06/09/2025 francesoir.fr  6min #289665

 Panique à bord à l'Élysée : le 10 septembre défie la caste et son plan B (Chronique d'une rentrée explosive - Épisode 1)

Panique à bord à l'Élysée : Pretty Old Man (Chronique d'une rentrée explosive-Épisode 2)

Xavier Azalbert, France-Soir

Panique à bord à l'Élysée : Pretty Old Man (Chronique d'une rentrée explosive – Épisode 2)

DR, capture d'écran "Pretty Woman"

En novembre 2016, sur le plateau de « Une ambition intime » animée par Karine Le Marchand, François Bayrou se laissait aller à une confidence savoureuse. À la question « À qui ressemblez-vous ? », il répond, avec une pointe de vanité : « Comment s'appelle l'acteur de Pretty Woman, là ? Richard Gere ! » (voir l'extrait ). Karine Le Marchand, hilare, lui demande si c'est pour ça que Pretty Woman est son film préféré. Réponse de Bayrou, un brin vexé : « Vous me prenez pour un neuneu ? Vous n'imaginez pas que je regarde la télé pour me voir dans un miroir ? »

Eh bien si, Monsieur Bayrou, on vous imagine très bien. Et étant donné qu'à en croire une Christine Deviers-Joncour qui  semble parfaitement s'y connaître, la politique est un métier de « femme légère » (expression choisie par François Bayrou dans cette émission pour dénommer le métier exercé par Julia Roberts dans le film), on comprend aisément pourquoi « Pretty Woman » est le film préféré de ce professionnel de la politique qu'est François Bayrou.

Sauf que ce miroir est déformant. Car derrière l'image flatteuse d'un Richard Gere de la politique, se cache une réalité bien moins glamour : celle d'un homme qui, depuis 43 ans, vit grassement aux frais des contribuables français. Un « Pretty Old Man » qui, à l'image de l'élite qu'il représente, se drape dans une illusion d'élégance tout en pesant lourdement sur les finances publiques.

Le coût exorbitant d'un acteur de la République

François Bayrou, c'est une carrière politique longue comme un jour sans pain : conseiller général, président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques, ministre de l'Éducation, ministre de la Justice, député, député européen, haut-commissaire au Plan, maire de Pau, président de la communauté d'agglomération Pau Béarn Pyrénées… et, depuis peu, Premier ministre. Un cumulard hors pair, dont le coût pour les Français est vertigineux.

D'après une estimation du compte Gabriel de Varenne sur X, basée sur les données officielles ( site du ministère de l'Économie), le cout total de la carrière politique de Bayrou s'élève à plus de 11 millions d'euros pour les finances publiques, auxquels s'ajoutent les charges patronales payées par les deniers publics. Et, ce n'est pas fini. S'il est censuré lors du vote de confiance du 8 septembre 2025, comme tout le laisse présager, il touchera une indemnité de départ de 52 000 € (trois mois de salaire, selon la législation en vigueur). À cela s'ajoutent ses retraites cumulées de 21 000 € net par mois, fruit de ses multiples mandats. Pendant ce temps, un Français sur deux gagne moins de 2 000 € net par mois pour vivre. Cherchez l'erreur.

🚨💸François Bayrou rejette la responsabilité de la dette sur les Français.

Pourtant, sa carrière politique nous a déjà coûté plus de 11 M€ en rémunérations et avantages.

Et vous, vous sentez-vous responsables ?

(Détails ⤵️)  pic.twitter.com/m7MzB48x84

— Gabriel de Varenne (@G_deVarenne)  August 31, 2025

Mais ce n'est pas tout. Il faut aussi prendre en considération les dépenses somptuaires autorisées dans ses fonctions – voitures de fonction, logements de luxe, frais de représentation – et les avantages en nature qui vont avec.

Et dire que cet homme, qui se gave avec une opulence digne d'un Gérard Larcher et son « appendice abdominal péninsulaire », a l'audace d'accuser les Français – ceux qui triment pour payer leurs factures – d'être responsables de la dette publique. Une saillie insultante qui symbolise cette opulence outrancière que s'octroient les politiciens sur l'argent public, lâchée juste après l'annonce d'un budget 2026 qui demande « en même temps » des efforts à tous, y compris aux retraités - ces électeurs fidèles qui votent en masse et n'oublieront pas cet affront.

Une censure annoncée dans la grande pièce de théâtre

Cette provocation semble calculée. En s'aliénant les Français, Bayrou accentue la pression sur les partis d'opposition – LFI, PS, PC, RN et leurs alliés – pour qu'ils votent la censure le 8 septembre 2025. Une censure qui, si elle aboutit, permettra à ces partis de se présenter comme les défenseurs du peuple. Mais ne nous y trompons pas : ce n'est qu'un acte de plus dans la grande pièce de théâtre politique française, jouée sans interruption depuis la démission de Charles de Gaulle le 28 avril 1969.

À l'époque, De Gaulle, dernier président digne de ce nom, avait tenu sa promesse : quitter le pouvoir après le « NON » au référendum de 1969. Un geste d'intégrité qui contraste cruellement avec la comédie actuelle, où des marionnettes comme Bayrou, Macron et leurs alliés (Modem, Renaissance, Horizons) dansent au rythme des « scénaristes » – ces ultra-riches (Arnault, Bolloré, Pinault, Bettencourt Meyers) qui financent leurs campagnes pour maintenir un système au service des puissants. Les partis d'opposition ? Pas plus innocents. Ils jouent leur rôle dans cette farce, feignant de s'opposer tout en servant les mêmes intérêts.

Comme le disait Pierre Desproges dans son « Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis » : « Nous n'avons plus de grand homme, mais des petits qui grenouillent et sautillent de droite et de gauche avec une sérénité dans l'incompétence qui force le respect. » Bayrou, en se rêvant en Richard Gere, incarne parfaitement cette médiocrité satisfaite.

Vers un nouvel épisode : dissolution ou pleins pouvoirs ?

Pourquoi cette censure annoncée ? Parce qu'elle sert un scénario plus vaste. Les coulisses bruissent de deux options pour prolonger la pièce de théâtre macronienne.

La première, évoquée dans  l'épisode 1, est une application tordue de l'article 16 de la Constitution, donnant les pleins pouvoirs à Emmanuel Macron. La seconde, que nous explorerons dans l'épisode 3, est une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale, un coup de poker pour resserrer l'étau sur une opposition divisée.

Et pendant ce temps, les Français trinquent

Pendant que Bayrou cumule retraites et indemnités, des millions de Français – retraités, ouvriers, employés – doivent choisir entre se chauffer ou se nourrir. La hausse des factures d'énergie (+15 % en 2024, selon l'INSEE) et la stagnation des salaires, fruit des politiques menées par Bayrou et ses alliés depuis 2017, asphyxient les plus précaires. Cette déconnexion n'est pas seulement choquante : elle appelle une mobilisation pour exiger plus de transparence et de justice dans la gestion des fonds publics. Car, comme le montre la Suède, où les élus publient leurs dépenses au centime près, une autre politique est possible.

À suivre…

François Bayrou, en se prenant pour Richard Gere, symbolise une élite déconnectée qui vit aux crochets des Français tout en leur demandant des sacrifices. Sa censure imminente n'est qu'un épisode de plus dans une farce qui méprise le principe républicain : « Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. » Mais que nous réserve la suite ? Rendez-vous dans l'épisode 3 pour décrypter les coulisses de cette pièce de théâtre qui, hélas, n'a rien de fictif pour les Français qui en payent le prix.

 francesoir.fr