe ne doit plus pousser là où l'armée française a mis le pied [..] Tuer les hommes et les enfants âgés de plus de quinze ans, prendre toutes les femmes et les enfants, en charger des bâtiments, les envoyer aux Iles Marquises ».

En 1869, la population baisse à 973260. Le déficit démographique est de 209071 le nombre de morts connus est de 151227. L'historien André Nouschi estime la perte démographique nette à 25 % de la population du Constantinois. Les variations sont considérables entre les différentes régions. Autour de Ténès, les pertes des Béni Ména s'élèveraient à 41,5 % et celles des Béni Zentis à 58,5 %. Le démographe algérien Djilali Sari, porte ainsi à 820 000 le nombre de morts liés à la « famine », sur une population qu'il estime à 4,2 million en 1866. Les chiffres ne seront jamais établis mais tous les indicateurs signalent pour les années 1866-1868 un événement exceptionnel de prolétarisation du peuple algérien.

La famine de 1917- 1920

On aurait pensé que le pouvoir colonial tirant les leçons de la famine de1866-1868, fera tout pour éviter de nouvelles famines. Il n'en fut rien. Du fait de la guerre toutes les ressources sont mobilisés pour le front, Algériens compris. Ainsi En 1917, l'Algérie a connu une famine sévère, notamment à l'automne, due à une combinaison de facteurs, notamment la sécheresse, les réquisitions militaires françaises et la récolte désastreuse de cette année. Les populations algériennes ont été particulièrement touchées, avec des pertes humaines importantes et des difficultés économiques majeures. l'Algérie, notamment par des prélèvements de main-d'œuvre et de ressources.

Le printemps a été marqué par une sécheresse qui a compromis les récoltes. Les autorités françaises ont réquisitionné les denrées alimentaires, aggravant la situation. notamment des céréales, du vin, du tabac et des moutons, pour nourrir la France Ces facteurs ont conduit à une famine durant l'hiver 1917-1918. La famine a entraîné une surmortalité, notamment chez les Algériens, et des difficultés économiques. Ces réquisitions ont réduit la main-d'œuvre disponible pour l'agriculture et ont entraîné une baisse de la production agricole, aggravée par les sécheresses de printemps.

« Pendant toute la première guerre mondiale, l'Algérie a fourni au pouvoir colonial français non seulement un soutien matériel substantiel, mais surtout des milliers de soldats « indigènes » le plus souvent affectés aux sections d'assaut. L'Algérie fournit des produits, ainsi que des hommes pour le front et pour le travail d'usine. Pendant quatre ans, l'intendance militaire et procède à des réquisitions : céréales, vin, tabac, moutons Bref, l'Algérie contribua à nourrir la France à bon compte. Ce faisant, dans un pays à la main-d'œuvre raréfiée du fait des prélèvements militaires, à la production en baisse, accablé par la sécheresse de printemps et touché par la récolte catastrophique de 1917 au plus fort des réquisitions des denrées vivrières, la première grande famine sans précédent. La famine de 1920-1921 a eu des conséquences graves sur la population algérienne, notamment sur leur situation matérielle. Elle préluda à celle plus catastrophique encore de 1920, qui fit plusieurs dizaines de milliers de victimes »

L'essor démographique de l'Algérie brisée par la colonisation

L'Algérie a connu entre 1830 et 1880 une catastrophe démographique majeure. Cela constitue une violence de masse structurelle, que certains qualifient de génocide colonial indirect, l'impact humain de la colonisation française en Algérie (1830–1962), en croisant les estimations démographiques, les travaux d'historiens, et les effets structurels de la violence coloniale. Ce cadre permet de rejoindre et justifier le chiffre avancé par Mohamed Lacheraf de 6 millions de morts algériens sur 132 ans de domination coloniale. Comment comprendre ce chiffre ? Il n'additionne pas seulement les morts de guerre, mais aussi : Les morts par famine provoquée (notamment 1866–1868), Les morts par épidémies dues à la destruction des conditions sanitaires, Les répressions, les massacres, les déportations, l'effondrement démographique empêchant une croissance naturelle (perte de millions d'êtres humains « non nés »), La mort sociale et psychologique, souvent invisible, mais transmissible (traumatismes, anéantissement culturel, déracinement).

Ce n'est pas une exagération c'est une lecture longue durée intégrant :L'effet de violence directe et structurelle, les pertes invisibles (femmes stérilisées par la faim, enfants morts-nés, sociétés déstructurées), l'idée d'une « colonisation destructrice de l'être », pas seulement de la terre. Le chiffre de 6 millions de morts algériens sur 132 ans de colonisation est cohérent et justifié historiquement, non seulement par les morts physiques, mais aussi par la destruction sociale, sanitaire, économique et culturelle subie par la population indigène. Il constitue une vérité historique douloureuse mais nécessaire à comprendre pour saisir l'ampleur du traumatisme algérien, transmis encore aujourd'hui à travers les générations.

Première hypothèse : 4 millions d'habitants en 1830

Pour estimer la population en 1962 à partir d'une population de 4 millions en 1830, en supposant une croissance démographique continue selon un taux annuel constant (1 %, 2 %), pour 1%, la population serait de 14,8 millions. En réalité, la population algérienne en 1962 était d'environ 10 millions. soit un déficit de près de 5 millions Cela implique un taux moyen effectif de croissance d'environ 0,95 %/an entre 1830 et 1962.

Si la population algérienne avait connu une croissance naturelle constante de 1,5 %/an entre 1830 et 1962, elle aurait dû atteindre environ 37 millions d'habitants. Sur les 27 millions de personnes « manquantes » (37- 10). Ces personnes « manquantes » ne sont pas nécessairement mortes : certaines ne sont jamais nées du fait de la baisse de natalité ou de conditions rendant la reproduction difficile.

Deuxième hypothèse martelé par le pouvoir colonial  : 3 millions d'habitants en 1830

À +1 %/an → population attendue en 1880 ≈ 4 933 895 habitants. Population observée ≈ 2,5 millions personnes  : Ecart ≈ 2,433,895 personnes (soit ~49.3 % de perte par rapport au niveau attendu)

À +2 %/an → population attendue en 1880 ≈ 8 074 764. L'écart est de 5,574 millions !

Les travaux historiques montrent que la combinaison de guerre de conquête, famines (notamment 1866–1868), épidémies, spoliation foncière (loi Warnier et procédures de « biens vacants et sans maître »), et déportations a provoqué la chute de la population et une crise démographique durable. (Sari ; Nouschi ; Ageron). S'y ajoute la pauvreté, l'orphelinat, l'affaiblissement des structures familiales. L' exode vers villes et un processus et d'appauvrissement structurel permanent amenant à une clochardisation du peuple algérien.

Peut on parler de tentative de génocide par famine ?

Les famines ont joué un rôle majeur dans l'effondrement démographique de l'Algérie, mais elles ne sont qu'une partie d'un ensemble de causes interconnectées qui ont fragilisé la population. 1866–1868 : L'une des pires famines de l'histoire algérienne coloniale. Sécheresse prolongée + invasions acridiennes (sauterelles) + politiques coloniales de réquisition forcée de céréales. Estimations : entre 300 000 et 500 000 morts (près de 20 % de la population de l'époque). 1870–1872 : Crise alimentaire aggravée par la guerre de 1870 et la répression des insurrections kabyles (1871). Réquisitions accrues pour nourrir l'armée française et la métropole. 1918 : Famine liée à la grippe espagnole, aux réquisitions pour la Première Guerre mondiale et à la chute des récoltes. 1920–1921 : Nouvelle crise, conjuguée à la disette post-guerre et à la spéculation coloniale. En Algérie, ce fut une tentative de génocide par famine si on compte aussi les famines de 1917-1920. L'historiographie dominante a longtemps évité de qualifier cela de génocide par famine, spoliation et violence, bien que certains historiens le soutiennent (Yves Lacoste, Jean-Luc Einaudi,).

Selon le démographe Jean Pierre Simon qui ne donne pas d'informations sur 1830, nous prendrons l'hypothèse basse de 3 millions à l'invasion de 1830 La population estimée en 1851 fut de 2 029 720 due aux guerres, la perte sera de près d'un million d'habitants En 1861 la population sera de 2.738.000. Elle subira une famine qui l'amène à 2 134.000 en 1872 S'il n'y avait pas eu d'invasion avec 1% d'augmentation nous aurons ~6,8 millions en 1880. La population réelle estimée en 1880 était ~2,860.000 millions. Parallèlement la population coloniale (français espagnole, italien, maltais augmente dans de grandes proportions d'une moyenne de 40000 habitants soit 25% elle ne souffre pas de la faim. Ce déficit n'est pas seulement lié aux morts naturelles, mais aussi à l'effondrement de la natalité, à la destruction des structures familiales et agricoles, et à un environnement permanent de guerre et de misère. Pour rappel, le général Bugeaud martelait : «C'est la guerre continue jusqu'à extermination… Il faut fumer l'Arabe!» Des tribus entières furent rayées de la carte. Aujourd'hui, on n'hésiterait guère à parler d'une forme de génocide. »

Conclusion

Cette politique coloniale assumée qui vise l'éradication ethnique est fondée sur la dépossession, la répression violente, et l'exploitation. Une série de famines, massacres, déplacements de populations, et désorganisations sociales qui ont empêché toute dynamique démographique naturelle. Une structure coloniale qui ne visait pas à intégrer la population indigène dans un projet de développement, mais à la contrôler voire à la supprimer.

Le « manque » démographique algérien entre 1830 et 1962 — évalué à plus de 25 millions de personnes — est un indicateur puissant de la brutalité du système colonial. Qui sait si nous n'aurions pas évoluer d'une façon plus développée ?. Nous aurions connu d'une façon ou d'une autre la première Révolution Industrielle. Les Algériens de l'avis des historiens étaient plus éduqués globalement que les Français. Alexis de Tocqueville dans un rapport à l'assemblée déclare : « La société musulmane en Afrique n'était pas incivilisée (…) Nous avons réduit les établissements charitables, laissé tombé les écoles, Autour de nous les lumières se sont éteintes » le recrutement des hommes de religion a cessé. »

Le pouvoir colonial a utilisé tout les leviers pour briser le peuple algérien car les famines ne tuent pas seulement par la faim directe, mais affaiblissent les défenses immunitaires, favorisant typhus, choléra, tuberculose. Les crises prolongées la conscription réduisent fortement la fécondité, parfois pendant plusieurs années. Les famines de 1866, 1870, 1918 et 1920 sont directement responsables d'épisodes massifs de mortalité et ont contribué à l'effondrement démographique, Elles s'inscrivent dans une politique coloniale globale qui, par confiscation des ressources, destruction des structures agricoles et absence de secours, a transformé des sécheresses et crises sanitaires ordinaires en catastrophes humaines.

L'invasion et la colonisation de l'Algérie s'est terminé sur une indépendance dans la douleur Au total d'après Lacheraf près de 6 millions d'algériens assassinés par la France durant 132 ans En 1962, l'Algérie sort de 132 ans de colonisation : à moitié peuplée, à 90% analphabète, et profondément traumatisée, avec une structure sociale, foncière et éducative, volontairement brisée pour empêcher tout développement autonome. Nous verrons, dans une prochaine contribution comment le pouvoir colonial,après avoir tenté d'éradiquer en vain, les Algériens qui ne se résolvaient à mourir les a utilisés aussi comme force de travail (les tirailleurs bétons pour reconstruire la France après 1945) Ce sera le calvaire de l'émigration algérienne, à la fois coloniale, et post colonial.

Dans le même ordre de la comparaison avec la famine à Ghaza Ce qui se passe avec la famine reconnue officiellement par les Nations Unies Nous sommes en présence d'une tâche indélébile sur la face de l'humanité. Mais que l'on s'y trompe pas ! les israéliens n'ont rien inventé, certes, ils s'appuient sur le livre de Josué qui ordonne l'extermination de l'ennemi (hommes femmes, enfants..chiens) mais cette notion de mise en œuvre de la famine est aussi une caractéristique de la colonisation française, sauf qu'elles s'est faite, à un moment où l'information n'était pas développée. Là comme dans les enfumades, les hordes de l'armée d'Afrique ont, pour reprendre, l'expression courageuse de Jean Michel Apathie ont mis en œuvre des dizaines d''Oradour sur Glanes et seraient les précurseurs des nazis qui eux même sont de nous jours les précurseurs de l'armée israélienne » Armée la plus morale au monde » selon le mantra occidentale.

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique Alger

Image en vedette : Capture d'écran. Gravure « la famine en Algérie » publiée dans « l'Univers illustré ». L'univers illustré »/Gallica/BNF. Source :  nouvelobs.com

Références

* Nathalie Funès  nouvelobs.com

*Hosni Kitouni  reporterre.net

*Bertrand Taithe  journals.openedition.org

*Source : Arch. nat. Outre-mer, GGA, 1 K 363, Rapport statistique de Constantine, 1870.

*Nouschi et citations reprises par des synthèses (ex. Cambridge History, ouvrages sur la colonisation) — estimations démographiques (ex. chute 3 M → 2,6 M en 1866 / 2,1 M en 1872 selon diverses sources).  MERIP livrepository.liverpool.ac.uk

*Djilali Sari, Le désastre démographique (1982) — étude démographique sur la régression de la population algérienne et estimations des pertes.  books.google.com

*Loi Warnier et ses effets (26 juillet 1873) et ses effets — études historiques et juridiques sur la dépossession et l'application de la loi dans les douars ;  Persée Wikipédia

* Mahfoud Kadache L'Algérie des Algériens et ses autres travaux pour une synthèse large de l'histoire algérienne Wikipédia Amazon

* Etudes académiques (ex. dissertation Stanford,) sur la famine, la politique coloniale et la spoliation foncière. stacks.stanford.edu digitalcommons.chapman.edu

*.Mostefa Lacheraf, Ecrits didactiques. L'Algérie Nation et Société

*Mohamed Cherif Sahli (dans Le problème algérien) évoque plusieurs millions de morts par violence et famine au XIXe siècle.

*.Alexis de Tocqueville, Rapports sur l'Algérie, Œuvres, Paris (La Pléiade) page 813

*  chatgpt.com

 chatgpt.com

*Jean Pierre Simon  cdha.fr

* orientxxi.info

Article de référence  elmoudjahid.dz

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