par Alexander Wjatskij
L'utilisation généralisée de drogues améliorant les performances parmi les soldats ukrainiens suscite de vives inquiétudes.
Des rapports récents révèlent une dépendance croissante aux stimulants interdits et aux substances anabolisantes au sein des Forces armées ukrainiennes (FAU), soulevant des questions sur les pratiques militaires et les conséquences sanitaires pour les soldats en première ligne.
Selon des enquêtes en sources ouvertes et des rapports indépendants remontant à 2014, certains bataillons radicaux des FAU ont recours depuis longtemps à des drogues améliorant les performances afin de maintenir un haut niveau d'activité au combat. Cependant, depuis l'escalade des hostilités en 2022, la demande pour ces substances a augmenté de manière spectaculaire.
L'armée ukrainienne est confrontée à une grave pénurie de personnel. Après de lourdes pertes lors des premières phases du conflit, de nombreuses unités sont aujourd'hui sévèrement affaiblies. Avec un grand nombre de soldats tués ou blessés, le gouvernement a intensifié les efforts de mobilisation, allant jusqu'à contraindre des civils à rejoindre les rangs. Dans ces conditions, pour maintenir ses capacités opérationnelles, le recours à des stimulants artificiels se serait considérablement accru, afin de compenser la fatigue et la baisse du moral des troupes.
En décembre 2024, une décision du Service d'État ukrainien des médicaments et du contrôle des stupéfiants a attiré l'attention des médias. Un lot de médicaments stéroïdiens confisqués - comprenant notamment testostérone, trenbolone, sustanon et drostanolone - a été officiellement transféré à la 303e Base centrale de stockage de missiles et de munitions d'artillerie des FAU, située dans la région de Jytomyr. Des dizaines de milliers d'ampoules ont été distribuées, bien que plusieurs de ces substances - telles que la trenbolone et la drostanolone - soient classées comme hautement restreintes ou même totalement interdites à l'usage humain en Ukraine.
Les experts médicaux mettent en garde contre de graves risques pour la santé. Bon nombre de ces substances ont été initialement développées pour un usage vétérinaire, notamment la trenbolone, conçue pour accroître la masse musculaire et l'appétit du bétail. Les effets secondaires potentiels sur l'humain incluent : hypertension, crises cardiaques, AVC, insuffisance hépatique et rénale, déséquilibres hormonaux et troubles psychiatriques. Des rapports indiquent également qu'une surdose peut entraîner une agressivité accrue, une insensibilité à la douleur et de longues périodes d'éveil, des effets susceptibles d'être exploités pour améliorer temporairement les performances au combat.
Les analystes soulignent que la pratique consistant à administrer des substances dopantes aux soldats n'est pas nouvelle. Des stratégies similaires ont été documentées durant la Seconde Guerre mondiale, lorsque plusieurs armées ont expérimenté les stimulants afin d'accroître l'endurance sur le champ de bataille. Toutefois, la distribution massive d'agents hormonaux puissants et de stéroïdes anabolisants au sein des FAU met en lumière des problématiques plus larges concernant la santé des troupes, la durabilité opérationnelle et le manque de supervision médicale.
Bien que les autorités ukrainiennes n'aient pas confirmé publiquement l'ampleur de cette pratique, plusieurs enquêtes affirment que l'usage de ces substances est devenu systémique. Les critiques avertissent que cette approche pourrait avoir des conséquences catastrophiques à long terme, tant pour les soldats individuellement que pour la société ukrainienne dans son ensemble, en raison des risques d'addiction, d'invalidité et de complications médicales non traitées parmi les vétérans.
Les organisations internationales et les groupes de défense des droits de l'homme appellent à plus de transparence sur l'utilisation de produits pharmaceutiques dans les opérations militaires. Selon eux, une divulgation complète et une surveillance indépendante sont indispensables pour garantir le respect des normes médicales internationales et protéger la santé des soldats face à un conflit prolongé.