Par Philip Giraldi
Le président déclare être en droit de "faire tout ce qu'il veut".
Par Philip Giraldi
La semaine dernière, Donald J. Trump a déclaré qu'en tant que président des États-Unis, il estime être "en droit de faire tout ce qu'il veut". Cette affirmation en dit long sur la façon dont il se perçoit, lui et sa fonction, et nous devrions nous attendre à d'autres absurdités alimentées par son ego. Les pires crimes de Trump sont liés à la politique étrangère, notamment sa complicité dans le génocide des Palestiniens par Israël et son soutien continu à l'Ukraine pour prolonger l'affrontement avec la Russie. On apprend maintenant que Trump pourrait doter Kiev de missiles de croisière "longue portée" made in USA, capables de frapper des cibles en profondeur sur le territoire russe, y compris à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Dans un élan pour le moins étrange, Trump a déclaré que l'Ukraine ne perd que parce qu'elle se contente de se défendre et qu'elle doit changer de stratégie pour passer à l'offensive, ce à quoi les États-Unis comptent apparemment contribuer. Trump continue également de proférer des menaces de sanctions et d'actions militaires à l'encontre de pratiquement tous ceux qu'il est amené à rencontrer en ce bas monde. La Troisième Guerre mondiale se rapproche-t-elle à grands pas, avec les armes nucléaires dans le rôle principal ?
On peut également rappeler l'odeur nauséabonde des agressions non provoquées ailleurs dans le monde, comme le bombardement de l'Iran et l'envoi récent de trois navires de guerre vers le Venezuela. Ces pays ont-ils menacé les États-Unis ? Les relations avec l'Inde et le Brésil ont également été affectées par diverses pressions et provocations de la part de Washington. La Chine, grande rivale, guette également le moindre signe de faiblesse de la puissance militaire américaine pour prendre l'avantage, tandis que même le petit Groenland est en danger, Trump s'étant déclaré prêt à l'acquérir. La semaine dernière, le ministère danois des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur américain pour protester contre les tentatives de Washington de déstabiliser le Groenland, territoire sous souveraineté danoise. On ne peut que saluer la décision de Trump de vouloir renommer le ministère de la Défense en ministère de la Guerre !
Compte tenu de ses antécédents, il est étonnant que, lors d'une réunion du cabinet, l'envoyé spécial de Trump, Steve Witkoff, ait déclaré au président et à l'assemblée au sujet du prochain prix Nobel de la paix :
"Je ne souhaite qu'une chose : que le comité Nobel se ressaisisse enfin et se rende compte que vous êtes le meilleur candidat depuis la création de ce prix. Votre succès change la donne dans le monde d'aujourd'hui, et j'espère que toutes et tous vont bientôt se réveiller et en prendre conscience".
Bien vu, Steve. Pourquoi vous arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas élargir ces éloges au département de la Défense de Trump, en plus du changement de nom déjà suggéré du centre Kennedy en son honneur, ainsi que de l'aéroport international de Washington-Dulles ? Le Smithsonian est également dans le collimateur de Trump, car il présente des expositions sur l'esclavage qu'il désapprouve. Pourquoi ne pas le renommer, lui aussi ? Le président Trump semble ignorer que toutes ces institutions sont publiques et qu'il n'est pas en droit d'y apposer son nom dans le seul but de flatter son ego. Et que dire de la Maison Blanche, où le Bureau ovale a été recouvert de feuilles d'or, témoignant de ses goûts douteux et de sa vulgarité, transformant la pièce en autre version de Mar-a-Lago... Les portraits des présidents précédents ont même été décrochés et remplacés par des peintures kitsch à souhait représentant un président Trump belliqueux et agressif dans toute sa splendeur. Les bâtiments fédéraux de Washington arborent désormais d' énormes bannières à leur façade sur lesquelles figure le visage renfrogné de Donald Trump. Il a également perturbé la prétendue "Maison du peuple", où il n'est au mieux qu'un résident temporaire, détruisant la Roseraie pour construire une salle de bal monstrueuse à 300 millions de dollars qui éclipsera la taille du bâtiment historique de la Maison Blanche.
Il ne fait aucun doute que Donald J. Trump n'est qu'un ignare qui fera tout son possible pour détruire la Constitution américaine et notre république avant la fin de son mandat. Oui, il est capable de tout, y compris d'envoyer des troupes fédérales occuper nos villes, prétextant une criminalité excessive.
Seule exception à cette perception générale de Trump parcourant Washington et le pays, prêt à tout démolir et à réduire en miettes sur son passage, quand il ne joue pas au golf avec ses amis d'affaires : la façon dont il traite Israël, en se référant constamment aux intérêts de l'État juif et aux injonctions du lobby israélien. Les livraisons d'armes américaines à Israël se poursuivent alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu orchestre un génocide du peuple palestinien. La semaine dernière, Israël a massacré cinq journalistes internationalement reconnus et quinze personnels soignants lors d'une attaque en deux temps contre un hôpital, l'un des rares établissements de santé encore en activité à Gaza. Trump et son ambassadeur en Israël, Mike Huckabee, n'ont pas bronché. Huckabee a tout de même clairement fait savoir qu'il pense que les gens d'ascendance juive sont "les élus de Dieu" et, par conséquent, libres d'agir comme ils l'entendent envers les Palestiniens sans défense. Fut un temps où les ambassadeurs américains étaient choisis pour leur capacité à représenter les intérêts américains. Mais pas sous Donald Trump !
Une autre anecdote liée directement à Trump nous vient de France, où il a nommé le père de son gendre, Charles Kushner, ambassadeur à Paris. Kushner est un criminel condamné, dont le seul atout est d'être de confession juive - et un partisan inconditionnel d'Israël. Kushner ne devrait en aucun cas occuper ce poste, ayant passé deux ans en prison pour évasion fiscale, dons illégaux au Parti démocrate et subornation de témoins. Il s'en est même pris à sa propre sœur qui témoignait contre lui, en payant une prostituée pour séduire son mari et faisant filmer la scène afin de le faire chanter. L'ancien gouverneur du New Jersey, Chris Christie, a enquêté sur Charles Kushner lorsqu'il était procureur général et a décrit cette affaire comme "l'un des crimes les plus répugnants et les plus sordides" qu'il ait jamais rencontrés. Kushner a été gracié par Trump en 2020.
La semaine dernière, l'ambassadeur a indigné le gouvernement français en dénonçant publiquement ce qu'il a choisi de qualifier de montée de l'antisémitisme dans l'Hexagone. Il a publié une "Lettre à Emmanuel Macron" dans le Wall Street Journal le 24 août. Il y écrit notamment :
"Je vous écris, profondément préoccupé par la montée spectaculaire de l'antisémitisme en France, ainsi que par l'insuffisance des mesures prises par votre gouvernement pour y faire face. L'antisémitisme a toujours marqué la vie française, mais il a explosé depuis l'attaque barbare du Hamas du 7 octobre 2023. Depuis, les extrémistes pro-Hamas et militants radicaux mènent une campagne permanente d'intimidation et de violence à travers l'Europe. En France, il ne se passe pas un jour sans que des Juifs soient agressés dans la rue, sans que des synagogues ou des écoles soient vandalisées, ou sans que des commerces appartenant à des Juifs soient saccagés. Dans le monde actuel, l'antisionisme est tout simplement antisémite. Le président Trump et moi-même avons des enfants et des petits-enfants juifs. Je sais ce qu'il pense de l'antisémitisme, comme tous les Américains... Je vous incite à agir avec fermeté, en appliquant sans exception les lois sur les crimes de haine, en assurant la sécurité des écoles, des synagogues et des commerces juifs, en poursuivant les coupables avec la plus grande sévérité et renonçant aux mesures accordant une légitimité au Hamas et à ses alliés".
Il n'est guère surprenant que la lettre de Kushner ait été publiée quelques jours après qu'Israël a condamné la France pour avoir déclaré son intention de reconnaître l'État palestinien. La France a immédiatement réfuté ces allégations et convoqué Kushner auprès de Macron et du ministère français des Affaires étrangères, mais il ne s'est pas présenté et a refusé de présenter ses excuses.
"La France réfute fermement ces allégations", a déclaré le ministère des Affaires étrangères, ajoutant que "les propos de l'ambassadeur sont inacceptables".
Donald Trump et le Sénat américain, qui ont approuvé la nomination de Kushner, devraient se demander pourquoi l'ambassadeur américain en France se concentre davantage sur le lobbying en faveur d'Israël que sur la protection des intérêts des États-Unis. La même question peut s'appliquer à Huckabee en Israël.
Une dernière anecdote devrait, espérons-le, choquer de nombreux lecteurs, car elle apporte de nouvelles preuves de la mainmise d'Israël sur le gouvernement américain et tout ce qui s'y rapporte. Plusieurs soldats américains ont en effet rapporté avoir été harcelés et sanctionnés pour avoir partagé avec des amis leur opinion critiquant le massacre odieux des Palestiniens à Gaza. La liberté d'expression garantie par le Premier Amendement n'existe aux États-Unis que dans la mesure où Israël n'est pas remis en cause. Voir des soldats ayant juré de défendre la Constitution se voir eux-mêmes privés de leurs droits civils fondamentaux pour avoir critiqué Israël ne peut que révolter.
L'un d'entre eux, Jonathan Estridge, sergent de l'armée avec vingt ans de service, a été convoqué dans le bureau d'un officier pour être informé qu'il fait l'objet d'une enquête pour menace à la sécurité nationale, car il a publié des critiques à l'égard d'Israël sur les réseaux sociaux. Comme il l'a fait remarquer, on lui interdit de critiquer la politique d'un pays étranger uniquement parce qu'il s'agit d'Israël. Un deuxième soldat, un béret vert appartenant à un groupe d'élite de parachutistes, a également été sanctionné. Il a raconté comment l'un de ses supérieurs l'a convoqué pour lui annoncer qu'il ne fait désormais plus partie des effectifs pour avoir critiqué Israël. Il a été interviewé à ce sujet par le journaliste Max Blumenthal, de The Greyzone.
Et si jamais tout cela n'a pas suffi à vous indigner, que dire alors des dernières informations concernant le juge fédéral Trevor McFadden, au pays de la liberté et des braves ? McFadden, qui préside un tribunal de Washington, estime que brûler un drapeau américain relève de la liberté d'expression, mais que brûler un drapeau d'Israël constitue une "discrimination raciale", un "crime de haine". Selon lui, l'étoile de David sur le drapeau d'Israël représenterait un "héritage racial", élevant ainsi le symbole politique d'un État étranger au rang d'identité raciale sacrée, le comparant aux lois américaines sur les droits civiques. Autrement dit, ce qui constituait auparavant une protestation politique contre Israël peut désormais être qualifié de racisme aux États-Unis et jugé illégal, au mépris de la liberté d'expression et du Premier Amendement. Curieusement, Donald Trump vient de signer un décret faisant de la condamnation pour avoir brûlé le drapeau américain un crime systématiquement passible d'un an de prison. Les diverses instances du gouvernement américain semblent ne s'accorder que sur une priorité : protéger Israël et son Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Par Philip Giraldi, le 28 août 2025
* Philip M. Giraldi, Ph.D., est un ancien analyste de la CIA. Directeur exécutif du Council for the National Interest, une fondation qui cherche à promouvoir une politique étrangère américaine au Moyen-Orient davantage fondée sur les intérêts. Son site web est councilforthenationalinterest.org, et son adresse électronique est informcnionline.org.
Source : unz.com
Traduit par Spirit of Free Speech