Ce n'est pas notre guerre. Les États-Unis ne sont pas en guerre. C'est l'Ukraine qui est en guerre...− Marco Rubio, secrétaire d'État
Par James Howard Kunstler - Le 18 août 2025 - Source Clusterfuck Nation
Volodymyr Zelensky se rend aujourd'hui à la Maison Blanche afin que M. Trump lui lise la loi. C'est aussi simple que cela. Quelque part en Alaska, M. Trump a conclu qu'un cessez-le-feu ne fonctionnerait pas, pour la bonne raison que les sept cessez-le-feu précédents en Ukraine ont échoué et n'ont fait que renforcer la méfiance et la déception entre les parties belligérantes. L'objectif est plutôt de parvenir à un accord de paix, à la fin de la guerre.
Les États-Unis et la Russie ne peuvent pas faire la paix en Ukraine, car la guerre oppose l'Ukraine et la Russie. Les États-Unis ne peuvent que servir de médiateur et proposer des conditions. L'Ukraine a besoin d'aide pour formuler des conditions qui ne soient pas absurdes. Les conditions de la Russie sont claires et précises depuis des années, en particulier : pas d'OTAN en Ukraine. Qu'y a-t-il de difficile à comprendre ? L'UE veut des bases de missiles à la frontière russe. Elle veut attirer l'Ukraine dans sa sphère d'influence. L'Ukraine est dans la sphère d'influence de la Russie depuis... toujours.
Les États-Unis ont contribué à déclencher ce conflit en 2014, lorsque M. Obama était au pouvoir. Il s'agissait d'une opération cynique, menée de concert avec les cyniques de l'UE. Pour le dire aussi clairement que possible, M. Trump y a mis fin, reconnaissant la futilité de ce projet insensé. Mais les acteurs de l'UE persistent avec acharnement, même s'ils n'ont ni l'argent ni les armes pour continuer, et commettent par ailleurs le suicide lent de leurs propres sociétés.
Quoi qu'il en soit, l'Ukraine est épuisée. L'Ukraine a perdu. Une intransigeance pure et simple pourrait la maintenir en vie encore un certain temps, mais ensuite la Russie balayera l'ouest avec encore plus d'effusions de sang inutiles. Le débat est clos. Il faut accepter les réalités territoriales. Des accords doivent être conclus.
Pour l'instant, c'est M. Zelensky qui doit être amené à un accord. Sa position en tant que dirigeant de l'Ukraine est, disons, fragile. Son mandat de président élu de l'Ukraine a pris fin en mai 2024, et il ne continue d'occuper son poste que sous la loi martiale, qu'il a lui-même décrétée. Les Russes reconnaissent son leadership comme une solution provisoire, car il n'y a personne d'autre pour le moment. M. Trump discutera aujourd'hui du sort de M. Zelensky avec lui à la Maison Blanche. (Cela ressemble un peu à une scène d'un film d'Ingmar Bergman, n'est-ce pas ?)
Il y a plusieurs scénarios possibles. M. Z peut simplement refuser un accord de paix, poliment ou non. (La guerre se poursuit sans raison valable.) Il a laissé entendre qu'il en était capable dimanche. Ou bien, il peut faire semblant d'accepter, puis changer d'avis, comme il l'a déjà fait auparavant. M. Z reste un acteur de premier plan. Il peut faire semblant de négocier à Washington, puis prendre un vol pour un pays autre que l'Ukraine et y demander l'asile, laissant son poste vacant et semant le chaos à Kiev. Ou bien... il peut simplement jouer franc jeu et faire face à la réalité territoriale.
À savoir que 1) la Russie occupe la plupart des provinces frontalières orientales en litige et a l'intention de les conserver, car elles sont habitées par des russophones qui, rappelons-le, ont été déclarés hors-la-loi par M. Z il y a quelques années et qui ont été soumis à des tirs d'artillerie et de missiles incessants avant février 2022, ce qui a déclenché l'opération militaire spéciale de la Russie... que 2) la Crimée appartient à la Russie... que 3) l'Ukraine ne rejoindra pas l'OTAN... que 4) l'Ukraine organisera de nouvelles élections dès que possible... et que 5) l'Ukraine procédera à un désarmement substantiel... J'ai certainement omis quelques détails mineurs, mais c'est l'essentiel.
M. Z est probablement conscient qu'il n'a aucun moyen de pression. Il pense sans doute (comme tous ceux qui suivent ce psychodrame) qu'il aura beaucoup de chance s'il reste en vie après ce fiasco, quel que soit le coin obscur du monde où il se réfugiera, ou le nombre de milliards de dollars américains qu'il aura réussi à dissimuler dans les endroits habituels où l'on peut cacher de l'argent liquide. Rester en Ukraine est sans doute hors de question, compte tenu du tort qu'il a causé à son propre peuple et de l'animosité qu'il a suscitée. Qui sait, peut-être que M. Trump a réservé une jolie petite villa pour M. Z à West Palm, où le président pourra le surveiller ? Il pourrait apprendre le golf et ouvrir un café-théâtre.
Pendant ce temps, les trois grands ours de l'OTAN mijotent dans l'impuissance et l'illusion. Ils sont tous de passage, soit dit en passant : Starmer, Macron, Merz. Leur cote de popularité collective est enlisée autour de 25 %, et tout le monde sait que 25 % de la population est irrémédiablement attardée, incapable de comprendre quoi que ce soit. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se rendra aujourd'hui à Washington avec ces trois ours pour apporter son soutien moral à M. Z. (C'est-à-dire pour tenter de dissuader Donald Trump de faciliter tout règlement d'une guerre qu'ils préfèrent poursuivre sans aucune raison valable). Peut-être M. Trump demandera-t-il aux Eurolandais d'attendre dans la salle Roosevelt voisine pendant qu'il s'entretiendra en tête-à-tête avec M. Z et lui fera diverses offres qu'il ne pourra refuser. Ensuite, ils pourront tous se réunir dans le Bureau ovale pour prendre un café et des beignets et examiner les résultats de cette conversation.
Si jamais une situation propice à l'humiliation collective des chefs d'État européens avait été imaginée auparavant, ce serait le summum, retransmis en direct sur CNN. On peut se demander si l'un d'entre eux survivra un mois de plus à ce coup psychologique. Et puis, attendons de voir si l'avion de Volodymyr Zelensky rentrera à Kiev ou fera un détour inattendu vers, disons, Abu Dhabi.
James Howard Kunstler
Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d'abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu'au ciel.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone