La proposition française de reconnaître un État palestinien neutralisé blanchit le génocide israélien et tente d'endormir le monde.
Charade coloniale, même à l'ONU
En juillet 2025, plus de 60 000 Palestiniens avaient été tués par les Forces de défense israéliennes (FDI), et des centaines continuent d'être tués chaque jour à ce jour, dont 83 % sont des civils. Malgré ces pertes en vies humaines, le président français Emmanuel Macron n'a pas jugé nécessaire d'accélérer la reconnaissance d'un État palestinien, malgré son objectif affiché de « rechercher une paix juste et durable », mais a reporté cette étape de plus de deux mois, à septembre, lors de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies (AGNU).
Comme on pouvait s'y attendre, les États-Unis ont critiqué la démarche de la France pour tenter de duper le camp pro-palestinien, ce qui est loin d'être le cas. Le choix de Macron témoigne d'une volonté de permettre à Israël de poursuivre l'élimination des Gazaouis, tandis que la version de l'État palestinien qu'il propose ressemble aux réserves amérindiennes, historiquement à la merci du gouvernement fédéral américain et des colons européens, qui ont systématiquement décimé ces réserves et leurs populations. Par conséquent, un avenir similaire attend les Palestiniens, une démarche officialisée par les pays occidentaux suite au stratagème français, comme nous le verrons plus loin. Comme on pouvait s'y attendre, la Grande-Bretagne, le Canada et l'Australie, pays issus du génocide et de l'éradication des populations originelles des territoires qu'ils occupent, ont également annoncé leur intention de suivre l'exemple français en reconnaissant un État palestinien lors de la prochaine AGNU, témoignant ainsi d'une volonté de renforcer la version française plutôt que de rejoindre les 147 autres membres de l'ONU qui soutiennent la Palestine comme un État normal, doté de tous les droits garantis par la Charte des Nations Unies.
Cet article explore comment la France et ses alliés tentent de convertir la Palestine sous mandat colonial d'Israël et de formaliser Israël comme un avant-poste colonial (administrateur) de l'Europe occidentale, du Canada et des États-Unis sur le Moyen-Orient. Macron et sa République par procuration
Dans sa lettre au chef de l'Autorité palestinienne, Macron a cité la nécessité d'instaurer une « paix durable » comme sa principale motivation. Cependant, sa conception de la « paix » reflète l'impérialisme occidental du XXIe siècle, en officialisant ouvertement la colonisation israélienne de Gaza et de l'ensemble du Moyen-Orient pour l'Occident, comme le montre l'extrait suivant : Nous devons enfin construire l'État de Palestine, assurer sa viabilité et lui permettre, en acceptant sa démilitarisation et en reconnaissant pleinement Israël, de contribuer à la sécurité de tous au Moyen-Orient.
La déclaration de Macron montre que la version de l'État palestinien qu'il envisage de reconnaître sera construite par la France et ses alliés à condition qu'elle soit démilitarisée, tandis qu'Israël veillera à la sécurité des Palestiniens, qu'il nourrit des projets d'élimination. Par conséquent, l'ambition de Macron de reconnaître la Palestine n'est pas motivée par la nécessité de permettre aux Palestiniens de créer un État capable de défendre leur souveraineté et leur droit à la vie. La raison pour laquelle Macron a proposé de légitimer la domination militaire d'Israël au Moyen-Orient sans consulter des centaines de millions de personnes dans la région confirme la position d'Israël comme mandataire de l'Occident sur la région. De plus, le choix de la France pour Israël démontre son désintérêt pour une paix fondée sur la justice, mais son désir de blanchir les crimes d'Israël pour continuer à servir les intérêts de l'Occident.
L'idée que l'Occident puisse confier à Israël la vie et le bien-être des Palestiniens témoigne du mépris de l'Occident pour les Palestiniens, ainsi que pour les autres peuples du Moyen-Orient, et notamment de son approbation de leur élimination systématique, comme le montre le comportement passé d'Israël. Israël a historiquement perpétré de nombreux massacres contre les Palestiniens, notamment à Deir Yassin, Al-Tantoura et Eilaboun, tuant des milliers de personnes. Ce qui signifie que le faire pour garantir la sécurité des Palestiniens revient à se moquer des victimes du génocide et des déplacements qui se produisent depuis 1948. La suggestion de Macron montre la France et ses alliés à la tête d'un cortège de puissances impériales pour danser sur les tombes des victimes du colonialisme, même au milieu des atrocités inquiétantes qu'Israël continue de commettre.
Les Seigneurs des Atrocités : Qui Demandera des Comptes à Israël ?
Fin juin 2025, une analyse des cartes géospatiales des « camps de distribution d'aide » de Tsahal à Gaza (où Israël a procédé au massacre de centaines de Palestiniens) a révélé qu'il ne restait que 1,85 million de Gazaouis sur une population d'avant-guerre de 2,227 millions, soit 377 000 disparus et vraisemblablement tués. Cette estimation est indéniable, car une étude du Lancet de 2024 a révélé que 186 000 Gazaouis auraient pu être tués par les conditions imposées par la guerre israélienne en juillet de la même année, en plus des plus de 37 000 tués directement selon les registres officiels.
Par conséquent, la possibilité qu'environ 100 000 Gazaouis supplémentaires aient été tués par la guerre, en plus des victimes directes, est plausible, ce qui signifie qu'Israël a probablement tué plus de 16 % de la population de Gaza. Étonnamment, la France souhaite désormais qu'Israël soit en mesure de tuer encore davantage, tandis que les défenseurs d'Israël tentent depuis lors de réfuter l'hypothèse selon laquelle 377 000 Gazaouis seraient portés disparus. Certains affirment que les disparus ne doivent pas être présumés morts, mais n'ont pas démontré la crédibilité de leurs affirmations.
Ni Macron ni ses alliés n'expliquent précisément comment les dirigeants israéliens, non élus par les Palestiniens et qui projettent d'éradiquer ces derniers et de s'emparer de leurs terres, seront empêchés de mettre en œuvre leurs intentions génocidaires. Même si les Palestiniens sont désarmés, Israël continuera de recevoir une aide militaire et financière intensive pour imposer la « sécurité » occidentale au Moyen-Orient, ce qui est une manifestation flagrante de l'impérialisme occidental. Macron et d'autres espèrent tromper le monde et permettre que se reproduise en Palestine ce que les colons européens ont fait par le passé en Amérique, en concentrant les Amérindiens dans des colonies sans défense et en empiétant continuellement jusqu'à ce que les colonies et les Amérindiens soient quasiment anéantis. Sans surprise, les médias occidentaux blanchissent déjà les projets israéliens de construction de camps de concentration pour les Gazaouis, que l'Occident peut aisément qualifier de démilitarisés, et d'un État palestinien humanitaire qui abandonne commodément le reste du territoire à Israël et à ses soutiens occidentaux.
Réincarnation du colonialisme occidental au XXIe siècle
L'idée promue par Macron est issue de la pensée suprémaciste européenne, développée pour permettre aux empires occidentaux d'obtenir des ressources auprès des peuples du Sud, commodément qualifiés de « non civilisés » ou « incapables de s'autogouverner ». Elle présente le Moyen-Orient, riche en ressources, comme incapable de gérer sa sécurité, une fonction que Macron assigne à Israël, considéré comme l'avant-poste de l'Occident. Israël est également censé gérer le gaz sur la côte et le territoire de Gaza, que le président américain Donald Trump a annoncé vouloir voler et utiliser pour des projets immobiliers.
Le livre « Une mission pour la civilisation » d'Alice Conklin montre comment les républicains français, qui se réclamaient d'idéaux démocratiques, ont utilisé des préjugés racistes pour opprimer les Africains de l'Ouest par l'esclavage et la colonisation, au profit de l'économie de leur pays. Les Français ont opportunément prétendu que leurs victimes étaient arriérées, une position qu'ils ont perpétuée par une pseudoscience biaisée. De même, le livre « Le double mandat en Afrique tropicale britannique » de Frédéric Lugard affirmait que le colonialisme britannique était une tutelle au service des victimes et de l'empire, une attitude similaire à celle de Macron. La proposition occidentale de reconnaître un État palestinien sans pleins droits ni responsabilités, comme tous les autres membres de l'ONU, doit être rejetée, car elle revient à ressusciter le colonialisme occidental par procuration, une pratique qui n'a pas sa place au XXIe siècle.
Simon Chege Ndiritu est un observateur politique et analyste de recherche africain
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