10/09/2025 chroniquepalestine.com  10min #289984

 Israël attaque les dirigeants du Hamas au Qatar, en train de négocier la proposition de Trump

En pleine folie meurtrière, l'État génocidaire tente d'assassiner l'équipe de négociateurs de la résistance


31 janvier 2025 - Les Brigades Izz al-Din al-Qassam, la branche armée du Hamas, pleurent la mort de 15 de leurs membres tués par les forces coloniales israéliennes lors de l'assaut sur Khan Yunis, dans le sud de Gaza. De grandes foules se sont rassemblées pour prier en leur mémoire. La guerre génocidaire d'Israël contre Gaza a tué plus de 48 000 Palestiniens, et plus de 10 000 corps sont encore emprisonnés sous les décombres des bâtiments détruits - Photo : Doaa Albaz et Yousef al-Zanoun / Activestills

Par  Qassam Muaddi

Alors que les négociations pour un cessez-le-feu sont en cours, Israël a tenté d'assassiner l'équipe de négociation du Hamas lors d'une frappe aérienne sur le bureau de Doha de son principal négociateur, le haut responsable du  Hamas Khalil al-Hayya. Les responsables du Hamas affirment que l'équipe de négociation a survécu à l'attaque.

Israël a tenté mardi d'assassiner les principaux dirigeants du Hamas au Qatar, après que de fortes explosions ont été entendues dans la capitale Doha et que des colonnes de fumée se sont élevées du bâtiment visé par l'attaque.

Une  déclaration commune de l'armée israélienne et des services de renseignement intérieurs israéliens a confirmé qu'il s'agissait d'une « frappe précise » visant les hauts dirigeants du Hamas.

La déclaration ajoute que les dirigeants visés étaient « directement responsables » de l'attaque du  7 octobre et que « des mesures ont été prises afin de limiter les dommages causés aux civils ».

Les médias israéliens ont déclaré que la frappe visait le bureau du principal négociateur du Hamas dans les pourparlers de cessez-le-feu en cours, Khalil al-Hayya, ainsi que d'autres membres de l'équipe de négociation.

Suheil al-Hindi, membre du bureau politique du Hamas, a déclaré mardi soir à Al Jazeera que l'équipe de négociation dirigée par al-Hayya avait survécu à « cette lâche tentative d'assassinat ». Al-Hindi a également déclaré à la chaîne d'information qatarie que le Hamas « ne brandirait pas le drapeau blanc ».

 Médias israéliens : les États-Unis ont coordonné avec « Israël » l'attaque contre le Hamas à Doha

Des rapports israéliens révèlent la coordination entre les États-Unis et Israël dans les frappes de Doha contre le Hamas, citant des hauts responsables, des discussions militaires quotidiennes et le rôle direct de Trump dans la montée en violence.
Les médias israéliens ont révélé de nouveaux détails sur la coordination entre l'occupation israélienne et les États-Unis concernant les récentes frappes sur la capitale qatarienne, Doha, qui  visaient les dirigeants du Hamas.
Channel 13 a cité un haut responsable israélien affirmant que l'attaque avait été coordonnée avec Washington. Le reportage souligne l'ampleur de la planification conjointe entre les deux alliés avant l'opération.
Selon le correspondant de Channel 14, la coordination a donné lieu à au moins deux réunions importantes ces derniers jours. La première a réuni le général Brad Cooper, chef du Commandement central américain, récemment arrivé dans les territoires palestiniens occupés, et le chef d'état-major israélien Eyal Zamir.
Les deux hommes communiqueraient quotidiennement, parfois plusieurs fois par jour, et se concentreraient principalement sur la coordination militaire liée à l'opération.
Une deuxième réunion aurait eu lieu au cours des dernières 24 heures entre le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, et l'envoyé américain Steve Witkoff, soulignant encore davantage l'engagement de haut niveau entre les deux parties.
Le reportage de Channel 14 ajoute que le scénario qui s'est déroulé ces derniers jours a été délibérément construit pour aboutir au « point culminant » que l'on a vu dans les dernières frappes. Le correspondant affirme que le président américain Donald Trump a cherché à se positionner directement comme responsable de la voie de négociation, en promouvant un plan qu'il avait présenté seulement 48 heures plus tôt.
Les  déclarations publiques de Trump, tant sur les réseaux sociaux que dans la presse, ont présenté ce plan comme la « dernière chance » du Hamas, ajoutant les avertissements des dirigeants militaires et politiques israéliens selon lesquels les dirigeants extérieurs du Hamas « en paieraient le prix ».
Selon le reportage, ces remarques, ainsi que les déclarations du Premier ministre Benjamin Netanyahu et du ministre de la Sécurité Israel Katz, ont convergé vers le moment d'escalade observé à Doha.
Cette attaque des plus provocatrices d'Israël contre la délégation de négociation du Hamas à Doha révèle une fois de plus le schéma d'agression qui caractérise le comportement israélien et américain, recourant à la violence au moment même où des pourparlers de paix sont en cours.
Tout comme Washington et Tel-Aviv ont sapé le dialogue avant d' attaquer l'Iran en juin, ils répètent aujourd'hui la même  tactique contre la résistance palestinienne, en prenant pour cible les représentants engagés dans les négociations.
Loin de rechercher la paix, de telles actions démontrent un sabotage délibéré des négociations et révèlent que seuls les Palestiniens font preuve d'un  engagement sincère à mettre fin à la guerre, tandis que le régime d'occupation israélien et les États-Unis utilisent la diplomatie comme couverture pour l'escalade de la violence.

La frappe israélienne a eu lieu alors que l'équipe de négociation du Hamas se réunissait pour discuter de la dernière proposition de cessez-le-feu présentée par le président américain Donald Trump, a déclaré al-Hindi à Al Jazeera.

Le ministère qatari des Affaires étrangères a fermement condamné cette attaque, la qualifiant de « criminelle » et de « lâche ». Le ministère a ajouté que le Qatar « ne tolérera pas » les attaques qui « menacent la sécurité des citoyens et des résidents du Qatar ».

Un responsable anonyme de la Maison Blanche a déclaré à l'AFP que les États-Unis avaient été informés à l'avance de l'attaque prévue par Israël au Qatar.

Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a  déclaré dans un communiqué que l'attaque était une « opération israélienne totalement indépendante ». « Israël l'a initiée, Israël l'a menée et Israël en assume l'entière responsabilité », a ajouté le communiqué.

Le Premier ministre israélien et le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, ont déclaré dans un communiqué commun qu'ils avaient donné leur feu vert pour attaquer les dirigeants du Hamas à la suite d'une  fusillade à Jérusalem hier qui a fait six morts parmi les Israéliens.

La branche armée du Hamas, les Brigades Qassam, a revendiqué la responsabilité de la fusillade, qui a été perpétrée par deux Palestiniens originaires des villes de Qatanna et Qebeibeh, en Cisjordanie.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a  condamné l'attaque israélienne contre la capitale qatarienne, la qualifiant de « violation flagrante de la souveraineté ».

Assassiner les négociateurs pendant les négociations de cessez-le-feu

L'attaque israélienne intervient après que Trump ait proposé un cessez-le-feu de 60 jours qui prévoierait la libération de tous les prisonniers israéliens dans les 48 premières heures de l'accord. En échange, des négociations visant à mettre définitivement fin à la guerre à Gaza seraient engagées, avec l'assurance personnelle du président américain qu'Israël participerait aux négociations « de bonne foi ».

La proposition de Trump prévoyait également que le Hamas renonce au contrôle de Gaza et abandonne ses armes. Le Hamas a déclaré à plusieurs reprises qu'il était prêt à renoncer au contrôle de la bande de Gaza et à permettre à un gouvernement technocratique indépendant de la diriger à sa place, mais a maintenu que le désarmement restait une «  ligne rouge » pour le groupe.

Une précédente proposition de cessez-le-feu en août dernier avait été acceptée par le Hamas et attendait l'approbation d'Israël, mais Israël n'avait pas répondu avant que Trump ne présente sa dernière proposition.

La proposition d'août prévoyait un cessez-le-feu de 60 jours au cours duquel les prisonniers israéliens seraient libérés en échange de la libération de 1700 prisonniers palestiniens, de l'entrée de l'aide humanitaire et du retrait de l'armée israélienne vers des zones spécifiques situées à la périphérie de la bande de Gaza.

Assassinats en série dans toute la région

Le mois dernier, Israël a assassiné 12 hauts responsables du gouvernement yéménite, dont le Premier ministre yéménite, Ahmad al-Rahawi.

Depuis le 7 octobre, Israël a assassiné plusieurs hauts dirigeants du Hamas en exil dans toute la région, notamment l'ancien chef du bureau politique du Hamas,  Ismail Haniyeh, à Téhéran, et un membre haut placé du bureau politique du Hamas,  Saleh Aruri, à Beyrouth.

Israël a également assassiné plusieurs commandants de haut rang des Brigades al-Qassam, dont leur commandant de longue date,  Muhammad al-Deif. Il y a deux semaines, le Hamas a confirmé la mort du successeur de Deif, Muhammad Sinwar, frère du chef du Hamas à Gaza,  Yahya Sinwar, tué en octobre 2024 lorsqu'il a été  touché par un obus de char pendant les combats à Rafah.

Fin août, Israël a affirmé avoir assassiné  Abu Obeida, le porte-parole militaire des Brigades Qassam, lors d'une frappe sur un immeuble résidentiel de la ville de Gaza. Le Hamas n'a ni confirmé ni démenti le sort d'Abu Obeida.

Tentative de saborder les négociations pour un cessez-le-feu

L'attaque contre Doha intervient alors qu'Israël poursuit son offensive contre la ville de Gaza, rasant plusieurs immeubles de grande hauteur abritant des milliers de réfugiés, qui ont été contraints de quitter les tours après avoir reçu des ordres d'évacuation de l'armée israélienne.

Au cours des dernières semaines, l'offensive de l'armée israélienne a  rasé des quartiers entiers dans l'est de la ville de Gaza, notamment les quartiers de  Shuja'iyya, Sabra et Zeitoun.

L'armée israélienne a également largué des tracts sur la ville ordonnant à toute sa population d'évacuer vers la zone surpeuplée de  Mawasi, sur la côte de Khan Younis, dans le sud de Gaza. L'armée israélienne affirme que son occupation de la ville durera au moins un an.

La défense civile palestinienne a déclaré que si l'invasion de la ville se déroule comme annoncé, elle s'attend à un bilan quotidien d'environ 300 Palestiniens assassinés.

Auteur :  Qassam Muaddi

* Qassam Muaddi est un journaliste palestinien basé à Ramallah. Il couvre l'actualité palestinienne : événements politiques, mouvements sociaux, questions culturelles... Il écrit pour les quotidiens libanais Assafir et  Al Akhbar, les sites  Middle East Eye,  Mondoweiss et  The New Arab, ainsi que pour les journaux électroniques palestiniens  Metras et  Quds News Network.Son  compte twitter.

9 septembre 2025 -  Mondoweiss - Traduction :  Chronique de Palestine

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